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Quels sont les modes de vie de ces nouveaux venus ?

3. Les résultats de l’analyse

3.1 Les familles récemment installées : quels modes de vie ?

3.1.3 Quels sont les modes de vie de ces nouveaux venus ?

Concernant les déplacements de ces nouveaux résidents, on reste bien loin de la « mobilité facilitée » observée auprès d’autres habitants périurbains ou alors dans le cadre d’une proximité automobile de secteur (Longages, Le Lherm, Muret). La description des déplacements, surtout ceux domicile-travail, souligne davantage le caractère contraignant : Mme N : en plus, ce n’est pas la rocade, je passe par derrière donc c’est des ralentisseurs,

des ronds-points, des tracteurs, des travaux donc non c’est pénible mais bon c’est vrai que je n’ai pas eu trop le choix. Là je termine souvent à 20h30 donc je rentre ici 21h10 et je suis repartie ce matin il était 6h40, donc j’ai fait un bisou à ma fille dans son lit hier soir et je lui ai fait un bisou ce matin, donc non c’est… Je cherche à me rapprocher, je cherche autre chose.

Mme G : pour mon mari, cela représente partir tôt pour ne pas être dans les embouteillages,

quand il part, il se demande combien de temps il y passera aujourd’hui. Moi j’ai changé de travail en 2004. Je ne l’avais pas envisagé avant, mais je l’ai fait pour des considérations de temps.

La différence entre Poucharramet et Lavernose-Lacasse en termes de desserte apparaît fortement dans les discours, même si elle est aussi en partie à relier à des demandes en transport inégales entre les ménages avec enfants et les retraités, les premiers apparaissant davantage insatisfaits que les seconds qui jugent l’offre suffisante :

Mme G (P couple avec enfant) : c’est bien de dire « il faut habiter à la campagne » mais si

les gens veulent aller au lycée à Toulouse pour des formations spécialisées (pour aller à Muret, il n’y a pas de problème), c’est la galère, il y a un bus le matin à 6h30 et le soir à 19h ! Ça pose un problème pour les études, ou alors il faut payer une voiture.

Mr StE (LL retraité) : je trouve que c’est pas mal, parce qu’il y a des bus qui passent

régulièrement, la gare soit à Longages, soit au Fauga et au point de vue desserte cadencée c’est pas mal. Avec l’autoroute, ce n’est pas comme si c’était au fin fond du département, avec la voiture ça va vite.

Malgré ces degrés de contrainte divers, les déplacements sont acceptés, voire même envisagés comme le prix à payer pour bénéficier de la campagne :

Mme G : je ne peux pas aller à Toulouse faire les magasins, la semaine je suis quand même à temps partiel, le temps qui me reste n’est pas suffisant, et le week-end, mon mari a assez fait la route et subi les embouteillages pour avoir envie d’y retourner. Il faut s’adapter pour être heureux !

De plus, si la mobilité contrainte apparaît comme difficile à vivre, elle n’en est pas moins intégrée dès qu’il s’agit de satisfaire des besoins personnels :

Mme Nuytens (LL) : en même temps, comment dire, j’aime bien faire les magasins, j’aime bien prendre la voiture, je fais beaucoup de km. Ça me dérange pas, ça me dérange pas moi d’aller faire l’aller-retour à Portet ou à Roques, ce n’est pas ça. Nous on fait 30 000 km par an avec un véhicule et l’autre en fait 25 000, donc bon, moi ça ne me fait pas peur, on fait des aller-retours comme ça quoi, ça ne me dérange pas.

Cette mobilité dans la vie quotidienne est encore mieux acceptée :

• par les ménages en retraite qui modifient leurs horaires et itinéraires pour faciliter leurs déplacements

Mr StE : Je m’adapte, quand je vais à Toulouse, j’y vais pas à 7h30 ni 8h, j’y vais les gens

sont déjà au travail ou pas encore rentrés

Certu – juin 2008 34

À l’inverse, pour les ménages avec enfants, correspondant encore à l’archétype de la famille périurbaine, les déplacements scolaires ou extrascolaires sont soumis à des degrés de tension divers et les stratégies envisagées/envisageables ne sont pas toujours à la hauteur :

Mme N : on fait du covoiturage parce qu’on s’arrange avec les parents tant qu’à faire parce

qu’elles sont plusieurs à être au collège. Pour les activités, y’a des parents qui vont la conduire et d’autres qui la récupèrent. Elle est allée à Muret faire de la gym, on avait trouvé aussi du covoiturage mais l’année d’après, on n’a plus trouvé de covoiturage donc c’était plus possible parce que par rapport aux horaires…

Votre fille se plaît là aussi ?

Elle sait que sa mère la conduit n’importe où, on va à Toulouse, se balader bon ben elle est contente, on va prendre la voiture et y aller, ce n’est pas le souci. Peut-être qu’elle me dira quand elle aura 16-17 ans je veux aller au cinéma et que je lui dirai : « bon, faut que je te conduise ? » mais d’ici là…

Mme G : ma fille a eu plusieurs activités sportives : à Poucharramet même, elle y allait à

pied, puis à Rieumes où je l’amenais en voiture 2 à 3 fois par semaine, j’étais le taxi, puis au Lherm où j’allais aussi l’emmener en voiture. Il nous est arrivé de refuser une activité parce que c’était trop loin à 30-40 minutes. […] L’élément le plus négatif, c’est le transport pour les études, par rapport au système universitaire mais aussi si quelqu’un vient en vacances et qu’on veut l’amener visiter Toulouse, ce n’est pas pratique pour y aller. Mon fils l’a assez mal vécu, se lever très tôt pour avoir le bus de 6h30… Son départ n’a pas été dû à l’éloignement. Il n’avait pas envie de faire des études de toute façon, mais l’éloignement n’a peut-être pas facilité les choses.

Dans tous les cas, il est possible d’identifier plusieurs tactiques dans l’optimisation du déplacement automobile en particulier quand il s’agit du ravitaillement alimentaire :

• soit se ravitailler pas trop loin, parce que cela coûte moins cher en temps et en coût de déplacement, mais au risque d’acheter des produits un peu plus chers

Mme N : Les courses alimentaires c’est… ou bien parce qu’on est sur place, il me faut trois

bricoles, je vais les prendre, sinon c’est vraiment proximité.

• soit se ravitailler plus loin et moins souvent, mais au prix d’un coût de déplacement plus élevé, avec le bénéfice de trouver des produits moins chers

Mme L : pour les courses, ça doit être une fois tous les 10 jours, donc c’est à Roques.

• soit les faire pendant le temps de travail (pause déjeuner) ;

Mme N : je le fais entre midi et deux sur mon lieu de travail c’est-à-dire j’ai une heure, je

prends mon caddie et je cours dans les rayons.

• soit diversifier les lieux d’approvisionnement en fonction des produits recherchés, mais en y allant plus souvent :

Mr StE : il y a Ecomarché là à côté et puis au village on fait travailler les gens du village, la

plupart du temps, sauf quand on a de grosses courses à faire, on va au centre Leclerc à Roques. On va souvent à Muret parce que on a des attaches quand même mais non on n’est pas fixés.

Les déplacements non contraints (sorties, balades) semblent pour leur part réduits à la portion congrue, mais d’une situation librement consentie à la contrainte, il n’y a souvent qu’un pas : Mr St-E : ça nous arrive d’aller nous balader quand il y a des trucs à voir dans le secteur

mais autrement, on reste là, on invite beaucoup, le week-end, on a du monde souvent, voilà, on reçoit.

Mme L : quand il vient, il fait souvent les travaux. On aimerait bien essayer de partir en

vacances, bon c’est vrai qu’il y a la piscine qui nous retient, en fin de compte c’est une contrainte.

Mme G : c’est de plus en plus dur parce qu’il y a plus de frais dans une maison que l’on a

achetée, parce qu’il faut l’entretenir, parce qu’on y consacre ses vacances…

Le rapport à la mobilité semble ainsi très variable, selon les caractéristiques démographiques des ménages, selon le motif du déplacement, selon les lieux fréquentés. S’il semble difficile de parler de « mobilité apaisée », on remarque toutefois qu’il s’agit d’une donnée intégrée dans la gestion du quotidien.

3.2 Les familles interrogées lors de la précédente investigation :