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PARTIE 4 : ACCOUPLEMENT ET FECONDATION

B. Mode de reproduction : naturel vs artificiel

La monte naturelle est l’idéal dans le cas où le parc zoologique possède une femelle et un mâle aptes à la reproduction et non consanguins. Même si le mâle et la femelle sont en contact en permanence, il est préférable de réaliser des dosages hormonaux réguliers chez la femelle pour déterminer ses cycles sexuels. Les coïts observés ne sont pas forcément synonymes de fécondation car la femelle éléphant accepte le chevauchement durant une grande partie de son cycle sexuel. Le coït peut s’avérer fécondant entre les deux pics de LH (Schaftenaar et al., 2009).

La communication entre individus mâle et femelle est primordiale pour la reproduction naturelle. Les éléphants ont un système de communication développé, alliant à la fois les communications visuelle, tactile,

2. Insémination artificielle (IA)

Dans le cas où il n’y a pas l’éléphant mâle disponible dans la structure pour une monte naturelle, ou dans le cas d’une incompatibilité des individus mâles et femelles pour la monte naturelle, l’insémination artificielle est une alternative intéressante. Le succès est de 30 à 40 % pour une insémination artificielle avec de la semence fraîche alors qu’il avoisine les 50 à 60% pour la monte naturelle (Fowler, 2006). L’insémination artificielle est également intéressante pour apporter une diversité génétique aux éléphants en captivité. Des échanges de semence sont réalisés entre les parcs zoologiques, ce qui évite le transport des éléphants eux-même, intervention souvent délicate. Des échantillons de semence sont également prélevés sur des éléphants d’Afrique sauvages et sont ensuite inséminés chez des femelles captives (Hermes et al., 2013).

Le succès d’une IA dépend de la qualité de la semence et de sa conservation dans le temps, de la détection précise de l’oestrus et de la technique de l’inséminateur.  Choix du protocole d’insémination

Le protocole d’insémination ayant donné les meilleurs résultats consiste à réaliser trois inséminations (une par jour) lors des jours -1, 0 et 1 par rapport au 2ème pic de LH. Le protocole d’insémination est identique quelque soit le mode de conservation de la semence (réfrigérée ou congelée) (Thongtip, 2009).

Semence utilisée

Le mieux est d’utiliser 2-3 éléphants mâles pour la récolte de semence, pour s’assurer qu’au moins un donneur a une semence viable. Pour connaître le père du jeune éléphanteau, on utilise ensuite un typage ADN du jeune.

L’IA avec semence congelée est également possible mais le taux de réussite est très faible, notamment chez les éléphants d’Asie, à cause de la dégradation de la semence par la congélation (tableau 18). Un des avantages de la semence congelée est sa stabilité dans le temps : elle est toujours disponible, quelque soit le jour de l’œstrus de la femelle. Un autre point positif est le contrôle sanitaire de la semence congelée : les analyse PCR ou mise en culture de la semence collectée prennent plusieurs jours à plusieurs semaines, ce qui n’est pas envisageable pour une semence fraîche ou réfrigérée (Fowler, 2016).

La quantité de sperme à inséminer à chaque IA est de 50 ml (Thongtip et al., 2009). Tableau 18 : Caractéristiques du sperme des éléphants d’Asie selon la méthode de

conservation (Thongtip et al., 2009) Les nombres du tableau correspondent à la moyenne ± écart-type.

Paramètres Méthode de conservation de la semence

Fraîche Réfrigérée Congelée

Jour 1 Jour 2 Jour 3

Concentration en spermatozoïdes (x106/ml) 887,6 ± 487,1 208,0 208,0 208,0 100,0 Mobilité des spermatozoïdes (%) 82,7 ± 3,6 80,0 ± 35,0 60,0 ± 24,0 50,0 ± 15,0 45,5 ± 14,2 Viabilité des spermatozoïdes (%) 76,8 ± 14,4 71,5 ± 21,3 33,3 ± 10,2 20.0 ± 8,4 50,9 ± 13,6

Insémination artificielle non chirurgicale

L’insémination non chirurgicale est la méthode la plus utilisée. Pour cette méthode, il faut que l’éléphante ait suivi un entraînement médical adapté, afin qu’elle accepte l’IA sans anesthésie. On insère une canule longue en plastique, semblable aux sondes trachéales utilisée chez les grands animaux, dans le canal urogénital. Un endoscope de 3m de long est placé dans la canule, jusqu’à l’entrée du vagin. Chez les nullipares, on observe l’hymen. Chez les multipares, on observe le cervix, et parfois, on peut diriger l’endoscope dans la corne utérine correspondant au follicule ovulatoire. Ensuite, une canule d’insémination est placée dans le canal d’exploration de l’endoscope. La semence est déposée à travers cette canule directement dans l’utérus pour les multipares et dans le vagin pour les nullipares (figure 52) (Fowler, 2006).

Figure 52: Dépôt de la semence dans l’appareil génital femelle lors d’une IA non chirurgicale (Thongtip et al., 2009)

1 - Endoscope

2 - Canule d’insémination

3 - Canule en plastique insérée dans le canal urogénital 4 - Semence

Insémination artificielle chirurgicale

L’insémination artificielle chirurgicale peut être intéressante dans le cas d’éléphantes ne supportant pas les manipulations en zone urogénitale, ou celles possédant des polypes dans le canal urogénital, gênant le passage de la sonde. C’est une technique simple et ne nécessitant pas de matériel spécifique. Une incision de 1cm est réalisée juste sous l’anus, de façon à atteindre le canal urogénital. Avant l’incision, une anesthésie locale et une préparation chirurgicale de la zone ont été réalisées. On utilise un spéculum équin stérile possédant une source lumineuse, afin de mettre en évidence l’hymen ou le cervix. La semence est déposée à l’aide d’une pipette d’insémination équine.

Trois à quatre sutures sont nécessaires pour fermer la zone d’incision. Des soins locaux sont réalisés jusqu’au retrait des points, 4 à 6 semaines plus tard (Fowler, 2006).

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Autres techniques de reproduction

La fécondation in vitro, l’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïdes et le transfert d’embryon sont des techniques employées chez les mammifères domestiques et chez l’homme. Cependant, aucun cas n’a encore été décrit chez l’éléphant. Pour chacune des techniques de reproduction assistée citée ci dessus, une des étapes déterminantes est le prélèvement de gamètes femelles dans les ovaires. Or, cette intervention n’a jamais été réalisée chez les éléphantes pour deux raisons :

- la technique de prélèvement des ovocytes est très compliquée : les ovaires sont difficilement accessibles par laparoscopie car la paroi abdominale des éléphants est épaisse et difficile à traverser ; de plus, il n’existe pas de protocoles connus de superovulation chez les éléphants.

- les risques pour l’éléphante donneuse sont importants : la pression abdominale étant élevée chez les éléphants, la cicatrisation est plus difficile et les risques de péritonite post-chirurgicale sont accrus.

Seul un cas de maturation in vitro d’ovocytes d’éléphant d’Asie a été réalisé : des follicules immatures ont été prélevés sur une éléphante récemment décédée et ont subi une maturation in vitro pour former des ovocytes prêts à être fécondés. Cette technique présente peu d’intérêt à l’heure actuelle car les ovocytes ont été prélevées après décès de l’éléphante, et n’ont pas été utilisées dans un but de reproduction (Hermes et al., 2007).

Les éléphants possèdent la gestation la plus longue de tout le règne animal. Après fécondation, la gestation de l’éléphante doit être suivie rigoureusement par l’équipe soignante.