On peut les regrouper en deux grandes parties, les mod`eles avec marches
al´eatoires et les mod`eles stochastiques.
2.4.1 Marche al´eatoire
Une des caract´eristiques des populations est qu’en g´en´eral, pour connaˆıtre
l’´evolution de cette derni`ere, il suffit de connaˆıtre son ´etat `a l’instant pr´esent.
Il n’est donc absolument pas n´ecessaire de connaˆıtre tout ce qui s’est fait
ant´erieurement. Cette propri´et´e, qu’on appelle propri´et´e de Markov, est
sou-vent utilis´ee dans certains types de mod´elisation - au moyen notamment, de
la marche al´eatoire - pour d´ecrire les d´eplacements spatiaux des individus.
En supposant que les d´eplacements d’individus se font de mani`ere al´eatoire,
l’un des moyens les plus simples pour les d´ecrire est la marche al´eatoire
simple.
Soit un espace mod´elis´e par le r´eseau Z
det un individu qui, `a partir d’un
point x, peut aller vers chacun de ses voisins imm´ediats de deux mani`eres
possibles :
· Soit avec la mˆeme probabilit´e, c’est-`a-dire qu’on suppose qu’il y a
´equiprobabilit´e pour qu’il aille vers chacun de ses voisins imm´ediats ;
on parle alors de marche al´eatoire sym´etrique,
· Soit avec des probabilit´es diff´erentes, on parle alors de marche al´eatoire
non-sym´etrique.
Nous avons ainsi les mod`eles classiques de Greenwod (1931) et le mod`ele de
Reed-Frost, qui sont tous deux de type chaˆıne binomiale. Dans ces mod`eles,
on trouve des g´en´erations successives d’infectieux d’indicet= 0,1,2, ...,qui
sont juste capables de contaminer une unique g´en´eration de susceptibles.
Par la suite, ils ne participent plus au processus de l’´epid´emie. Supposons
que la taille de la population soit ´egale `a n, une constante.
SoientX(t) etY(t), les nombres respectifs de susceptibles et d’infectieux de
la g´en´eration t. On a donc, comme condition initiale : X(0) +Y(0) = n;
X(t+ 1) +Y(t+ 1) = X(t), t = 0,1,2, ... puisque les infectieux et les
susceptibles de la g´en´erationt+1 sont vus comme ´etant issus des susceptibles
de la g´en´erationt. Alors :
X(t) +
tX
j=0Y(j) =n
et le nombre total d’infect´es, y compris ceux de la g´en´erationt, estP
tj=0
Y(j).
On suppose que le nombre d’infectieux de la g´en´eration t+ 1 est une
va-riable al´eatoire qui suit une loi binomiale de param`etres X(t) et p(Y(t)),
cette derni`ere ´etant la probabilit´e qu’un susceptible soit infect´e, lorsque le
nombre d’infectieux estY(t). Alors :
P(Y(t+ 1) =k|X(t) =x, Y(t) =y) =
x
y
p(y)
k(1−p(y))
x−k,
pour k= 0,1, ..., x.
Dans le mod`ele de Greenwood, p(y) est une constante ne d´ependant pas
du nombre d’infectieux y. Dans le mod`ele de Reed-Frost, on suppose que
la probabilit´e de tout susceptible de ne pas ˆetre infectieux, lorsqu’il y a y
infectieux, est ´egale `a :
1−p(y) = (1−p)
yo`u p = p(1) est la probabilit´e, pour un susceptible, d’ˆetre infect´e par un
infectieux donn´e. C’est un mod`ele qui a plusieurs fois ´et´e r´eadapt´e. Il a ´et´e
utilis´e pour l’analyse des donn´ees de la m´eningococcie
12, par Rantaet al.,
1999. Il a ´et´e intensivement utilis´e pour l’analyse d’´epid´emies agricoles, telles
que l’´epid´emie de fi`evre aphteuse au Japon (cf. Tsutsui et al., 2003), de la
tuberculose chez les vaches laiti`eres en Argentine (cf. Perez et al., 2002a et
2002b) et chez les cerfs su´edois (cf. Wahlstrom 1998). Dans le mˆeme cadre,
Tuckwell et Williams (2007) ont explor´e et ´etudi´e les propri´et´es d’un mod`ele
´epid´emique simple, qui incorpore certaines caract´eristiques importantes de
la transmission d’une maladie, dans le cadre de la mod´elisation stochastique
`
a temps discret. Leur mod`ele est semblable `a celui de Reed-Frost, mais
il a quelques modifications qui le rendent plus r´ealiste et plus adaptable
`
a diff´erentes maladies. Le mod`ele est de type SIR markovien, `a population
constante, dans lequel les individus rencontrent un nombre al´eatoire d’autres
individus par unit´e de temps. Dans le mˆeme genre, et apr`es le d´eveloppement
de leur mod`ele de transmission du paludisme et ind´ependamment de ce
dernier, Gaudartet al.(2009) ont con¸cu un mod`ele environnemental `a l’aide
des chaˆınes de Markov cach´ees.
2.4.2 Les mod`eles stochastiques
Introduit en 1827 par Robert Brown, botaniste anglais, afin de permettre
la description du mouvement des particules de pollen, le mouvement
brow-nien a longuement ´et´e ´etudi´e par la suite, notamment en finance, o`u il sert
entre autres `a mod´eliser le prix des actions en bourse. En ´epid´emiologie, le
mouvement brownien sert `a mod´eliser la part de hasard existant dans le fait
qu’un individu donn´e soit atteint d’une maladie plutˆot qu’un autre.
Rappelons que bien que Bartlett (1949) ait d´ej`a soulign´e le besoin de
stochas-ticit´epour compl´eter les mod`eles d´eterministes existants, ce terme brownien
ne fut introduit par Bailey qu’en 1950.
Notons ´egalement que ˆIto a d´evelopp´e une th´eorie sur le calcul stochastique
en 1940, qui dit la chose suivante :Soit un processus dit de ˆIto, c’est-`a-dire
un processus de la forme :
X
t=X
0+
Z
t 0µ
sds+
Z
t 0σ
sdB
squi peut se reformuler de la mani`ere suivante :
dX
t=µ
tdt+σ
tdB
to`u µ
tet σ
tsont des fonctions al´eatoires satisfaisant quelques hypoth`eses
techniques d’adaptation au processus brownienB
t.
Si f(X
t, t) est une fonction de classe C
2(R×R,R) alors la formule d’ˆIto
s’´ecrit
df(X
t, t) = ∂f
∂t(X
t, t)dt+
∂f
∂x(X
t, t)dX
t+
1
2
∂
2f
∂x
2(X
t, t)σ
tdt
A titre d’exemple, Ball et Neal (2002) ont travaill´e sur un mod`ele ´epid´emique
stochastique SIR, avec une population suppos´ee constante au cours du temps
et dans laquelle, pendant la p´eriode infectieuse, un individu fait des
ren-contres `a la fois globales et locales. Le concept de ”clump” (bouquet
infec-tieux local) et d’ensemble de susceptibilit´e locale, sont utilis´es pour d´evelopper
une approche unifi´ee du comportement seuil de cette classe de mod`eles
´epid´emiques. En particulier, un param`etre seuil est introduit, d´ecidant,
sui-vant sa valeur, R
∗, si oui ou non, on aura une ´epid´emie globale. La
pro-babilit´e qu’une ´epid´emie globale apparaisse et la proportion moyenne de
susceptibles `a l’´etat initial finalement infect´es par l’´epid´emie globale sont
´egalement calcul´es par Ball et Neal. Mao et al. (2003) ont eux, ´etudi´e un
processus stochastique, issu du processus d´eterministe de Lotka-Voltera. La
version stochastique de ce processus semble avoir des propri´et´es beaucoup
plus int´eressantes que son homologue d´eterministe. En effet, le fait que
l’ex-plosion potentielle d’une population d´eterministe puisse ˆetre empˆech´ee par
la pr´esence d’une petite quantit´e de bruit dans l’environnement, montre le
niveau ´elev´e de la diff´erence qui existe entre ces deux repr´esentations. Dans
le mˆeme ordre d’id´ees, Dalalet al.(2007) ont introduit la stochasticit´e dans
un mod`ele concernant le SIDA et l’utilisation de pr´eservatif, au moyen d’un
bruit blanc additif, ce qui est une technique standard dans la mod´elisation
stochastique de population. Ils montrent que le mod`ele ´etabli poss`ede des
points d’´equilibre non n´egatifs, comme souhait´e dans toute dynamique de
population. Ils effectuent ´egalement une analyse d´etaill´ee du comportement
asymptotique, `a la fois au niveau des moments d’ordre 1 et en probabilit´e.
Leur r´esultat r´ev`ele qu’un certain type de perturbation stochastique peut
aider `a la stabilit´e du syst`eme sous-jacent. Sur la mˆeme lanc´ee, en 2008,
ils ont analys´e un mod`ele stochastique repr´esentant la dynamique interne
du virus HIV, l’introduction de la stochasticit´e se faisant comme dans leur
Humains Moustiques S1 Susceptibles I1 Infectieux I2 Infectieux E2 Infectés S2 Susceptibles
Figure 2.3 – Sch´ema du mod`ele de McKendrick
pr´ec´edent travail. Ils montrent que le mod`ele ´etabli dans leur article poss`ede
´egalement des solutions non n´egatives. Ils r´ealisent aussi l’analyse du
com-portement asymptotique du mod`ele. Ils font une approximation d’une des
variables par un processus de retour `a la moyenne, puis trouvent la moyenne
et la variance dudit processus.
Dans le document
Les aspects spatiaux dans la modélisation en épidémiologie
(Page 39-42)