• Aucun résultat trouvé

Mod` ele de planification classique

L’objectif de notre travail est de fournir au planificateur la capacit´e de calculer un plan adaptable par le contrˆoleur au contexte d’ex´ecution. Nous disons que le plan est flexible. Plus pr´ecis´ement, nos contributions se situent au niveau de l’expressivit´e des plans et de l’algorithme pour les calculer :

probl`eme

−−−−−−→Planificateur−−−→plan Contrˆoleur−−−−−−−−−−−−−−action

observation syst`eme de transition d’´etats←−−−−−−

´ ev`enement Ce chapitre pr´esente un mod`ele de la planification classique [GNT04]. Le chapitre5d´efinira la planification flexible en s’appuyant sur ce mod`ele.

4.1 Probl`eme de planification

Pour ce paragraphe, nous nous int´eressons `a la description du probl`eme de planification :

probl`eme

−−−−−−→Planificateur−−−→plan Contrˆoleur

Nous nous pla¸cons dans le cadre de la planification d´eterministe, compl`etement observable. La logique propositionnelle est ainsi suffisante pour d´ecrire le mod`ele de planification. La logique propositionnelle d´ecrit le probl`eme de planification en extension : chacune des ob-servations possibles est d´ecrite par une proposition, et chacune des actions est explicitement sp´ecifi´ee par la manipulation de ces propositions. Cette description pouvant s’av´erer fas-tidieuse, les langages de planification proposent une description condens´ee et implicite du domaine de planification, qui autorise l’utilisation de variables : les actions s’appliquent alors sur un ensemble d’objets. Par exemple, le langage STRIPS [FN71] permet de d´ecrire en intention le probl`eme de planification.

4.1.1 Langage pr´edicatif

Notre langage pr´edicatif est construit sur les ensembles suivants :

V : un ensemble fini de symboles appel´esvariables (dansGripper, nous avons ball, room,etc.) ;

C : un ensemble fini, possiblement vide, de symboles appel´esconstantes (dans Grip-per, nous avons par exempleb-1,b-2ou encorer-a) ;

P : un ensemble fini desymboles de pr´edicats(dansGripper, nous avonsFree,Carry, etc.), chaque symbole de pr´edicat ayant une arit´e qui d´etermine le nombre d’arguments issus des ensembles de variables et de constantes auxquels il est appliqu´e ;

L : un ensemble fini depr´edicats. Un pr´edicat est not´ePred(α1,· · ·, αn)siPredest n-aire dansP etα1,· · ·, αn sont des symboles de variable ou de constante, c’est-`a-dire

∀i, αi∈V ∪C. Par exemple, les pr´edicatsCarry(ball)et Freefont partie du langage pr´edicatif deGripper.

48 Chapitre 4. Mod`ele de planification classique

O : un ensemble fini de symboles d’op´erateurs (deGripper, nous avons PICK, MOVE, etc.), chaque symbole d’op´erateur ayant une arit´e qui d´etermine le nombre d’argu-ments issus des ensembles de variables et de constantes auxquels il est appliqu´e. A : un ensemble fini d’op´erateurs, not´es OPE(α1,· · ·, αn) si OPE est n-aire dans O

et α1,· · · , αn sont des symboles de variables ou de constantes, c’est-`a-dire ∀i, αi

V∪C. Un op´erateur d’arit´e nulle est not´e simplementOPE(par exemple, les op´erateurs PICK(ball)etMOVE(f rom, to)sont issus deGripper).

4.1.2 Op´erateur

Nous pr´esentons la d´efinition d’un op´erateur.

D´efinition 4.1(Op´erateur). Un op´erateuropeest un tuple(nom(ope),pre(ope),eff(ope)),

o`u :

– nom(ope)est le nom de l’op´erateur dansA permettant de l’identifier. Les arguments de nom(ope)dansV est un tuple de variables not´e var(ope);

– pre(ope)est un ensemble de pr´edicats deL et repr´esente les pr´econditions de l’op´e-rateur ;

– eff(ope) est un couple d’ensembles de pr´edicats eff+(a) et eff−

(a), qui repr´esentent respectivement les effets positifs et n´egatifs de l’op´erateur.

Les ensembles eff+(ope)et eff−

(ope)sont disjoints : eff+(ope)∩eff−

(ope) =∅.

Un op´erateuropeest compl`etement et sans ambiguit´e repr´esent´e par le symbole d’op´era-teur denom(ope), suivi de ses argumentsvar(ope). Par exemple, l’op´erateurPICK(ball, room) repr´esente l’op´erateur tir´e du domaine de planificationGripperd´ecrit en annexeB.3dont :

nom(PICK(ball, room)) =PICK;

var(PICK(ball, room)) = (ball, room) ;

pre(PICK(ball, room)) ={Ball(ball),Room(room),G-at(room),At(ball, room),Free}; eff+(PICK(ball, room)) ={Carry(ball)};

eff−

(PICK(ball, room)) ={At(ball, room),Free}.

L’op´erateurPICK(ball, room)d´ecrit le fait que pour une balle et une pi`ece donn´ees, si le robot et la balle sont dans cette pi`ece et que le robot a sa pince de libre (les pr´econditions), alors le robot peut attraper la balle (les effets positifs) mais cela rend indisponible sa pince et la balle n’est plus dans la pi`ece (les effets n´egatifs). Un autre op´erateur est, par exemple,PICK(ball, r-a): les pr´econditionsinvariantes (c’est-`a-dire sans variable) de cet op´erateur exigent que le robot se tienne dans la pi`ece nomm´eer-aavec sa pince libre pour que l’op´erateur puisse ˆetre ex´ecut´e, tandis que les effetsvariants (c’est-`a-dire avec variable) font que le robot tient dans sa pince une certaine balle qui n’est plus dans la pi`ecer-a.

4.1.3 Substitution

Nous introduisons la substitution qui permet de faire le lien entre la logique pr´edicative et la logique propositionnelle utilis´ee dans la suite du chapitre.

D´efinition 4.2(Substitution). Une substitutionσest un tuple de couples associant `a une

variable une constante, not´ee σ= (x1\c1,· · ·, xn\cn)tel que xi =xj impliquei=j, et ∀i, xi∈V etci∈C.

4.1. Probl`eme de planification 49

Pour σ = (x1\c1,· · ·, xn\cn), nous notons var(σ) le tuple de variables (x1,· · ·, xn) et val(σ) le tuple de constantes (c1,· · ·,cn).

L’application de la substitution σsur le pr´edicatPred(x1,· · ·, xn)de L, not´eσ(Pred), donne le pr´edicat Pred o`u ∀xi ∈ {x1,· · ·, xn}, si xi\ci σ alors xi est remplac´e par ci

dansPred. Ainsi, la substitution{ball\b-1} appliqu´ee sur le pr´edicat Carry(ball)donne la propositionCarry(b-1). Nous d´efinissons l’application d’une substitutionσsur un ensemble de pr´edicats comme ´etant l’application deσsur chaque ´el´ement de l’ensemble :

Avec∀i,Predi∈L, σ {Pred1,· · ·,Predn}={σ(Pred1),· · ·, σ(Predn)}

L’application de la substitutionσsur l’op´erateurOP(x1,· · ·, xn), not´eeσ(OP(x1,· · ·, xn)), donne l’op´erateurOPo`u∀xi ∈ {x1,· · ·, xn}, sixi\ci∈σalorsxiest remplac´e parcidansOP. Ainsi, la substitution (ball\b-1) appliqu´ee sur l’op´erateurPICK(ball, room)donne l’op´erateur PICK(b-1, room). Nous ´etendons l’application d’une substitutionσ`a un op´erateurope:

σ(ope) = σ(nom(ope)), σ(pre(ope)), σ(eff+(ope)), σ(eff− (ope))

4.1.4 Langage propositionnel

Une proposition est un pr´edicat dont tous les arguments sont des constantes. Chaque proposition a pour rˆole de repr´esenter une propri´et´e du monde. Le langageLest un ensemble fini depropositions. Par exemple, les propositionsCarry(b-1)etFreesont issues du langage propositionnel deGripper, et signifient, respectivement :

– que le robot agrippe une balle b-1; – qu’au contraire, le robot a sa pince vide.

Nous notons Lle sous-ensemble fini de L despropositions, qui sont les pr´edicats dont tous les arguments sont des constantes. Elles sont not´ees Pred(c1,· · ·,cn) si Pred est n-aire et c1,· · · ,cn sont des symboles de constante, c’est-`a-dire∀i,ci ∈C. Par exemple, les propositionsCarry(b-1)etFreesont issus deGripper.

4.1.5 Etat´

Un ´etat est un ensemble de propositions : chaque ´etat repr´esente une situation particu-li`ere du monde dans laquelle seules les propri´et´es repr´esent´ees par les propositions de l’´etat sont v´erifi´ees dans la situation.

D´efinition 4.3 (´Etat). Un ´etate est un ensemble de propositions issues deL.

Nous nous pla¸cons dans le cadre d’un monde ferm´e : une proposition qui n’appartient pas `a l’´etat est ´evalu´ee fausse. Par exemple, un ´etat dans le domaine deGripperest l’ensemble des propositions{Free,Room(r-a),G-at(r-a)}, qui d´efinit l’´etat dans lequel :

– le robot a sa pince vide ; r-aest un emplacement ;

– le robot se situe dans l’emplacement r-a. 4.1.6 Action

Une action aest le r´esultat de l’application d’une substitutionσsur un op´erateur ope. Ainsi, nous pouvons noter a comme un couple σ(ope) ou y faire r´ef´erence uniquement par l’op´erateur dans A r´esultant de l’application deσsur nom(ope). Par l’application de la substitution sur l’op´erateur, les ensembles de pr´econditions et d’effets sont compos´es exclusivement de propositions.

50 Chapitre 4. Mod`ele de planification classique

D´efinition 4.4(Action). Une actiona=σ(ope)est l’application d’une substitutionσ sur

un op´erateur ope, avecσ telle que var(ope)⊆var(σ), eta est donc compos´ee uniquement d’ensemble de propositions. Une action est ainsi un tuple (nom(a),pre(a),eff(a)):

– nom(a)est un symbole d’action, son identifiant ;

– pre(a)est un ensemble de propositions deLet repr´esente les pr´econditions de l’action. – eff(a)est un couple d’ensembles de propositions eff+(a)et eff−

(a), qui repr´esentent respectivement les effets positifs et n´egatifs de l’action. Ces ensembles sont disjoints :

eff+(a)∩eff− (a) =∅

L’action aest applicabledans un ´etat e si ses pr´econditions sont incluses danse : aest applicable dans e si et seulement si pre(a)⊆e

L’application de a sur l’´etat ei, si aest applicable dans ei, am`ene dans l’´etat ei+1 qui est l’´etat ei dont les effets n´egatifs de a ont ´et´e supprim´es et dont les effets positifs de a ont ´et´e ajout´es :

aappliqu´ee surei produit l’´etat (ei+1=ei\eff−

(a))∪eff+(a)

Par exemple, l’action adont nom(a) = PICK(b-1, r-a) est issue de l’application de la substitution{ball\b-1, room\r-a}sur l’op´erateurPICK(ball, room). L’actionPICK(b-1, r-a) permet d’agripper la balleb-1 depuis l’emplacementr-a :

pre(a) = {Ball(b-1),Room(r-a),G-at(r-a),At(b-1, r-a),Free}, ce qui signifie que pour pouvoir appliquer cette action, il faut ˆetre dans un ´etat dans lequel :

– il y a une balleb-1; – il y a un emplacementr-a;

– le robot et la balleb-1se situent `a l’emplacementr-a; – le robot a sa pince vide.

eff+(a) ={Carry(b-1)}, ce qui signifie qu’apr`es avoir appliqu´e cette action, le robot agrippe la balleb-1;

eff−

(a) ={At(b-1, r-a),Free}, ce qui signifie qu’apr`es avoir appliqu´e cette action, la balleb-1 ne se situe plus dans l’emplacementr-a, et le robot n’a plus sa pince vide. Ainsi, l’application de PICK(b-1, r-a) sur l’´etat compos´e de pre(PICK(b-1, r-a)) produit l’´etat{Ball(b-1),Room(r-a),G-at(r-a),Carry(b-1)}.

A est le sous-ensemble fini de A des actions, qui sont les op´erateurs dont tous les arguments sont des constantes. Elles sont not´eesOP(c1,· · ·,cn)siOPestn-aire etc1,· · · ,cn

sont des symboles de constantes, c’est-`a-dire ∀i,ci C. Par exemple, l’action PICK(b-1, r-a) est issue de Gripper. L’ensemble des actionsA forme le langage propositionnel qui sera utilis´e dans la suite de ce chapitre.

Action nulle

Nous notonsǫl’action applicable sur tout ´etat e et dont l’application sure n’a aucun effet :

pre(ǫ) =∅; eff+(ǫ) =∅; eff−

4.1. Probl`eme de planification 51

Propri´et´es

Deux actions sont inconsistantes si l’une nie au moins un effet de l’autre.

D´efinition 4.5 (Inconsistance entre actions). Deux actions a1 et a2 sont inconsistantes

(inconsistance(a1, a2)) si et seulement si eff−

(a1)∩eff+(a2)6=∅∨eff−

(a2)∩eff+(a1)6=∅. Deux actions interf`erent si l’une supprime une pr´econdition de l’autre.

D´efinition 4.6 (Interf´erence entre actions). Deux actions a1 et a2 interf`erent (

inter-ference(a1, a2)) si et seulement si eff−

(a1)∩pre(a2)6=∅ ∨eff−

(a2)∩pre(a1)6=∅. Deux actions sont d´ependantes si elles sont inconsistantes ou si elles interf`erent.

D´efinition 4.7(D´ependance entre actions). Deux actionsa1 eta2 sont d´ependantes (

de-pendance(a1, a2)) si et seulement siinconsistance(a1, a2)∨interference(a1, a2). L’ind´ependance entre deux actions a1et a2est leur non d´ependance.

4.1.7 Syst`eme de transition d’´etats

D´efinition 4.8 (Syst`eme de transition d’´etats). Un syst`eme de transition d’´etats est un

tripletΣ = (U,A, γ), avec :

U un sous-ensemble de l’ensemble des parties deL1, appel´e l’univers de Σ, donc un ensemble fini d’´etats ;

Aun ensemble fini d’actions ;

γ:U × A → U une fonction non d´eterministe de transition d’´etats. La fonction de transitionγ sur ei ∈ U eta∈ Aest l’application de asur ei :

ei+1=γ(ei, a) =

(ei\eff−

(a))∪eff+(a) si pre(a)⊆ei

ind´efini sinon

L’univers U est ferm´e selon γ : si e ∈ U, alors ∀a ∈ A qui sont applicables sur e, γ(e, a)∈ U. Ce syst`eme de transition d’´etats peut ˆetre repr´esent´e par un graphe orient´e dont les noeuds sont les ´etats dansU, et lorsque l’actionaest applicable dans l’´etatei ∈ U

et queei+1=γ(ei, a), alors l’arc entre le noeudeivers le noeudei+1est d´ecor´e de l’actiona. Ainsi, nous parlerons de transitions plutˆot que d’actions `a propos du syst`eme de transition d’´etats sous forme de graphe.

Pour illustrer les prochains concepts, nous utiliserons le syst`eme de transition repr´esent´e `a la figure 4.1. Dans cet exemple, nous consid´erons sept ´etats diff´erents dont nous ne d´e-taillons pas le contenu propositionnel, num´erot´es de 0 `a 6. L’ensemble des actions de ce sys-t`eme de transition d’´etats est{RAZ,SUCC(1),SUCC(2),SUCC(3),SUCC(4),DOUBLE(2),DOUBLE(3)}. Le graphe nous indique par exemple que l’application de l’actionSUCC(1)sur l’´etat 1 produit l’´etat 2.

4.1.8 Domaine et probl`eme de planification

D´efinition 4.9(Domaine de planification). Un domaine de planificationDest un syst`eme

de transition d’´etats.

La figure 4.1 page suivanterepr´esente donc un domaine de planification.

D´efinition 4.10(Probl`eme de planification). Un probl`emeP de planification est un triplet

(D, e0, goal), avec :

52 Chapitre 4. Mod`ele de planification classique 1 SUCC(1) 2 0 RAZ 4 DOUBLE(2) RAZ 3 SUCC(2) 5 SUCC(4) SUCC(3) 6 DOUBLE(3)

Figure 4.1 – Exemple de graphe repr´esentant un syst`eme de transition d’´etats dont l’uni-versU est compos´e de sept ´etats num´erot´es de 0 `a 6 et dont la fonction γest illustr´ee par les arcs du graphe.

1 SUCC(1) 2 0 RAZ 4 DOUBLE(2) RAZ 3 SUCC(2) 5 SUCC(4) 6 SUCC(3) DOUBLE(3)

Figure4.2 – Exemple de probl`eme de planification repr´esent´e par son syst`eme de transition d’´etats Σ, et o`u l’´etat 1 est l’´etat initiale0 et o`u les ´etats 4, 5 et 6 satisfont l’objectif de planification, c’est-`a-dire sont dansEg.

D= (U,A, γ), le domaine de planification ; e0∈ U, un ´etat initial ;

goal, l’objectif de planification, qui est un ensemble de propositions `a satisfaire. Un ´etat buteg ∈ U satisfait l’objectifgoal, not´eeg|=goal, si toutes les propositions de l’objectif sont satisfaites dans l’´etateg :

eg|=goal si et seulement sigoal⊆eg

Nous notonsEg l’ensemble des ´etats dans l’univers qui satisfont l’objectif :

Eg ={eg∈ U |eg|=goal}

Sur la figure4.2, l’´etat initial est l’´etat 1 et l’ensemble des ´etats qui satisfont l’objectif sont les ´etats 4, 5 et 6.

En pratique, un domaine de planification D est d´efini dans un fichier de description PDDL [AD05] comme pr´esent´e `a l’annexe B.3 page 186 pour Gripper. Il est d´ecrit par un ensemble d’op´erateurs et de pr´edicats dont tous les param`etres sont des variables. Le probl`eme de planification P est d´ecrit par un ensemble de constantes, par un ensemble

4.2. Plan d’actions 53

de propositions d´ecrivant l’´etat initial, et par un ensemble de propositions pour objectif de planification. Ces propositions sont issues des pr´edicats d´efinis dansD. L’ensemble des actionsAet l’ensemble des propositionsLsont donc d´ecrits en intention : ils sont d´eduits de la description de D et de P en instanciant chaque pr´edicat et chaque op´erateur de D

avec tous les sous-ensembles de constantes deP.

4.2 Plan d’actions

Dans ce paragraphe, nous nous int´eressons `a la description du plan calcul´e par le plani-ficateur :

probl`eme

−−−−−−→Planificateur−−−→plan Contrˆoleur

Informellement, un plan peut ˆetre vu comme un chemin dans le syst`eme de transition d’´etats : une succession de transitions. Par exemple, la figure4.3repr´esente un plan, not´e2

SUCC(1)≫DOUBLE(2)≫SUCC(4)

1 SUCC(1) 2 5 0 RAZ 4 DOUBLE(2) RAZ 3 SUCC(2) SUCC(4) 6 SUCC(3) DOUBLE(3)

Figure4.3 – Le planSUCC(1)≫DOUBLE(2)≫SUCC(4)dans le domaine illustr´e permet de passer de l’´etat 1 `a l’´etat 5 par les transitionsSUCC(1),DOUBLE(2) etSUCC(4). La transition en pointill´ee n’existe pas dans la d´efinition du syst`eme de transition d’´etats : c’est une repr´esentation en intention de la composition de transitions existantes.

SUCC(1)≫DOUBLE(2)≫SUCC(4), qui emprunte la transitionSUCC(1)issue de l’´etat 1, puis la transitionDOUBLE(2)et finalementSUCC(4)pour atteindre l’´etat 5. Nous distinguons deux repr´esentations d’un plan :

1. en extension par la description de sa s´emantiqueop´erationnelle[Plo04] dans le syst`eme de transition d’´etats c’est-`a-dire la succession des ´etats travers´es : c’est l’ensemble or-donn´e des actions du plan qui, appliqu´ees s´equentiellement, permettent de connaitre le chemin emprunt´e lors de son application dans le syst`eme de transition d’´etats. Par exemple dans la figure 4.3 une transition issue de l’´etat 1 est travers´ee par l’action SUCC(1)pour atteindre l’´etat 2, sur lequelDOUBLE(2)est appliqu´ee et traverse la tran-sition associ´ee jusqu’`a l’´etat 4 pour finalement atteindre l’´etat 5 par la trantran-sition issue de l’application de SUCC(4);

2. en intention, en d´efinissant la s´emantique d´enotationnelle [SS71] d’un plan, c’est-` a-dire la transition «virtuelle» que le plan d´efinit : les pr´econditions et les effets du plan permettent de passer d’un ´etat `a un autre, tout comme sont d´efinies les actions. 2. L’op´erateur de composition≫est d´efini au paragraphe4.2.2

54 Chapitre 4. Mod`ele de planification classique

Par exemple, le plan de la figure4.3est applicable sur l’´etat 1 et permet d’atteindre l’´etat 5 par son application sur l’´etat 1.

Nous proposons une mod´elisation des plans unifiant ces deux repr´esentations. Nous consi-d´erons la notion de plan comme une g´en´eralisation de celle d’action3, et apportons un op´erateur de s´equence permettant de construire des plans. Un mod`ele de plan est repr´e-sent´e `a la figure4.4. Nous mod´elisons les actions comme ´etant des plans.

Figure 4.4 – Mod`ele de plan : une action est un plan, et une composition par l’op´erateur n-aire de s´equence de plans est un plan.

Nous d´etaillons dans la suite :

1. la formalisation des plans et la s´emantique d´enotationnelle associ´ee, c’est-`a-dire la transition dans le syst`eme de transition d’´etats r´esultant d’un plan donn´e ;

2. la d´efinition de l’op´erateur de s´equence entre plans ;

3. la syntaxe des plans en tant qu’expression bien form´ee utilisant l’op´erateur de s´e-quence ; et la s´emantique op´erationnelle des plans issue de cette syntaxe, en termes d’enchaˆınement d’´etats successifs dans le syst`eme de transition d’´etats ;

4. les propri´et´es remarquables des plans.

En annexe D.1 page 205, nous d´emontrons toutes les propri´et´es d´eduites de nos d´efinitions dans la suite de ce chapitre, et notamment que les s´emantiques d´enotationnelle et op´era-tionnelle sont ´equivalentes : la d´efinition de l’op´erateur de s´equence correspond bien au sens que nous lui donnons.

4.2.1 S´emantique d´enotationnelle d’un plan

Le d´efinition formelle, en intention, d’un plan, identique `a celle des actions (cf. d´efini-tion4.4), est la suivante :

D´efinition 4.11(Plan (intention)). Un plan πest un tuple (nom(π),pre(π),eff(π)):

– nom(π)est son identifiant ;

– pre(π)est un ensemble de propositions deL et repr´esente les pr´econditions du plan ; – eff(π)est un couple d’ensembles de propositions eff+(π)et eff−

(π), qui repr´esentent respectivement les effets positifs et n´egatifs du plan. Ces ensembles sont disjoints :

eff+(π)∩eff− (π) =∅

Le plan πest applicabledans un ´etat e si ses pr´econditions sont incluses danse : πest applicable dans e si et seulement si pre(π)⊆e

4.2. Plan d’actions 55

idempotence associativit´e commutativit´e

non oui non

Table 4.1 – Lois alg´ebriques de l’op´erateur de s´equence.

L’application deπ sur l’´etat ei, si πest applicable dans ei, am`ene dans l’´etat ei+1 qui est l’´etat ei dont les effets n´egatifs deπ ont ´et´e supprim´es et dont les effets positifs de π ont ´et´e ajout´es :

πappliqu´e sure produit l’´etat (e\eff−

(π))∪eff+(π)

4.2.2 Op´erateur de s´equence

Nous proposons un op´erateur qui traduit le franchissement de transitions successives dans le syst`eme de transition d’´etats. Nous l’appelons l’op´erateur de s´equence, not´e«≫».

Op´erateur binaire de s´equence

L’op´erateur binaire de s´equence compose deux plans π1 et π2 pour donner comme r´e-sultat un nouveau planπ=π1≫ π2. Les pr´econditions et les effets du planπsont d´eduits de la d´efinition des plansπ1 etπ2:

nom(π) =nom(π1)≫ nom(π2) ; pre(π) =pre(π1)∪(pre(π2)\eff+(π1)) ; eff+(π) = (eff+(π1)\eff−

(π2))∪eff+(π2) ; eff−

(π) = (eff−

(π1)\eff+(π2))∪eff− (π2). Soient deux plans π1 et π2 tels que eff+(π1)∩eff−

(π1) = et eff+(π2)∩eff−

(π2) = ∅, alors le planπ=π1≫ π2est tel que eff+(π)∩eff−

(π) =∅. Les propri´et´es des plans sont conserv´ees par la composition s´equentielle de plans.

La table 4.1 d´efinit les lois qui r´egissent l’op´erateur de s´equence. Ces propri´et´es sont d´etaill´ees en annexeC page 191.

Op´erateur n-aire de s´equence

Nous proposons un op´erateurn-aire qui ´etend l’op´erateur binaire de s´equence. Cet op´e-rateur traduit le franchissement d’un ensemble de transitions successives dans le syst`eme de transition d’´etats. Il composenplansπ1,· · · , πn pour donner comme r´esultat un nouveau planπ=(π1,· · ·, πn) =

n

i=1(πi). Cet op´erateurn-aire est d´efini par l’op´erateur binaire de s´equence :

n>1

i=1(πi) =π1≫ · · · ≫ πn

`

A noter que pourn= 1, nous avons(π) =π.

L’op´erateur de s´equence n’´etant pas commutatif, l’ordre des plansπ1,· · · , πn importe. Avec l’op´erateurn-aire de s´equence, le planSUCC(1)≫DOUBLE(2)≫SUCC(4)de l’exemple de la figure4.3se r´e´ecrit(SUCC(1),DOUBLE(2),SUCC(4)).

56 Chapitre 4. Mod`ele de planification classique

4.2.3 S´emantique op´erationnelle d’un plan

Nous proposons une syntaxe des plans par une expression bien form´ee sur les actions, alors compos´ees par l’op´erateur de s´equence. Cette syntaxe sera ´etendue en section 5.2.1 page 67pour la description des plans flexibles.

D´efinition 4.12 (Plan (extension)). Un plan π est bien form´e si sa syntaxe est une

ex-pression bien form´ee en vertu des r`egles de formation suivantes : ǫest un plan ;

– siaest une action deA, alors aest un plan ; – siπetπ′

sont deux plans, alors (π≫ π′