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3.   FINALISATION DES MODELES BATI ET MOBILITE

3.1   ACTUALISATION DU MODÈLE RELATIF AU BÂTI RÉSIDENTIEL

3.1.1   Rappel de la méthodologie utilisée

3.1.1.2   Modélisation physique du parc résidentiel en Wallonie

Le parc de logements wallons (résidence principale) apparaît comme particulièrement ancien : plus de 50 % des logements datent d’avant 1945, 86,6 % des logements sont antérieurs à la mise en application de la première réglementation thermique (1985), 91,7 % à la seconde (1996). Deux facteurs concourent à expliquer cette situation : le développement du parc bâti au cours de la période industrielle combiné à l’extension périurbaine et au faible taux de renouvellement dans les années d’après-guerre (peu d’opérations de destruction-reconstruction à l’échelle de la Wallonie). Les secteurs statistiques présentant le plus fort taux de logements construits avant 1945 se situent de manière prépondérante dans l’ouest de la région (province du Hainaut. Ailleurs, les centres anciens des bourgs et des villes ressortent également. Ce parc ancien est constitué principalement de maisons unifamiliales, qui peuvent avoir été divisées dans les périodes postérieures. De façon générale, le parc résidentiel wallon est composé à plus de 80 % de maisons unifamiliales. Au vu des nombreuses situations contrastées présentes sur le territoire, une caractérisation fine des tissus urbanisés existants s’est donc révélée nécessaire en vue d’informer des possibles stratégies localisées voire différenciées de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Afin de mener à bien cette caractérisation énergétique, nous avons choisi de mener une analyse à l’échelle du bâti sur l’ensemble de la Wallonie. Un inventaire technique détaillé des constructions suivant leur date d’édification n’étant pas disponible en Belgique, nous avons pour ce faire dû élaborer des « archétypes constructifs théoriques » pour chacune des cinq classes d’âge précédemment énoncées. La caractérisation des archétypes est réalisée en fonction de quatre éléments structurels (murs extérieurs, vitrage, toiture, plancher). Deux paramètres supplémentaires sont intégrés : le taux de vitrage et le taux de renouvellement de l’air. Ces éléments interviennent classiquement dans l’évaluation de la performance énergétique des bâtiments (PEB). Notons qu’à l’intérieur de chaque classe d’âge, les bâtiments sont considérés comme homogènes. De plus, nous avons considéré dans un premier temps que les modes constructifs sont identiques pour les trois typologies d’habitat (unifamilial, multifamilial inférieur à cinq logements, multifamilial supérieur ou égal à cinq logements). Nous avons appliqué les caractéristiques des maisons unifamiliales à l’ensemble du stock bâti résidentiel étant donné que cette typologie représente plus de 80 % des logements wallons.

Sur base des typologies constructives, il est possible d’évaluer théoriquement les coefficients de déperdition (U) de chaque paroi constituant l’enveloppe des cinq archétypes. En termes méthodologiques, nous avons choisi de modéliser pour chacune des parois, une paroi composite théorique combinant les informations liées aux modes constructifs et matériaux originaux et celles relatives aux différents niveaux d’isolation. Ces dernières intègrent les dynamiques de rénovation. A chaque matériau correspond une performance de transmission énergétique par m² et pour chaque degré de différence entre la température extérieure et la température de consigne intérieure. Nous présentons ici d’une part les chiffres du coefficient de transmission thermique U, et d’autre part la position de ce coefficient par rapport aux exigences thermiques actuelles. La norme applicable aux bâtiments lors d’une rénovation est prise comme donnée de cadrage. En Belgique, depuis le 1er mai 2010, les valeurs U doivent être calculées selon l'annexe VII de l'Arrêté du Gouvernement Wallon du 17 avril 2008.

Quand on compare les performances de déperdition de chaque paroi de chaque archétype avec les exigences de la norme actuellement en vigueur applicable aux bâtiments à rénover (travaux de rénovation simple, selon l'article 548, et changement d'affectation), les vulnérabilités spécifiques de chaque archétype apparaissent nettement.

Figure 3. Performance énergétique des enveloppes suivant la période de construction des bâtiments. Source: Base de données de l’Enquête Qualité logement 2006

Ce qui ressort de cette première analyse basée sur une modélisation de l’enveloppe de l’ensemble des bâtiments de la région, c’est la résistance du stock existant aux dynamiques de rénovation énergétique, dynamiques pourtant soutenues depuis une trentaine d’années par des politiques régionales subsidiées par des primes à l’isolation et de rénovation urbaine.

Malgré la bonne pénétration de ces primes au niveau des vitrages, l’absence de résultats notables au niveau des murs, planchers et toitures interpelle quant à l’efficacité des outils mis à notre disposition en termes de politiques publiques d’amélioration des performances énergétiques.

Néanmoins, ces résultats doivent être pondérés par les apports de l’intégration des bâtiments au sein de tissus urbanisés différenciés. En effet, la morphologie, et notamment la compacité du tissu, influe positivement sur les performances énergétiques et donc sur les émissions de GES des bâtiments, notamment en réduisant la surface de déperdition entre le volume d'habitation et l’air extérieur. En Wallonie, plus de 40 % du stock est constitué de bâtiments 4 façades, près de 30 % du stock présente un pourcentage de mitoyenneté compris entre 20 et 35 %, ce qui peut correspondre à des bâtiments semi-mitoyens et enfin près de 25 % du stock présente un taux de mitoyenneté de plus de 50 % ce qui correspond à des bâtiments mitoyens de deux, voire trois, côtés. Ces résultats, pour être pertinents dans une analyse des émissions de GES telle qu’entreprise ici, doivent être mis en perspective avec les différentes classes d’âge de bâti (Figure 4).

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Figure 4. Mitoyenneté du bâti résidentiel wallon par classe d’âge : histogramme des fréquences.

Source : Cadmap 2009, SPF Economie - DGSIE.

L’analyse du taux de mitoyenneté par classe d’âge révèle une très forte représentation des bâtiments implantés de manière pavillonnaire durant les trois dernières périodes constructives: 64 % des bâtiments construits entre 1971 et 1985, 86 % pour la période 1986-1996 et 82 % après 1986-1996. Avant 1850, c'est l'habitat mitoyen et semi-mitoyen qui domine.

Ensuite, ceux-ci ont progressivement diminué jusqu'au début du 21e siècle en faveur du bâti 4 façades. Ce dernier est susceptible d’avoir de lourdes conséquences en termes de consommation énergétique sur les bâtiments peu performants thermiquement. C’est le cas des bâtiments construits avant la mise en œuvre de la réglementation thermique de 1985.

Soulignons toutefois que l’implantation en ordre dispersé n’est pas une caractéristique récente en Wallonie, bien qu’elle semble s’être généralisée depuis 1986. On observe ainsi une représentation de près de 30 % des bâtiments construits avant 1945 dans le volume global des bâtiments implantés de manière pavillonnaire et de plus de 40 % pour les bâtiments construits avant 1971.

La carte ci-dessous souligne l’hétérogénéité des situations locales. Les noyaux urbains et les zones d’urbanisation héritées du 19e siècle sont très nettement visibles : ils présentent un taux de mitoyenneté plus élevé. Une grande partie des zones de suburbanisation sont caractérisées par un taux de mitoyenneté pratiquement nul.

Figure 5. Taux de mitoyenneté moyen en Wallonie par secteur statistique. Source : Cadmap 2009, SPF Economie - DGSIE.

3.1.1.3 Analyse de la consommation énergétique du bâti résidentiel en