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Le modèle neurobiologique de l’agression de Mitchell et Beech 43

caractéristiques psychologiques des agresseurs découleraient d’une anomalie dans les différentes structures du cerveau causée par le lien d’attachement insécurisant. Ce modèle reprend les principes du modèle de Ward et Beech, mais va plus loin quant à la biochimie du cerveau.

116 Ian J. MITCHELL et Anthony R. BEECH, « Towards a Neurobiological Model of Offending », (2011) 31 (5)

Le lien d’attachement entre le parent et l’enfant crée des changements dans la biochimie du cerveau. Les contacts entre le parent et l’enfant ont, notamment, un impact sur le système d’apaisement qui aura un rôle à jouer au niveau de la tolérance face au stress et des moyens de combattre les émotions négatives et la colère. Lorsque ce lien est déficient, le niveau de tolérance au stress serait plus faible. Cela provoquerait un état de stress chronique chez l’individu qui, à la longue, causerait des dommages au système corticolimbique. Sur une longue période, cela engendrerait des problèmes de régulation des émotions et un faible niveau de cortisol, ce qui mène à l’isolement social.

Sous-section 1 : Le système corticolimbique

Le système corticolimbique est celui qui est impliqué dans la motivation et le contrôle des émotions. Il comprend l’amygdale, le cortex cingulaire antérieur et le cortex orbitofrontal.

L’amygdale est la zone où est décidée la réponse émotionnelle à une situation et la mémoire émotionnelle qui y est associée. La réponse émotionnelle est la charge émotive liée à une situation qui dictera l’intensité de la réaction. Par exemple, un commentaire pourra « toucher une corde sensible » et engendrer une grande réponse émotionnelle. La mémoire émotionnelle est la charge émotive de l’événement lorsqu’un individu y repensera dans le futur. Elle gère également la vigilance, les réponses physiologiques à la peur et le système de récompense. De plus, elle joue un rôle dans la réponse sexuelle à l’attirance.

Le cortex cingulaire antérieur est la zone qui gère la communication, la coopération, l’empathie et l’attention. Le cortex orbitofrontal est celui où s’effectue la médiation entre l’analyse des événements et la réaction émotive, ce qui permet d’obtenir une réaction adaptée à la situation. Elle effectue le calcul de la valeur de récompense et de punition afin de décider de l’action à poser.

Sous-section 2 : L’ocytocine et la vasopressine

L’ocytocine et la vasopressine sont deux neuropeptides qui agissent sur le système corticolimbique. La libération de ces substances influence le type de lien d’attachement entre l’enfant et sa figure parentale ainsi que les relations avec les autres. Cela est donc directement

lié à la théorie du lien d’attachement de Bowlby et Ainsworth, au modèle de Marshall et Barbaree ainsi qu’à celui de Ward et Beech.

L’ocytocine agit sur la réduction de l’anxiété et la relaxation. Elle permet d’apaiser les tensions chez l’enfant et de réduire l’anxiété de séparation avec la figure parentale, aidant ainsi à développer un lien d’attachement sécurisant. De plus, elle influence les capacités d’un individu à attribuer des états mentaux aux autres. Par exemple, cela sert à déduire que quelqu’un est fâché ou inquiet selon ses expressions faciales et corporelles.

La vasopressine, quant à elle, est associée à l’anxiété et à l’attirance. Elle élève le niveau d’anxiété en augmentant la sensibilité d’un individu au stress. Elle favorise donc un lien d’attachement insécurisant. De plus, elle facilite les réponses agressives à certains stimuli sociaux.

Sous-section 3 : Le lien avec la pédophilie

Chez les pédophiles, la région du cerveau de l’amygdale semble hyperactive. Cela causerait des troubles d’anxiété et des phobies sociales ou de contamination par les fluides corporels des autres. La phobie sociale les inciterait à s’isoler et la peur de la contamination par les fluides corporels des autres les inciterait à ne pas avoir de relation sexuelle. Il semble que seules les relations avec les adultes poseraient problème et leur fait peur. Ce ne sont cependant pas tous les pédophiles qui présentent ces phobies et, si elles sont présentes, leur intensité varie. Cela reprend les idées de l’époque victorienne concernant la prostitution des jeunes filles vierges qui ne pouvaient transmettre de maladies sexuelles.

De plus, il y aurait présence de distorsions cognitives lors de l’attribution d’états mentaux aux autres individus. Les caractéristiques physiologiques des enfants seraient alors perçues comme plus sécuritaires et plus attirantes pour le pédophile. Ce sont, entre autres, de grands yeux, des joues plus rondes ou une physionomie plus mince.

Sous-section 4 : Le résumé du modèle de Mitchell et Beech

Selon le modèle de Mitchell et Beech, la cause de la pédophilie serait le lien d’attachement entre l’enfant et le parent qui serait insécurisant. Ce lien changerait la biochimie du cerveau, ce qui réduirait par le fait même la tolérance et la réaction face au stress. Une longue période de stress endommagerait le système corticolimbique de l’individu, particulièrement le système des émotions et de la motivation. Ce dernier créerait la motivation de l’individu pour agir et l’attirance déviante qu’il éprouve. Les dommages au système corticolimbique entraîneraient des problèmes de régulation des émotions et l’isolation sociale de l’individu qui le mènerait alors à chercher des substituts aux relations avec les adultes qu’il aurait de la difficulté à établir.

La théorie de Mitchell et Beech explique la pédophilie par un dérèglement de la biochimie du cerveau alors que celle de Ward et Beech l’explique par plusieurs facteurs différents. Cette théorie est encore récente et sera probablement précisée dans les prochaines années.