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Chapitre 4 Résultats et discussion

4.1 Modèle MCO

Nous cherchons donc à ressortir les différentes contraintes à la croissance des entreprises au Cameroun59.

4.1.1 Contraintes en 2006

En ce qui concerne les contraintes des entreprises en 2006, nous constatons à travers le tableau 10 dans l’annexe B que la moitié des contraintes est négativement reliée, mais pas statistiquement significative à la croissance de l’emploi dans le secteur manufacturier et de services60. La seule contrainte significative dans la régression (1) (cf. Tableau 10, suite 1) où les contraintes sont analysées séparément est les procédures de création d’entreprises61 (colonne 10). Celle-ci est statistiquement significative à 10 % et positive en ce sens que

59 Dans les tableaux des résultats, le changement du nombre d’observations dans les étapes de régressions est dû

aux valeurs manquantes dans la base de données.

60 Bien que dans notre échantillon les enquêtes sont divisées selon les secteurs d’activité, nous ne pouvions pas

les distinguer à cause du secteur de services qui ne contient que 52 entreprises. Vu la petitesse de la taille d’échantillon, nous avons regroupé la croissance de l’emploi du secteur manufacturier et la croissance du secteur de services ensemble.

61 La contrainte est : procédure de création d’entreprises, formalités, patentes, licences. Comme exemples de

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lorsque les procédures de création d’entreprises sont un obstacle pour l’entreprise, sa croissance en termes de nombre d’employés augmente de 2.97 %. Ce résultat semble paradoxal. Hallward-Driemeier et Aterido (2007) soulignent que l’impact de l’environnement réglementaire n’est pas nécessairement négatif — ils trouvent que lorsque l’application de la réglementation est uniforme, elle est positivement reliée avec la croissance de l’emploi dans la plupart de pays en développement. Dans les données, nous disposons de trois contraintes qui s’ajoutent explicitement pour le secteur de services (Réglementations des prix et marges, réglementations des heures d’ouverture et règles de zonage). Bien que limité par le nombre d’observations, nous devons les rajouter dans nos régressions, car elles prennent en compte uniquement les entreprises du secteur de services. De ces trois contraintes, les résultats de la régression (1), où les obstacles sont analysés les uns après les autres, montrent que l’obstacle apparaissant significatif et négatif est : « réglementations de prix et marges » (Cf. Tableau 10, suite 2, colonne 20). Il faut noter que le niveau de significativité statistique est à 10 %. Le constat est que la réglementation des prix et marges définie dans l’enquête comme étant la capacité d’établir les prix et les marges diminue la croissance de l’emploi de l’ordre de 6,1 %. Cela signifie que la réglementation empêche une libre capacité à établir les prix et les marges. Lorsque la réglementation change fréquemment, est rédigée vaguement ou est interprétée et appliquée de manière incohérente, les entreprises se retrouvent alors dans une incertitude et il est difficile pour elles d’employer les travailleurs (Banque Mondiale, 2004).

Dans la régression (2) où les contraintes sont considérées conjointement (cf. Tableau 11), il n’y a pas de contraintes significatives lorsque nous omettons les contraintes du secteur de services (colonne 1), mais lorsque ces dernières sont insérées, nous trouvons que l’électricité devient significative et négative et une fois de plus les réglementations des prix et marges (colonne 4). Notons également que les réglementations des heures d’ouverture sont significatives, mais positives (colonne 4).

Dans la régression (3) où les contraintes significatives des régressions 1 et 2 sont analysées, les contraintes à savoir l’électricité et les procédures de création d’entreprises perdent leur significativité, mais les réglementations des prix et marges demeurent significatives (colonne

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5). Lorsque les contraintes de services sont enlevées, les procédures de création d’entreprise redeviennent significatives et positives à 10 % (colonne 6).

4.1.2 Contraintes en 2009

Le tableau 12 de l’annexe B présente les différentes régressions incluant les 16 contraintes prises individuellement (colonne 1 à 16), toutes les contraintes ensemble (colonnes 1 et 4 du tableau 13) et les contraintes significatives des régressions 1 et 2 (colonne 5, tableau 13). Les résultats montrent que l’électricité, ainsi que les « licences et permis » sont les obstacles importants pour les entreprises en 2009 avec des effets statistiquement significatifs dans toutes les trois étapes de la régression.

Les colonnes 1 à 16 du tableau 12 montrent que lorsque nous analysons les contraintes séparément, la majorité des contraintes ne sont pas significativement reliées à la croissance de l’emploi des entreprises dans les trois secteurs, manufacturiers, services et ventes en détail. Les seules exceptions sont : l’électricité, l’accès aux finances, le taux d’imposition, les licences et permis, et l’instabilité politique qui sont significativement et négativement reliés à la croissance de l’emploi. Dans ces spécifications, nous montrons que, comme dans de nombreuses études, l’environnement des affaires est important. Les résultats dans les colonnes 1 et 5 du tableau 13 montrent une fois de plus que l’électricité, ainsi que les « licences et permis » sont les obstacles les plus contraignants. Le problème d’électricité réduit la croissance d’employés permanents d’une entreprise de 2.7 % (colonne 1 du tableau 12), de même que plus le problème lié aux « licences et permis » est un obstacle, la croissance du nombre d’employés diminue de 2,2 % (colonne 11). Dans la première colonne du tableau 13, nous avons enlevé la contrainte « télécommunications », car comme nous pouvons le voir dans la colonne 4 en l’insérant, nous avons une grande perte d’observations. Les problèmes d’électricité62 ont été identifiés comme obstacles dans plusieurs pays en voie de développement (Sleuwaegen et Goedhuys, 2002 ; Goedhuys et Berlage, 1996, Aterido et al, 2009). Les résultats présentés ici montrent que le Cameroun n’y échappe pas. Aussi ces

62 Ces problèmes sont souvent reliés à la corruption, mais ici on note une corrélation faible de l’ordre de 0,182

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résultats sont similaires à ceux trouvés par la Banque Mondiale (2006) qui montrent que le problème d’électricité limite la croissance des entreprises.

Nous remarquons au vu de ces résultats qu’il semble y avoir moins de contraintes significatives en 2006 qu’en 2009. Par exemple, en 2006, la seule contrainte significative robuste aux trois étapes de la régression est « les réglementations des prix et marges » alors qu’en 2009, nous avons l’électricité et les licences et permis ainsi que les « réglementations du travail ». Cette différence de contraintes dans les deux années peut s’expliquer par deux crises qui sont survenues au Cameroun : la crise alimentaire de 2007-2008 et la crise financière de 2008-2009 (AFD, 2011 ; Banque Mondiale, mai 2014). Ces deux crises auraient eu un impact sur l’augmentation des contraintes en 2009.

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