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LA MISE EN FONCTION DU MODÈLE La mise en fonction de la police de proximité est une occasion

« Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité

CAS PRATIQUE 14 – APPLICATION DE LA MÉTHODE SARA AU CANADA

6. MISE EN ŒUVRE

6.5 LA MISE EN FONCTION DU MODÈLE La mise en fonction de la police de proximité est une occasion

de marquer le début d’une nouvelle relation entre la police et la population. Selon qu’on déploie le modèle de façon limitée ou généralisée, on voudra profiter de cette occasion pour mettre en valeur les changements proposés. Ce moment fort de l’implantation doit symboliser clairement l’adoption de nouveaux modes opératoires policiers et l’établissement d’un dialogue permanent sur le mieux-être de la communauté.

Inaugurations de locaux, remises d’ordres de mission, promotions et affectations, adoption de symboles visuels, lancement de programmes, journée portes ouvertes, expo-police et présentation des membres du comité local de sécurité publique sont autant de gestes qui contribuent à démarrer la machine, à mettre en lumière ses objectifs et à lui donner l’élan nécessaire pour poursuivre sa mission.

La mise en fonction doit cependant être plus qu’une activité inscrite au plan de communication. Elle doit coïncider avec le début des opérations et des consultations qui découlent de l’application des composantes de la police de proximité. Toutes les ressources et tous les processus administratifs doivent être en place et fonctionnels. Le personnel doit être formé, et la supervision des activités doit être assurée par des gestionnaires adhérant au modèle de police de proximité. Les indicateurs de performance et de qualité de service auront été testés et

ajustés pour assurer le respect des objectifs d’implantation et d’opération, ainsi que la fiabilité des données recueillies.

Le comité local de sécurité publique siégera et produira des résultats en matière d’orientations et de priorités d’action, tout en favorisant la mise en place de partenariats efficaces entre la police et les organismes présents dans la communauté.

Les critiques adressées à la police de proximité portent généralement sur une insistance trop grande sur l’adoucissement de l’image des policiers au détriment de l’application des lois. La mise en fonction ne doit pas prêter le flanc à ce genre de récrimination. S’il est vrai que la communication et le partenariat sont des stratégies omniprésentes de la police de proximité, il est tout aussi vrai que l’application « intelligente » des pouvoirs coercitifs de la police constitue parfois la solution appropriée aux problématiques soulevées. À cet égard, la police de proximité comporte un volet répressif non négligeable qui doit impérativement être connu et utilisé lorsque le renseignement et l’analyse de la criminalité concluent que cette stratégie constitue la meilleure option de résolution de problèmes.

On ne peut présumer de l’accueil que recevra la police de proximité à ses débuts. Il faut se rappeler que ce changement est souvent le fruit d’une crise de légitimité. Dans ces conditions, la mise en fonction du modèle peut exiger le rétablissement préalable d’un niveau de confiance et de communication qui est au cœur de la composante « rapprochement » du modèle. Aussi longtemps que la relation police-citoyens n’est pas rétablie de manière ferme, on ne peut espérer former de partenariats productifs, intervenir efficacement en prévention de la criminalité ou résoudre des problèmes avec les citoyens. Les composantes de la police de proximité exigent un dialogue franc, empreint de confiance entre les parties. À défaut, l’information essentielle au diagnostic de sécurité sera insuffisante pour soutenir l’action, et la police sera astreinte à agir seule, en marge de la communauté qu’elle a pourtant pour mission de servir.

La mise en fonction est également le début du processus de suivi qui permet de contrôler l’évolution de l’implantation jusqu’à son enracinement. L’étape de la planification aura permis d’élaborer les indicateurs propres à l’application des

composantes du modèle, et la mise en fonction marquera le début de la production des rapports de suivi qui traduiront l’efficacité et l’efficience des actions menées. Les comptes rendus devront illustrer la concordance entre les prévisions avancées en planification et les résultats concrets sur le terrain. Au moment de soumettre les résultats périodiques aux autorités (hiérarchie, comité de suivi), il faut prendre en considération les besoins et les attentes inscrits au registre des parties prenantes.

Un questionnement pertinent sur la progression du modèle contribuera à le pérenniser. Il est important de mentionner l’importance des indicateurs de résultats dans un processus qui vise avant tout à répondre aux attentes de la population.

La phase opératoire de l’implantation marque également le début de l’exercice de gestion des risques soulevés au moment de la planification. Certains de ces risques concerneront des éléments sur lesquels les mandataires auront une emprise, alors que d’autres échapperont totalement à leur influence. Dans tous les cas, l’implantation réussie du modèle repose sur la justesse des prévisions et la pertinence des mesures d’atténuation proposées. En tout état de cause, les parties prenantes ayant une influence sur les risques doivent participer à leur gestion. Cette approche leur permet de prendre conscience de l’existence de risques au sein du projet, renforce leur adhésion et contribue à augmenter la marge de manœuvre des mandataires.

Finalement, la mise en fonction constitue le début du processus de pérennisation du modèle, phase au cours de laquelle les nouvelles pratiques remplacent les anciennes et deviennent les normes et les valeurs partagées par les membres de l’institution.

Certains mandataires ont tendance à considérer que la pérennisation ne relève que des policiers. Or, pour que le changement soit enraciné de façon irrémédiable, il faut qu’il affecte également les perceptions et les attentes de la population. Le sujet de la pérennisation sera donc abordé plus en détail dans la prochaine section du Guide.

LEÇONS CLÉS

— Considérer la mise en œuvre comme un moment clé de la communication interne et externe;

— S’assurer que la communication et la formation soient les principales stratégies de mobilisation des ressources humaines;

— Profiter de cette étape pour souligner le début officiel des mécanismes de participation citoyenne à la sécurité

— (comité local de sécurité publique, partenariats, programmes de rapprochement, etc.);

— S’assurer que les indicateurs de suivi soient prêts à être mis en service.

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