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CHAPITRE 3 : Mise en place d’une méthode d’analyse de la cinématique mandibulaire . 63

3. Mise en œuvre des mesures : description du protocole d’acquisition cinématique

Le protocole décrit ici a été validé par le Comité de Protection des Personnes Est III en avril 2012 (protocole n° 2011-A00349-32). Chaque sujet participant à l’étude donne son consentement libre et éclairé avant la réalisation de toute mesure.

Questionnaire clinique

A partir de l’étude bibliographique des indices de dysfonctions, présenté dans le chapitre 1, nous avons mis en place un questionnaire afin de récupérer toutes les informations importantes du sujet. Ce questionnaire condense les données morphologiques (tailles, masse…) mais surtout les données relatant le fonctionnement de l’appareil manducateur. Pour cela des questions sont posées sur les antécédents du sujet (traumatisme, blocage, chirurgie…), mais également sur la présence potentielle de problèmes actuels (douleur, claquement…). L’ensemble des thèmes abordés dans le questionnaire est récapitulé dans le Tableau 7.

Tableau 7 : Questionnaire pour la détection des dysfonctions et score associé

ANTECEDENTS Score

TRAUMATISME ET CHIRURGIE

Traumatisme mandibule et/ou maxillaire 50

Chirurgie orthognatique 50

Blocage de la mandibule 20

SOINS DENTAIRES

Orthodontie (dernier acte) <5 ans / 5-10ans / >10ans 4 / 2 / 1

Poussée de dents de sagesse avec complication <5 ans / 5-10ans / >10ans 4 / 2 / 1

Remplacement dents (dernier acte) <5 ans / 5-10ans / >10ans 4 / 2 / 1

DYSFONCTIONS ARTICULAIRES

Claquements à l'ouverture / craquements à la palpation ayant existé mais qui

n’apparaissent plus 15

DYSFONCTIONS/SYMPTOMES ACTUELS CONNUS

Luxation du disque réversible ou non avec ou sans limitation de l’ouverture 50

Bruxisme 50

Pathologie musculaire ou articulaire 50

Symptômes ou signes visibles sans diagnostic médical

Claquement à l'ouverture / craquement à la palpation 30

Limitation de l’ouverture (pour manger un sandwich par exemple) 40

Douleurs musculaires 20

Douleurs articulaires 30

Douleurs dentaires chroniques 10

Acouphènes 20

Cervicalgies 20

Nous donnons ensuite un score à chaque item en tenant compte de son importance pour notre étude. De ce fait, les douleurs dentaires se voient attribuer moins de points que les douleurs musculaires, elles-mêmes plus faibles que les douleurs articulaires. De la même manière nous accordons plus de points aux antécédents de traumatisme et de chirurgie qu’aux antécédents dentaires. Par ailleurs, une dysfonction articulaire dans le passé qui ne montre plus de signe au moment des mesures, apportera moins de points qu’un dysfonctionnement actuel.

Nous calculons alors le score total de chaque sujet comme la somme des scores des items pour lesquels le sujet a donné une réponse positive.

Nous sortons ensuite de la base de données des mesures asymptomatiques tous les sujets pour lesquels le score est supérieur ou égal à 20.

Mesures anthropométriques

Elles sont de deux types : des paramètres morphologiques généraux (taille totale, masse totale) et des paramètres morphologiques de la face pour évaluer les dimensions de la mandibule.

Nous utilisons un mètre ruban souple pour mesurer les distances curvilignes le long de la branche mandibulaire puis du corps de la mandibule (Figure 46). Nous obtenons donc une distance curviligne à droite et à gauche entre le condyle et la pointe du menton. Pour la définition des différents points, se référer au chapitre 2.

Figure 46 : Taille curviligne mandibulaire (en bleu) passant par les points caractéristiques de la mandibule (en rouge) : PCD&PCG (points condyliens droit et gauche), ApG (angle mandibulaire postérieur gauche), AiG (angle mandibulaire inférieur gauche), smD&smG (points de l’extrémité du sillon mentonnier à droite et à gauche), Pte (pointe du menton) (figure

Après avoir positionné l’unité réceptrice du dispositif CMS-20-JMA de Zebris Medical sur la tête du sujet, la position des 14 points mandibulaires définis dans le chapitre précédent est enregistrée en bouche fermée. Un volume de la mandibule est évalué à partir des coordonnées des points mandibulaires sélectionnés en utilisant une routine Matlab permettant un maillage triangulaire basique reliant les 14 points de la mandibule (Figure 47) et le calcul du volume englobé.

Figure 47 : Volume mandibulaire à partir des données de pointage (en rouge) : visualisation de la triangularisation permettant le calcul du volume mandibulaire à partir de ces points pointés

Réalisation des acquisitions

Après avoir collé l’unité réceptrice sur les dents mandibulaires par l’intermédiaire de l’empreinte dentaire, il est demandé au sujet de réaliser des mouvements d’ouverture-fermeture de la bouche, des mouvements latéraux et enfin des mouvements de propulsion.

Le sujet s’entraîne et s’échauffe avant la réalisation des acquisitions en effectuant quelques mouvements. Chaque exercice est effectué 10 fois, en deux acquisitions de cinq exercices afin de limiter la fatigue du sujet.

L’acquisition doit obligatoirement commencer dans la position de référence qui a été utilisée pour l’enregistrement des coordonnées des points mandibulaires. Cette position est définie comme la position au repos du sujet, assis, le dos droit et les dents en contact (en intercuspidie maximale qui correspond généralement à une occlusion naturelle).

Pour réaliser les mouvements d’ouverture-fermeture (Figure 48), les consignes données au sujet sont les suivantes : se placer en position de référence, puis ouvrir la bouche le plus grand possible, et enfin refermer la bouche en retournant dans la position de référence. Il est demandé au sujet de réaliser ce mouvement à sa vitesse naturelle.

Figure 48 : Réalisation du mouvement d’ouverture maximale, photo issue de notre protocole Pour réaliser les mouvements latéraux (Figure 49), les consignes sont de commencer en position de référence, puis ouvrir très légèrement la bouche afin de « libérer » les dents de la mandibule, emmener la mandibule le plus loin possible sur le côté, ramener la mandibule en face du maxillaire, et enfin refermer la bouche pour revenir en position de référence.

Figure 49 : Réalisation des mouvements latéraux, photos issues de notre protocole

Les mouvements latéraux s’effectuent d’abord d’un côté puis de l’autre. C’est le sujet qui détermine le côté par lequel il veut commencer.

Pour réaliser le mouvement de propulsion (Figure 50), les consignes sont, à partir de la position de référence, d’ouvrir très légèrement la bouche afin de « libérer » les dents de la mandibule si nécessaire, emmener la mandibule le plus loin possible vers l’avant, ramener la mandibule en face du maxillaire, et enfin de refermer la bouche pour revenir en position de référence.

Figure 50 : Réalisation des mouvements de propulsion, photo issue de notre protocole