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MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

Dans le document L'Université: une chance pour la France (Page 38-41)

un devoir pour nous, afin de valoriser l’égalité des chances.

En quatrième lieu, l’enseignement supérieur doit être adapté aux étudiants et aux publics. Or, nous constatons les échecs des étudiants, ce qui montre que l’appareil d’enseignement supérieur ne répond pas parfaitement aux besoins. Il doit s’adapter à la population étudiante qui est diverse et qui a des aptitudes et des ambitions variées. C’est un devoir pour nous, afin de valoriser l’égalité des chances.

Face à ces grandes ambitions, l’Etat et tous les acteurs de l’université doivent définir leur politique et dire les moyens à mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs. Sur ce point, je ne crois pas que le monde de l’enseignement supé-rieur puisse se passer de l’intervention de l’Etat. Comme vous le savez, je plaide pour des politiques publiques actives en matière d’enseignement supérieur. Je ne crois pas pour autant qu’il ne faut rien changer. Nous devons innover et recourir aux méthodes qui font appel à l’initiative des acteurs, sur la base de cahiers des charges publics et transparents. Nous devons promouvoir en particulier les appels à projets pour servir l’intérêt national. Par exemple, aujourd’hui, nous manquons sans doute de formation professionnalisée adaptée à certains bacheliers qui sont désemparés par l’université. Pourquoi ne pas solliciter l’ensemble de l’enseignement supé-rieur, afin d’avoir des filières de formation mieux adaptées ? Je lance ici une idée, mais je pense, que, de manière générale, nous devons être plus ouverts à l’initiative.

Un effort financier qui doit mettre la France au niveau des autres pays européens

Par ailleurs, les questions financières sont également essentielles. Vous avez chiffré à 3 milliards d’euros les besoins de financements supplémentaires de l’université française. Ce chiffre me paraît réaliste et permet de mettre la France au niveau des autres pays européens. Je vous rejoins concernant l’interpellation du monde politique et pense que l’effort financier peut revêtir des formes diverses. Les voix traditionnelles pour le calcul des dotations aux universités ne sont pas les seules disponibles. Augmenter le financement peut notamment passer par les bourses, qui impliquent un choix des étudiants. Les droits d’inscription valident leurs choix, et les bourses sont attribuées aux étudiants qui disposent de faibles moyens.

Les présidents des universités doivent être responsables de leurs objectifs et de leur destin.

Concernant le statut des universités et leur reconnaissance dans leurs ter-ritoires, les présidents des universités doivent être responsables de leurs objectifs et de leur destin. Les universités doivent pouvoir évoluer en per-manence et s’attacher à la performance scientifique et pédagogique. Les universités doivent être conquérantes et au service de l’enseignement et de la recherche. Aujourd’hui, un changement profond du statut des universités me parait nécessaire. La loi de 1984 a fait son temps et nous devons envisager des réformes profondes, qui s’élaboreront dans la concertation. Une question me paraît essentielle : quel contenu donner à l’autonomie des universités ? Nous devons définir les modalités de cette autonomie. Je vous livre sur ce point mes réflexions personnelles.

Une présidence aux prérogatives renforcées

En premier lieu, la présidence de l’université doit disposer de prérogatives renforcées. Une université aujourd’hui doit être dirigée par un président fort, aux compétences affirmées. Il doit s’appuyer sur un conseil d’administration plus resserré, point de vue que vous partagez.

Actuellement, le conseil compte trop de représentants élus des diverses catégories de l’université. Je plaide en revanche pour une augmentation du nombre de représentants des partenaires et de l’extérieur. J’assume cette posi-tion, même si je sais qu’elle ne sera pas simple à faire passer : je considère que l’université doit être moins autocentrée et plus ouverte sur l’extérieur. Les logiques facultaires doivent s’effacer

derrière les logiques d’université

En deuxième lieu, un président fort doit pouvoir voir son mandat renouvelé et l’équipe dirigeante doit être cohérente et désignée d’un seul tenant. En particulier, les directeurs d’UFR doivent être désignés de la même manière que les équipes dirigeantes. Les logiques facultaires doivent s’effacer dernière les logiques d’université.

Une autonomie budgétaire

et une autonomie en matière de gestion des ressources humaines En troisième lieu, vous avez besoin d’une autonomie budgétaire et d’une autonomie en matière de gestion des ressources humaines. Les budgets doivent être globaux et globalisés (globaux c’est-à-dire incluant l’ensemble des salaires et globalisés), une liberté d’affectation donnée aux universités. Les biens immobiliers doivent en outre être intégrés dans les actifs des uni-versités.

Un droit de véto du président sur les nominations de professeurs En quatrième lieu, les nominations des professeurs doivent se faire avec l’intervention des conseils de spécialistes et l’intervention du président de l’université, qui possèderait un droit de veto. En effet, la responsabilité ne se partage pas et doit s’exercer pour tout ce qui fait la force d’une université et, en particulier, son corps d’enseignants-chercheurs. Je plaide pour la définition d’obligations de services revues régulièrement entre les enseignants-cher-cheurs et les universités. Chacun doit pouvoir bénéficier d’une évolution de carrière mais l’accélération des carrières des plus brillants doit être possible. Une CPU autonome

J’ajoute pour conclure un point sur un sujet rituel : le statut de la CPU. Cette dernière est présidée traditionnellement par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, nous pourrions revoir cette tradition. Elle doit pouvoir se prononcer de manière autonome et agir de manière indépendante, tout en travaillant en lien avec les responsables des écoles.

Comme vous le voyez, je tiens ici les propos d’un homme libre, profondé-ment attaché à l’Université, et je me permets de vous souhaiter bon vent.

Dans le document L'Université: une chance pour la France (Page 38-41)