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Les migrations marocaines, un champ de recherches à l’image de l’état de la recherche au Maroc

mais un champ de recherche encore marginal au Maroc

3. Les migrations marocaines, un champ de recherches à l’image de l’état de la recherche au Maroc

Quand bien même le Maroc reste historiquement un pays de migration, les chercheurs n’en ont fait un thème de recherche qu’à partir de la fin des années 60, cela dans sa dimension interne et encore plus tardivement pour ce qui est de sa dimension internationale. Cette dernière est celle qui nous intéresse dans le cadre de cet article. En effet, on est amené à se demander la raison de cet oubli, voire de cette marginalisation dont a souffert un tel champ de recherche dans le domaine migratoire au Maroc, alors qu’il se développait ailleurs dans des proportions considérables. Cette absence d’intérêt pour un sujet important dans la vie sociale et

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On ne peut que déplorer l’absence jusqu’à présent d’un ouvrage de synthèse sur les migrations marocaines, de même que l’absence de données statistiques fiables et accessibles au niveau national.

économique nationale est éloquent. Il contredit l’importance à la fois quantitative de cette population dans sa dimension récente, mais aussi qualitative dans sa profondeur historique. En réalité il nous semble qu’au-delà du contexte politique évoqué ci-dessus, l’un des éléments d’explication possible est l’état de la recherche au Maroc.

Il va de soi qu’il n’est pas notre objectif de détailler les conditions de la recherche scientifique au Maroc, néanmoins nous en dresserons les grandes lignes. On peut d’ores et déjà énoncer que la recherche scientifique proprement dite est une activité relativement récente au Maroc. Certes il y a eu de tout temps de grandes universités à l’instar de la karaouiyine à Fès (très orientée sur le corpus du savoir théologique), de même il existait de nombreuses écoles et institutions ayant souvent pour vocation les études religieuses. Avec l’avènement de la colonisation, il n’y a pas eu pour autant la création d’une université marocaine proprement dite. Ainsi jusqu’à la fin des années 40, il y avait à peine un petit millier d’étudiants marocains en Algérie ou en métropole, d’autres ayant pour leur part opté pour le Moyen-Orient en vue de perfectionner et approfondir leurs études en arabe. Ce n’est qu’en 1956 au lendemain de l’indépendance que s’opèrera la création du premier noyau de l’université marocaine à travers l’institution qu’est l’université Mohammed V de Rabat. Aussi, pour l’année universitaire 1955-1956, il y avait 4 301 étudiants marocains, recensés à la fois au Maroc et à l’étranger, mais aucun enseignants- chercheurs. En 1972, sur 542 enseignants-chercheurs, il y en avait 61 dans les Sciences Sociales et Humaines. C’est à partir de 1974 avec le lancement de l’Université Hassan II de Casablanca, que le nombre d’universités connaîtra une augmentation substantielle avec la création successive de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès en 1975, du Cadi Ayad de Marrakech, de Mohammed Premier d’Oujda, d’Ibn Tofaïl de Kénitra, de Chouaïb Doukali d’El Jadida, de Moulay Ismaïl de Meknès et de Abdelmalek Saâdi de Tetouan en 1978, etc. Ainsi on compte actuellement environ quatre-vingts établissements universitaires et une vingtaine d’établissements destinés à la formation des cadres amenés à effectuer aussi des activités de recherche. Sur le plan des effectifs, on y trouve environ 14 000 enseignants-chercheurs et chercheurs, soit 10 000 dans les universités et le reste étant réparti dans les établissements de formation des cadres. On note que 50% de ces chercheurs opèrent dans le domaine des sciences sociales et humaines.

Mais pour des raisons essentiellement historiques, le système de la recherche au Maroc se caractérise par un certain nombre de difficultés. Ainsi S. Belkadi, directeur de la recherche scientifique et de la coopération universitaire au Maroc, relève lors d’un séminaire organisé sur l’Etat de la Recherche au Maroc9:

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La plupart des données citées cette partie sont tirées des communications présentées lors de cette rencontre et sont accessibles sur Internet www.dfc.gov.ma/Recherche/inter/Seminaire%20NV1.htm

« une insuffisance en matière d’administration de la recherche se traduisant par l’absence de coordination de la recherche à l’échelon national, de planification, d’évaluation, de synergie et travail en réseaux, de même que la faiblesse des moyens alloués à la recherche scientifique (soit à peine 0,4 % du PIB), faiblesse des liens entre la recherche et le secteur productif , se traduisant par l’absence de mécanismes et de structures de valorisation de la recherche, inexistence d’une politique d’insertion des chercheurs dans le secteur productif, de mesures fiscales ou autres incitatives pour encourager le développement de la recherche dans le secteur privé, de même insuffisance des mesures d’accompagnement de la recherche, insuffisance en matière d’information scientifique et technique, de support à l’édition scientifique, déficience en matière de maintenance du matériel scientifique, absence de dispositions telles que les allocations de recherche pour encourager des chercheurs méritants à préparer des thèses.»

Cependant, plusieurs mesures seront prises pour pallier les insuffisances dans le domaine de la recherche au Maroc. C’est ainsi que fut crée pour la première fois un Secrétariat d’état à la recherche scientifique dans le cadre du gouvernement d’alternance en mars 1998. Il fut maintenu dans le gouvernement suivant de septembre 2000 puis qui sera supprimé. On verra également le lancement de programmes d’appui à la recherche scientifique (PARS) d’une durée de trois années, des programmes thématiques tels que PROTAS, la création de réseaux thématiques du type « pôles de compétence » et la restructuration du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique.