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Afi n de ne pas amener une certaine confusion entre ces deux expressions, nous les défi nissons ici plus précisément de manière à les utiliser de façon adéquate.

La notion de migrant

Julien LAFERRIERE considère que l’immigré est l’individu qui, n’étant pas né dans un Etat donné, est venu s’y fi xer, il a donc immigré. Pour arriver à cette défi nition, l’auteur se base sur l’étymologie du terme « Immigrer » qui vient du Latin « in » qui signifi e « dans » et de

« migrare » traduit par « voyager ». Au sens strict, l’immigré est toujours né à l’étranger.

Le choix de la définition

»

Nous déterminons que le migrant est une personne qui, par sa propre volonté ou parce que « son environnement naturel et social » l’y contraint, change de lieu de vie, de place, pour s’établir dans un nouveau pays à titre provisoire ou permanent.

La notion de l’étranger

Selon nos a priori, la notion d’étranger comporte une connotation péjorative au contraire du terme de migrant, c’est pourquoi nous avons utilisé ce terme plus naturellement dans notre recherche.

Julien LAFERRIERE relève que « l’étranger est celui qui n’est pas d’ici, qui n’appartient pas au groupe, qui n’est pas membre de la cité (civitas), qui n’est donc pas citoyen (civis). Il est différent, étonnant, incompréhensible. Les étrangers ne nous ressemblent pas : ils n’ont pas la même couleur de peau, d’yeux, de cheveux, ils ne parlent pas la même langue, ils n’adorent pas le(s) même(s) Dieu(x), ils ne partagent pas la même culture, les mêmes traditions, le même mode de vie59». Sur le plan juridique, l’étranger est défi ni de manière négative. Dans un

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58Rapport de la commission d’experts en migrations

http://www.geneve.ch/chancellerie/Conseil/20012005/ppresse/doc/Rapport_commission_experts.pdf (consulté le 2 février 2007)

59LAFFERRIERE, Julien, in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, partie 1, page 1

Etat donné, « c’est une personne qui n’en est pas ressortissant60 ». La nationalité est donc un critère juridiquement déterminant. Selon la théorie du lien, elle unit une personne à un Etat. Cette conception traduit un rapport d’allégeance, organisé et régit par le droit, entre l’individu et l’Etat. C’est pour cette raison qu’on parle de droit et devoir du citoyen.

En droit suisse, il n’existe pas de défi nition de l’étranger. Le projet de loi avorté du 19 juin 1981 donnait la défi nition suivante : « un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité suisse61 ». « A l’origine, la nation c’est le groupe d’hommes auquel on suppose une origine commune, soit l’ethnie, la tribu ou la peuplade62 ». Dans son acceptation moderne, la nation est l’ensemble des habitants d’un même Etat, d’un même pays, vivant sous les mêmes lois et utilisant le même langage. Dominique SCHNAPPER relève que « comme toute unité politique, la nation se défi nit par sa souveraineté qui s’exerce, à l’intérieur, pour intégrer les populations qu’elle inclut et, à l’extérieur, pour s’affi rmer en tant que sujet historique dans un ordre mondial fondé sur l’existence et les relations entre nations-unités politi-ques. Mais sa spécifi cité est qu’elle intègre les populations en une communauté de citoyens dont l’existence légitime l’action intérieure et extérieure de l’Etat63 ». C’est précisément de cette production de la société nationale que se crée la notion d’étranger. Celui-ci « n’a pas d’existence en soi, ni d’unité, si ce n’est celle posée en négatif, de non-national64 ». Tout comme la nation, l’étranger est une construction sociale.

Le choix de la définition

»

« L’étranger est donc celui qui n’appartient pas à la nation, peu importe que la nationalité soit acquise depuis la naissance, en raison de la fi liation ou qu’elle ai été obtenue après la naissance par décision de l’autorité. En outre, n’est pas considéré comme étranger celui qui a une double nationalité65 ».

Dans une approche sociologique, l’étranger n’existe pas en soi, mais résulte d’une construc-tion sociale. Le terme de migrant n’est donc pas un équivalent du terme d’étranger. Le migrant est la personne qui effectue une migration. Or on ne peut donc pas dire qu’un étranger né en Suisse et qui y vit est un migrant. Dans notre échantillon, nous avons rencontré uniquement des migrants ; ils sont tous nés à l’étranger et ont ensuite migré en Suisse.

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60 THÜRER, Daniel, in in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 19

61 FF 1981 II 553 in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 19

62 TABIN, Jean-Pierre, in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 18

63 SCHNAPPER, Dominique, in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 18

64TABIN, Jean-Pierre, in NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 19

65 NGUYEN, Minh Son, Droit public des étrangers: présence, activité économique et statut politique, 2003, 816 pages, thèse, Faculté de droit de l’Université de Lausanne, éditions Staempfl i SA Berne, page 20

Nous voici maintenant arrivés à mi-parcours de notre travail de recherche. Nous avons déjà exposé tout l’aspect théorique de notre démarche. Nous en avons extrait les défi nitions essentielles à l’analyse des données récoltées. Avant de poursuivre notre mémoire, nous jugeons adéquat de reposer notre hypothèse principale ainsi que notre question de recherche.

Nous partons du postulat que certains facteurs favorisent l’amorçage du processus d’intégration des personnes migrantes. Nous nous basons sur les critères suivants : le travail, le réseau, les enfants, la langue et le projet familial. La question que nous en avons res-sortie est la suivante : quels sont les facteurs qui favorisent ou non l’inscription d’une famille migrante dans un réseau local ?

Les bases de notre enquête remises en mémoire, nous poursuivons avec l’explication de notre démarche et de notre méthodologie.

LA DÉMARCHE