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Mesures de givre à l'aide d'un résonateur magnétostrictif

Mesure de givrage

6.3 Mesures de givre à l'aide d'un résonateur magnétostrictif

6.3.1 Mesures de dépôt de givre

L'application recherchée est la mesure locale de conditions de givrage, les techniques à mettre en œuvre mesurent forcément des dépôts de givre. Un dépôt de givre dépend pour beaucoup de la nature de la surface et de son orientation par rapport à la direction du vent. Un capteur ne peut que mesurer le dépôt sur une surface particulière. Un capteur ne donne donc qu'une information locale, essentiellement de nature qualitative, sans être forcément binaire pour autant.

Les grandeurs mesurées sont essentiellement des variations de masses ou d'épaisseurs. Une méthode optique basée sur la transmission permet de mesurer une épaisseur. La masse peut être mesurée par une méthode de balance ou plus couramment par une résonance mécanique (microbalance piézoélectrique ou résonateur magnétostrictif). Les capteurs du marché sont des capteurs magnétostrictifs à faible sensibilité.

Notre objectif est de réaliser un capteur sensible à la masse adhérente au ruban, il devra être capable de mesurer de faibles épaisseurs. En pratique la grandeur de sortie est une fréquence qui est aussi influencée par la polarisation et la température, Il faudra donc quantifier les grandeurs d'influences.

6.3.2 Principe de la mesure

Nous avons vu au chapitre 1.2.4 qu'une masse adhérente au résonateur a comme effet d'augmenter la valeur de la masse volumique du résonateur, nous avons démontré que

fcharge=f0

(

1+d⋅ρeaueg

ρ⋅e

)

− 1 2

avec

eg et d épaisseur et densité du givre

e et ρ épaisseur et masse volumique du ruban.

Le givre, quand il se dépose, adhère au ruban, la fréquence de résonance diminuera avec l'épaisseur du dépôt. La grandeur de mesure est donc une épaisseur. Un dépôt ne pouvant se faire qu'à température négative, il faudrait mesurer la température de l'air et celle d'un ruban de même nature que le résonateur, permettant de ne pas mesurer des conditions de givrage par +15°C. Dans nos climats, le capteur sera souvent au repos.

6.3.3 Ruban utilisé

On mettra en œuvre principalement un ruban de NiFeCo, nous disposons ainsi d'un bon résonateur, pour changer la sensibilité on utilisera aussi une lame de nickel.

6.3.3.1 Effet de la dilatation thermique

Le ruban se dilate sous l'effet d'un changement de température, modifiant ainsi la fréquence

de résonance : f0= 1 2L

E ρ ⇒ Δ f0=f0L ΔL+f0E ΔE+f0

∂ρ Δ ρ . On ne prend en compte que

l'effet de dilatation, Δ f0=f0L ΔL= 1 2

E ρ

(

−1 L2

)

ΔL=−f0 L ΔL . Il vient Δf0 ΔT =

(

f0ΔL L

)

ΔT =−f0 1 L ΔL ΔT

Ne connaissant pas la dilatation thermique du NiFeCo, le calcul est fait avec celle du 2826MB, le ruban s'approchant le plus par ses propriétés, on calcule alors une variation d'environ 1Hz par degré.

6.3.3.2 Dépendance thermique des phénomènes magnétiques [14]

Une équipe du laboratoire de Bilbao a relevé les réponses en fréquence d'un ruban amorphe de composition Fe40Ni40B20. Ces évolutions sont reportées en figure 66. Nous utilisons un ruban de NiFeCo, les mesures relatées le sont pour un ruban de Fe40Ni40B20, on fera l'hypothèse que les comportements sont similaires.

Figure 66: Influence de la température sur la fréquence de résonance tracée en fonction du champ de polarisation pour un échantillon Fe40Ni40B20[14]

fréquence minimale et beaucoup plus pour des valeurs voisines et plus grandes. Il faudra donc régler la polarisation dans la zone où la fréquence décroit quand le courant (le champ appliqué)

augmente. La variation sera alors inférieure à 45,8−44,6

120 ×10

3

=10 Hz/°C . Le maximum de sensibilité en température est d'environ 47,8−41,3

120 ×10

3

50 Hz /1 ° C . Cette effet prédomine sur l'effet de dilatation.

6.3.3.3 Polarisation

Pour quantifier l'influence de la polarisation, il suffit de se reporter à l'étude faite au chapitre 5.3.2.2 et notamment à la figure 41. La fréquence peut varier entre 60500 et 57000Hz, soit une variation de près de 6%, l'amplitude est aussi affectée. Il faudra donc travailler à courant fixe, réglé en prenant 80% de la valeur pour laquelle la fréquence est minimale, soit une polarisation d'environ 500A/m.

Pour la lame de nickel, le champ devra être suffisamment élevé pour réduire l'hystérésis, la dépendance à la température étant assez faible.

6.3.3.4 É vo lution de la fréquence avec l'épaisseur d'un dépôt, sensibilité

Pour les essais, on a besoin de courbes d'étalonnage, aussi il nous faut déterminer les évolutions de la fréquence avec l'épaisseur d'un dépôt de givre. Au chapitre 1.2.4.2, on a établi l'expression de la fréquence de résonance en fonction notamment de l'épaisseur d'un dépôt uniforme sur toute la surface du résonateur. La fréquence est fcharge=f0

(

1+d⋅ρeaueg

ρ⋅e

)

−1 2

, avec eg et e les épaisseurs du givre et du résonateur, d la densité du givre et ρ la masse volumique du ruban. On peut aussi calculer les sensibilités : Δf0

Δeg=f0

(

−1

2

)(

1+d⋅ρeaueg

ρ⋅e

)

− 3 2d⋅ρeau

ρ⋅e .

On étudie les évolutions de deux résonateurs, un ruban de 2826MB d'épaisseur de 29,2 μm et une lame de nickel de 0,25mm d'épaisseur. La fréquence sans masse est égale à la fréquence de résonance fr pour la polarisation choisie, soit 300A/m pour le 2826MB et 5000 pour le nickel, comme le montrent les figures 53 et 63.

L'évolution de la fréquence en fonction de l'épaisseur du dépôt est tracée sur la figure 67 pour le ruban et 68 pour la lame alors que les évolutions de la sensibilité sont respectivement données sur les figures 69 et 70.

La sensibilité du ruban est très (trop?) grande, on peut détecter des épaisseurs de l'ordre du micromètre. Si la sensibilité se révélait trop grande, il faudrait prendre des résonateurs plus épais, le nickel pouvant convenir, étant disponible en de nombreuses épaisseurs. L'avantage du nickel est que

la fréquence varie presque linéairement avec l'épaisseur, son inconvénient principal est que le champ de polarisation doit être au moins 10 fois plus grand que pour un ruban amorphe, le courant dans la bobine de polarisation devra donc être aussi 10 fois plus grand et les pertes par effet Joule 100 fois plus grandes, idéalement un matériau doux serait souhaité.

Figure 67: évolution de la fréquence en fonction de l'épaisseur du dépôt de givre pour un ruban de 2826MB et une polarisation

300A/m

Figure 68: évolution de la fréquence en fonction de l'épaisseur du dépôt de givre pour une lame de nickel et une polarisation

5000A/m

Figure 69: évolution de la sensibilité en fonction de l'épaisseur du dépôt de givre pour un ruban de 2826MB

Figure 70: évolution de la sensibilité en fonction de l'épaisseur du dépôt de givre pour une lame de nickel

Cette étude nous a permis de définir les conditions des essais en condition de givrage, notamment le choix de la polarisation et d'établir une courbe d'étalonnage. La courbe permettra d'estimer l'épaisseur du dépôt de givrage avec une incertitude de 100% car la densité du givre n'est pas connue et le dépôt supposé uniformément réparti ne l'est pas en pratique.

Chapitre 7