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6 MESURES D’ATTÉNUATION APPLICABLES AUX MINES D’URANIUM EXISTANTES

6.2 Mesures d’atténuation reliées aux déchets miniers

La première étape pour remédier aux impacts du drainage minier acide consiste à réaliser une caractérisation des propriétés géochimiques et radiologiques des stériles miniers pendant la phase de planification pour prévoir une gestion appropriée (IAEA, 2010). Ainsi, les stériles propres peuvent être retournés dans l’environnement et végétalisés tandis que les stériles minéralisés qui contiennent une forte concentration de métaux sulfurés, de radionucléides et de métaux doivent être gérés et disposés dans des aménagements adéquats. Quant aux résidus miniers, ceux-ci font partie des déchets radioactifs qui se retrouvent sur les sites miniers et ils doivent être isolés (CCSN, 2010; OECD, 2002).

Alors qu’il suffit d’une simple feuille de papier pour protéger l’environnement contre les rayonnements alpha, les rayonnements bêta peuvent être arrêtés par l’équivalent d’une pièce de bois contreplaqué, et les rayonnements gamma peuvent être bloqués par du matériel plus dense et épais comme le béton ou des couches de sol ou d’eau dont l’épaisseur varie selon les besoins de protection. Un des aménagements adéquats consiste donc à déposer les stériles et résidus miniers radioactifs dans des barrières de protection contre les trois types de rayonnement, ce qui protègera du même coup contre l’émission de radon dans l’air, l’infiltration d’eau, l’oxydation et la dispersion des contaminants dans les milieux naturels (Senes, 2008; Areva Resources, 2009).

Pendant les opérations de la mine, les stériles minéralisés peuvent être déposés sur des revêtements imperméables et si possible, dans une ancienne fosse minière (Senes, 2008). Ils peuvent être recouverts d’une couche de till ou de stériles propres en guise de barrière protectrice. Les stériles minéralisés peuvent également être enterrés entre des couches de sol à faible perméabilité. S’ils sont disposés en surface, un entrepôt peut être construit pour les isoler adéquatement. Les installations devraient également inclurent un drain pour collecter le lixiviat des stériles (CCSN, 2014; CCSN, 2010; Lottermoser, 2010).

Lors du déclassement d’une mine d’uranium à ciel ouvert, la fosse peut être remblayée par les stériles miniers lesquels doivent être recouverts avec du till compacté et/ou une couverture composite ouvragée, plus une couverture sèche (CCSN, 2003). Ensuite, la végétalisation du couvert doit être effectuée avec des arbres et des plantes endémiques. Il est donc important que le sol de recouvrement puisse favoriser la croissance des végétaux et minimiser l’érosion (OECD, 2002; CCSN, 2003). La structure de recouvrement des stériles miniers entreposés en surface risque de craquer en raison du climat de gel-dégel et de s’affaiblir par la présence des systèmes racinaires des plantes qui y poussent (Gavrilescu, 2009). Il faut donc s’assurer que la structure soit bien conçue et de surveiller celle-ci régulièrement (USEPA, 2006).

La fosse peut également être noyée, car l’eau constitue une barrière de protection. Cette eau doit cependant être surveillée pour répondre aux critères de qualité de l’eau et ne pas nuire à la faune et à la flore environnante (CCSN, 2003; Lottermoser, 2010). Il est recommandé d’installer un drain périphérique pour recueillir l’eau d’infiltration et un système de traitement des eaux de la fosse (Lottermoser, 2010). La submersion des stériles et résidus miniers consolidés et chimiquement stabilisés dans un plan d’eau constitue une solution comportant des risques environnementaux. En effet, l’utilisation de plan d’eau pourrait entraîner la contamination de l’eau, la perte d’habitats et du biote aquatique si les installations de confinement se dégradent. Il est donc important de s’assurer que cette option soit la plus appropriée sur le plan environnemental et socioéconomique (CCSN, 2010).

Les résidus miniers peuvent être entreposés sous forme de boues dans des installations de gestion des résidus (IGR) qui se situent dans des fosses de mines à ciel ouvert ou dans des puits épuisés. Les IGR sont munies de barrières de protection conçues artificiellement, afin d’empêcher l’infiltration d’eau et d’oxygène. Pour éviter la contamination des eaux souterraines, le liquide résiduel peut être recueilli et traité pour répondre aux normes (CCSN, 2010). La figure 6.1 illustre à quoi peuvent ressembler les IGR.

Un confinement hydraulique des résidus miniers doit être maintenu afin d’empêcher la migration des contaminants pendant l’exploitation. Une membrane périphérique perméable artificielle ou naturelle selon le type de roche peut être installée à titre de confinement passif. Le confinement doit être conçu à long terme après le déclassement de manière à empêcher l’eau et l’oxygène de s’infiltrer dans les résidus (Bureau de gestion des déchets radioactifs de faible activité, 2012). Des techniques spécifiques peuvent compacter les résidus miniers qui sont déposés dans la fosse. De cette manière, l’eau souterraine ne sera pas contaminée car elle circulera autour des résidus compactés (Cameco, 2008; Senes, 2008). Cependant, un volume de résidus trop grand peut devenir problématique dans le processus de confinement par manque d’espace dans la fosse (Senes, 2008).

Le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde dans le sol est considéré comme une solution de gestion à long terme à l’international, mais demeure controversée selon les parties prenantes. Les résidus miniers déposés en profondeur seraient davantage protégés contre les facteurs naturels de dégradation de la structure de confinement comme l’érosion et ils requerraient moins d’entretien et de contrôle (IRSN, s.d.).

Les techniques du recouvrement et de confinement des stériles et résidus miniers ne font que confiner l’uranium, ses descendants et les autres contaminants dans une zone dite « protégée ». Elles ne permettent cependant pas de diminuer la toxicité chimique et radiologique des stériles minéralisés (USEPA, 2006). Afin de minimiser la quantité de contaminants à gérer sur le site, plusieurs organismes recommandent que les mines d’uranium réduisent au maximum le volume de stériles et résidus générés (CCSN, 2014; CCSN, 2010; Lottermoser, 2010).

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