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Les mesures barrières, le confinement à la maison et l’activité économique

4. Présentation et discussion des résultats obtenus

4.1.1. Les mesures barrières, le confinement à la maison et l’activité économique

La plupart des commerçants n’étaient pas ouverts pendant la période du confinement. L’enquête s’est déroulée au début du déconfinement et donc lors de la reprise économique de la plupart des commerces. Par les obligations établies par différentes sphères gouvernementales, ils ont dû mettre des affichages explicatifs des consignes barrières (distanciation, utilisation des masques, mise-à-disposition du gel hydroalcoolique). L'objectif de l'application de ces mesures a été bien accepté par ce groupe d'acteurs, même si elles ont limité dans les capacités à offrir des services et à recevoir des clients.

Comme les Français ont été confinés chez eux pendant presque deux mois, le flux des touristes s’est arrêté, exposant le secteur à une situation critique et unique. La part

33 de la consommation des touristes par secteur est mise en évidence sur le Tableau 3. En effet, les périodes de Pâques et de mai attirent généralement un grand nombre de touristes constituant une importante partie du chiffre d'affaires de l'année.

Secteur Résidents Touristes

Permanents Secondaires Location Journée Commerce alimentaire 13.6% 41.4% 19.2% 25.8% 55.0% 45.0% Restauration 4.7% 12.9% 13.8% 68.7% 17.5% 82.5% Production alimentaire de l'île 5.5% 22.5% 25.0% 47.0% 28.0% 72.0% Transport marchan- dises 20.0% 40.0% 0.0% 40.0% 60.0% 40.0%

Tableau 2 - Distribution de la consommation entre résidents et touristes . Source : Office de Tourisme de l’Île de Bréhat

Une enquête menée par l'office du tourisme, à laquelle ont participé 33 des 39 commerçants ou restaurateurs de Bréhat, pointe une baisse d'environ 83 % du chiffre d'affaires entre les mois de mars et mai. Cette étude indique que 70 % de l'activité

économique de l'île dépend du tourisme.

4.1.2. L’approvisionnement et la logistique

On observe aussi des adaptations dans les livraisons de marchandises, puisqu’ il y a eu un arrêt du service de transport habituel. Malgré tout, les problèmes liés la situation sanitaires ont pu être résolu en partie grâce à quelques ajustements : Les commerçants ont été livrés moins souvent, mais en plus grande quantité à chaque livraison. Il a été tout de même difficile pour certains commerçants qui, ne sachant pas quelle serait la demande pour leurs services, de prendre le risque d'acheter de grandes quantités de produits.

L'insularité présente des différences de logistique de transport par rapport au continent. Le prix final des produits est par conséquent plus élevé. Pendant la période où l'enquête a été menée, il y avait des incertitudes sur les mesures qui seraient prises par le gouvernement pour poursuivre la réouverture des activités. Il est notamment question des secteurs du commerce, du tourisme et des services de transport maritime

34 (étant donné que ce service est le facteur limitant le nombre de personnes accédant à l'île).

Comme les activités ont été réduites, les commandes aussi. Des adaptations ont été mises en place pour pouvoir mieux maitriser les besoins et éviter les pertes (par exemple en faisant plusieurs petites commandes à la fois ou en contrôlant plus strictement les stocks). Certains commerçants n’ont pas eu besoin de faire des modifications, car leurs marchandises pour la saison étaient déjà sur place. Seul le commerce alimentaire a constaté des ruptures de stocks de certains produits (même si ce problème a été rapidement résolu) ce qui peut être expliqué par le fait que les fournisseurs ont priorisé les grosses commandes. Dans le cas où les commandes ont été prises par des grands fournisseurs, la communication a été possible et des solutions ont vu le jour (par exemple le délai de payement des échéances du mois du confinement). En revanche, certains ont eu des problèmes avec de petits fournisseurs qui n’avaient pas assez de marge de manœuvre pour proposer des solutions.

Avec la limitation des déplacements, les habitants ont dû faire leurs achats alimentaires sur place. Majoritairement, les habitants sont allés moins fréquemment faire leurs courses, mais en se procurant de plus gros volumes à chaque fois, pour éviter les déplacements. Du fait du confinement, il y a eu moins d’achats sur le continent, alors que d’habitude une partie de la population fait ses achats alimentaires de cette manière, comme l'ont cité 2 des 7 résidents permanents interviewés.

Les habitants ont l’impression d’avoir respecté le confinement et que le commerce alimentaire de l’île a fait l’effort de bien assurer l’approvisionnement alimentaire, notamment en mettant à leur disposition une certaine variété des produits disponibles, comme l'a cité l'un des résidents permanents : « dans le commerce alimentaire ils ont fait un effort de vendre des produits de circuits courts, des produits de viande locaux, il a eu une demande et donc répondu par une fourniture de ce type des produits » (Résident permanent, le 05/06/2020). La nouveauté cette année était la vente du lait local, ce qui a été bien apprécié : « la clientèle apprécie aussi la production locale, les fruits et légumes, le lait, des produits de qualité, ce qu’est apprécié » (Résidente secondaire, le 18/05/2020).

35 Si les habitants faisaient déjà attention à l'origine des aliments qu'ils consomment, ce facteur a gagné en importance pendant la période de la crise sanitaire de la Covid-19. Le constat est que les personnes qui ont fait leurs achats en privilégiant la production et la nourriture locale le faisaient déjà avant la période du confinement. L'achat ou la consommation de produits locaux (les termes cités sont : produits locaux, et produits originaires de la Bretagne, de la Normandie, du Pays de la Loire ou de la France) a été cité par 6 des 12 commerçants (parmi les restaurateurs, le commerce et le commerce alimentaire). Selon l'un des commerçants, il achète que « de la farine originaire de la Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, issu de l’agriculture raisonnable, avec des écolabels, depuis 2 ans. Lui essaye d’acheter des produits locaux pour les recettes de son restaurant, son poisson arrive de Paimpol, sinon il essaye de privilégier de s’approvisionner proche. Ça fait de la bonne publicité pour son affaire, c’est ce que le client cherche » (Commerçant alimentaire, 14/05/2020).