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Chapitre 2 : Cadre théorique

2.1 Espace d’action

2.1.2 Mesurer l’espace d’action

L’espace d’action peut être difficile à mesurer et à représenter visuellement, dans la mesure où nous savons qu’un individu est mobile et non fixe dans l’espace (Sherman et al. 2005). Il peut parvenir à représenter l’espace comme tel, mais aussi inclure le temps (Perchoux et al. 2013). Après avoir effectué une revue de la littérature sur ce concept, il semble qu’il existe trois principales méthodes pour mesurer géographiquement les espaces d’action. Ces méthodes font

généralement appel à la subjectivité des participants ou à l’objectivité des mesures traitées dans un système d’information géographique. Cette section présente ces trois méthodes.

A) Ellipses de distance standard

Une façon de mesurer l’espace d’action est celle des ellipses de distance standard (EDS). Cette approche sert à cartographier les différents lieux visités par un individu par rapport à son lieu de résidence (Schönfelder et Axhausen 2003; Sherman et al. 2005). Il est donc demandé à un individu d’énumérer tous les lieux visités, par exemple, dans la dernière semaine. Ces lieux peuvent être géoréférencés et par la suite, à l’aide d’un logiciel (par exemple ArcGIS), une ellipse de distance standard est créée (figure 2.3).

Figure 2.3 : Illustration d’une ellipse de distance standard Source : Schönfelder et Axhausen 2003, 9

Cette ellipse nécessite un minimum de trois points différents à cartographier et peut être pondérée par la fréquence et la durée des activités (Sherman et al. 2005). Par exemple, si un magasin A est fréquenté plusieurs fois par semaine, mais qu’un magasin B ne l’est qu’une seule fois, on pourrait attribuer un poids plus important au magasin A. Il est donc possible de visualiser la superficie en km² de l’espace d’action, de mesurer une distance euclidienne (à vol d’oiseau) d’éloignement ainsi que d’obtenir un indice de forme, c’est-à-dire l’étirement de l’ellipse (Lord, Joerin et Thériault 2009). Cette méthode peut inclure tous les différents modes de transport utilisés par l’individu ou alors se concentrer seulement, par exemple, sur les endroits visités en marchant.

B) Kernel de densité

L’espace d’action est aussi mesurable à l’aide d’un kernel de densité (figure 2.4). Cette mesure permet de voir la densité de la surface couverte par les lieux visités par l’individu. Elle est basée sur la proximité des lieux visités. Cela permet de détecter des agrégats spatiaux en donnant une pondération à certains lieux. Encore ici, cette pondération peut être appliquée aux lieux les plus souvent visités et ainsi refléter la fréquence dans le temps (Schönfelder et Axhausen 2003). Elle peut aussi intégrer les lieux visités par plusieurs modes de transport ou alors en faire la distinction, selon ce que le chercheur souhaite représenter.

Figure 2.4 : Illustration d’un kernel de densité Source : Schönfelder et Axhausen 2003, 9

C) Réseau et zone tampon

Enfin, la dernière mesure pouvant illustrer l’espace d’action est celle du réseau et de la zone tampon (figure 2.5). Cette mesure permet de connaître tous les trajets origine-destination d’une personne. La méthode consiste, par exemple, à demander à une personne d’énumérer les lieux qu’elle visite et les trajets utilisés. Ces trajets peuvent être eux-aussi géoréférencés et par la suite, à l’aide d’un logiciel (par exemple ArcGIS), certaines mesures pourront être calculées. Nous pouvons préciser aussi selon le moyen de transport. Cela permettra de constater l’ampleur du réseau utilisé par cette personne. Une zone tampon peut aussi être appliquée aux trajets afin

de démontrer qu’une certaine zone autour de ce réseau est probablement connue de l’individu ou que cette zone peut aussi l’influencer. Cette méthode peut être un bon indicateur de la perception qu’une personne a de son environnement urbain puisque le réseau représente réellement les trajets utilisés par la personne, contrairement au kernel et à l’ellipse de distance standard, qui montrent plutôt des approximations des espaces d’action basés sur les lieux visités (Schönfelder et Axhausen 2003). La longueur et la direction du réseau révèleront l’espace d’action visité par la personne. Par contre, comme l’être humain peut agir de manière spontanée, cette méthode contient certaines limites au niveau de la représentation. Les trajets décrits par une personne peuvent ne pas être ceux qui sont toujours utilisés, mais bien ceux qui sont habituellement utilisés. Pour représenter exactement le réseau utilisé par un individu, le port d’un GPS par celui-ci serait idéal puisqu’il permettrait de le suivre en temps réel et ainsi connaître exactement les trajets empruntés (Prins et al. 2014).

Figure 2.5 : Illustration d’un réseau Source : Schönfelder et Axhausen 2003, 9

Il faut cependant préciser que les travaux utilisant ces trois méthodes pour mesurer l’espace d’action ne le font pas spécifiquement pour la marche comme mode de transport. Lord, dans son article « La mobilité quotidienne de banlieusards vieillissants et âgés : déplacements, aspirations et significations de la mobilité » (2009) utilise l’ellipse de distance standard, mais les lieux visités par les aînés le sont principalement en automobile. Vandersmissen, dans son article « Mobilité et espace d'activité des 65 ans et plus dans la région urbaine de Québec » (2012) utilise aussi les ellipses de distance standard, mais le mode de transport est plutôt la voiture. L’analyse de réseau, elle, semble souvent utilisée pour les études impliquant la marche. Or, ces études portent plus souvent sur le thème de l’activité physique et non de la marche comme

moyen de transport. Aussi, elles sont issues du domaine de la santé publique (Oliver, Schuurman et Hall 2007; Prins et al. 2014; Davis et al. 2011)

Avant de passer au concept de l’environnement bâti, nous souhaitons préciser que dans ce mémoire, l’accent sera mis sur l’espace d’action actuel, c’est-à-dire tous les lieux réellement visités par les aînés. Comme nous traitons de l’espace d’action piétonnier des aînés et compte tenu de ce que nous venons d’étayer, nous pouvons maintenant en donner la définition suivante : tous les lieux visités et les trajets empruntés pour s’y rendre en marchant par un aîné.