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CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL

3.2.3 Mesure de la communication

3.2.3.1 Approche observationnelle et approche perceptuelle

Il existe deux approches pour évaluer la communication entre les médecins et leurs patients : l’approche behavioriste/observationnelle et l’approche perceptuelle (Arora, 2003). La première approche consiste à enregistrer (par observation standardisée, audiocassette ou

vidéocassette) les rencontres entre les médecins et leurs patients. Par la suite, les comportements des deux locuteurs sont codés en utilisant un système d’analyse d’interaction (interaction analysis system – IAS). Parmi les systèmes connus, on note le Bales’ Process Analysis System (Bales, 1950), le Roter’s Interaction Analysis System (RIAS), une adaptation du système de Bales (Roter & Larson, 2002), le Stiles’ Verbal Response Mode (Stiles, 1978) et, plus récemment, le Medical Information Processing System (Ford, Hall, Ratcliffe, & Fallowfield, 2000). Un des systèmes les plus utilisés, le Roter’s Interaction Analysis System (RIAS – Roter & Larson, 2002), tient compte de la plus petite unité d’expression verbale et l’attribue à l’une des catégories mutuellement exclusives et exhaustives qui reflète la forme et le contenu d’une interaction médicale. Par la suite, les catégories sont combinées en groupes particuliers, tels que questions ouvertes et fermées, informations de type biomédical et psychosocial transmises ou partenariat entre patient et médecin. La fréquence observée pour chaque groupe est alors calculée (Arora, 2003; Roter & Larson, 2002).

L’approche perceptuelle se réfère à la façon dont les patients perçoivent leur communication avec les médecins. Les perceptions des patients s’évaluent par des questionnaires; on leur demande soit de coter sur une échelle de type « Likert » les divers éléments se rapportant à leur communication avec le médecin, soit d’en indiquer la présence ou l’absence (Arora, 2003).

3.2.3.1.1 Avantages et limites des mesures observationnelles et perceptuelles

Mesures observationnelles.

Les mesures observationnelles sont de nature plus objectives, car elles évaluent les interactions réelles entre les patients et les médecins. Elles permettent de coter les divers éléments caractérisant la communication entre les patients et les médecins en termes de quantités telles que la fréquence et la durée. Toutefois, ces mesures peuvent être inadéquates pour cerner l’opinion des patients sur la communication qu’ils entretiennent avec leur médecin (Arora, 2003).

Mesures perceptuelles.

Les mesures perceptuelles sont plus subjectives et susceptibles d’être influencées par d’autres facteurs, comme l’état psychologique des patients (Hall, Milburn, Roter, & Daltroy, 1998). Il est parfois possible que l’évaluation de la communication entre les patients et les médecins à l’aide de mesures perceptuelles ne reflète pas la réalité. Par contre, les chercheurs favorables à cette approche d’évaluation notent que les états d’âme des patients après leur rencontre avec leur médecin vont dépendre très probablement de la manière dont ils perçoivent et interprètent ce qui s’est passé durant leurs visites médicales. Réciproquement, les perceptions des patients peuvent avoir une plus grande influence sur leur état de santé que les comportements réels des médecins (Cleary et al., 1991; Street, 1992).

Mesures observationnelles et perceptuelles.

Les études qui emploient simultanément les deux approches, observationnelle et perceptuelle, sont peu nombreuses. Toutefois, celles qui existent nous donnent des résultats intéressants. L’étude menée par Blanchard, Labrecque, Ruckdeschel et Blanchard (1990) repose sur les interactions entre des patients atteints de cancer hospitalisés et leurs oncologues. Ces chercheurs ont utilisé des observateurs d’expérience pour coter à l’aide d’une grille la présence et l’absence de plusieurs comportements de médecins. L’équipe de chercheurs a aussi évalué à l’aide de questionnaires les perceptions que les patients ont eu de la communication avec leurs oncologues. Les résultats démontrent que les comportements observés et cotés ne sont pas associés à ceux perçus par les patients. De plus, les perceptions des patients expliquent une plus grande variation de leur satisfaction générale des soins que les comportements observés des médecins. Des résultats similaires ont été obtenus par Street (1992) dans une étude qui portait sur des consultations pédiatriques dans lesquelles on cotait les interactions entre les médecins et les parents d’enfants à partir de cassettes audio et on évaluait la perception des parents au sujet des comportements des médecins face à leurs enfants. Les mesures perceptuelles ont tendance à être de meilleurs indices de la satisfaction générale des soins des enfants que les mesures observationnelles. Donc, les études de Blanchard et al. (1990) et de Street (1992) indiquent que les mesures perceptuelles ne sont pas toujours corrélées avec les mesures observationnelles et que la perception des patients au sujet de leur communication avec les médecins peuvent être un meilleur indice des soins reçus.

Concept de communication retenu pour la présente étude : communication perçue

L’approche perceptuelle de la communication est l’approche privilégiée pour cette thèse. Elle s’intéresse à la façon dont les femmes atteintes de cancer du sein perçoivent leur communication avec les différents professionnels de la santé en oncologie. Ainsi, on utilise une approche subjective de la communication entre les femmes et les professionnels de la santé.

Cette thèse s’intéresse tout particulièrement à deux aspects de la communication : l’échange d’information et l’aspect socio-affectif d’une relation. Ces aspects sont primordiaux pour établir une communication de qualité entre les patientes et les professionnels de la santé. De plus, ces aspects de la communication favorisent la participation active des femmes atteintes de cancer du sein lors du choix des traitements. L’échange d’information se caractérise surtout par l’information transmise à la patiente. L’aspect socio-affectif se définit par la gentillesse, la compassion et l’empathie déployées par les professionnels de la santé (Arora, 2003; Bensing & Dronkers, 1992; Brédart et al., 2005; Northouse & Northouse, 1996; Ong et al., 1995; Parker et al., 2008; Sweeney & Bruera, 2002). Cette façon de définir la communication s’applique non seulement à la relation entre les chirurgiens-oncologues ou les oncologues avec les femmes atteintes de cancer du sein, mais aussi à d’autres professionnels de la santé qui ont un contact étroit avec ces patientes aux différentes phases cliniques de la maladie, qu’il s’agisse d’infirmières, de radio-oncologues ou de technologues en radio-oncologie.