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Des menaces répétées contre la France

epuis la création d’Al-Qaïda au Maghreb, la France est devenue le pays d’Europe le plus directement menacé.

Bien que la politique étrangère de la France ait été globalement perçue, depuis le général De Gaulle, comme pro-arabe et pro-musulmane, il n’en demeure pas moins qu’elle fait régulièrement l’objet de menaces réitérées. Il est vrai que jusqu’ici le pays a été relativement à l’abri d’un attentat majeur en raison de la focalisation des groupes terroristes sur les Américains en Irak et ailleurs. Mais avec la création d’une branche

d’Al-Qaïda au Maghreb, la situation semble avoir changé.

Dans cette nouvelle configuration, la France se trouve projetée au premier plan. Elle est menacée par Al-Qaïda au Maghreb pour deux raisons principales. D’une part, parce que les chefs de l’organisation terroriste partent du principe qu’elle soutient les régimes « dictatoriaux » au Maghreb uniquement pour protéger ses propres intérêts économiques et politiques et sans se soucier des conditions de vie des populations locales69. D’autre part, parce que Al-Qaïda considère toute forme de coopération avec la France comme une « ingérence » dans les affaires intérieures des pays du Maghreb, tout investissement étranger comme un « pillage » des ressources locales. L’organisation terroriste se voit comme le seul défenseur effectif des intérêts musulmans dans la région. L’exemple type de cette conception est la réaction virulente de l’organisation après le contrat d’exploitation pétrolière signé avec les Américains fin 2006 ou encore le projet d’Union pour la Méditerranée lancé début 200870.

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L’organisation réactive ainsi la figure de l’ennemi traditionnel de l’Algérie en exploitant le sentiment de frustration populaire face aux conditions de vie difficiles. On retrouve également les principaux arguments de la rhétorique islamiste qui a servi à justifier les attentats de 1995. Voir à ce sujet le compte-rendu de L’Express publiée le 20 janvier 1997 concernant la lettre adressée au président français à l’époque, Jacques Chirac : http://www.lexpress.fr/informations/gia-le-djihad-contre-chirac_620162.html [consulté en novembre 2008].

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Pour la réaction anti-américaine, voir l’interview du chef d’Al-Qaïda au Maghreb, publiée le 1er juillet 2008 dans le New York Times et disponible en ligne (http://www.nytimes.com/2008/07/01/world/africa/01transcript-droukdal.html)

[consulté en novembre 2008]. Pour l’opposition d’Al-Qaïda à l’Union pour la méditerranée (UPM), voir l’article publié dans le magazine en ligne Toumai-Tchad,

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Dans l’ensemble, l’association du facteur endogène (interférence dans les affaires intérieures) et du facteur exogène (traitement politique de la question musulmane) conduit à une perception faussée de la France et, au-delà, de l’ensemble des pays européens. Al-Qaïda au Maghreb cherche à diffuser l’image des Occidentaux en général comme des « Croisés ». Cette image plonge ses racines dans l’histoire du Moyen-Âge et en particulier dans la période des Croisades qui se sont étalées sur plus de deux siècles (XIe-XIIIe). La situation internationale actuelle est présentée par les émules de Ben Laden comme une reproduction de l’épisode des croisades médiévales, mais avec des nouveaux protagonistes, la fameuse « coalition judéo-croisée ».

En somme, les chefs d’Al-Qaïda au Maghreb propagent une image anachronique de la France. Leurs écrits et leurs discours, évoquent le « pays des Francs » (Franj est le mot employé en arabe) qui ont mené la plupart des croisades dirigées contre les Musulmans. Ils entretiennent également une certaine confusion historique entre la période des croisades et celle de la colonisation. La France est souvent présentée comme la puissance coloniale qui a occupé, par la force, une grande partie des terres musulmanes à partir du XIXe siècle et qui a soutenu les Israéliens contre les Arabes durant la guerre de Suez en 1956. Elle est, enfin, le pays européen qui a déclaré la guerre à un pays arabe en 1991 (l’Irak) et qui a « souillé », avec les Américains, la « Terre des Lieux Saints de l’Islam » (l’Arabie saoudite) durant la première guerre du Golfe en 1991.

De même, la participation active de l’armée française aux combats contre les Talibans en Afghanistan suscite de vives critiques et des menaces réitérées, qui se traduisent parfois par des prises d’otage, comme celle qui a occupé les esprits entre les deux tours de l’élection présidentielle en mai 200771. En outre, le numéro deux d’Al-Qaïda, Zawahiri, a rappelé dans un enregistrement audio diffusé le 14 janvier 2007 par la télévision Al-Jazeera « la nécessité de frapper les intérêts américains et ceux des pays qui ont cautionné la croisade de Bush en Afghanistan et en Irak »72.

le 6 août 2008, et qui reprend quasiment tous les arguments de l’organisation. Article accessible en ligne : http://www.toumai-tchad.com/article-21772826.html [consulté en novembre 2008].

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Voir l’article de La Croix concernant cette affaire du 5 avril 2007 : http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2299639&rubId=1094 [consulté en novembre 2008]. Voir aussi les communiqués du Ministère des Affaires étrangères à ce sujet : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/afghanistan_529/otages-francais-afghanistan-7-mai-2007_48677.html [consulté en novembre 2008]. 72

Pour la transcription du communiqué, voir le site de MediArabe.info (http://www.mediarabe.info/spip.php?article491) [consulté en novembre 2008]. Pour le texte original du communiqué, voir les archives du site arabe de l’organisation (www.qmaghreb.org) [consulté en mars 2007] ou encore celles du blog de ses sympathisants (http://qaedatma.blogspot.com/). Traduction de l’auteur [consulté en novembre 2008].

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Ainsi, les dirigeants historiques d’Al-Qaïda ont indiqué clairement la cible à frapper en priorité. Dans une vidéo diffusée le 11 Septembre 2006, Zawahiri annonçait la « bonne nouvelle » du rattachement officiel du GSPC de la manière suivante :

Notre émir, le Cheikh Oussama Ben Laden, lion de l’islam, m’a chargé d’annoncer la bonne nouvelle aux peuples musulmans et à nos frères moudjahidines. Le GSPC a rejoint l’Organisation d’Al-Qaïda pour le Jihad. Cette union bénie sera un os dans la gorge des croisés américains et français, ainsi que de leurs alliés, et fera naître la peur dans le cœur des traîtres et des fils mécréants de France73.

A l’époque, l’émir du GSPC, Abdelwadoud, répondait au numéro deux d’Al-Qaïda, Zawahiri, dès le surlendemain, par la publication d’une lettre d’allégeance dans laquelle il promettait de suivre Ben Laden dans son combat contre l’Occident « jusqu’au martyre ».

Le mardi 9 janvier 2007, deux semaines avant de devenir Al-Qaïda

au Pays du Maghreb Islamique, le GSPC menaçait dans un nouvel

enregistrement vidéo diffusé sur Internet de s’en prendre aux Français et aux Américains qui soutiennent le gouvernement du président algérien. Dans cet enregistrement, Abdelwadoud déclarait : « l’Amérique et la France pillent les richesses de l’Algérie et prennent le contrôle de nos destinées avec la collaboration du voleur Bouteflika »74.

Le 13 février 2007, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb réitère sa menace à l’égard du régime algérien en faisant le lien avec la France : « Nous disons aux voleurs de l’Etat et aux esclaves des Juifs et des Chrétiens parmi les enfants de la France [terme générique pour désigner tous les Français] que les descendants de Tarek Ben Ziyad et la jeunesse musulmane du Maghreb sont décidés à déraciner votre mal et à libérer les terres de l’Islam de tout croisé, de tout renégat et de tout agent de l’Occident »75.

Cette opposition entre les « enfants de la France » et la « jeunesse du Maghreb » est systématique dans les discours et les communiqués diffusés par l’organisation terroriste. Les deux rives de la Méditerranée sont perçues dans un rapport d’opposition qui renvoie à la conquête de l’Espagne par les Musulmans dans les premiers siècles du Moyen Âge d’où

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Pour la transcription du communiqué, voir l’article du Figaro publié le 15 octobre 2007, sous le titre « Les fils de mécréants de France ». Article accessible en ligne : http://www.lefigaro.fr/france/20060914.FIG000000076_les_fils_de_mecreants_de_ france.html [consulté en novembre 2008].

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Voir la transcription du message sur le site SaphirNews.com en date du 10 janvier 2007 : http://www.saphirnews.com/Le-GSPC-appelle-les-Algeriens-dans-un-message-video_a5652.html [consulté en novembre 2008].

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Pour la traduction intégrale du discours, voir le site suivant :

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une référence récurrente au général berbère Tarek Ben Ziyad connu pour avoir conquis l’Andalus en 711 après J.-C76.

Pour lutter contre la France, la voie privilégiée par les chefs d’Al

Qaïda au Maghreb est celle du Jihad. Dans le numéro 7 du magazine Sada Al-Jihad (Echo du Jihad), l’un des chefs d’Al-Qaïda au Maghreb a publié un

article de synthèse sur les « Mérites du Jihad » dans lequel il explique que les erreurs des années 1990 en Algérie sont dues essentiellement au fait que « les hommes de science religieuse n’ont pas rejoint le Jihad et que des gens ignorants en religion en ont pris le commandement ».

Son article est accompagné d’une fatwa sur les « opérations martyres » qu’il a extraite des fatwas du cheikh Mohamed Ben Ibrahim, grand mufti algérien du temps de la présence française en Algérie. Il instrumentalise cette fatwa d’un autre temps pour justifier les attentats suicides menés par Al-Qaïda de nos jours. Voici des extraits de cette fatwa qui cite explicitement la France comme cible et comme justification. C’est le mufti qui parle :

Durant les années de guerre, les Français ont endurci leurs méthodes […] À chaque fois qu’ils prenaient un Algérien, ils l’obligeaient à avouer le lieu des caches d’armes et des opérations futures. Parfois, ils prenaient en otage même des notables qu’ils faisaient parler avec des "aiguilles divagantes" qui faisaient dire aux torturés tout et n’importe quoi, y compris la vérité. A la suite de ces agissements des Français, certains Algériens parmi les Musulmans sont venus nous consulter en demandant : Est-il licite de se suicider si l’on craint d’être torturé… ? Et si je meurs sous la torture, suis-je un martyr ? A ces questions, nous avons répondu ceci : Si la chose est ainsi que vous le décrivez, votre action est licite […] Le principe juridique est fondé sur le raisonnement que l’individu sera mort de toute façon mais que le fait d’attendre de mourir peut avoir des effets plus néfastes que le fait de se donner la mort77.

Dans cette fatwa – que les islamistes algériens sont allés chercher dans le patrimoine juridique de l’époque coloniale – tout est confondu : le

Jihad et la libération nationale, la torture et les exécutions, le suicide et le

martyre, le passé et le présent. Comme si l’Algérie était encore française… Toute la propagande d’Al-Qaïda au Maghreb est basée sur cet amalgame, notamment pour le recrutement de kamikazes amateurs mais déterminés, comme ceux qui ont frappé à Alger le 11 avril 2007.

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Concernant l’Espagne musulmane, voir Pierre Guichard, Al-Andalus (711-1492 :

une histoire de l’Andalousie arabe, Paris, Hachette, 2001.

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Voir le numéro 7 du magazine Sada Al-Jihad (Écho du Jihad) de janvier 2007, p. 27. Il est accessible en ligne sur le site arabe de l’organisation (www.qmaghreb.org) [Accès 03/2007] ou dans les archives du blog de ses sympathisants (http://qaedatma.blogspot.com/). Traduction de l’auteur [consulté en novembre 2008].

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Depuis, les services de sécurité français sont sur le qui-vive. Ainsi, le 15 mai 2007, à la veille de la passation de pouvoir et de l’entrée en fonction officielle du président Sarkozy, un communiqué menaçant a fait son apparition sur l’Internet. Il était signé des « Brigades Abou Hafs Al-Masri ».

Ces brigades portent le nom de guerre d’un proche de Ben Laden, tué en octobre 2001 en Afghanistan : le cheikh égyptien Tayseer Abdallah. Elles avaient notamment revendiqué dans le passé les attentats de Madrid (11 mars 2004) et de Londres (7 juillet 2005), ainsi que plusieurs autres attentats en Turquie, en Indonésie et en Irak. Leurs messages de menace ont déjà visé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie et l’Italie, entre autres pays, mais n’ont pas été finalement suivis de faits probants.

Cette fois-ci, le communiqué mis en ligne le 15 mai 2007 est adressé au « peuple français » et menace Paris d’attentats sanglants, après les résultats des élections présidentielles :

Maintenant que vous avez choisi Sarkozy, le croisé et le sioniste assoiffé du sang des enfants, des femmes et des vieillards musulmans (...), nous vous avertissons que les prochains jours verront une campagne jihadiste sanglante et une guerre sans merci dans la capitale de Sarkozy78.

En somme, en 2007, Al-Qaïda au Maghreb a appelé à plusieurs reprises les Algériens à s’en prendre aux Français, dans des messages sans ambiguïté : « Combattez les ressortissants de France et les agents des croisés qui occupent notre terre… Nos pères et nos ancêtres ont combattu la France croisée, qu’ils ont expulsée dans l’humiliation. »

Dans son message du 3 janvier 2007, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb ajoute que « la France, sortie par la porte, est revenue aujourd’hui par la fenêtre ». Mais il précise : « l’Amérique rentre aussi par la porte pour partager avec la France la spoliation de nos richesses et le contrôle de nos destinées, avec la complicité du voleur de la maison Bouteflika ». Abdelwadoud dénonce « l’axe du Mal conduit militairement par l’Amérique et culturellement par la France, avec le soutien de l’Otan ». Il accuse le président Bouteflika de « combattre l’Islam sous la bannière du leader de l’hérésie, les Etats-Unis, et de nouer des liens d’amitié avec l’ennemi d’hier, la France » 79.

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Voir la transcription faite du communiqué dans Le Nouvel Observateur du 23 juin 2008 ; accessible en ligne [consulté en novembre 2008] :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070515.OBS7351/un_groupe_ se_reclamantdal_qaida_menace_la_france.html.

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Des extraits de ce message ont été publiés début janvier 2007 dans la presse algérienne (http://actualite.el-annabi.com/article.php3?id_article=3456) [consulté en novembre 2008] et sur le site Algerie-dz.com (http://www.algerie-dz.com/article7760.html) [consulté en novembre 2008]. Pour la transcription

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Un an plus tard exactement, dans une vidéo diffusée le 8 janvier 2008 sur un site fréquemment utilisé par des mouvements extrémistes, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb invite ses compatriotes à s’en prendre aux Français et à leurs alliés : « Aux Algériens, je dis ceci [...] : les Français et les alliés des croisés qui occupent notre pays sont à votre portée, tout comme les gorges de ceux qui ont vendu le sang des martyrs ». Il ajoute à l’attention de Ben Laden : « Nous attendons impatiemment tes instructions et recommandations pour la période à venir. Car Dieu nous a récemment dotés d’armes et de munitions. »

Dans la foulée, les autorités françaises font état de nombreuses menaces proférées sur le même site par un certain Mourabit Muwahhid, littéralement le Combattant de l’unicité, lequel appelle les sympathisants de l’organisation à perpétrer le maximum d’attentats en France afin de « provoquer la chute du président Nicolas Sarkozy (...) et un effondrement économique de la France » en s’attaquant à des « personnalités prestigieuses, dont le maire de Paris » mais aussi à des lieux symboliques comme le quartier de le Défense et la Tour Eiffel80.

Cette affaire inquiète aussitôt les autorités françaises parce qu’elle renvoie aux attentats de 1995, où l’on a vu se multiplier les écrits et les communiqués islamistes contre la France avant leur passage à l’acte.

L’une des conséquences immédiates a été l’annulation du rallye Paris-Dakar 2008, qui devait traverser la Mauritanie, quelques jours avant son départ. C’est la première fois depuis sa création en 1978 qu’une telle décision doit être prise. Les organisateurs ont finalement suivi les recommandations du gouvernement qui, depuis fin décembre 2007, conseillait aux ressortissants français de ne plus se rendre en Mauritanie à cause de la menace terroriste. L’attentat perpétré le 24 décembre 2007 contre quatre touristes français dans le désert mauritanien et attribué à

Al-Qaïda au Maghreb a servi d’alerte.

Les organisateurs du Paris-Dakar ont expliqué qu’il y avait bien des « menaces directes lancées contre la course par des mouvances terroristes »81. Al-Qaïda au Maghreb était, en effet, sur le point de lancer des attaques armées, voire des kamikazes, contre la caravane du rallye. Le même mois, un réseau d’appui aux maquis algériens, en partie constitué

intégrale, voir le site suivant [consulté en novembre 2008] : http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/textesislamistes/gspc-droukdal-abdelwadoud.html.

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Voir la synthèse parue dans la presse algérienne concernant cette menace : par exemple dans le journal d’Annaba en date du 12 janvier 2008. Article accessible en ligne : http://actualite.el-annabi.com/article.php3?id_article=6973 [consulté en novembre 2008].

81

Voir l’article du journal algérien Al-Watan, en date du 5 janvier 2008, intitulé : « Le Rallye Lisbonne-Dakar annulé ». Accessible en ligne : http://www.elwatan.com/Le-rallye-Lisbonne-Dakar-annule [consulté en novembre 2008].

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d’anciens jihadistes ayant combattu en Afghanistan, était démantelé en France82.

Sur l’autre rive de la méditerranée, les intérêts français ont été attaqués à maintes reprises. Al-Qaïda au Maghreb est passée depuis longtemps de la menace à l’exécution. Les attentats contre l’entreprise française de BTP, Razel, sont représentatifs du nouveau mode d’action. Cette entreprise était chargée de la réparation du tunnel ferroviaire d’Ammal à Beni-Amrane, dans la région de Boumerdès (50 km à l’est d’Alger), endommagé début 2008 après la collision d’un train de transport de carburants et d’une locomotive.

Le premier attentat contre cette entreprise a lieu le 21 septembre 2007 : c’était un attentat kamikaze à Koudiet Asaserdoune, dans la commune de Lakhdaria, située à quatre-vingts kilomètres à l’est de la capitale. Cet attentat avait fait huit blessés, dont trois étrangers (deux Français et un Italien), ainsi que leur chauffeur et cinq gendarmes qui les accompagnaient. À l’époque, Al-Qaïda au Maghreb avait aussitôt revendiqué l’attaque dans un communiqué publié sur Internet en réponse au message du numéro deux d’Al-Qaïda, Zawahiri, qui avait appelé la veille dans une vidéo à débarrasser le Maghreb des Français et des Espagnols : « Soutenez vos fils les Moudjahidines contre les croisés et leurs enfants », a-t-il déclaré en référence à Al-Qaïda au Maghreb.

Le deuxième attentat contre l’entreprise Razel a eu lieu le 8 juin 2008 et a donné lieu à une cacophonie générale qui illustre la complexité de la situation et l’opposition des stratégies de lutte antiterroriste. Cet attentat a eu lieu à Beni Amrane et s’inscrivait dans la même logique, celle visant à dissuader les étrangers en général et les Français en particulier d’investir en Algérie. D’ailleurs, l’entreprise Razel a rappelé en France les trois autres Français qui travaillaient sur le chantier83.

Dans son communiqué de revendication de la série d’attentats perpétrés entre le 4 et le 8 juin 2008, Al-Qaïda au Maghreb se montre prolixe au sujet de l’opération qui a visé la société française et communique son propre bilan des victimes dans un contexte polémique opposant les médias étrangers basés à Alger, tout particulièrement l’AFP, et les responsables de la sécurité algérienne, dont les chiffres sont contestés ouvertement.

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Voir l’article paru dans Le Figaro en date du 20 décembre 2007 : http://www.lefigaro.fr/actualites/2007/12/20/01001-20071220ARTFIG00274-la-dst-demanteleun-reseau-lie-a-al-qaida-.php [consulté en novembre 2008]. Voir aussi le compte-rendu de l’affaire dans la presse algérienne : http://www.algerie- dz.com/forums/international/66204-un-reseau-de-soutien-al-qaida-au-maghreb-demantele-en-france.html [consulté en novembre 2008].

83

Voir l’article du journal Le Soir d’Algérie en date du 10 juin 2008. Accessible en ligne : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/06/10/article.php?sid=69371&cid=2 [consulté en novembre 2008].

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Accusée par le Ministère algérien de la Défense d’avoir gonflé le nombre de victimes de l’attentat (en évoquant treize morts et non pas deux comme annoncé officiellement), l’AFP s’était vu retirer son accréditation le 11 juin 2008. Pourtant, le communiqué d’Al-Qaïda au Maghreb diffusé sur

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