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Analyse de la sensibilité des résultats

MCO homme

avec contrôle langue et

région MCO femme

MCO femme avec contrôle langue et région Constant 108 393*** -8 524 114 867*** 8 904 104 739*** 3 317 (2 091) (13 681) (3 529) (20 288) (2 351) (17 262) age2 15 755*** 15 314*** 25 947*** 24 909*** 5 627** 5 772** (2 466) (2 444) (4 041) (4 008) (2 837) (2 793) age3 33 920*** 33 678*** 40 631*** 39 678*** 18 572*** 19 288*** (2 387) (2 365) (3 842) (3 810) (2 854) (2 809) age4 42 793*** 42 282*** 44 851*** 44 139*** 24 628*** 25 003*** (2 423) (2 400) (3 820) (3 788) (3 136) (3 086) age5 41 062*** 41 123*** 40 207*** 40 222*** 18 763*** 19 833*** (2 550) (2 527) (3 888) (3 855) (3 898) (3 853) age6 43 616*** 44 293*** 40 391*** 40 707*** 21 971*** 26 455*** (2 765) (2 744) (4 031) (3 999) (5 364) (5 330) age7 42 779*** 42 464*** 40 947*** 40 102*** 13 871** 23 069*** (3 302) (3 277) (4 486) (4 451) (6 916) (6 935) age8 25 302*** 25 374*** 22 711*** 22 290*** -14 641 -4 828 (4 287) (4 256) (5 304) (5 271) (11 998) (11 885) age9 14 758*** 15 003*** 7 733 7 237 25 798 36 737** (5 526) (5 490) (6 431) (6 394) (17 609) (17 403) age10 -28 298*** -27 471*** -39 023*** -39 330*** -1 163 14 013 (5 646) (5 632) (6 770) (6 739) (12 270) (12 313) region2 9 569*** 10 314*** 11 375*** (2 021) (2 504) (3 154) region3 -10 022*** -9 051*** -7 822*** (1 324) (1 657) (2 028) region4 28 840*** 5 489 20 280** (8 423) (13 012) (10 162) region5 49 343*** 62 296*** 24 762** (8 414) (12 655) (10 240) region6 0 0 0 (0) (0) (0) region7 14 532*** 15 438*** 16 512*** (1 858) (2 293) (2 928) region8 23 263*** 23 522*** 16 575** (4 913) (6 504) (6 856) LANGUE 2 054 -1 125 21 998*** (1 776) (2 105) (3 217) Observations 12 471 12 471 8 271 8 271 4 200 4 200 R-squared 0,054 0,059 0,046 0,05 0,026 0,047

Standard errors in parentheses *** p<0,01 ** p<0,05 * p<0,1

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Le tableau 12 montre que lorsqu’il y a contrôle de la région d’exercice et de la langue d’origine du médecin, la langue d’origine fait augmenter la productivité (effet positif) alors que la région d’exercice fait diminuer la productivité pour la région3 (effet négatif) et fait augmenter la productivité pour les autres régions (effet positif) ; la région6 n’est pas représentée. L’effet de la région sur la productivité est significatif pour les hommes et les femmes et l’ensemble de l’échantillon alors que l’effet de la langue d’origine n’est significatif que pour les femmes. L’effet combiné de la langue d’origine et de la région est négatif puisque la constante passe de 108 393 en absence de contrôle de la langue et de la région à -8 524 en présence de contrôle de ces deux variables, soit une baisse de 107,9%. Et c’est la négativité de l’effet combiné de la langue et de la région qui justifie que le profil de productivité en absence de contrôle pour la langue et la région soit au-dessus de celui obtenu avec ces variables de contrôle.

Sur le plan économétrique, par rapport à la langue, ces résultats pourraient s’interpréter par le fait que, pour une expérience professionnelle constante, la productivité augmente quand la langue d’origine augmente. Comme nous avons considéré la langue comme une variable discrète égale à 1 pour les francophones et 0 pour les anglophones, selon nos résultats, il semblerait que les francophones performent en moyenne plus que les anglophones. En ce qui concerne la région d’exercice, l’effet combiné négatif de la langue et de la région sur la productivité signifie qu’en moyenne, la mutation d’un médecin de la région 1 (la région de référence, celle la plus urbanisée) provoque une baisse de productivité. Dans notre base de données, les régions de recensement au Québec sont regroupées en huit (08) groupes de régions hospitalières allant des plus urbanisées et dotées de centre universitaire (1) aux plus rurales et non dotées de centre universitaire (8). Selon nos résultats, il semblerait donc que la mutation d’un médecin d’une région urbanisée vers une région rurale entraînerait en moyenne une perte de productivité chez celui-ci et que les médecins des régions urbanisées performeraient plus que leurs homologues des régions rurales. Mais cette baisse de productivité due à l’éloignement géographique cache des disparités. La disparité des signes des coefficients des régions confirme le rejet de l’hypothèse d’une linéarité des effets à travers les régions. Cette disparité de l’effet de la productivité selon la région signifie que l’effet globalement négatif de la région sur la productivité ne voudrait pas dire que les médecins des zones rurales ne sont pas nécessairement les moins performants, mais que la productivité relativement moins élevée des médecins exerçant dans les régions moins urbanisées peut être en partie imputable à l’environnement de travail. Les résultats suggèrent que pour une expérience professionnelle

49 constante, la part de la productivité imputable à la région (l’environnement de travail) augmente (effet positif) lorsque le médecin passe de la région1 aux régions 2, 4, 5, 7 ou 8 et diminue (effet négatif) lorsque le médecin passe de la région1 à la région 3.

Si l’environnement de travail peut réduire la productivité intrinsèque des médecins, il se pourrait que le maintien des médecins de façon prolongée dans des régions très éloignées affecte leur productivité intrinsèque c’est-à-dire leur habileté au travail. En matière de politique publique, la perte de productivité liée à l’éloignement géographique peut justifier le payement de prime d’éloignement aux médecins exerçant dans les régions très éloignées des grandes agglomérations. Au-delà de la pertinence de ces primes, il est souhaitable que soit instaurée une mobilité des médecins au cours de leur carrière surtout pour les plus jeunes pour donner la chance à tout le monde d’avoir l’occasion d’exercer dans un environnement très incitatif et d’éviter que l’accommodation prolongée dans un environnement moins incitatif de travail ne conduise à une baisse irréversible de la performance des médecins.

L’écart de productivité entre francophones et anglophones est-il statistiquement significatif lorsque la région d’exercice est fixe ?

Le contrôle de la région d’exercice et de la langue d’origine présage d’un écart de productivité en faveur des francophones. Afin de tester si cet écart est réel ou apparent, nous avons testé s’il existe un écart de productivité statistiquement significatif entre les francophones et les anglophones lorsque la région d’exercice est fixe, en réalisant le test de Chow sur le revenu des francophones et celui des anglophones lorsque la région d’exercice est fixe. Soit le modèle suivant :

𝑦𝑖 = ∑𝑗=110 𝛽𝑗 𝐴𝑔𝑒𝑖𝑗+ ∑10𝑗=1 𝛽𝑗 𝑙𝑎𝑛𝑔𝑢𝑒𝑋𝐴𝑔𝑒𝑖𝑗+ ∑10𝑗=1 𝛽𝑗 𝑙𝑎𝑛𝑔𝑢𝑒𝑋𝑟𝑒𝑔𝑖𝑜𝑛𝑖𝑗 + 𝜀𝑖 (6) 𝑜ù 𝑦𝑖 𝑒𝑠𝑡 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑎𝑛𝑛𝑢𝑒𝑙 𝑟é𝑒𝑙 𝑑𝑢 𝑚é𝑑𝑒𝑐𝑖𝑛 𝑖, 𝑙𝑎𝑛𝑔𝑢𝑒 = {1 𝑠𝑖 𝑙

𝑖𝑛𝑑𝑖𝑣𝑖𝑑𝑢 𝑒𝑠𝑡 𝑓𝑟𝑎𝑛𝑐𝑜𝑝ℎ𝑜𝑛𝑒 0 𝑠𝑖 𝑙′𝑖𝑛𝑑𝑖𝑣𝑖𝑑𝑢 𝑒𝑠𝑡 𝑎𝑛𝑔𝑙𝑜𝑝ℎ𝑜𝑛𝑒

Tester la significativité de l’écart de productivité entre les hommes et les femmes lorsque les heures travaillées sont fixes, consiste à tester dans le modèle (6) si les coefficients liés aux francophones sont identiques à ceux des anglophones et égaux à zéro. Cela correspond à l’hypothèse nulle : 𝐻0: 𝛽𝑗= 𝛽𝑘 = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑗, 𝑘 𝜖{1, … ,10} 𝑒𝑡 𝑗 ≠ 𝑘

contre l’hypothèse alternative 𝐻𝑎: 𝛽𝑗≠ 0 𝑜𝑢 𝛽𝑘 ≠ 0.

Les résultats du test donnent une p-value =0, nous rejetons donc l’hypothèse nulle et nous concluons que l’écart de productivité entre les francophones et les anglophones lorsque la région d’exercice est

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fixe est statistiquement significatif à tous les seuils standards de significativité. Le revenu cumulé le long de la carrière avec ces variables de contrôle est présenté dans le tableau 13.

Tableau 13 : Productivité le long de la carrière avec contrôle de la langue et de la région Variables Echantillon Variables

global hommes femmes Ecart hommes/femmes Productivité cumulée 9 209 319 9 611 455 8 125 712 1 485 743 (15,46%) Ecart-type (163 989) (185 548) (93 479) (161 054)

Productivité cumulée avec

variables de contrôle 1 027 740 2 162 948 1 389 584 773 374 (35,76%) Ecart-type avec variables

de contrôle (162 516) (184 970) (90 109) (183 875)

La constante peut être interprétée comme le revenu moyen d’un médecin quelconque (quelle que soit son expérience) à la marge intensive. Lorsqu’il y a contrôle de la langue et de la région, le revenu moyen estimé pour un médecin à la marge intensive (tableau 12) passe de 108 393 à -8 524, soit une baisse de 107,9% et le revenu cumulé le long de la carrière (tableau 13) passe de 9 209 319 à 1 027 740 soit une baisse de 88,84%. Ces écarts paraissent assez importants du point de vue économique. Ce caractère prépondérant de la baisse de revenu liée au contrôle de la langue et de la région est corroboré par les profils de productivité de la figure 7. En effet, le profil de productivité sans contrôle de la langue et de la région est nettement au-dessus de celui relatif au contrôle de ces deux variables. Mais le profil en lui-même ne change pas puis que les deux profils de productivité de la figure 8 sont symétriques. Il est donc à retenir que le contrôle de la langue et de la région ne change pas le profil de productivité en lui-même, mais son amplitude ; le profil de productivité des médecins omnipraticiens serait donc insensible à la région d’exercice et à la langue d’origine du médecin. Les profils de productivité selon le genre (figure 8) confirment les résultats précédents. Il est à remarquer que les profils de productivité selon le genre, avec contrôle de la langue et de la région sont presque symétriques à ceux obtenus en absence de contrôle de ces variables. La différence fondamentale réside au niveau de l’amplitude des courbes et de l’écart de revenu entre les hommes et les femmes qui s’accentuent avec les variables de contrôle, passant de 15,45% à 35,76%. Cet écart de revenu plus important en faveur des hommes, en présence des variables de contrôle, confirmerait que l’écart de revenus entre les hommes et les femmes n’est pas lié aux disparités régionales et linguistiques sinon, le contrôle de ces variables devrait faire baisser l’écart.

51 L’écart de productivité entre francophones et anglophones est-il lié à une forte proportion de femmes dans le groupe des anglophones?

L’écart de productivité en faveur des francophones est un résultat discordant par rapport aux prédictions de Dumont et al. (2008). Nos résultats précédents montrent aussi que les femmes ont une productivité relativement plus faible que les hommes. La question est de savoir si l’écart de productivité en faveur des francophones n’a pas été influencé par une forte proportion d’hommes (en moyenne plus productifs que les femmes) dans le groupe des francophones. Les statistiques descriptives sur la base de données circonscrite aux observations pour lesquelles la région est renseignée sont éditées dans le tableau 14.

Tableau 14 : Statistiques descriptives selon la langue et le sexe Langue hommes Sexe femmes Total Francophones 7 185 (65,35%) 3 810 (34,65%) 10 995 Anglophones 1 086 (73,58%) 390 (26,42%) 1 476

Total 8 271 4 200 12 471

Le tableau 14 montre que la proportion des femmes est plus élevée dans le groupe des francophones que dans celui des anglophones (34,65% contre 26,42%) ; donc l’écart de productivité entre les francophones et les anglophones n’est pas dû à une différence de proportion des femmes. L’étude de Dumont et al. (2008) a porté sur les médecins spécialistes et donne un résultat relatif à la motivation au travail des médecins, contraire à celui de notre étude. Nous pouvons en déduire que le comportement d’offre de travail des médecins spécialistes n’est pas le même que celui des omnipraticiens. Une étude sur le profil de revenus des médecins spécialistes permettra de disposer des éléments d’analyse plus approfondis sur le comportement d’offre de travail des médecins spécialistes.

En résumé, il existerait un écart de productivité en faveur des francophones, entre les omnipraticiens francophones et anglophones lorsque la région d’exercice est fixe. Le profil de revenu des médecins omnipraticiens ne parait pas affecté avec le contrôle de la région d’exercice des médecins et de leur langue d’origine, mais change sensiblement d’amplitude. La littérature sur la productivité nous révèle une différenciation de la productivité par employé selon l’environnement du travail (Belorgey et al., 2004). Dans la littérature sur l’économie de la santé, la densité médicale (nombre de médecins per capita), le taux d’accès aux soins de santé sont identifiés comme déterminant de la production des

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médecins (Croxson et al., 2001). Comme ces indicateurs peuvent varier selon la localité géographique, la région de la pratique médicale pouvait donc avoir une influence sur la production des médecins. Mais nos résultats montrent que les profils de productivité ne changent pas avec le contrôle de la langue et de la région et confirmeraient l’effet prépondérant de l’expérience professionnelle sur la productivité des omnipraticiens. Du point de vue de nos résultats, nous pouvons aussi dire que dans la province de Québec, les disparités régionales qui peuvent exister selon l’accès aux soins de santé ou selon la densité médicale ont un effet moyen significatif du point de vue économique, mais n’affecte pas le comportement d’offre de travail des médecins.

53 Figure 8: Profils de productivité selon le genre avec ou sans contrôle de la langue et de la région

0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 140 000 160 000 180 000 0 2 4 6 8 10 Pro d u ctiv ité Expérience professionnelle

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