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Matrices ` a Signes Alternants et le mod` ele ` a 6 vertex

F.2.7 Des int´egrales de contour

Dans ce travail on a pr´ef´er´e utiliser une autre m´ethode. Soit a = {a1, . . . , an}, o`u ai ≥

ai−1 pour tous n ≥ i > 1, an≤ 2n et a1 ≥ 1.

On introduit l’int´egrale de contour :

Φa(y1, . . . , y2n) = 2n Y i<j (qyi− q−1yj) I . . . I Y i dwi 2πi Qn j>i(wj− wi)(qwi− q −1w j) Q j≤ai(wi− yj) Q j>ai(qwi− q −1w j) (F.4)

o`u l’int´egration est faite autour des pˆoles wj = yi mais pas des pˆoles wj = q−2yi.

On prouve dans la section1.6que ces quantit´es Φa(y1, . . . , y2n) engendrent le mˆeme

espace vectoriel que les polynˆomes Ψπ. En fait il existe un changement triangulaire (et

inversible) de bases :

Φa(y1, . . . , y2n) =

X

πa

Ca,πΨπ(y1, . . . , y2n).

F.2.8 La limite homog`ene

Quand on a yi = 1 pour tout i, les ´equations se simplifient. Utilisant la transformation

de variables :

ui =

wi− 1

qwi− q−1

on obtient facilement la formule : φa= I . . . I Y i dui 2πiuai i Y j>i (uj − ui)(1 + τ uj+ uiuj)

On peut maintenant calculer le vecteur ψ. Malheureusement ces int´egrales sont encore trop difficiles et la transformation de bases Ca,π est compliqu´ee.

F.3

Matrices `a Signes Alternants et le mod`ele `a 6 vertex

Dans cette section on introduit trois mod`eles, les Matrices `a Signes Alternants (ASM), le 6-vertex et les boucles compactes (FPL - Fully Packed Loops). Tous ces mod`eles sont en bijection (voir chapitre 3). On calcule la fonction de partition du mod`ele `a 6 vertex qui nous permettra de compter, par exemple, les ASM. Dans la derni`ere sous-section on pr´esente le th´eor`eme de Razumov–Stroganov.

F.3.1 Matrices `a Signes Alternants

Une Matrice `a Signes Alternants est une matrice carr´ee compos´ee uniquement de 0 et de ±1, de mani`ere `a ce que si l’on ignore les 0, les 1 et les −1 alternent sur chaque ligne ou chaque colonne, et que chaque ligne (et colonne) d´ebute et termine par un 1. Voyons les 7 exemples du cas n = 3 :

0 0 1 0 1 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 1 0 1 0 0 1 0 1 -1 1 0 1 0 0 1 0 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 1 0 0 0 1

Le nombre de matrices de taille n × n est donn´e par la formule : An= n−1 Y j=0 (3j + 1)! (n + j)! = 1, 2, 7, 42, 429, . . . (F.5)

Cette expression fut prouv´ee par Zeilberger [80]. Mais c’est la preuve trouv´e par Kuper- berg [44] qui nous int´eresse, celle-ci utilise un autre mod`ele, le 6-vertex.

F.3.2 Mod`ele `a 6 vertex

Prenons un r´eseau carr´e de taille n × n. `A chaque arˆete on associe une orientation (une fl`eche) telle que chaque sommet a deux fl`eches entrantes et deux fl`eches sortantes. Il n’y a donc que 6 configurations possibles pour un vertex (d’o`u le nom du mod`ele). Ici, on impose que toutes les fl`eches dans les bords gauche et droit soient entrantes et celles au-dessus et en dessous soient entrantes. On peut prouver qu’il y a une bijection entre les configurations de ce mod`ele et les ASM. Voyons les sept configurations de taille n = 3 :

F.3.3 La fonction de partition

On donne `a chaque vertex un poids :

| {z }

qz−q−1w | z−w{z } |(q−1−q){z√zw}

o`u w (resp. z) caract´erise les colonnes (resp. les lignes). On utilise {yn+1, . . . , y2n} (resp.

{y1, . . . , yn}) pour chaque colonne (resp. ligne). q est un param`etre global qui vaut,

normalement, e2πi/3.

La fonction de partition est d´efinie par : Zn= (−1)( n 2)(q−1− q)−n 2n Y i=1 yi−1/2 X configurations n Y i,j wi,j

F.3. MATRICES `A SIGNES ALTERNANTS ET LE MOD `ELE `A 6 VERTEX 143 o`u wi,j est le poids de la configuration de chaque sommet.

Le point int´eressant est que ce mod`ele est aussi int´egrable, dans le sens que l’on peut aussi construire une matrice R, similaire `a celle du mod`ele CPL (dans la section F.2), qui ob´eit aussi `a l’´equation de Yang–Baxter. Cela nous permet de d´ecouvrir plusieurs propri´et´es de la fonction de partition :

• la fonction de partition est un polynˆome homog`ene dans les variables {y1, . . . , y2n} ;

• le degr´e total est δ = n(n − 1) et le degr´e partiel est δi = n − 1 ;

• la fonction de partition est un polynˆome sym´etrique dans les ensembles {y1, . . . , yn}

et {yn+1, . . . , y2n} ;

• la fonction de partition ob´eit `a la relation de r´ecurrence suivante : Zn(y1, . . . , yn, yn+1= q2y1, . . . , y2n) = (−1)n−1 n Y i=2 (y1− yn+i)(yi− yn+1)Zn−1(y2. . . , yn−1, yn+1, . . . , y2n); (F.6)

• si q = e2πi/3, la fonction de partition est un polynˆome sym´etrique en {y

1, . . . , y2n}.

Ces propri´et´es permirent `a Izergin de calculer la fonction de partition : Zn(y1, . . . , y2n) =

Qn

i,j(yi− yn+j)(qyi− q−1yn+j)

Qn

i<jQ(yi− yj)(yn+i− yn+j)

× det 1≤i,j≤n 1 (yi− yn+j)(qyi− q−1yn+j)

pour q g´en´eral.

Pour q = e2πi/3, cette formule se simplifie. En fait on obtient une fonction de Schur :

Zn(y1, . . . , yn, yn+1, . . . , y2n) = sYn(q

−1y

1, . . . , q−1yn, qyn+1, . . . , y2n). (F.7)

Pour prouver ces deux formules il suffit de prouver qu’elles ont toutes les propri´et´es cit´ees ci-dessus.

Un exemple d’application de cette formule est le calcul du nombre d’ASM. Si l’on fixe tous les poids yi `a la valeur q pour 1 ≤ i ≤ n et yi = q−1 pour n < i ≤ 2n, on

obtient que la fonction de partition est d’un cˆot´e un multiple du nombre de Matrices `

a Signes Alternants, et de l’autre qu’elle est ´egal `a la fonction de Schur sYn(1, . . . , 1).

Apr`es quelques calculs pas tr`es difficiles on obtient le r´esultat d´esir´e.

F.3.4 Boucles compactes

Il y a plusieurs mod`eles qui sont en bijection avec les ASM. Par exemple, le mod`ele de glace carr´e, certains mod`eles de chemins, ... Celui qui nous int´eresse particuli`erement est le mod`ele `a boucles compactes (FPL - Fully Packed Loops).

Prenons un r´eseau carr´e n × n. Par chaque sommet il y a un et seulement un chemin qui passe. Donc, ou bien les chemins commencent dans le bord et finissent au bord, au bien ce sont des chemins ferm´es (ils forment des boucles). On consid`ere des conditions de bords typeparois de domaines(DWBC - Domain Wall Boundary Condition). De

toutes les arˆetes qui sont au bord, une sur deux est travers´ee par un chemin, de mani`ere altern´ee. Voyons, par exemple, toutes les sept configurations pour n = 3 :

On a group´e les configurations par leur connectivit´e au bord. L’absence de croisement entre les arches est une cons´equence du fait qu’en chaque sommet passe un seul un chemin.

On d´efinit la quantit´e Aπ comme le nombre de configurations FPL dont la connec-

tivit´e est π. En 1991, Wieland [79] prouva que ces quantit´es sont stables par r´eflexion et par rotation de leur connectivit´e π.

´

Evidemment P

πAπ = An. Remarquez que les connectivit´es correspondent aux mo-

tifs d´efinis dans la sectionF.2. En fait la connexion est encore plus profonde :

Th´eor`eme F.2 (Razumov–Stroganov [65]). Les composantes ψπ de l’´etat fondamental

du mod`eles `a boucles denses, normalis´e de mani`ere `a ce que la composante la plus petite vaille 1, comptent les configurations du mod`ele `a boucles compactes avec connectivit´e π :

ψπ = Aπ

Ce th´eor`eme a ´et´e d´emontr´e par Cantini et Sportiello en 2010 [8].

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