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2.2 Précisions méthodologiques

2.2.2 Matériel

Le tableau 2.3 récapitule les tests menés conjointement aux enregistrements des corpus trans-versal et longitudinal.

Textes pour l’évaluation de la prosodie

Pour ces deux corpus, les enfants ont lu deux textes. Ces deux textes ont été écrits spécialement pour ces études, à partir de la nouvelle "Soupçon" de B. Friot (Histoires Pressées, 2007). Le texte 1 est un texte narratif de 174 mots. Ce texte a été écrit pour permettre d’étudier le phrasé.

Il comporte quatre phrases courtes de sept à neuf mots, comportant une seule proposition, et huit phrases longues de 15 à 17 mots, comportant deux ou trois propositions. Parmi les phrases longues, la moitié contient deux virgules, l’autre moitié ne contient aucun signe de ponctuation.

Les phrases longues, avec et sans ponctuation, ont des fréquences lexicales moyennes équivalentes avec 4,528 occurrences pour un million de mots (SD = 325) pour les phrases avec ponctuation et 4,406 occurrences pour un million de mots (SD = 340) pour les autres. Ces fréquences ont été calculées à partir des données de Manulex (Létéet al., 2004). Cette configuration permet de varier les possibilités de pauses et de mettre en avant l’utilisation de la ponctuation et le respect de la syntaxe dans le schéma des pauses.

Le texte 2 est un dialogue en lien avec le texte précédent pouvant être lu indifféremment avant ou après ce dernier. Il a été écrit pour étudier le développement de l’expressivité et plus

Précisions méthodologiques particulièrement les variations d’intonation. Il contient neuf phrases déclaratives, huit phrases interrogatives et quatre phrases exclamatives. Le choix du dialogue visait à induire l’expressivité.

Il est en effet parfois difficile d’ajouter beaucoup d’expressivité sur les textes narratifs.

La consigne associée à ces deux textes est de les lire à voix haute "comme si tu lisais une histoire à un petit de maternelle". Cette consigne est donnée une fois encore pour encourager l’enfant à lire pour quelqu’un d’autre et non pas vite, comme certains en ont l’habitude, et ainsi induire l’expressivité. Ces deux textes sont présentés en annexe A.

Vitesse de lecture NMCLM

La vitesse de lecture est évaluée à l’aide du test de "La Mouette" tiré de la batterie d’évaluation des troubles du langage Evaléo 6-15 (Maederet al., 2018). Ce test de fluence est initialement destiné au dépistage des troubles d’apprentissage de la lecture. Ce test étant étalonné, il nous permet de vérifier que nos sujets sont bien normo-lecteurs et ne présentent pas de troubles avérés. Il est composé de deux textes appariés en syntaxe et fréquence lexicale. Le premier, intitulé "La Mouette", est un texte signifiant de 450 mots. Le deuxième est un texte non signifiant, comportant exactement la même syntaxe et ou chaque mot a été remplacé par un autre de même classe grammaticale et de même fréquence lexicale. Ce texte est donc syntaxiquement correct mais sémantiquement absurde.

Lors de ce test, les enfants lisent d’abord le texte non signifiant. La consigne est de lire pendant deux minutes en essayant d’aller le plus loin possible dans le texte. Les enfants sont prévenus que ce texte n’a aucun sens et qu’il ne faut pas chercher à comprendre quelque chose, juste lire les mots qui sont écrits. Cet avertissement évite que les enfants, ne comprenant pas, bloquent et arrêtent de lire. Pendant la lecture, l’expérimentateur note les omissions et les erreurs de lecture. Quand un enfant répète un mot, il est compté comme correct si sa dernière répétition est correcte. Au bout de deux minutes, l’expérimentateur note le dernier mot lu. Les enfants lisent ensuite le texte signifiant selon le même protocole. Ils sont prévenus en amont que ce deuxième texte raconte une histoire. Ce test permet de calculer pour chacun des textes, signifiant et non signifiant, le nombre de mots lus, le nombre d’omissions, le nombre de mots correctement lus et le pourcentage de mots correctement lus. Ce test permet donc d’obtenir un score d’automaticité, via la vitesse de lecture, et de précision, via le pourcentage de mots lus, pour un texte signifiant et un texte non signifiant.

Vocabulaire

Le test de vocabulaire utilisé est un questionnaire à choix multiples provenant de l’étude OR-THOLEARN (Reilhacet al., 2018). Ce test comprend 30 items de difficulté croissante. Pour chaque item, un mot de référence est proposé accompagné de cinq propositions. Les enfants doivent choisir le mot ayant le même sens que le mot référence. Le synonyme est présenté parmi les cinq proposi-tions au côté de quatre distracteurs : phonologique, sémantique, mot ayant un lien de classe et un n’ayant aucun lien avec le mot référence. La réponse correcte rapporte un point, le mot ayant un lien de classe un demi point. Ce test est réalisé en passation collective en classe. Après la passation des consignes en groupe, deux exemples sont réalisés en commun. Chaque item (mot référence et propositions) est lu à haute voix par l’examinateur, pour éviter les erreurs de lecture. Les enfants ont ensuite cinq secondes pour cocher leur réponse. Ils avancent donc tous au même rythme et n’ont pas la possibilité de revenir en arrière. Ce test est présenté en Annexe B.

Chapitre 2. Partie expérimentale Raisonnement non-verbal

Le raisonnement non-verbal est mesuré avec le test des matrices de RAVEN (Raven et al., 2003). Ce test est composé de cinq séries de douze items, chaque série est ordonnée par difficulté croissante. Les cinq séries sont également de difficulté croissante. Pour chaque item une matrice à trou est présentée avec six à huit propositions pour la compléter. Les enfants doivent reporter sur la feuille réponse le numéro de la proposition pouvant compléter la matrice. Ce test est réalisé en passation collective en classe, chaque élève est doté d’un porte-vue contenant la totalité des items.

Les consignes sont données en groupe, deux exemples sont faits en commun. Ensuite les enfants réalisent seuls, à leur rythme, la totalité du test. Les élèves de primaire disposent d’un temps illimité pour réaliser l’ensemble de la tâche. En pratique la passation dure de 30 à 40 minutes suivant les niveaux. A partir de la 6e, le temps est limité à 20 min afin d’être dans les conditions de l’étalonnage.

Compréhension orale

Pour le corpus transversal, le test de compréhension orale est le test "Sacré Nestor" (Crunelle et al., 2000), étalonné chez les enfants de 7 à 11 ans pour diagnostiquer d’éventuels problèmes de compréhension verbale. Le test est composé d’une histoire sous forme d’enregistrement audio et de douze questions ouvertes sur cette histoire. La passation a lieu collectivement, en classe, avec réponses écrites aux questions. Les enfants sont informés qu’ils vont entendre une histoire une fois et devront ensuite répondre à des questions sur cette histoire. Ils écoutent ensuite l’enregistrement de l’histoire de Nestor. L’enregistrement dure quatre minutes. Les questions sont ensuite lues par l’examinateur et les enfants y répondent individuellement, par écrit, au fur et à mesure de leur lecture. Ceci afin d’éviter toutes erreurs de lecture dans les questions. On comptabilise ensuite le nombre de réponses correctes.

Pour le temps 2 du corpus longitudinal, le test de compréhension orale de texte de la batterie Evaleo 6-15 a été utilisé (Maederet al., 2018). Dans ce test, les enfants entendent l’enregistrement d’un paragraphe court (environ une minute) à deux reprises. Ils doivent ensuite répondre à l’écrit à six questions ouvertes puis numéroter six phrases en ordre chronologique. Les consignes et le protocoles sont les mêmes que précédemment. Le score est comptabilisé sur 12, avec un point par réponse correcte aux questions et un point par phrase correctement placée dans l’ordre chronologique.

Compréhension écrite

La compréhension écrite a été mesurée à différents niveaux. La première mesure est une mesure traditionnelle de compréhension de texte. Elle se compose d’un texte avec des questions littérales et d’inférence. Il s’agit plutôt d’une mesure de compréhension globale du texte. La deuxième mesure est une mesure plus locale. Il s’agit d’un texte à trou avec des propositions. Finalement, en utilisant les scores au test de vitesse, il est possible d’évaluer l’apport de la compréhension à la vitesse de lecture. Nous appelons ce score la compréhension en ligne.

Précisions méthodologiques Compréhension globale Les tests de compréhension écrite globale se composent d’un texte narratif de difficulté correspondant au niveau scolaire des sujets et de dix questions littérales et d’inférences. Trois textes ont été utilisés pour le corpus transversal : "Buddha" (CE1/CE2),

"Le monde d’en haut" (CM1/CM2) et "Dick Sand" (6e/5e). Les CE1 ont travaillé sur un texte supplémentaire (Le Pêcheur). Ce texte plus court et sans inférence leur a été proposé en premier pour prendre en compte les lecteurs en difficulté qui pourraient abandonner face à un texte trop long. Tous ces textes sont issus de l’étude LONGIT (Bressouxet al., 2016) et sont joints en annexe C. La passation collective s’est déroulée en classe. La consigne était de lire le texte et de répondre aux questions en essayant d’être précis. Les enfants pouvaient revenir autant que nécessaire au texte pour répondre aux questions. Le temps de passation était limité à 25 min, ce qui était suffisant pour que tous les enfants finissent. Le score correspond au nombre de réponses correctes.

Pour le corpus longitudinal, deux textes étaient proposés à chaque temps de mesure. En CE2, les enfants ont travaillé de nouveau sur Buddha, déjà fait en CE1, et sur "Les 7 corbeaux". En CM1, les enfants ont de nouveau travaillé sur "Les 7 corbeaux" et sur "Destin croisés". Ces deux derniers textes proviennent également de l’étude LONGIT (Bressoux et al., 2016). Le protocole était le même que pour le corpus transversal. Tout le matériel est présenté en annexe??.

Compréhension locale La compréhension locale est mesurée en utilisant un "Maze test". Ce type de test, peu utilisé en français, est largement utilisé dans les pays anglophones pour mesurer la compréhension écrite (Hospet al., 2016). Il s’agit d’un texte labyrinthe. Tous les sept mots, un mot est remplacé par trois propositions : le mot attendu, un distracteur syntaxique et un distracteur sémantique. L’enfant doit lire le texte en entourant au fur et à mesure les mots attendus à chaque fois que plusieurs solutions sont proposées. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir compris le sens général du texte pour réussir ce test. Une compréhension locale au niveau de la phrase ou de quelques phrases à la suite, permet de répondre correctement.

Les tests utilisés ici ont été créés pour ces études à partir de textes de littérature jeunesse. Les textes originaux ont été modifiés pour avoir une variété grammaticale dans les choix multiples.

Ils sont présentés en annexe C. Le test est réalisé en passation collective en classe. Deux phrases exemples sont corrigées en grand groupe pour vérifier que tout le monde a compris la consigne, puis les enfants réalisent le test seul. Le temps de passation est limité à 20 min, ce qui était suffisant à tous les enfants pour finir le test. Le score obtenu correspond au nombre de réponses obtenues.

Compréhension en-ligne Nous avons utilisé un score de compréhension en-ligne. Ce score est calculé en faisant la différence entre le nombre de mots correctement lus entre les textes signifiant et non-signifiant utilisés pour mesurer la vitesse de lecture (Maederet al., 2018). En effet, cette différence est un bon indicateur de la façon dont les enfants s’appuient sur leur compréhension du texte pour anticiper la suite et ainsi lire plus rapidement. Il faut cependant noter que dans certains cas, cette différence peut-être négative : ces enfants lisent plus lentement quand ils comprennent.

Cela peut s’expliquer par une différence de stratégie. Ce sont souvent des lecteurs moyens qui veillent à bien comprendre ce qu’ils lisent et prennent donc le temps de bien comprendre le texte signifiant et de se corriger si besoin, alors qu’ils lisent le texte non-signifiant sans se poser de question ou essayer de se corriger en cas d’erreurs.

Chapitre 2. Partie expérimentale

Figure2.1 – Organisation matérielle des passations individuelles