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Le marché du travail

3. FACTEURS AFFECTANT LA PARTICIPATION DES PAUVRES A LA

3.3. Le marché du travail

En dehors du secteur rural (76 % de l’emploi en 1997), l’emploi reste concentré dans le secteur informel (23 % en 1997). L’emploi dans les secteurs public et moderne reste tout à fait marginal, comme le montre l’enquête effectuée à Bamako en 2001-2002 dans le cadre du programme PARSTAT : l’emploi informel représentait 77,5 % des emplois à Bamako, contre 7,5 % pour l’administration publique, 2,5 % pour les entreprises publiques, 11,4 % pour les entreprises privées formelles, et 1,1 % pour les associations (Brilleau et alii, 2004). La différence de revenus entre le secteur informel et les autres secteurs est de l’ordre de 1 à 3 entre le secteur informel et les secteurs public et privé formel ; comme le montre le tableau 15 tiré de l’enquête PARSTAT.

Tableau 15

: Revenu moyen mensuel à Bamako (emploi principal) 2001-2002 (Fcfa)

Secteur public Secteur privé formel Secteur informel

Cadres, patrons, dirigeants 119.600 157.600 77.000

Employés, ouvriers 62.700 52.400 39.500

Manœuvres et autres 35.300 27.300 11.100

Travailleurs à leur propre compte 40.200

Moyenne Adm publ : 89.400

Entr publ : 140.200

92.600 37.500

Le contenu de la croissance en emplois est resté faible, surtout dans des secteurs dynamiques comme l’extraction aurifère qui sont très intensifs en capital. L’emploi dans le secteur moderne a augmenté lentement entre 1994 et 1999 (malgré les licenciements liés aux politiques d’ajustement structurel et le blocage des recrutements dans la fonction publique), mais n’est pas suffisant pour contribuer à la lutte contre la pauvreté. En particulier, la faible création d’emplois pour les jeunes diplômés réduit le retour sur les investissements en capital humain

La faible croissance de l’emploi pourrait expliquer en partie la faible réduction de la pauvreté. Cependant, les données sur l'emploi sont rares, et il est impossible de tester correctement cette hypothèse. Pendant la période d'ajustement structurel, des fonctionnaires et des employés du secteur public ont été licenciés ou incités à partir. 645 fonctionnaires sont volontairement partis pendant la période 1987-89, et 5.760 pendant la période 1991-94 (militaires inclus).

Ces licenciements ont provoqué et continuent de provoquer des réactions hostiles de la société civile. Pourtant, en même temps, des emplois ont été crées. Le recrutement dans le secteur de la fonction publique a été limité à 250 par an (Petersen et van der Hoeven, 2000, p. 24), mais depuis 1991, le gouvernement a proposé des contrats précaires dans l’éducation nationale ("vacariat"). Les partenaires extérieurs et l'AGETIPE ont également créé des emplois. L'emploi dans le secteur formel a augmenté lentement (de 32 219 en 1995 à 36 489 en 1996, 37 954 en 1997, 38.860 en 1998 et 39.500 de 1999, selon Petersen et van der Hoeven, 2000, p. 24)15 - en conformité avec la croissance du PIB.

Cependant, comme l'emploi rural et informel dominent très largement (voir le tableau 16), l'augmentation de l'emploi formel n'a pas un impact très important sur la réduction de la pauvreté. D’une manière générale, l'élasticité de l'emploi par rapport au PIB peut donner une bonne indication de l'impact de la croissance sur l'emploi, et ainsi sur la réduction de la pauvreté. Pourtant, même si cette élasticité était très forte, la création d’emplois peu productifs et mal rémunérés ne peut être considéré comme une priorité.

Tableau 16

: L'emploi au Mali (1997)

Hommes % Femmes % Total %

Rural 2.187.443 79,9% 1.782.978 71,7% 3.970.421 76,0%

Informel 485.914 17,7% 690.150 27,7% 1.176.064 22,5%

Fonction publique 32.824 1,2% 9.259 0,4% 42.083 0,8%

Privé moderne 31.432 1,1% 5.057 0,2% 36.489 0,7%

Total 2.737.613 100,0% 2.487.444 100,0% 5.225.057 100,0%

Source : Observatoire de l’Emploi et de la Formation

Les politiques d'ajustement structurel ont identifié le manque de flexibilité du marché du travail comme un obstacle important à la création d'emplois. Ceci semble peu pertinent puisque le secteur moderne représente une très petite partie d'emploi total, et que le secteur informel se caractérise par une flexibilité presque totale.

La réduction des créations d'emplois dans le secteur public et les licenciements dans les entreprises publiques ont eu comme conséquence de limiter les possibilités d'emploi pour les jeunes instruits. Il y a peu d’emplois pour eux dans le secteur moderne, et les chômeurs n'ont aucun accès au crédit pour créer de nouvelles activités. Il y a eu en conséquence un gaspillage de capital humain, et beaucoup de personnes instruites se sont découragées (Traore 1999, p. 95). Beaucoup de parents partagent l'opinion que l'enseignement secondaire et supérieur sont inutiles car il est difficile de trouver des emplois. Le rendement anticipé de l'éducation secondaire et supérieur est très bas. Le manque des travaux qualifiés formels et de crédit pour créer de nouvelles entreprises réduit le rôle de l'éducation comme moteur de mobilité sociale au Mali, et pousse les jeunes diplômés à émigrer. Toutefois, une analyse récente des rendements de l’éducation en Afrique de l’Ouest (Kuepie, Nordman & Roubaud 2006) montre que les rendements de l’éducation sont positifs à Bamako, y compris dans le secteur informel. Cette étude

conclut (p.9) : « Ainsi, alors que les théories classiques supposent des rendements marginaux constants ou concaves, ce qui assurerait une rentabilité immédiate et élevée dès les premières années de la scolarité, les données des enquêtes 1-2-3 ont permis de mettre au jour des rendements de l’éducation convexes dans les grandes villes d’Afrique de l’Ouest. Ce résultat signifie que stimuler l’accès à l’éducation primaire ne s’avérerait efficace pour la réduction de la pauvreté qu’à la condition que les individus touchés par ce type d’incitation puissent poursuivre leurs études afin de profiter pleinement des rendements marginaux élevés associés aux études longues. ».

Le gouvernement a adopté des politiques spécifiques pour favoriser la croissance économique et la création d'emplois pour les pauvres. Ceci a eu en particulier comme conséquence l'adoption en février 1999 d'un schéma directeur pour une politique globale de l'emploi au Mali. Ce schéma directeur prône en particulier la généralisation de la méthode HIMO (haute intensité de main d’œuvre) appliquée jusqu'ici dans le cadre des interventions de l'AGETIPE.

La création d'emplois pour les pauvres peut être accrue par l'exécution de plans d'investissement dans les zones défavorisées, et par l'adoption du principe du recours prioritaire aux ressources locales pour leur exécution.

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