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A.3 P ATRIMOINE NATUREL

A.3.4 Habitats naturels, flore et faune

A.3.4.11 Mammifères

24 espèces de mammifères (soit plus de la moitié des espèces inventoriées en Camargue et environ un quart des 108 espèces françaises) sont présentes de façon avérée (observées ou capturées) au cours de la dernière décennie sur le territoire de la RNN de Camargue (cf. tableau 17).

Outre les observations ponctuelles réalisées par le personnel de la réserve et les naturalistes qui nous fournissent leurs observations, des pièges photos sont dorénavant régulièrement installés et contribuent à l'enrichissement de la base de données, en particulier concernant les espèces nocturnes (mustélidés, sangliers…). Le suivi des populations de lapins est réalisé annuellement depuis 1987. Des échantillonnages de micromammifères sont également réalisés par piégeage standardisé. Enfin, dans le cadre du PNA en faveur de la Loutre d'Europe, nous participons depuis trois ans aux prospections organisées à l'échelle de la région PACA sur le territoire de la Réserve.

D'importantes lacunes subsistent cependant dans la connaissance de deux « groupes » : les Chiroptères - pour lesquels il apparaît indispensable de mettre en place des inventaires plus complets et exhaustifs, concernant des espèces dont certaines présentent un statut de conservation défavorable voire critique et un enjeu de conservation potentiellement important – et les micromammifères (musaraignes et petits rongeurs). Concernant ces derniers, le piégeage standardisé s'avère assez peu adapté aux milieux camarguais. Il sera donc nécessaire, pour une meilleure connaissance de ces espèces, de privilégier et d'intensifier la récolte et l'analyse de pelotes de réjection.

Photo 32 : Fouine observée par piège photo © SNPN-RNNC

Espèce Nom vernaculaire Protection Statut

Erinaceus europaeus Hérisson d'Europe Nationale Oui Accidentelle /

Crocidura russula Crocidure musette Oui Régulière ? /

Crocidura suaveolens Crocidure des jardins NT Oui Régulière ? /

Suncus etruscus Pachyure étrusque Oui Régulière /

Talpa europaea Taupe d'Europe Oui Accidentelle /

Rhinolophus ferrumequinum Grand rhinolophe Nationale II, IV NT NT NT Dét. Non Occasionnelle ? Moyenne

Pipistrellus pipistrellus Pipistrelle commune Nationale IV Oui Régulière Faible

Pipistrellus pygmaeus Pipistrelle pygmée Nationale IV Oui Régulière Faible

Pipistrellus nathusii Pipistrelle de Nathusius Nationale IV NT Rem. Oui Régulière ? Faible

Vulpes vulpes Renard roux Oui Régulière /

Lutra lutra Loutre d'Europe Nationale II, IV NT NT NT NT Dét. Oui Accidentelle Faible

Martes foina Fouine Oui Régulière /

Mustela nivalis Belette d'Europe Oui Régulière /

Putorius putorius Putois d'Europe Oui Accidentelle /

Meles meles Blaireau européen Oui Régulière ? /

Genetta genetta Genette commune Nationale Rem. Oui Régulière Faible

Sus scrofa Sanglier Oui Régulière /

Sciurus vulgaris Ecureuil roux Nationale Oui Régulière /

Arvicola sapidus Campagnol amphibie VU VU VU NT Oui Occasionnelle ? Faible

Apodemus sylvaticus Mulot sylvestre Oui Régulière /

Rattus rattus Rat noir Oui Occasionnelle /

Mus musculus Souris grise Oui Régulière /

Myocastor coypus Ragondin II Oui Régulière /

Oryctolagus cuniculus Lapin de garenne NT NT NT NT Oui Occasionnelle Faible

La Loutre d'Europe (Lutra lutra), autrefois commune en Camargue, en a disparu au début des années 1980. Des observations ponctuelles durant ces dernières années laissent penser à la présence d'individus erratiques issus de recolonisation naturelle (Poitevin et al., 2010).

Sur la réserve, quelques contacts visuels fugaces mais presque certains ont eu lieu sur le secteur d'Amphise dans la dernière décennie. Les prospections réalisées dans le cadre du PNA concernant l'espèce sont à ce jour restées infructueuses. En revanche, des indices de présence ont été relevés très récemment au Vigueirat, en ripisylve du Grand Rhône ou encore sur le secteur de Beauduc (Olivier, comm. pers.). Le retour de la loutre en Camargue, s'inscrivant dans la forte dynamique de recolonisation du Rhône et de ses affluents observée ces dernières années, semble pouvoir être proche.

On peut par ailleurs s'interroger sur la pérennité de cet hypothétique retour car, si la situation semble favorable en termes d'habitats, de protection et de nourriture disponible, la forte contamination des poissons de Camargue par divers polluants (Oliveira Ribeiro et al., 2008 ; Roche et al., 2002b, 2003c…) est inquiétante et interroge sur la viabilité d'une population de loutres exposée à de telles concentrations en contaminants. L'espèce est considérée comme "Quasi-menacée" à l'échelon français et européen.

La situation sur la réserve (comme sur l'ensemble de la Camargue) est à suivre avec vigilance, dans le cadre de la gestion de la réserve comme dans un cadre plus vaste (PNA…).

23 espèces de chiroptères ont été inventoriées en Camargue, dont six au moins sont considérées comme communes. Sur la réserve, trois espèces ont été observées de façon certaine au cours de la dernière décennie. La pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) est régulière autour des mas (Capelière et Salin de Badon). Deux autres espèces de Pipistrelle y sont très probablement régulières également (P. nathusii et P. pygmaeus), le statut de la pipistrelle de Kuhl (P. kuhlii) étant plus incertain.

Quant au Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), la dernière observation certaine sur la réserve de Camargue date du début des années 2000. Toutes les espèces sont protégées par la loi, et nombre d'entre-elles figurent en annexes II et/ou IV de la Directive Habitats et (ou) ont un statut de conservation considéré comme défavorable au niveau international. En Camargue, quatre colonies mixtes de Grand Rhinolophe et de Murin à oreilles échancrées, colonies d'importance régionale, ont été découvertes (travaux du Groupe Chiroptères de Provence). Les deux espèces, toujours d'après ces travaux, semblent utiliser de façon régulière le territoire de la réserve de Camargue comme sites de chasse. L'ensemble de ces éléments nous mène à envisager dans le cadre de ce plan de gestion la mise en place d'inventaires plus complets et plus exhaustifs des Chiroptères présents sur la réserve, inventaires (puis suivis ?) nécessitant des techniques particulières (écho-location, captures ?), mais qu'il est important de mener à bien, tout particulièrement concernant des espèces comme le Grand Rhinolophe, dont le statut de conservation est considéré défavorable en France et en Europe.

Considéré comme commun voire très commun jusqu'au début des années 1980 en Camargue, le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) est rarement observé ces dernières années. Ses populations semblent, en Camargue, être de petite taille, mais sa situation est mal connue, même s'il semble rare à très rare de nos jours. Espèce considérée comme "Quasi-menacée" en France, et

"Vulnérable" au niveau international, elle représente un enjeu de conservation important. Des observations récentes (2009 à la Capelière, 2012 à Salin de Badon et identification dans des fécès de Genette la même année, également à Salin de Badon) sur la réserve de Camargue, nous incitent à la vigilance et au renforcement de la pression d'observation (indices de présence, analyses de crottes de carnivores ou de pelotes de réjection) sur la réserve dans les années à venir concernant cette espèce à

Le Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), autrefois abondant voire surabondant dans le delta, subit une très forte régression récente partout en Camargue, comme ailleurs en Europe. Après un premier effondrement dû à l'apparition de la myxomatose en 1953, les populations de lapins s'étaient reconstituées entre 1960 et les années 1980, l'espèce redevenant alors très commune. Les prélèvements de chasse et les dénombrements réalisés sur les espaces protégés montrent ensuite une nouvelle chute, brutale et radicale, des effectifs. C'est très probablement majoritairement (mais non exclusivement) l'arrivée de la "VHD" (Viral Hemorrhagic Disease, dont le premier cas avéré en nature en France a été découvert en 1989 sur la réserve de Camargue), qui est responsable de cet effondrement spectaculaire des populations de lapins.

Sur le territoire de la réserve nationale de Camargue, l'évolution est identique à celle décrite pour l'ensemble du delta. Sur le secteur d'Amphise par exemple, historiquement l'un des secteurs les plus

"riches" en lapins de la réserve, l'effondrement des populations est spectaculaire. On passe d'un "indice kilométrique d'abondance" (IKA) de plus de 150 lapins au kilomètre (du milieu des années 90 au milieu des années 2000) à un effondrement total et très brutal à la fin des années 2000 (dénombrements au phare) (cf. figure 19). Depuis 2009, aucun lapin n'est plus dénombré sur ce secteur.

Figure 19 : Evolution du nombre de lapins dénombrés (IKA) sur Amphise de 1988 à 2014 (Source : SNPN-RNNC) Une étude réalisée en 1999 (Chabrun, op. cit.) montrait par ailleurs que le Lapin de garenne occupait à cette époque une majorité des sites favorables (montilles, dunes, bois des Rièges) de la réserve. Un site de la réserve porte d'ailleurs le nom historique de "Cassieu", dénomination locale des garennes. Les prospections récentes de nombreuses montilles confirment les données des dénombrements. Le Lapin de garenne semble subsister sur quelques-uns seulement de ces milieux favorables, et en noyaux de

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1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Nombre de lapins dénombrés

Années

Photo 33 : Lapin de garenne

© S. Befeld/SNPN-RNNC

Hors protocole de dénombrement toujours, seules quelques rares observations de lapin ont été réalisées (observation par corps, indices de présence ou piégeage photo) sur Amphise, Salin de Badon, les dunes littorales et la digue à la mer ces cinq dernières années.

La « recolonisation » des espaces favorables à l’espèce semble très hypothétique, dans la mesure où les populations sont maintenant très fragmentées, ne subsistant qu’à l’état de petits noyaux de

« populations » isolées, où la reproduction est aléatoire… ainsi que les possibilités de recrutement (immigration difficile en raison de la distance entre noyaux de populations), et la circulation des anticorps (myxomatose et VHD).

Par ailleurs, les habitats potentiellement favorables à l’espèce régressent du fait même de sa disparition, par embroussaillement et disparition des pelouses rases.

Le Lapin de garenne est une espèce clé des écosystèmes méditerranéens. De récentes études réalisées par des équipes espagnoles le qualifient, à juste titre, d'espèce "clef de voute" (Delibes-Matbos et al., 2008 ; Moreno et al., 2007). C'est entre autres la raison pour laquelle l'espèce est dorénavant classée comme "Quasi-menacée" à tous les échelons, du niveau français au niveau mondial.

La diminution (quasi disparition) des populations de lapins de garenne peut avoir de profondes répercussions sur les écosystèmes terrestres camarguais (et sur ceux de la réserve). Certains effets sont d'ores et déjà manifestes et pourraient s'étendre, d'autres pourraient faire leur apparition : fermeture des milieux ouverts, fragilisation de certains prédateurs (Putois, Aigle de Bonelli…), déclin d'espèces associées (Lézard ocellé), report de la pression de prédation ou de la pression cynégétique sur d'autres espèces…

Dans ce contexte et dans le cadre du plan de gestion de la réserve, au-delà de la poursuite et de l'intensification nécessaires du suivi de l'espèce, des mesures de soutien au renforcement de ces populations (aménagements…) vont probablement devoir être envisagées (sous réserve qu’il subsiste au minimum quelques « noyaux » de colonies viables), si possible dans le cadre d'une réflexion et d'un travail commun avec d'autres gestionnaires d'espaces voisins (Tour du Valat, terrains du Conservatoire du Littoral…).

La présence de la Genette (Genetta genetta) est maintenant bien établie et constatée, avec plusieurs observations par corps ou par piège photo dans le secteur Amphise – Badon et l'entretien régulier d'un crottier dans un observatoire à Salin de Badon.

A.3.5 Espèces exotiques envahissantes

Dans le document 1 Projet plan de gestion section A diagnostic (Page 117-121)