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I- P ARTIE A. N OUVEAUX DEVELOPPEMENTS ET TENDANCES

6. Conséquences sanitaires

6.2. Maladies infectieuses liées à l’usage de drogues

6.2.1. VIH/sida et hépatites virales B et C

Dispositif de surveillance de l’infection à VIH, nouveaux cas de sida

Depuis la mise en place de la notification obligatoire du VIH en 2003, le nombre de découvertes de séropositivité VIH102 est estimé à 67 953 au 31 décembre 2012103, dont 6 372 en 2012 (IC 95 % : [5 974-6 770]). Le nombre annuel de découvertes de séropositivité, après avoir diminué significativement entre 2004 et 2008, s’est stabilisé autour de 6 000.

En 2012, la contamination par usage de drogues par voie injectable ne représente plus que 1,2 % de ces découvertes de séropositivité (77 sur 6 372). Le mode de contamination le plus fréquent est le rapport hétérosexuel (56 % des cas) suivi par les rapports sexuels entre hommes (42 %) (Cazein et al. 2014). Les recommandations (généralisation du dépistage et de sa répétition dans les populations exposées) du plan national de lutte contre le VIH-sida et les IST 2010-2014 (Ministère de la santé et des sports 2010) ont été suivies d’une augmentation modérée de l’activité de dépistage, qui s’est ralentie l’année suivante. En 2008, l’incidence du VIH parmi les usagers de drogues par voie injectable (UDVI) a été estimée à 86 pour 100 000 personnes-années (Le Vu et al. 2010).

Quant au nombre de nouveaux cas de sida chez les UDVI, il est en baisse continue depuis le milieu des années 1990 : s’ils représentaient un quart des personnes diagnostiquées au stade

102 Les personnes ayant découvert leur séropositivité avant 2003 et celles ignorant leur statut sérologique n’apparaissent pas dans ces chiffres. Cependant, la date de la contamination peut être très antérieure à la date de découverte de la séropositivité.

103 Données corrigées pour les délais de déclaration, la sous-déclaration et les valeurs manquantes.

sida à cette époque, ils n’en représentent plus que 5,9 % en 2012 (tableau 6.1) (Cazein et al.

2014).

Tableau 6.1 : Nombre de nouveaux cas de sida au total et chez les usagers de drogues par voie injectable (UDVI) et part des UDVI dans l’ensemble par année de diagnostic, entre 2001 et 2012

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

UDVI 405 333 286 285 221 189 174 160 109 117 118 88

Total nouveaux

cas de sida 2 343 2 361 2 186 2 092 2 053 1 830 1 752 1 757 1 598 1 622 1 546 1 507

Part UDVI (%) 17,3 14,1 13,1 13,6 10,8 10,3 9,9 9,1 6,8 7,2 7,7 5,9

Source : Système de notification obligatoire du VIH/sida (InVS)

Note : Données au 31/12/2012 corrigées des délais de déclaration et de la sous-déclaration

Dispositif de surveillance de l’hépatite B

Le nombre de cas d’hépatites B aiguës déclarés entre 2003 et 2012 s’élève à 1 311, parmi lesquels ont été retrouvés 39 cas (5 % des 881 pour lesquels l’exposition à risque est documentée) en lien avec un usage de drogues. Le nombre annuel de nouveaux cas déclarés a diminué de moitié depuis 2006, passant de 185 à 92 en 2012. Cette diminution pourrait ne pas correspondre à la réalité, compte tenu du faible taux d’exhaustivité de la déclaration, estimé en 2005 à 25 % et entre 9 % et 15 % en 2010 (InVS 2014c).

Enquêtes de prévalence du VIH, VHC et VHB parmi les usagers de drogues

Les dernières données de prévalence reposant sur des prélèvements biologiques datent de 2011 (données Coquelicot). Elles ne sont pas strictement comparables à celles établies en 2004 car l’exercice 2011 a introduit la notion d’agglomération à la place de celle de villes et inclus deux départements. De plus, le recrutement via les médecins généralistes a été abandonné.

Données reposant sur des prélèvements biologiques

En 2011, la prévalence sanguine de l’infection à VIH chez les UD ayant sniffé ou s’étant injectés au moins une fois au cours de la vie est égale à 10 %. Elle est plus importante chez les générations les plus anciennes : seuls 0,6 % (IC 95 % : [0,09-4,3]) des UD de moins de 30 ans sont infectés.

Chez ces usagers sniffeurs et/ou injecteurs, la prévalence sanguine de l’infection à VHC s’élève à 44 %. Chez les moins de 30 ans, la séroprévalence du VHC est de 9 % (IC 95 % : [5-15]) (Jauffret-Roustide et al. 2013).

Marseille se distingue par des séroprévalences du VIH et du VHC élevées, tandis que celles observées à Lille et Bordeaux sont les plus basses (tableau 6.2). Ceci s’explique par une population d’usagers de drogues plus âgée et une « tradition » de l’injection plus importante à Marseille.

Bien que les éditions 2004 et 2011 de Coquelicot ne soient pas strictement comparables, la tendance semble être à la stabilité pour la séroprévalence du VIH et au fléchissement pour celle du VHC (de 60 % à 44 % entre les 2 éditions).

Tableau 6.2 : Estimation de la prévalence des infections à VIH et à VHC sur les prélèvements sanguins parmi les usagers de drogues ayant injecté ou sniffé au moins une fois au cours de la vie dans l’étude Coquelicot selon les agglomérations ou les départements, en 2011

VIH N=1 418

VHC N=1 418

% positif IC 95 % % positif IC 95 %

Bordeaux 4 1-14 24 13-40

Lille 0 28 20-37

Marseille 17 11-25 56 48-63

Paris 10 7-14 44 39-50

Seine-Saint-Denis 18 9-32 52 40-63

Seine-et-Marne 2 0,2-10 32 16-53

Strasbourg 3 0,8-14 47 35-60

Ensemble des sites 10 7-12 44 39-48

Source : Coquelicot 2011 (InVS)

Les données 2011 relatives aux seuls UDVI ne sont pas encore disponibles ; en 2004, parmi cette population, la prévalence sanguine de l’infection à VHC s’élevait à 73,8 % et celle de l’infection à VIH à 11,3 %. Une part importante des usagers (27 %) pensaient à tort être séronégatifs pour le VHC (Jauffret-Roustide et al. 2009).

Données déclaratives

L’enquête ENa-CAARUD, menée pour la quatrième fois en 2012, a permis d’interroger 2 905 usagers vus au cours d’une semaine donnée dans 139 CAARUD. En 2012, la majorité des UD déclare avoir effectué un des tests de dépistage au moins une fois (91,1 % pour celui du VIH et 86,7 % pour le VHC).

Pour le VIH comme pour le VHC, on observe depuis le début des années 2000 un fléchissement de la prévalence déclarée de ces infections chez les usagers de drogues injecteurs (figure 6.1).

Cette évolution peut s’expliquer par différents facteurs : l’impact des mesures de santé publique (notamment de RDR) prises en France ; l’accessibilité plus grande des traitements ; le plus grand accès au dépistage ; et l’évolution des pratiques des usagers de drogues, notamment le recul de l’injection (Brisacier et al. 2013; Cadet-Taïrou 2012; Saïd et al. in press).

Néanmoins, si la prévalence du VIH parmi les usagers de drogues injecteurs se situe très certainement en 2012 autour de 10 %, celle du VHC atteint des niveaux encore très élevés.

Figure 6.1 : Évolution de la prévalence de l’infection par le virus de l’hépatite C chez les usagers de drogues injecteurs en France, entre 1993 et 2012

Sources :

CSST hébergement : usagers de drogues injecteurs en hébergement, prévalence déclarée

DREES : usagers de drogues injecteurs pris en charge en centres de soins spécialisés (CSST), prévalence déclarée RECAP : usagers de drogues injecteurs pris en charge en centres de soins spécialisés (CSAPA), prévalence déclarée TREND/PRELUD : usagers de drogues injecteurs vus dans les structures de bas seuil (CAARUD), prévalence déclarée ENa-CAARUD : usagers de drogues injecteurs vus dans les structures de bas seuil (CAARUD), prévalence déclarée PES : usagers de drogues injecteurs utilisant un PES (programme d’échange de seringues), prévalence déclarée Coquelicot : usagers de drogues injecteurs, données biologiques

TREND/BioPRELUD : usagers de drogues injecteurs vus dans les structures de bas seuil (CAARUD), données biologiques Note : Injecteur signifie ici injecteur au moins une fois au cours de la vie.

6.2.2. Infections sexuellement transmissibles et tuberculose /

6.2.3. Autres maladies infectieuses

Différentes manifestations, en particulier infectieuses, peuvent s’observer en cas d’injection de BHD ou d’autres substances. Le tableau 6.3 présente certaines de ces conséquences parmi les usagers des CAARUD vus en 2006.

Tableau 6.3 : Conséquences de l’injection rapportées par les usagers de structures de première ligne en 2006

Injection durant le dernier mois BHD (n=239) Autre(s) produit(s) (n=232)

Ensemble (n=471)

Difficultés à l’injection 68 % * 56 % 62 %

Abcès cutanés 36 % * 22 % 29 %

Veines bouchées, thrombose, phlébite 46 % * 29 % 38 %

Gonflements des mains ou des avant bras 43 % * 30 % 37 %

Gonflements des pieds ou des jambes 16 % 12 % 14 %

« Poussières » 104 31 % 24 % 27 %

Source : PRELUD 2006 (OFDT)

* différence significative avec un risque d’erreur < 1 % entre les pourcentages parmi les injecteurs de BHD et les injecteurs d’autres produits

6.2.4. Données comportementales

Si la plupart des UD ont intégré la notion de non partage de la seringue, il n’en est pas de même avec le petit matériel. Parmi les injecteurs récents vus dans les CAARUD en 2012, 8,3 % disent ainsi avoir partagé leur seringue au cours du mois précédent, mais un sur cinq (21,6 %) a partagé au moins un élément du petit matériel (tableau 6.4). Par ailleurs, 7,6 % des usagers des CAARUD ayant été incarcérés dans l’année ont déclaré s’être injectés, 38,4 % avoir sniffé et 1,4 % avoir partagé une « seringue »105 durant leur incarcération (Saïd et al. in press).

Tableau 6.4 : Prévalence du partage de matériel d’injection parmi les usagers des CAARUD ayant pratiqué l’injection au cours des 30 derniers jours, en 2012

Hommes N = 1 061

Femmes N = 248

Ensemble N = 1 309

Seringues 7,5 % 11,6 % 8,3 %

Eau de préparation 13,9 % 22,0 % 15,4 %

Eau de rinçage 6,3 % 11,3 % 7,2 %

Cuillères, récipients 13,4 % 22,1 % 15,0 %

Cotons/Filtres 10,3 % 18,9 % 11,9 %

Petit matériel (tout sauf seringues) 19,7 % 29,8 % 21,6 % Au moins un matériel (y compris

seringue) 20,7 % 30,8 % 22,6 %

Source : ENa-CAARUD 2012 (OFDT)

L’enquête Coquelicot 2011 montre que les jeunes UD ont des pratiques d’injection plus fréquentes que les plus âgés, sans toujours bien connaître les techniques de RDR. Parmi les moins de 30 ans, 53 % des UD ont injecté dans le dernier mois contre 33 % chez ceux âgés de plus de 30 ans (Jauffret-Roustide et al. 2013).

104 Une « poussière » est un terme employé par les usagers de drogues pour désigner une poussée fébrile avec malaise, maux de tête et frissons faisant suite à une injection. Son intensité est variable. Il s’agit en général d’une contamination bactérienne sanguine ou septicémie.

105 Étant donné qu’il n’existe pas de programme d’échange de seringues en prison, d’autres objets peuvent être utilisés (comme les stylos) pour l’injection.