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III. La méthodologie

4. La dynamique de la transe

5.4. Maintenir le lien pendant la séance

Durant la transe, les patients restent en lien avec le thérapeute :

« J’étais toujours en connexion avec vous (pendant les séances) toujours en lien et j'ai pas du tout coupé » P17.

De la même façon, le thérapeute maintien le lien avec ce que le patient lui renvoie, car l’apparition d’un sentiment est fugace et doit être saisi dans son instantanéité :

Comme pour P13 (lors de la 2ème séance) qui s’est absorbé en elle-même au moment où nous l’avions invité à revenir,

nous avons alors repris la séance sans ouverture des yeux.

Pendant cette séance qui a duré plus d’une heure, P13 s’est surprise de pouvoir pleurer (cf. Se surprendre : p85), quand bien même elle déclarait :

« J'ai mis un point d'honneur à ne pas pleurer devant quelqu'un et je ne pleurerai pas devant quelqu'un » P13.

Le thérapeute accompagne et soutient les patients dans ce qu’ils vivent :

Comme pour P16 qui a eu la chair de poule, nous l’avons alors accompagné dans ce qu’elle vit dans l’instantanéité avec : ’c’est ça’.

En revanche, il a y eu avec P15 ce qui a été perçu comme une rupture de lien (lors de l’entretien, lorsque le maître de stage nous a appelé) :

« Pour moi dans ce genre d'entretien le téléphone ne doit pas sonner, parce que ça perturbe,

c'est comme si vous êtes pas vraiment avec moi au fait » P15.

Nous verrons par la suite que ce ressenti peut être lié à un mécanisme de défense (cf. Se victimiser : p95).

Le thérapeute doit être attentif à ce qui se passe chez le patient pour pouvoir l’accompagner.

6. Les mécanismes de défense :

6.1. Les manifestations des mécanismes de défense :

Somatiser :

La somatisation survient de manière non volontaire, comme pour P13 qui n’arrive pas à perdre du poids :

« Je veux comprendre pourquoi je prends du poids, ça me tracasse et pourtant je suis de bonne volonté »* P13.

Elle semble être en relation avec un enfouissement des affects, lorsque P13 répond à notre question ‘que faire de ce qui remonte ?’ :

« Les oublier au plus vite les ranger dans le tiroir où ils étaient et refermer le tiroi r, donc ça c'était pour moi vraiment la meilleure chose à faire » P13.

Page | 93 Ces manifestations symptomatiques peuvent se produire lorsque les patients éprouvent intensément les expériences de la vie :

« Moi si je suis malade si j'ai tout ça je pense que parce q ue j'ai eu de gros soucis […] il y a des choses qui m'ont marquées dans ma vie et qui font que ben on est pas bien par rapport

à ÇA » P17.

Ces manifestations expriment quelque chose de l’ordre du sensible :

« J’avais eu une douleur dans le bras et au niveau de la poitrine, c’était par rapport à ÇA […] dû au stress » P4.

« ÇA a été violent (la douleur), alors est-ce que c’est une réaction du corps par rapport au

stress par rapport à des choses qui sortent je sais pas, parce que j’ai rien fait de spécial qui

a pu me donner ce mal au dos » P17.

Les symptômes peuvent également refléter une rupture entre le schéma corporel et le schéma psychique (cf. Les symptômes fonctionnels : p93), le corps exprime quelque chose que la conscience ignore :

« Je n’arrive pas à comprendre d’où ça vient (la douleur) et ça m’agace »*P1.

Et chacun localise (involontairement) son symptôme à sa manière :

« Mais pourquoi (la douleur) dans les fesses, ça ça me dépasse » P1.

La volonté du patient paraît insuffisante pour s’en débarrasser :

« J’accepte pas trop ça (les douleurs) ça me met en rogne quoi, et je comprends toujours pas

pourquoi (en riant) » P1.

Cette dimension affective inconsciente est révélée dans le langage par l’utilisation du « ÇA » (cf. L’utilisation des « ÇA » : p88) :

« ÇA, ÇA me dépasse » P1.

« ÇA me déclenche tous mes symptômes »* P30.

La somatisation apparaît comme un refoulement d’un affect dans la sphère corporelle.  Les symptômes fonctionnels :

Ce type de symptômes reflète l’affect sous-jacent du patient, ils se manifestent lorsque celui-ci est perturbé, notamment l’appétit :

« Moi quand ça va pas dans ma tête ben tous s’écroule [...] j'ai même pas l'appétit » P12. « Je suis pas bien on perd du poids on maigri, on n’a plus envie de vivre enfin on n’a plus la

joie de vivre, voilà » P3.

Et le sommeil :

« Une fois dans mon lit je repensais à tous les problèmes que j'avais, je gagnais pas… j'arrivais pas à avoir un sommeil avant 2 bonnes heures des fois » P5.

« Il suffit que je sois un petit peu contrariée et je fais des heures à ne pas dormir » P8.

Ils ne sont pas accessibles à la volonté :

« J’essayais de me forcer à dormir, mais si je dormais 1 heure ou maxi 2 heures par jour… par jour par nuit quoi c’est que j’avais bien dormi » P4.

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« Je reste dans mon lit pour ne pas… pour attendre le sommeil » P8.

Les symptômes fonctionnels ne sont pas accessibles à l’intervention volontaire. Ils sont liés à un affect sous-jacent.

Se dissocier :

 Mettre à distance sa sensibilité :

Il peut y avoir un décalage entre ce qui est éprouvé et ce qui peut être conçu, il peut s’agir d’un moyen pour ne pas revenir à sa propre expérience personnelle :

Comme pour P22 qui arrive au cabinet en pleurs, avec des lunettes de soleil pendant la consultation :

« Je n’en peux plus de ces gens-là»* P22.

Quand nous lui posons la question ‘qu’est-ce que ça vous fait d’être comme ça ?’, elle répond :

« Moi je vais très bien hein, c’est eux qui ne comprennent rien à l’économie »* P22.

Certains refusent de revenir sur leur passé :

« (Revoir le passé) ça n'apporte rien de bon [...] moi je vais pas revenir sur ma vie hein » P13. « Je pense qu'il y a certaines choses c'est bon d'oublier oui » P15.

Et mettent à distance ce qui est douloureux pour eux :

« Sinon ça amenait à la dépression et ça non […] Qu’est-ce que je protège moi ? de la souffrance, je ne veux pas souffrir oh ça non » P13.

« Pour l’histoire de mon père franchement ouf… j’ai envie de l’oublier, c’est trop profond et

ça m’a fait trop trop de mal » P18.

 Dissocier le soma du psycho-affectif :

De même, un décalage est possible entre ce qui est éprouvé et ce qui est exprimé dans la dimension corporelle, il se manifeste à travers la rationalisation et le besoin de contrôle :

« Je veux comprendre pourquoi je prends du poids » P13.

Sans faire de lien entre leurs symptômes et leur situation d’existence :

« Je me sens seule mon fils me manque, je ne manque à personne mais ça ne me dérange

pas, tout ce que je veux c’est de perdre du poids »* P13.

Certains patients considèrent leur corps comme une entité dissociée d’eux, ou comme un objet matériel indépendant de ce qu’ils peuvent éprouver :

« De toute façon moi c'était pas l'esprit que je voulais changer hein c'était le corps » P13. « J'ai cru que j'acceptais (la maladie de son père) mais non, mon corps acceptait pas, d'où après les crises d'angoisse la dépression » P3.

Or, l’esprit et le corps font partie de la même unité et ne peuvent être séparés, l’individu comme son nom l’indique est indivisible (cf. S’exprimer corporellement : p85) :

« Quand on est malade je pense qu'il y a pas seulement que le corps qui est malade » P17.

Page | 95 Une autre forme de dissociation peut consister à ce que les patients montrent une image qui ne correspond pas à ce qu’ils sont réellement :

« C’est peut-être aussi une carapace hein c’est peut-être une façade ce que je montrais » P17.

« Je suis sensible à fond , le truc c’est que j'aime bien montrer que je suis dure quoi, alors que

c'est pas ça du tout » P15.

La dissociation est une mise à distance de la sensibilité.

Se victimiser :

L’exemple de P15 reflète ce mode de défense (Tableau IV.8) :

Aspects de la victimisation Extraits de P15 Attribuer aux autres la responsabilité de ce qui

arrive :

« Pour moi c'est à cause de lui que j'ai pas réussi

[...] il m'a foutu dans le fond ». Considérer que les choses viennent de l’extérieur : « Moi j'ai jamais eu cette chance ».

Démissionner de sa responsabilité, en tant qu’acteur de sa vie :

« Je suis obligée d'accepter ».

« Dommage que j'ai pas la motivation ».

S’accorder de la valeur à partir des autres : « J'ai besoin oui qu'il y ait une reconnaissance ».

Se placer en position de victime : « J'ai jamais eu cette chance ». « J’étais pas guidée ».

Tableau IV.8 - La victimisation à travers l’exemple de P15.

Il s’agit d’une rupture entre le Soi et le monde, cette rupture peut engendrer une rigidité dans l’opinion :

« Pour moi si c'est ma séance c'est à 100 %, pour moi si vous me prenez une séance le

téléphone doit être coupé pour être sûr que voilà… que vous êtes que pour moi » P15.

Sous tendue par une rigidité du sentiment :

« J’ai l'impression de toute façon je serais jamais à ma place quelque part, à chaque fois de toute façon depuis… » P15.

La victimisation est une perte de lien entre le Soi et le monde.

Compenser :

Les compensations sont liées à un affect :

« Je suis pas bien quoi avec l'angoisse , mais bon… c'est pour ça que je disais à Dr. [nom du

médecin] de me prescrire un petit… un petit dépresseur (pour dire antidépresseur) » P11.

« Prendre des médicaments pour me tranquilliser,c’était surtout les médicaments je voulais un truc pour me détendre » P14.

Elles peuvent concerner l’alimentation :

« En ce moment oui, (des compensations) avec n'importe quoi ce qui se passe (se rectifie) ce qu'il y a dans le frigo [...] j'ai pris du poids » P10.

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« J'ai pris toutes les mauvaises habitudes (alimentaires), je grignote je prends mes sucreries etc. (en souriant) » P13.

Des substances :

« Ça arrive une période où je suis pas bien je vais me précipiter sur la cigarette et je vais fumer fumer fumer » P9.

Ou des traitements médicamenteux (cf. L’évolution de la consommation médicamenteuse : p97) :

« Je n’arrive pas à dormir du tout depuis une semaine, je suis partie voir un médeci n qui m’a

donné du Lexomil, ça m’aide un peu mais je me réveille la nuit »* P6.

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