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II. ENQUETE DE TERRAIN

5. Recueil de données

5.1. Cartographie des situations de crise recensées

5.1.1. Macro situations de crises

Conditions climatiques extrêmes : la canicule de l’été 2003

Tableau 4

Récits recueillis sur la canicule de l’été 2003 : 24 récits analysés

1. Madame A-S., étudiante infirmière à l’époque, en 2ème année en gastro-entérologie dans un hôpital de Province.

2. Madame F., jeune infirmière, était en urologie dans un hôpital public parisien. 3. Madame M.D., étudiante infirmière, était en début de formation en secteur public. 4. Madame I., était cadre infirmier de nuit aux urgences dans un hôpital public parisien. 5. Madame D.M., était infirmière, en rhumatologie, hôpital de l’APHP.

6. Madame J.L., étudiante infirmière de deuxième année en stage en chirurgie sur la région parisienne.

7. Madame P.M., cadre faisant fonction de Cadre Supérieur en rhumatologie, hôpital de l’APHP : « on a bien anticipé, affiché les procédures… ». 8. Monsieur A., infirmier, en médecine interne dans un hôpital gériatrique parisien : « physiquement, c’était difficile, j’étais à 9 de tension… ». 9. Madame J.F., infirmière, en rhumatologie, hôpital de l’APHP.

10. Madame S., infirmière : « j’étais en première année, se retrouver confronté à une crise sanitaire, on se dit que ce n’est pas possible… ». 11. Madame C.M., infirmière en rhumatologie, hôpital de l’APHP.

12. Madame D.B., étudiante Infirmière, en stage dans un hôpital en Province en rééducation. « Je l’ai vécue à son début…».

13. Madame E.H., infirmière en rhumatologie, hôpital de l’APHP : « La canicule ça été l’horreur, on voyait qu’on avait de plus en plus chaud… ». 14. Madame N.M., cadre, en rhumatologie lors de la canicule, hôpital de l’APHP.

15. Madame M-T., infirmière à l’époque de nuit dans un hôpital gériatrique parisien. 16. Madame D.M., infirmière en rhumatologie lors de la canicule, hôpital de l’APHP.

17. Madame B.E., cadre formateur en Institut de Formation en Soins Infirmiers, fonction publique, Ile de France. 18. Madame B., cadre supérieur de pôle aux urgences lors de la canicule dans un établissement privé sur Paris. 19. Madame N.S., cadre, dans un établissement gériatrique parisien : « on a travaillé 10 à 12h par jour …».

20. Monsieur P., cadre à l’époque aux urgences dans un établissement public parisien : « on mettait des glaçons dans les taies d’oreillers…». 21. Madame C.O., cadre aux urgences à l’époque dans un hôpital privé parisien : «J’ai vu de la souffrance humaine, des patients dans les couloirs… ». 22. Madame L., cadre supérieur, hôpital public sur Paris : « j’ai vu l’esprit d’équipe, la solidarité. C’était un peu surréaliste…».

23. Madame C., cadre de santé, en hôpital psychiatrique en Ile de France : «on se faisait des batailles d’eau dans les couloirs pour se rafraîchir…».

24. Madame M-C., infirmière de nuit à l’époque en rhumatologie dans un hôpital de l’APHP: « Tout le monde souffrait de la chaleur, on était fatigués au moindre effort… ».

La canicule est une situation de crise majeure survenue en France16 fin juillet et début août 2003 en pleine période de congés d’été. Les professionnels parlent de 3 à 4 semaines consécutives. Les organismes officiels ont recensé plus de 15 mille morts en France directement liés à cet évènement, essentiellement des personnes âgées. De part le nombre de décès, cette crise a eut un impact médiatique très important dans l'opinion publique française. Parmi les 31 personnes interrogées, 24 ont mentionnées avoir vécu directement cette situation (soit 77% du personnel interrogé).

Evénements indésirables de grande ampleur et à fort effet médiatique – St. Vincent de Paul

Tableau 5

Récits recueillis sur l'affaire Saint Vincent de Paul : 5 récits analysés

1. Madame M.D., infirmière en rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP, impact indirect sur le groupe hospitalier.

2. Madame I., Cadre en rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP, impact indirect sur le groupe hospitalier. « Quand je suis arrivé après cet évènement, un audit sur les médicaments était en cours, les cadres avaient fait des tests de calculs de doses à toutes les infirmiers, il y a eut une formation obligatoire sur la sécurisation du médicament sur site… ».

3. Monsieur A., Infirmier en rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP, impact indirect sur le groupe hospitalier: « toutes les salles de soins sont passés au crible, tous les soignants ont été évalués par les cadres… ».

4. Madame C.M., Infirmière en rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP, impact indirect du groupe hospitalier : « ça été la pire crise, ça a duré 3 à 4 mois. Le poste de soin, le seul lieu où on n’est pas tranquille depuis Saint Vincent de Paul, ça remet en cause votre diplôme. Soyons vigilante, ça été un détonateur… ».

5. Madame N.M., Cadre en rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP, impact indirect du groupe hospitalier, « La Direction des soins à demandé aux cadres d’évaluer toutes les infirmières sur une perfusion et une préparation de médicament et de calcul de dose… ».

Cette situation de crise est survenue en 2010 à l'hôpital Saint Vincent de Paul à Paris. Elle a été déclenchée suite à un évènement indésirable qui a engendré le décès d'un enfant. Parmi les personnes interrogées, 3 Infirmiers et 2 Cadres ont mentionnés avoir été impactés indirectement par cette

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situation de crise. L’effet a été immédiat puisque tous les postes de soins ont subit des contrôles et audits à répétition ainsi que le circuit du médicament. Tous les infirmiers du groupe hospitalier ont eut des tests de calcul de dose et des formations sur les recommandations de bonnes pratiques.

Crises sanitaires majeures : campagne de vaccination grippale H1N1 de 2009

Tableau 6

Récits recueillis sur les crises sanitaires majeurs : 4 récits analysés

1. Monsieur P., Cadre Supérieur dans le domaine de la formation des adultes, centre de formation, Paris.

2. Madame B.E., Cadre Formateur en Institut de Formation en Soins Infirmiers en secteur public, région Ile de France, « l’équipe pédagogique et les étudiants sont réquisitionnés par les centres de vaccinations dans le cadre du plan blanc… ».

3. Madame M.P., étudiante infirmière en troisième année à l’époque a été réquisitionnée dans un centre de vaccination en région Ile de France. « On peut avoir nos opinions mais quand on est réquisitionné on n’a pas le choix, beaucoup de personnes nous posaient des questions sur les effets secondaires, on ne pouvait pas répondre, on voyait qu’ils avaient peur mais on était impuissant… ».

4. Madame N.M., cadre de santé, en service de rhumatologie, hôpital public sur Paris, « il y a eut quelques arrêts, il fallait vacciner le personnel de rhumatologie. On a demandé aux médecins de vacciner… ».

Dans la période de l’hiver 2009, les centres de formations en soins infirmiers ont été réquisitionnés en France pour assurer le fonctionnement des centres de vaccinations. Le plan blanc au niveau national a été déclenché. Les hôpitaux se sont préparés à recevoir des patients. L’annonce de la grippe H1N1 engendre une véritable situation de panique et l’appel de la ministre de la santé à se faire vacciner, va induire la confusion générale. On demande aussi aux professionnels de santé de se faire vacciner et une organisation sur chaque site hospitalier se met en œuvre pour que les professionnels n’aient pas à quitter leur service. La peur d’une éventuelle contagion est présente sur toute cette période. La population est divisée entre ceux qui veulent se faire vacciner et ceux qui ne sont pas convaincus. C’est un véritable problème de santé publique, avec de nombreuses rumeurs sur les vaccins. Les étudiants infirmiers sont impactés directement sur leur parcours de formation. Ils ne peuvent plus suivre les cours étant réquisitionnés avec les équipes de Formateurs dans les centres de vaccination.

Actes terroristes (ou exercice de simulation d’attaque terroriste)

Tableau 7

Récits recueillis sur des actes terroristes ou exercice de simulation : 3 récits analysés

1. Madame A-S., infirmière en Rhumatologie, dans un hôpital de l’APHP. Exercice de simulation en 2012, « les Cadres nous ont annoncé un acte terroriste près d’un hôpital pédiatrique à proximité avec l’information que notre service allait recevoir des victimes potentielles ». « une cellule de crise est mise en place… ». 2. Madame E.M., Infirmière à l’époque dans un hôpital pédiatrique parisien. Acte terroriste aux « Champs Elysées » en 1984, avec « afflux de victimes : des

enfants, dont de nombreux touristes ne parlant pas le français… ».

3. Madame E.M., Infirmière à l’époque dans un hôpital pédiatrique parisien. Acte terroriste au magasin « Tati » à Montparnasse en 1986 avec afflux de victimes : des enfants, dans un hôpital pédiatrique parisien.

Un acte terroriste induit une situation de crise aigue à différents niveaux. Il faut d’abord secourir les victimes sur place puis les transférer le plus rapidement possible avec un afflux important dans les hôpitaux environnants. Cela engendre une alerte générale de tous les services de secours qui doivent agir au premier plan et en même temps gérer la population présente sur les lieux. Des choix difficiles doivent être faits dans la rapidité de l’action. C’est une crise majeure qui touche la sécurité de la population. Les services de sécurité de l’Etat à différents niveaux sont impactés, les services de secours ainsi que les hôpitaux.

Nous pouvons constater que lorsqu’un évènement de cet ordre est annoncé, une simulation ou un évènement réel, le choc de l’annonce reste le même. L’impact sur les personnes reste désarmant. Faire face aux victimes et accompagner les familles reste une épreuve difficile à vivre qui laisse des

traces. Pour la simulation de 2012 par exemple, l’annonce par les cadres d’un acte terroriste a fait immédiatement émerger le souvenir du 11 septembre 2001.