1. Problématique
Il s’agira ici d’expliciter de façon claire et concise la problématique qui fondera la méthodologie d’enquête ainsi que l’ensemble de notre investigation.
L’isolement relationnel comme le montre Bigot et al (2013) augmente avec le vieillissement. Effectivement un évènement tel que la retraite par exemple, est associée à de nombreux changements, notamment du point de vue social car elle marque la fin des relations de travail et donc la nécessité pour les individus de trouver un nouveau cercle de sociabilité. D’autres évènements encore peuvent survenir avec le vieillissement tel que le veuvage, la perte d’amis proche ou la perte d’autonomie… sont tout autant de facteurs qui peuvent conduire à l’isolement des seniors. Cet isolement peut conduire les individus à rechercher de nouvelles sociabilités, et cette recherche de lien social peut passer par les associations et donc par le sport. J.Pierre et al (2015), montrent que l’activité physique est un puissant vecteur de socialisation, leurs travaux mettent en avant que « les non-pratiquants sont trois fois moins nombreux à faire partie d’une association que la moyenne » (2015). Les non pratiquants préfèrent se ménager plutôt que de prévenir les risques en pratiquant des APS. En ce sens, les non-pratiquants sont davantage tournés vers le réseau familial, alors que les pratiquants, eux, « se disent plus motivés par les relations sociales, que ce soit avec des retraités ou des personnes plus jeunes. » (2015). J-C.Sauvage et A.Spire (2005) vont également dans ce sens en affirmant que le sport est un formidable outil de socialisation, notamment au travers l’impact qu’il a sur son image sociale qui se fait au travers du maintien de son image corporelle. D.Reguer (2009) montre que les notions de convivialité, de lien social, de permanence du groupe ressortent davantage du discours des seniors sportifs que les notions de performance ou de compétition. Ce sont tout autant de facteurs qui permettent d’expliquer la présence de plus en plus nombreuses des seniors dans les associations sportives, et l’expansion de leurs loisirs. (Bigot et al, 2013)
Cependant, F.Burlot et al (2009) montrent que contrairement à ce que l’on pourrait croire, les seniors ne considèrent pas forcement le sport comme un moyen
Ma problématique : Sport senior et lien social
privilégier de créer des liens sociaux. Si la rencontre et le plaisir d’être avec les autres restent de réelles motivations, ils constatent que ces questions sont de moins en moins centrales pour les pratiquants. La sociabilité n’est pas selon eux le facteur principal d’engagement des seniors dans une pratique sportive, cependant c’est un facteur de fidélisation à la pratique ainsi que de participation régulière aux séances sportives. La convivialité joue selon F.Burlot et al, un rôle déterminant dans la fidélisation des seniors au club mais également dans les processus d’abandon de la pratique.
Les différentes enquêtes ont montré à la fois que l’activité physique est un puissant vecteur de socialisation mais que la création d’un lien social n’est pas la motivation première des individus quand ils viennent à la pratique physique, la motivation première reste le maintien de la santé. Cependant, nous avons pu voir que le lien social était le principal facteur de fidélisation au club, ce qui montre bien le rôle prépondérant de la notion de sociabilité dans les clubs sportifs. Nous pouvons ainsi nous poser la question suivante qui nous guidera tout au long de ce travail :
« Quels sont les formes d’engagement des seniors dans la pratique physique et quel est le rôle du lien social dans cet engagement ? Comment différentes formes de sociabilité sportives se mettent en place au sein des clubs sportifs pour seniors ?»
S’agissant ici notamment d’une recherche sur les modes de sociabilités sportives des personnes âgées, il nous paraît incontournable d’évoquer les travaux de J-P Callède (2007) qui a défini cette notion de sociabilité sportive. Il donne une définition précise de la sociabilité sportive comme « formes d’expression et régularité des manifestations et des relations qu’un individu entretient avec autrui dans un domaine constitué et objectivable » (le sport et le club en l’occurrence). On entend aussi par sociabilité sportive, l’intériorisation de normes ou de règles de conduite particulières, de valeurs.
2. Questions de recherche
Le point de départ de notre étude sera de connaitre et de comprendre les motivations qui amènent les seniors à la pratique d’une activité physique. Pour
analyser ces motivations, il sera nécessaire de comprendre l’expérience personnelle des individus, en quoi une pratique ininterrompue ou une pratique discontinue modèlent-elles le rapport des seniors au sport ? De quelles façon les facteurs socio- économiques propre à chaque personne (âge, niveau de diplôme, activité précédemment exercé…) impactent la pratique des seniors ?
Une autre variable sera à prendre en compte, il s’agit de celle du sexe, nous pourrons nous demander si au sein de ces clubs il y a un rapport différencié à la pratique en fonction du sexe des individus ? L’objectif sera-t-il le même pour les hommes que pour les femmes ?
Il s’agira surtout de comprendre les différentes formes de sociabilité qui se mettent en place au sein des clubs sportifs pour seniors ? Y’a-t-il des formes de sociabilité différenciées selon le sexe des individus ? Selon le milieu social d’appartenance ou selon l’activité pratiquée ?
Nous travaillerons également sur les motivations des seniors à pratiquer de l’activité physique, sont-elles seulement du ressort du lien social ? D’autres facteurs tels que la santé entrent-ils davantage en compte dans les motivations des seniors ? Co-existent-ils différentes formes d’engagement des seniors dans l’activité physique ? différents profils de pratiquants seniors ?
Nous étudierons également l’impact du club sportif sur la vie des seniors ainsi que l’impact, les effets de ces sociabilités sur la vie des individus, ce que ça leur apporte. Nous nous demanderons si les pratiquants ont tissé un lien social au sein de ce club que ce soit avec les animateurs ou avec d’autres pratiquants ? Si le club sportif a permis de les emmener vers d’autres activités sportives ou non ?
3. Hypothèses
Pour donner suite à ce questionnement, il est nécessaire d’émettre des hypothèses pour guider notre investigation :
➢ On suppose que de nombreux individus pratiquent une activité physique au sein d’un club sportif afin de rencontrer d’autres personnes et de créer de nouveaux liens sociaux. Cependant, Il ne s’agit pas de la seule motivation,
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de la seule forme d’engagement. Certains viennent dans un club pour maintenir leur santé ou pour d’autres raisons encore.
➢ On peut supposer que l’engagement des seniors dans une pratique sportive est un processus dynamique, les motivations qui amènent à la pratique seront différentes de celles qui font perdurer la pratique dans le temps. ➢ On émet l’hypothèse que la façon dont les individus perçoivent le club
sportif peut être différenciée en fonction de leur sexe. Les hommes ne vont peut-être pas pratiquer pour les mêmes raisons ou de la même façon que les femmes. De plus, en fonction de leur expérience personnelle et plus particulièrement en fonction de leur rapport à la pratique sportive (pratique ininterrompue au cours de la vie, pratique discontinu, pratique arrêté après l’école…), les individus ne pratiqueront pas de la même façon et ne poursuivront pas les mêmes objectifs. La situation socio-économique de la personne va également influer sur sa pratique et sur ses objectifs, que ce soit la situation matrimonial (veuve, en concubinage…), le niveau de diplôme, le niveau de revenus…
➢ On suppose qu’il existe différentes formes de sociabilité au sein des clubs sportifs. Des formes de sociabilité qui sont différentes selon le sexe, selon le milieu social d’appartenance, selon la pratique ou encore selon les motivations des individus.
➢ Le type de club, sa localisation géographique, son recrutement (« qui » fréquente ce club) induit des types de sociabilité différents (Callède, 2007) ➢ On émet également l’idée selon laquelle les animateurs vont adapter les séances sportives afin de permettre aux individus de communiquer entre eux, de créer du lien. De plus, La participation à une activité sportive permettrait d’amener les individus vers d’autres activités qu’elles soient sportives ou culturelles