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IV. Analyse

IV.1. Méthodologie d’observation

Afin de déterminer dans quelle mesure l’enregistrement régulier vidéo et audio a permis à mes apprenants de développer leurs compétences langagières, j’analyserai le travail de deux apprenants A2, Maisie et Tom, et d’un apprenant AS, Michael. Tous trois font partie de ceux qui ont utilisé le site le plus souvent et le plus régulièrement. En effet, Maisie est celle qui a posté le plus grand nombre de productions sur le site, à savoir trente- trois au total, et Tom en a posté vingt-deux, ce qui est supérieur au nombre de productions postées en moyenne par les apprenants A2, à savoir vingt-et-une. De son côté, avec dix- sept productions postées sur le site, Michael est celui qui en a posté le plus de tous les apprenants AS, dont la moyenne est de neuf productions postées en tout. Par ailleurs, sur un total de seize semaines d’utilisation active du site, Maisie l’a utilisé quatorze semaines, Tom treize et Michael quatorze également. Tous trois présentent ainsi une régularité d’activité supérieure à la moyenne, qui s’élève, chez les apprenants A2, à douze semaines d’utilisation active et chez les apprenants AS à sept. Je choisis d’observer deux apprenants A2 et un seul apprenant AS, parce que le niveau A2 fait appel à une plus grande variété d’expression et requiert plus d’investissement de la part des apprenants, ce qui offre donc plus de matière observable. Cela me permettra d’une part de comparer les parcours respectifs de ces deux apprenants A2, et d’autre part de dégager en quoi l’expérience de l’apprenant AS est différente, afin d’esquisser ce que chacun des deux niveaux peut tirer d’un tel outil.

Pour chaque apprenant, je propose une analyse en deux temps. Premièrement, j’observerai les productions qu’ils ont postées en réponse à cinq questions précises au cours de l’année. Il s’agira pour les apprenants A2 des questions suivantes :

1. Première question – semaine du 4 novembre 2013 : « Dans quel type d’énergie les gouvernements mondiaux devraient-ils investir aujourd’hui ? »

2. Question n°940 – semaine du 13 janvier 2014 : « Es-tu pour ou contre… (Maisie) les jeux de grattage ? / (Tom) le concept d’animaux domestiques ? »

40 J’ai imposé ici à chaque apprenant un sujet différent dit « un peu moins sérieux » au sujet duquel ils

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3. Question n°1241 – semaine du 3 février 2014 : Seconde tentative de sujet polémique

4. Question n°15 – semaine du 17 mars 2014 : « Quelle est ta position par rapport à l’euthanasie ? »

5. Dernière question – semaine du 5 mai 2014 : « Vas-tu aller voter aux élections européennes le 22 mai, ou irais-tu si tu le pouvais ? »

Puis, concernant l’apprenant AS, Michael, j’observerai ses réponses aux cinq questions suivantes :

1. Première question – semaine du 4 novembre 2013 : « Est-ce que l’école en général prépare bien les élèves à leur vie future ? »

2. Question n°6 – semaine du 13 janvier 2014 : « Quelle drogue est la plus dangereuse pour les jeunes, à ton avis ? »

3. Question n°10 – semaine du 10 février 2014 : « Est-ce que tu considères que la nourriture que tu manges à l’école est équilibrée ? »

4. Question n°14 – semaine du 17 mars 2014 : « De nos jours, plus que jamais, on doit être beau, mince et en bonne santé. Es-tu d’accord avec cette phrase ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? »

5. Dernière question – semaine du 5 mai 2014 : « En juillet prochain, un marathon qui s’appelle Race for Life va être organisé dans les University Parks pour lutter contre le cancer. Qu’est-ce que tu penses de ce genre d’évènements ? »

Mon choix d’observer ces questions-là est motivé par deux raisons principales. Premièrement, pour que les réponses analysées puissent être représentatives de l’évolution des apprenants au fil de l’année, je choisis d’observer la toute première question, la dernière, ainsi que trois autres, séparées par au moins trois semaines d’intervalle les unes des autres. En effet, observer seulement la première et la dernière productions, comme l’a fait Kırkgöz (2011), n’offrirait pas ici suffisamment de données observables pour constater une évolution. Deuxièmement, chaque groupe de cinq questions appelle globalement un même type de réponse. En effet, les cinq questions A2, essentiellement de type ‘pour ou contre’, demandent aux apprenants de prendre position et d’argumenter en faveur ou non d’un sujet de débat donné. Quant aux cinq questions AS, essentiellement de type ‘oui ou non’, elles demandent aux apprenants de se prononcer sur un sujet et d’expliquer leur réponse. Afin de mesurer l’évolution de la compétence linguistique, je retranscrirai les

41 Comme Tom n’a pas effectué ce travail-ci, j’observerai sa production suivante, qui répond à la

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réponses données par mes apprenants sous forme de tableaux. Je me pencherai tout d’abord sur l’évolution des erreurs grammaticales et syntaxiques, afin de déterminer si l’évaluation formative hebdomadaire et, dans une certaine mesure, les vidéos ‘Bon, ça suffit’, ont eu un impact sur les productions qui ont suivi. Je prendrai ensuite en considération la dimension phonologique de leurs productions. Je relèverai d’une part les phonèmes et autres phénomènes phonologiques (liaisons, e caducs, etc.) sur lesquels les apprenants ont commis des erreurs, afin de voir si une évolution est visible au fil de la pratique et des corrections apportées sur le site. Je m’intéresserai particulièrement aux erreurs phonologiques que j’ai le plus rencontrées au cours de l’année chez ces apprenants anglophones, à savoir celles qui tournent autour de la consonne /R/ et des voyelles /u/ et /y/. D’autre part, je chercherai à déterminer l’influence de l’enregistrement individuel asynchrone sur la dimension paralinguistique (gestes, intonation, débit, mimiques, etc.). A ce titre, une différence sera-t-elle observable lors du passage à l’enregistrement audio ? Finalement, je tenterai d’analyser l’évolution de la compétence discursive de mes apprenants en observant dans quelle mesure ils diversifient les actes de langage qu’ils emploient au sein de leurs productions. La classification des actes de langage sur laquelle je m’appuierai est principalement tirée du guide de réalisation élaboré par le conseil de l’Europe dans son référentiel pour le niveau B2 ‘Description des niveaux de référence pour les langues nationales et régionales’ (2005). Je me servirai des trois grandes catégories suivantes : « interagir à propos d’opinions ou de positions », « interagir à propos de sentiments ou d’émotions » et « structurer son propos » (2005, p.9-11). Je les regrouperai, afin de décrire les productions effectuées, en deux grands groupes d’actes de langage : d’une part, ceux qui servent à structurer l’argumentation et, d’autre part, ceux qui servent à exprimer la subjectivité. Si la classification qu’offre ce référentiel permet de donner une idée précise de l’organisation du discours décrit, il arrive parfois que la subjectivité de l’observateur interfère avec l’analyse. En effet, les différences entre certaines catégories ne sont pas toujours très claires. S’agit-il d’un reproche ? Ou est-ce l’expression d’un désaccord ? A moins qu’il faille seulement considérer cela comme l’expression du point de vue de l’apprenant ? Les choix que j’effectue dans l’identification de certains actes de langage ne seront ainsi peut-être pas les mêmes que ceux que d’autres auraient effectués. Cependant, je me suis efforcé de les identifier de manière objective, penchant en cas de doute pour l’acte de langage le plus neutre, afin que mon analyse ne mène pas à des conclusions faussées. Qui plus est, un reproche considéré comme l’expression d’un désaccord, pour reprendre le même exemple, ne mènerait pas à une analyse

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particulièrement erronée. En revanche, confondre un reproche avec l’explication d’une raison, par exemple, deux catégories qui ne se recoupent a priori pas, me semblerait une erreur d’analyse bien plus grave.

Dans un dernier temps, afin de tenter d’établir des liens entre leur travail régulier sur le site et leur examen oral final, j’observerai chez chacun ce dernier, dont je retranscrirai l’enregistrement audio dans l’Annexe 9. Je l’analyserai dans les mêmes termes que les productions postées sur le site, pour observer si les compétences linguistiques ainsi que discursives ont continué à évoluer. Je répertorierai d’ailleurs les actes de langage relevés dans leurs examens dans l’Annexe 10. Cette seconde partie de l’analyse servira ainsi à confirmer ou non les tendances observées.

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