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Utiliser des méthodes de prévention est une approche que tous gestionnaires devraient connaître et maîtriser. D'abord, parce ces méthodes sont généralement mieux acceptées socialement (on ne tue pas l'animal), et ensuite parce qu'elles sont moins onéreuses à long terme. Elles reposent sur des expériences qui ont mené certains intervenants à trouver des solutions préventives aux problématiques rencontrées. Elles empêchent l'établissement du castor à un endroit précis avant que celui-ci ne s'approprie les lieux. Elles reposent sur la planification stratégique de l'utilisation du territoire et de la localisation des infrastructures. Les méthodes de prévention peuvent bénéficier de l'aide de la géomatique et de la photo-interprétation. Cette dernière facilite la recherche d'endroits susceptibles d'y retrouver des castors et d'endroits qui nécessitent des interventions. Dans l'optique de prévenir l'érosion et la sédimentation des cours d'eau, ces mêmes méthodes peuvent être utilisées pour empêcher l'établissement de colonie à des endroits sensibles à l’activité du castor.

Trois principes sont connus en prévention de la déprédation du castor : le principe de planification stratégique, le principe de l'exclusion, et celui de la répulsion. Le premier

repose directement sur les connaissances en aménagement du territoire qui prévoient stratégiquement une façon d'empêcher les castors de causer des dommages. L'exclusion utilise une barrière physique entre l'animal et l'endroit convoité. Elle vise aussi à exclure l'animal d'un lieu par la modification de son habitat. Enfin, la répulsion utilise différents éléments qui font appel aux sens de l'animal pour l'éloigner du site convoité (Laroque et al., 2009).

5.1.1 Planification stratégique

Planifier stratégiquement le développement du territoire et les activités s'y déroulant dans le but de limiter les impacts négatifs du castor offre de multiples avantages. D'abord, cela limite l’impact humain sur le réseau hydrographique en limitant l'érosion des cours d'eau. La planification permet aussi d'éviter les situations d'urgence souvent coûteuses. Ensuite, elle permet de maximiser l'utilisation du territoire et de ses ressources, car elle invite à réfléchir à une vision à long terme. Les lignes suivantes présentent quelques idées de planification stratégique.

Le tracé des routes devrait privilégier le passage sur les crêtes des bassins versants des ruisseaux et rivières, c'est-à-dire en suivant le plus possible les endroits les plus élevés entre les cours d'eau. Ces endroits sont éloignés des cours d'eau, ils sont mieux drainés et causent moins de ruissellement et d'érosion. Il est à noter que cette mesure est applicable pour les régions de plaines ou de vallons et serait plus difficile (voire impossible) dans les régions montagneuses. En effet, les crêtes des régions montagneuses présentent de fortes pentes où le passage de routes mènerait à davantage d'érosion. Dans ce cas, les routes devraient suivre parallèlement les courbes de dénivelé du terrain, tout en étant éloignées des cours d'eau. Le choix du tracé des routes fera en sorte que le débit des cours d'eau avoisinants sera moins affecté, ce qui préviendra le bris des barrages de castor. Inévitablement, des routes devront traverser des cours d'eau. Toutefois, en limitant le nombre de traverses, on économise des coûts en infrastructures et surtout, on prévient que le castor leur cause des dommages. Si possible, lorsque l'on doit traverser un cours d'eau, il est important d'éviter de le faire près d'un peuplement de feuillus, où la pente du terrain est inférieure à 10 %, car il y a plus de risque que des castors s'installent à cet endroit (ib.).

Lors de la planification des coupes forestières, il est possible de viser stratégiquement les essences feuillues que le castor préfère, surtout lorsqu'elles se trouvent à moins de 50

mètres d'un cours d'eau (ib.). En coupant ces espèces et en favorisant l'établissement et la croissance des espèces non intéressantes pour le castor comme les conifères, on peut éviter son établissement. Même si les espèces récoltées sont de moins grande valeur commerciale, les espèces de substitution comme les épinettes, auront une bonne valeur lorsque viendra le temps de les récolter. Il est à noter que la récolte de bois dans la bande riveraine est encadrée rigoureusement par la législation, quoique possible.

5.1.2 Clôtures

Installer des clôtures autour des arbres que l'on veut protéger du castor s'appuie sur le principe d'exclusion. Les arbres peuvent être clôturés individuellement (espèces touchées par le castor seulement) ou regroupés. La hauteur du grillage doit être au minimum d’un mètre, et il faut prévoir un surplus de grillage pour suivre la croissance des arbres individuellement clôturés. Cette méthode n'a pas vraiment davantage en ce qui a trait à la sédimentation des cours d'eau, à moins qu'elle soit déployée à grande échelle, pour empêcher l'établissement de castors sur un territoire sensible à l'érosion. Cette façon de procéder sera alors coûteuse et peu naturelle.

5.1.3 Prébarrage

Il s'agit de construire, en amont d'un ponceau, une amorce de barrage qui incitera le castor à utiliser ce dernier pour construire son barrage. Le prébarrage est conçu de façon à protéger la fondation de la route contre l'inondation. Il s'agit d'un principe d'exclusion. Le prébarrage est un entassement de grosses pierres, de chaque côté de l’entrée du ponceau, avec un canal au centre pour permettre l’écoulement de l’eau. Ce dernier n’est d'une largeur ni trop large ni en forme de « V », pour éviter que le castor colmate le ponceau. L'amorce est le rétrécissement du canal à l'amont de l'ouvrage, situé à au moins cinq mètres du ponceau. Au centre de l'amorce, quelques grosses pierres sont placées pour inciter davantage le rongeur à débuter son barrage à cet endroit. Plusieurs considérations sont à connaître, c'est pourquoi le gestionnaire est invité à s'informer davantage sur la technique avant d'entreprendre un tel ouvrage (voir le Guide de gestion de la déprédation du castor de Laroque et al. (2009), à la page 33).

Cette technique est un outil très pratique pour profiter de l'effet bénéfique du barrage de castors à titre de bassin de sédimentation, car le prébarrage est un ouvrage permanent et solide qui permettra généralement le maintien du barrage, même une fois la colonie partie.

5.1.4 Treillis à ponceau

Le principe du treillis à ponceau est d'empêcher le castor d'obstruer ce dernier. Il existe différentes façons de le réaliser, mais la conception la plus efficace est celle de la forme allongée et cylindrique qui fait la continuité du ponceau à l'amont de celui-ci. Le treillis cylindrique a une longueur de six mètres et a un diamètre d'au moins 120 cm. Cet ouvrage rend le travail de colmatage du ponceau impossible pour le castor qui se découragera et changera d'endroit. Pour la réalisation et les détails, se référer au Guide d'aménagement et de gestion du territoire utilisé par le castor au Québec de Fortin et al. (2001), à la page 41.

5.1.5 Drains perforés

Ils sont une façon de décourager le castor à s'établir dans un fossé. Il s'agit d'installer un ou deux drains perforés dans le fond du fossé et de les recouvrir d'un lit de roches. L'eau du fossé s'infiltre à travers les roches et rejoint le drain. Il est alors impossible pour le castor de construire un barrage sur ce fossé. Il est à noter que cette technique doit être utilisée uniquement dans les fossés et non dans les cours d'eau, car elle détruirait l'habitat du poisson (ib.).

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