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2. LE SURDIAGNOSTIC

2.2. Revue de la littérature des méthodes d’estimation du surdiagnostic

2.2.1. Types de méthodes

2.2.1.5. Méthodes basées sur les taux de détection et les taux de cancers de

Ces méthodes se basent sur une modélisation multi états de l’histoire naturelle du cancer du

sein

71;72;88

. Les états incluent : une absence de cancer, la présence d’un cancer pré-clinique

évolutif, la présence d’un cancer clinique, et la présence d’un cancer non évolutif ou régressif.

Les données utilisées pour estimer les paramètres du modèle comprennent le nombre de

cancers dépistés en vague prévalente (première participation au dépistage), en vague incidente

(participations ultérieures au dépistage), et en fonction du nombre de cancers de l’intervalle

(Figure 9).

Figure 9. Méthode d’estimation du surdiagnostic basée sur les taux de détection et les taux d’incidence des cancers de l’intervalle : données nécessaires pour l’estimation des paramètres des modèles.

La méthode d’estimation des paramètres du modèle consiste à exprimer les taux de cancers

dépistés attendus en vague prévalente et incidente, ainsi que les taux attendus de cancers de

l’intervalle, en fonction des paramètres :

- I : l’incidence des cancers évolutifs pré-cliniques qui pourraient être dépistés par

mammographie.

- λ : le temps de séjour en phase pré-clinique.

- S : la sensibilité de la mammographie.

- µ : l’incidence des cancers non évolutifs pré-cliniques et qui pourraient être dépistés par

mammographie.

L’incidence des cancers du sein évolutifs est une estimation du modèle. L’effet de l’avance au

Nombre de cancers dépistés Nombre de cancers de l’intervalle Nombre de cancers dépistés Vague incidente Nombre de cancers de l’intervalle Vague prévalente

paramètres du modèle. Le surdiagnostic est calculé en utilisant les estimations de µ,

l’incidence des cancers non évolutifs pré-cliniques, et de I, l’incidence des cancers évolutifs

pré-cliniques.

Olsen et al.

71

et Duffy et al.

88

ont proposé une histoire naturelle de la maladie comportant

quatre états : deux d’entre eux correspondaient à l’évolution des cancers évolutifs et un état

définissait la présence d’un cancer non évolutif (Figure 10). Les paramètres estimés par le

modèle étaient les taux de transition entre les états (µ, I et λ) ainsi que la sensibilité.

Figure 10. Méthode d’estimation du surdiagnostic basée sur les taux de détection et les taux d’incidence

des cancers de l’intervalle : histoire naturelle du cancer du sein selon le modèle de Olsen et al. 71.

µ : Taux d’incidence des cancers non évolutifs.

λ : Taux de transition entre les cancers évolutifs pré-cliniques et cliniques. I : Taux d’incidence des cancers pré-cliniques évolutifs.

La population étudiée pour réaliser cette analyse était constituée des femmes qui avaient

participé à une première mammographie de dépistage (vague prévalente) et qui avaient été

invitées lors de la vague suivante de dépistage. Un suivi de quatre années était nécessaire

pour enregistrer les cancers de l’intervalle : deux années après la vague prévalente et deux

années après la vague suivante de dépistage.

Calcul du surdiagnostic

Les effectifs respectifs des cancers dépistés lors de la vague prévalente et lors de la vague

incidente, ainsi que les effectifs des cancers de l’intervalle suivaient des distributions de

Poisson. Les incidences attendues étaient exprimées en fonction de la sensibilité de la

mammographie (S), de l’incidence des cancers évolutifs (I), de l’incidence des cancers non

évolutifs (µ), du temps moyen de séjour en phase pré-clinique (1/λ), de l’âge moyen lors de

la première vague de dépistage (a) et de la durée (t) entre les deux vagues de dépistage :

I λ

- Cancers dépistés lors de la vague prévalente :

(

a

)

e

SI

µ

λ + 1

- Cancers de l’intervalle après la vague prévalente :

( )

{ S e t}

I

t

λ

λ 1

λ

+

- Cancers dépistés lors de la vague incidente :

(

t

) (

t

)

e

Se

SI

λ µ

λ 1

+ 1

- Cancers de l’intervalle après la vague incidente :

( )( )( ) ( )

{

t t t

}

e

t

e

Se

S

I

λ λ λ

λ

λ 1 1

1

+ 1

Les différents paramètres (µ, λ et I) étaient estimés par une méthode bayésienne. Le

surdiagnostic était calculé en utilisant les valeurs estimées de l’incidence des cancers non

évolutifs (µ) et de l’incidence des cancers évolutifs (I).

Yen et al.

72

ont considéré une histoire naturelle du cancer du sein comprenant six états dont

l’un d’entre eux correspondait à l’absence de maladie, alors que les quatre autres états

définissaient les différentes phases de la maladie. Dans ce modèle, le passage par un cancer

in situ était obligatoire avant l’apparition d’un cancer invasif et deux types de cancers in situ

existaient : les cancers évolutifs qui pouvaient évoluer vers un cancer invasif clinique, et les

cancers non évolutifs (Figure 11).

Figure 11. Méthode d’estimation du surdiagnostic basée sur les taux de détection et les taux d’incidence

des cancers de l’intervalle : histoire naturelle du cancer du sein selon le modèle de Yen et al . 72.

λ1

λ2

λ3 λ4

Calcul du surdiagnostic

Les probabilités de progresser d’un état i à un état j pendant un intervalle de temps x,

)

(x

P

ij

, étaient exprimées en fonction des taux de transition λ entre les états. Par exemple, la

probabilité qu’un cancer invasif pré-clinique soit présent lors de la participation à une vague

prévalente de dépistage dépendait des taux de transition λ

1

, λ

2

, λ

3

et λ

4

, et de l’âge moyen

lors de la participation à la vague prévalente de dépistage.

La vraisemblance du modèle comprenait les termes suivants :

- La probabilité de chacun des états lors d’une vague prévalente et lors d’une vague

incidente de dépistage, exprimée en fonction des taux de transition λ entre les états.

- Les effectifs respectifs des cancers in situ et invasifs détectés en vague prévalente et en

vague incidente.

- L’effectif des cancers de l’intervalle.

- L’âge moyen lors de la participation à la vague prévalente.

Les paramètres λ du modèle étaient estimés par une méthode de maximisation de la

vraisemblance.

La proportion de cancers surdiagnostiqués en vague prévalente ou incidente pouvait être

calculée à partir de l’estimation des taux de transition λ entre les états.

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