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3. Le traitement de l'information visuelle, les images mentales, la mémoire

3.5. La mémoire visuelle

Nous choisissons ici d'employer le terme de "mémoire visuelle" car l'épreuve Demi-

cercles et droites consiste en la mémorisation d'une information présentée visuellement.

Cependant, pour comprendre les processus mnésiques mis en jeu dans cette épreuve, il faut tout d'abord décrire le fonctionnement de la mémoire dans son ensemble.

La mémoire est la capacité à restituer l'information contenue dans un message précédemment reçu, en l'absence de celui-ci (Lieury, 1977).

On distingue trois phases dans le processus mnésique :

- l'encodage correspond au traitement et à l'enregistrement d'une information perçue, c'est le codage d'une information en représentation mentale ;

- le stockage correspond au maintien de l'information encodée ;

- enfin, la récupération consiste en la restitution de l'information (Eustache et coll., 1996). La facilité de la récupération dépend de la manière dont l'information est encodée : c'est le

principe de spécificité de l'encodage (Tulving et Thompson, 1973).

La mémoire à court-terme maintient un nombre restreint d'informations au niveau conscient pendant vingt à trente secondes. Pour la maintenir plus longtemps, le sujet doit faire un effort délibéré en répétant sans cesse les informations (Waugh et Norman, 1965).

Sa capacité est limitée : l'adulte peut stocker entre cinq et neuf éléments. C'est ce qu'on appelle l'empan mnésique (Miller, 1956).

La mémoire à court-terme n'est pas un espace particulier de stockage des souvenirs mais plutôt un mécanisme intégré qui concentre les ressources cognitives sur un ensemble de

représentations mentales (Shiffrin, 2003). C'est un support indispensable à la mémoire de travail (Eustache et coll., 1996).

La mémoire de travail est consacrée de manière flexible soit au stockage temporaire, soit au traitement des informations qui peuvent être utiles pour résoudre un problème ou atteindre des buts. C'est une mémoire active : l'information reste en mémoire de travail tant que le sujet la traite consciemment et la manipule (Baddeley, 1995).

C'est le processus de répétition mentale de l'information à apprendre qui va permettre de transférer l'information de la mémoire à court-terme à la mémoire de travail. On distingue

deux formes de répétition :

- la répétition de maintien consiste à se répéter soi-même l'information à mémoriser ;

- la répétition d'élaboration consiste, non pas à répéter l'information telle qu'elle est donnée, mais à tenter d'extraire et d'utiliser le sens du matériel à stocker pour se le répéter (Eustache et

coll., 1996).

D'après Baddeley, la mémoire de travail comprend un processeur de contrôle et deux

systèmes périphériques de stockage mnésique temporaire, systèmes esclaves par rapport au

processeur central.

Le processeur central est le système central exécutif : il est responsable de la sélection

et l'exécution des opérations de traitement. Une partie de sa capacité peut être utilisée à des

fins de stockage (Baddeley, 1974).

Il gère deux systèmes esclaves spécialisés dans le maintien de l'information : la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial.

La boucle phonologique est un système qui a pour rôle de stocker du matériel verbal ou prononçable grâce à une répétition articulatoire (Baddeley, 1984).

Le calepin visuo-spatial est un système de stockage temporaire capable de former et

maintenir des images visuo-spatiales (Baddeley, 1975).

L'information temporairement stockée et manipulée entraîne l'activation du cortex

préfrontal en liaison avec les régions postérieures qui traitent habituellement le type d'information gardée en mémoire. Une information visuelle relativement non signifiante

entraîne l'activation des régions postérieures des lobes occipitaux (comme la première phase de traitement des stimuli visuels) tandis qu'une tâche visuo-spatiale active à la fois le cortex préfrontal droit mais aussi les régions du cortex visuel spécialisées dans le traitement de la localisation spatiale (Courtney et coll., 1997).

Les auteurs ont mis en évidence plusieurs facteurs qui peuvent favoriser ou entraver la mémorisation.

Stocker un souvenir sous de multiples modes représentationnels facilite la mémorisation car il fournit d'avantage d'indices lors de la récupération. Les

représentations de l'information peuvent être sous forme de mots, d'images ou encore de cartes mentales (représentation motrice du pattern) : ce sont des stratégies mnésiques. Les informations perceptives visuelles serait donc mieux mémorisées que les informations perceptives verbales car les images peuvent être encodées à la fois de façon imagée mais aussi de façon verbale : c'est la théorie du double codage (Clark et Paivio, 1991).

L'oubli de l'information est une conséquence à la fois d'un effacement progressif de la trace au cours du temps mais aussi de phénomènes d'interférence qui parasitent la récupération (Eustache et coll., 1996).

Il faut également citer l'effet sériel qui apparaît lors de la mémorisation séquentielle. Les items de début de liste font l'objet d'une répétition qui permet le stockage dans la mémoire à long-terme (effet primauté) tandis que les éléments de fin de liste sont mieux rappelés, même sans répétition, car ils se trouvent encore en mémoire à court-terme au moment de la récupération (effet récence). Ce sont finalement les éléments de milieu de listes qui sont le plus fréquemment oubliés (Artkinson et Shifffrin, 1968).

Enfin, notons que tout processus mnésique nécessite des capacités attentionnelles

suffisantes pour mobiliser et orienter les ressources cognitives vers le processus de

mémorisation (Eustache et coll., 1996).

Maintenant que nous avons décrit le fonctionnement de la mémoire, il est évident que l'épreuve Demi-cercles et droites permet d'observer et d'évaluer le fonctionnement de la

mémoire visuelle du sujet avec tout ce qu'il comporte, c'est-à-dire les stratégies d'encodage,

les capacités mnésiques à la fois séquentielles (ordre des symboles) et spatiales (orientation des symboles), les stratégies et la vitesse de récupération ainsi que les ressources

Nous venons de décrire le développement des compétences évaluées par les épreuves motrices et visuelles du Test de jugement et d'orientation. Il paraît flagrant que le développement d'un sujet doit être envisagé de manière globale : chacune de ces compétences peut favoriser, ou au contraire entraver, le développement d'une autre compétence.

Nous souhaitons à présent décrire le développement du langage écrit pour montrer qu'il nécessite des pré-requis tels que l'organisation spatiale, un traitement visuel correct ou encore des capacités de mémoire de travail suffisantes. En outre, nous allons voir que le langage écrit est un support souvent indispensable aux autres apprentissages scolaires.

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