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La mémoire est un terme générique qui regroupe de nombreux concepts. Effectivement, il existe :

- la mémoire à long terme qui permet un maintien durable des informations en mémoire - la mémoire à court terme qui ne permet qu’un maintien temporaire des informations

La mémoire de travail est un concept apparu dans les années 70, au sein des travaux sur la mémoire à court terme. En lien avec notre sujet d’étude, nous présenterons uniquement la mémoire de travail.

2.1. Définition et modèle de la mémoire de travail

Baddeley a conceptualisé un modèle de référence pour la mémoire de travail. Il

définit la mémoire de travail comme « un système à capacité limitée destiné au maintien temporaire et à la manipulation de l’information au cours de la réalisation de diverses tâches cognitives » (Baddeley & Hitch, 1974). La mémoire de travail implique donc un maintien et un traitement actif de l’information, contrairement à la mémoire à court terme.

Selon Baddeley, la mémoire de travail et l’attention sont fortement intriquées, à tel point qu’il est bien difficile de les concevoir séparément.

En effet, la mémoire de travail comprend un système supérieur : l’administrateur

central. On le définit comme un système attentionnel qui répartit les ressources

attentionnelles et pilote tous les processus cognitifs de la mémoire de travail. « Baddeley (1986) attribue à l’administrateur central les fonctions du système superviseur de l’attention de Norman et Shallice » (Fournier & Monjauze, 2000), c'est-à-dire : la coordination de deux tâches, la gestion d’une double tâche, l’activation et la récupération des informations en mémoire à long terme, la flexibilité dans les stratégies de récupération et l’inhibition par la sélection d’informations pertinentes. L’administrateur central gère deux systèmes esclaves :

! La boucle phonologique : est en charge du traitement des informations verbales, auditives ou visuelles. Elle est constituée :

o du stock phonologique qui maintient brièvement l’information (pendant environ 2 secondes)

o de la boucle articulatoire qui est un système de répétition subvocale permettant de rafraîchir les informations dans le stock phonologique. Il permet également de coder les informations verbales présentées visuellement afin qu’elles parviennent au stock phonologique.

! Le calepin visuo-spatial : est en charge des informations visuo-spatiales. Logie (1995) a également défini deux sous-systèmes en analogie avec la boucle phonologique :

o une fenêtre visuelle qui stocke passivement les informations visuo-spatiales o un mécanisme actif de rafraîchissement de l’information

Dans son modèle, Logie (1995) fait une distinction sur la nature des informations traitées dans le calepin visuo-spatial. Il distingue les informations visuelles et les informations spatiales. Les informations visuelles traitent l’identification de l’objet (la voie du « quoi ») alors que les informations spatiales identifient la localisation (la voie du « où »).

En 2000, Baddeley ajoute le buffer épisodique à son modèle. Le buffer épisodique, géré par l’administrateur central permet la liaison entre les informations des systèmes esclaves et la mémoire à long terme.

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Figure 3 : le modèle de la mémoire de travail (Baddeley, 2000)

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Notons que le partage de réseaux communs de la mémoire à court terme verbale et de la mémoire à court terme visuo-spatiale pourrait remettre en cause le modèle Baddeley et Hitch qui distingue les systèmes esclaves par le type de matériel traité (Majerus, 2014). En effet, les recherches récentes montrent que le réseau fronto-pariétal est impliqué dans la mémoire à court terme verbale et dans la mémoire à court terme visuo-spatiale (Majerus et al., 2009).

Toutefois, le modèle de la mémoire de travail de Baddeley reste une référence en clinique, qu’il convient alors d’utiliser.

2.2. Evaluation de la mémoire de travail

L’évaluation de la mémoire de travail doit toujours être complétée par l’évaluation de l’attention du fait de leur interaction. « L’attention sélective est un médiateur important des performances dans les tâches de mémoire à court terme » (Seron & Van der Linden, 2014).

L’évaluation de l’administrateur central est complexe car au niveau théorique son rôle n’est pas encore clairement défini. L’administrateur central est une entité impliquée dans l’attention, dans la mémoire de travail mais également dans les fonctions exécutives. Il n’implique pas uniquement un stockage mais une manipulation, une transformation, une coordination des différentes informations.

De fait, nous observons une diversité des moyens d’évaluation :

- épreuve impliquant la coordination de deux activités simultanées : avec deux tâches simultanées impliquant chacune un système esclave par exemple ou des tâches de mémoire de travail combinant une activité de stockage et une activité de traitement.

- épreuve impliquant l’inhibition (le test de Stroop, des épreuves de GO/NO GO)

- épreuve impliquant l’activation et la récupération d’informations en mémoire à long terme : les épreuves de fluence (sémantique, littérale et alternée) (Fournier & Monjauze, 2000)

L’évaluation des systèmes esclaves est constituée surtout de tâches d’empans.

Pour la boucle phonologique, on peut utiliser des empans de chiffres endroit. On propose au patient des items de plus en plus long. L’empan est alors défini par la séquence la plus longue rappelée à au moins 2 items d’une même longueur. On définit l’empan normal à 7±2 éléments chez l’adulte (Fournier & Monjauze, 2000).

Pour le calepin visuo-spatial, on distingue :

- la composante spatiale pour laquelle on propose une tâche impliquant un traitement séquentiel. Ainsi, nous pouvons proposer aux patients des épreuves d’empans visuo- spatiaux, comme par exemple dans la MEM-III (Wechsler, 2001). Dans cette épreuve, le patient doit reproduire des séquences de cubes pointés par le testeur.

- la composante visuelle pour laquelle on propose une tâche impliquant un traitement simultané. Nous pouvons citer l’épreuve d’empans de patterns visuels qui consiste à mémoriser une grille avec des cases noircies puis à la reproduire à partir d’une grille vierge.