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CHAPITRE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

B) Tephritidae frugivores

4. Méthodes de lutte

4.5. Lutte biologique

4.5.1. Utilisation de prédateurs

Les prédateurs sont des organismes autonomes qui au cours de leur vie attaquent, tuent et mangent leurs proies (Waage, 1992). O. longinoda est un prédateur généraliste qui se nourrit surtout d’insectes et en particulier de ravageurs de culture tels que les larves de Tephritidae (Vayssières et Sinzogan, 2008c). L’abondance de ces fourmis oecophylles dans un verger réduit considérablement les dégâts causés par les mouches des fruits (Van Mele et al., 2007). Van Mele et al. (2009) ont montré que cette fourmi laissait des signaux sur les mangues qui masquent ou remplacent l’attrait des fruits et empêchent la ponte des mouches des fruits d’importance économique, telles que B. dorsalis et C. cosyra. De même, une fourmi d’Argentine Libepithema humile Mayr (Hymenoptera : Formicidae) cause la mortalité d’environ 39% de nymphes et des adultes de C. capitata nouvellement émergés (Wong et al., 1984).

4.5.2. Utilisation de parasitoïdes

Les parasitoïdes sont des insectes dont les femelles pondent dans, sur ou à côté de l’insecte hôte et dont les larves issues des œufs se nourrissent à l’extérieur ou à l’intérieur de l’hôte et qui finissent par le tuer au cours de son développement (Waage, 1992). La duré relative de l’interaction entre l’hôte et le parasitoïde permet de distinguer les espèces idiobiontes et koïnobiontes (Askew et Shaw, 1986). Les espèces idiobiontes tuent et exploitent rapidement leurs hôtes. Ces espèces attaquent généralement les organismes immobiles ou à un stade de repos tels que les œufs, les pupes, les hôtes paralysés (Greathead et al., 1992). Contrairement aux parasitoïdes idiobiontes, les Koïnobiontes permettent à leur hôte de continuer plus ou moins normalement leur développement avant de succomber sous l’effet du développement parasitaire (Askew et Shaw, 1986). Les parasitoïdes koïnobiontes n’injectent aucun venin à leurs hôtes au moment de la ponte. Chez les espèces de ce groupe de parasitoïdes associées aux mouches des fruits, l’hôte est situé près de la surface des fruits (Vayssières et al., 2002). En conséquence, ces parasitoïdes attaquent les œufs ou les premiers stades larvaires qui sont plus poches de la surface de ces fruits. Ils sont généralement utilisés en contrôle biologique des Tephritidae frugivores (Vayssières et al., 2002).

La gestion des populations sauvages des Tephritidae carpophages d’importance économique peut être effective au travers de la lutte biologique classique. Ce type de lutte biologique vise à introduire (acclimater) dans la culture à protéger un (ou plusieurs) auxiliaire(s) exotique(s) pour un établissement permanent et un contrôle durable des ravageurs (Wajnberg et Ris, 2007). Cette stratégie intervient le plus souvent dans le cas d’un ravageur exotique ne possédant pas d’ennemis naturels bien adaptés dans la zone envahie (Waage, 1992). Les espèces de la sous-famille des Opiinae (Braconidae) sont le plus souvent utilisées dans le cadre de contrôle biologique classique des mouches des fruits (Wharton et Gilstrap, 1983 ; Wharton, 1989 ; Waterhouse, 1993 ; Ovruski et al., 2000 ; Billah et al., 2008) (Tableau 5). Parmi les Opiinae, F. arisanus est inféodé aux œufs de mouches des fruits (Mohamed et al., 2010). Introduite de Hawaii en Polynésie Française, cette espèce a permis de réduire les populations de B. dorsalis, B. tryoni et Bactrocera kirki Froggatt (Vargas et al., 2007). Au Kenya, des études au laboratoire ont montré que le taux de parasitisme des œufs de B. dorsalis par F. arisanus était plus élevé que celui des autres espèces du genre Ceratitis étudiées (Mohamed et al., 2010). Les résultats préliminaires des lâchers de ce parasitoïde au Kenya, en Tanzanie, en Mozambique et au Bénin ont montré un taux de parasitisme supérieur à 40% sur la mangue et la goyave (Ekesi et Mohamed, 2010).

Tableau 5 : Quelques parasitoïdes exotiques de la sous-famille des Opiinae utilisés en lutte

biologique contre les mouches des fruits

Famille Espèces Origine Mode de

parasitisme Hôtes possibles

Stade de l'hôte parasité Fruits Références Braconidae Diachasmimorpha

kraussii Fullaway Australie Koïnobionte

Anastrepha spp., Bactrocera spp., Ceratitis spp. Larve Combretaceae, Lecytidaceae, Myrtaceae, Rosaceae, Rutaceae, Solanaceae Ero et al., 2010, 2011; Bokonon-Ganta et al., 2013 Braconidae Diachasmimorpha longicaudata Ashmead Asie Koïnobionte Anastrepha spp., Bactrocera spp., Ceratitis spp., T. curvicaudata Larve Anacardiaceae; Caricaceae, Myrtaceae Montoya et al., 2000; Wang et Messing., 2004; Lopez-Martinez, 2005; Thompson, 2014 Braconidae Diachasmimorpha

tryoni Cameron Australie Koïnobionte

Anastrepha spp., Bactrocera spp., Ceratitis spp. Larve Rosaceae, Rubiaceae, Rutaceae Wong et al., 1991; Duan et al., 2000 ; Ovruski et al., 2000 Vargas et al., 2012a;

Medina et al., 2014

Braconidae Fopius

arisanus Sonan Asie Koïnobionte

Anastrepha spp., Bactrocera spp., Ceratitis spp., Dacus spp. Œuf Anacardiaceae, Annonaceae, Combretaceae, Loganiaceae, Moraceae, Myrtaceae, Oxalidaceae, Rubiaceae Renato et al., 2001; Rousse et al., 2006; Perez et al., 2013; Vargas et al., 2013; Yaakop et Aman, 2013

La méthode de lutte biologique classique est discutée en raison des effets secondaires non-intentionnels (l’attaque d’une ou plusieurs espèce(s) non initialement ciblée(s) ou l’entrée en compétition avec une ou plusieurs espèce(s) du même étage trophique) provoqués par les lâchers d’un agent de lutte biologique dans une zone agro-écologique donnée (Wajnberg et Ris, 2007). Pour éviter ces effets négatifs, le code de conduite pour l’importation et les lâchers d’un agent de contrôle biologique exotique dans une zone géographique donnée a été mis en place (FAO, 1996). Ce code consiste à (i) l’identification de l’agent de lutte adapté dans le pays d’origine du ravageur après étude de sa bio-écologie ; (ii) l’importation et la mise en quarantaine de l’agent de lutte après l’autorisation des autorités locales ; (iii) la réalisation des études approfondies sur sa biologie et les interactions avec les espèces indigènes sous quarantaine (iv) l’autorisation des lâchers par les autorités locales et (vi) suivi et évaluation des lâchers. Ainsi, le respect scrupuleux de ces normes établies par la FAO minimise les risques encourus lors de l’application de cette méthode (FAO, 1996).

En outre, le contrôle biologique des mouches de fruits par augmentation des populations de parasitoïdes indigènes est réel. En général, cette méthode est appliquée lorsque les espèces bénéfiques indigènes ne peuvent pas maîtriser les ravageurs ou lorsque les auxiliaires exotiques n’arrivent pas à survivre dans le milieu naturel où ils ont été introduits

(Waage, 1992). On procède par des lâchers inondatifs d’ennemis naturels qui vont agir comme « pesticides biologiques » pour maintenir les populations des ravageurs en dessous des seuils de dégâts économiques. Après l’établissement de D. longicaudata sur le continent américain (Vargas et al., 2012a), il a été utilisé dans la lutte augmentative et a permis une réduction d’environ 70% des populations d’Anastrepha spp. dans les vergers de manguiers au Mexique (Montoya et al., 2000). La plupart des parasitoïdes indigènes des Tephritidae frugivores d’Afrique appartiennent aux familles des Braconidae, Eulophidae, Chalcididae, Diapriidae, Pteromalidae (Vayssières et al., 2002 ; Lux et al., 2003b ; Vayssières et al., 2011b ; Vayssières et al., 2012) (Tableau 6). Les espèces appartenant à la famille des Braconidae telles que Diachasmimorpha fullawayi Silvestri, Fopius ceratitivorus Wharton, Fopius caudatus Szépligeti, Psyttalia cosyrae Wilkinson et des Eulophidae à l’instar de Tetrastichus giffardianus Silvestri sont inféodées aux genres Ceratitis, Dacus et Trirhithrum (Lux et al., 2003b). Ces mêmes auteurs affirmaient que le taux de parasitisme de ces mouches par les parasitoïdes susmentionnés était faible (1-10%) au cours de l’année au Kenya. Le contrôle des mouches des fruits d’importance économique par des lâchers inondatifs des parasitoïdes indigènes semble être limité en Afrique en raison des investissements très prohibitifs nécessaires pour leur élevage en masse (Lux et al., 2003b).