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Les nouvelles variations dans le travail de James Turrell pour apprécier la lumière et au même temps pour « tromper » la perception, lui ont permis de créer une œuvre dans le désert qui réunit le regard subjectif de l’artiste sur l’objet de son désir artistique. L’œuvre Roden

Crater représente l’expression maximale des travaux de Turrell. Elle est réalisée à l’intérieur

d’un cratère situé dans le Painted Desert, un des paysages les plus illuminés de la Terre. La série Skyspaces – des pièces avec des découpes faites dans le plafond afin d’apercevoir un morceau de ciel –, est un exemple net du but de la construction de chambres dans le cratère. Cette série est d’une grande richesse. Elle met en exergue la volonté de l’artiste de mettre la coupole infinie du ciel, avec ses constellations fascinantes, à la portée de l'homme. Les chambres du Roden Crater font exister l'union entre vision intérieure et extérieure ; elles ont été faites sous l’influence des constructions de certaines civilisations anciennes, en suivant des pratiques artistiques très anciennes dans la structuration de la lumière pour marquer certains événements. Selon Turrell, il utilise la structuration de l'espace intérieur pour contrôler et pour former la lumière naturelle et artificielle ; il travaille l'architecture de l'espace pour trouver le moyen de donner une forme à la lumière, ainsi il nous fait croire que nous pouvons la toucher avec nos yeux : « Un grand nombre de fois, nous regardons le ciel en pensant qu’il est très loin. Mais je fais ces espaces appelés Skyspaces, qui apportent le ciel par-dessus de l'espace où vous êtes à l’intérieur, donc, il n'est pas plus loin, vous êtes en contact étroit avec lui. En étant dans le désert du Sahara, on a le sentiment que ce lieu amène plus près de nous les étoiles et la Voie lactée, parce que vous les voyez tellement mieux et ils se sentent beaucoup plus proche de nous. Donc, l'idée d'une réalité plus intense, d'une supra- réalité, ce sont des situations dont j’en profite pour faire mon travail. Cette réalité est positive, mais avec des effets presque comme les drogues. »85

Pour continuer avec ces notions sur la lumière et l’influence que celle-ci a dans le                                                                                                                

travail de Turrell, il faudrait s’interroger tout d’abord sur la façon dont la lumière est née. À ce propos, je ferai référence à la théorie du « Big Bang » qui décrit notre univers comme issu d’une dilatation rapide, mieux dit comme une explosion pendant une époque dense et chaude qu’à connu l’univers il y a 13,8 milliards d’années. « L’univers est né il y a environ 14 milliards d’années à partir d’un état extrêmement petit (10-33 centimètre), chaud (1032 degrés Kelvin) et dense (1096 grammes par centimètre cube), dans une explosion fulgurante, le « big bang », qui a donné naissance au temps et à l’espace. À partir d’un vide rempli d’énergie et de dimension subatomique, l’univers a construit successivement électrons, protons et neutrons, atomes, étoiles, galaxies, planètes et êtres vivants. Pendant les 2500 premières années, la lumière domine. C’est elle qui dicte le rythme de l’expansion universelle. L’énergie de la matière est si négligeable qu’elle n’a pas d’influence. La lumière primordiale est apparue pendant la période infinitésimalement courte de 10-35 à 10-32 seconde, à la fin d’une folle période d’expansion exponentielle de l’univers appelée « inflation », pendant laquelle l’univers passe de la taille d’un centième de milliardième de proton (10-24 centimètre) à celle

d’un superamas de galaxies (1026 centimètres). Cette lumière primordiale va donner naissance

au contenu matériel de l’univers. (…) À cause de son expansion, l’univers, très chaud, se refroidit, ce qui permet l’élaboration de structures de plus en plus complexes. En effet, la température est synonyme de mouvement. Dans un univers trop chaud, les structures qui se forment s’entrechoquent donc violemment et sont inexorablement détruites. À la 100e seconde, la température de l’univers est assez basse (un milliard de degrés) pour que se forment les premiers noyaux d’atomes, ceux de l’hydrogène (composé d’un proton) et de l’hélium (composé de deux protons et de deux neutrons), les deux éléments chimiques les plus abondants et les plus légers de l’univers. »86 Cette théorie du « Big Bang » peut nous éclaircir les questions qu’on se posse toujours sur notre existence et l’existence de notre univers. On vient de voir que la lumière est donc née au moment de cette explosion dans un univers qui était très petit, chaud et dense. Cet événement a donné naissance au temps et à l’espace d’où personne ne peut s’échapper. L’expansion de l’univers est mue par une mystérieuse énergie noire, laquelle constitue 74% de tout ce qui existe dans l’univers. « Comme le yin est inséparable du yang, l’ombre est indissociable de la lumière. La matière lumineuse des étoiles et des galaxies ne représente en fait que 0,5% du contenu total en masse et énergie de l’univers. Nous vivons dans un univers dominé par les ténèbres, ce que les astronomes appellent la « masse noire » et « l’énergie noire ». Nous savons que la masse noire                                                                                                                

86 THUAN, Trinh Xuan, « Ombre et lumière dans l’univers », in Voyage au cœur de la lumière, Editions

est omniprésente car c’est sa gravité qui retient les étoiles et le gaz d’hydrogène dans les galaxies, et les galaxies dans les amas, malgré des mouvements qui tendent à les faire s’échapper. Sans la présence de la masse noire, galaxies et amas se seraient disloqués il y a bien longtemps. En faisant le recensement de la mase totale de l’univers, lumineuse et non lumineuse, l’astrophysicien arrive à 26% du contenu en masse et énergie de l’univers. Puisque la masse lumineuse ne représente que 0,5%, cela veut dire que la masse noire de l’univers est quelque 50 fois plus importante que sa masse lumineuse. Environ un septième de cette masse

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