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I. C

ONTEXTE ET

O

BJECTIFS

De nombreuses études ont démontré que l’ingestion journalière est influencée par les conséquences post-ingestives, notamment par la distension gastrique (e.g. Campling et Balch, 1961 ; Baumont et al., 1990b) et la concentration en acides gras volatils (Faverdin et al., 1995 ; Forbes, 2007). Les conséquences post-ingestives participent au processus de satiété et sont intégrées dans le contrôle de l’ingestion afin de prévenir tout excès (Faverdin et al., 1995; Baumont et al., 2000).

Isoler l’effet des caractéristiques sensorielles sur l’ingestion et l’activité alimentaire nécessite de pouvoir contrôler les effets post-ingestifs associés aux aliments. Greenhalgh et Reid (1971) ont été parmi les premiers à dissocier les effets des caractéristiques sensorielles de ceux des conséquences post-ingestives et ont ainsi démontré leur influence au niveau de l’ingestion des ovins. Ils ont pour cela utilisé des animaux équipés de canules du rumen, ce qui permettait d’introduire des aliments directement dans leur rumen sans stimuler leur zone oro-pharyngée. Cependant, l’étude des réponses de l’animal s’est limitée à des mesures de quantités ingérées quotidiennement sans analyse des activités alimentaires ni des préférences. Le but de cette expérimentation, appelée "introduction ruminale", est d’étudier la quantité ingérée, l’activité alimentaire et les préférences alimentaires exprimées par des ovins à l’auge afin de déterminer :

- les effets des caractéristiques sensorielles lorsque deux aliments différents sont associés à des conséquences post-ingestives similaires

- les effets des conséquences post-ingestives lorsqu’un même aliment est associé à différentes conséquences post-ingestives

II. M

ETHODES

Six moutons mâles castrés de race Texel, équipés de canules du rumen ont expérimenté, selon la procédure du carré latin, 4 traitements au cours de 4 périodes expérimentales de 11 jours, entrecoupées de périodes de repos. Les traitements étaient

caractérisés par la nature du fourrage (luzerne, L, ou foin de graminées, G) consommé oralement (o) et introduit dans le rumen (r) : Go/Gr, Go/Lr, Lo/Gr, et Lo/Lr (méthode inspirée de Greenhalgh et Reid, 1971). Les animaux étaient alimentés à volonté de 9h00 à 15h00. Les introductions ruminales étaient réalisées avant la distribution alimentaire, à hauteur de ½ de la quantité totale reçue la veille (i.e. quantité ingérée + introduite en matière fraiche). En période expérimentale, la quantité ingérée et l’activité masticatoire étaient enregistrées en continu. A 15h, les choix des animaux entre les 2 fourrages étaient testés pendant 5 min. Des récoltes de fèces, des échantillons de jus de rumen et des vidages du rumen ont été effectués au cours de chaque période afin de contrôler les paramètres ruminaux.

Ainsi, les traitements Go/Lr et Lo/Gr impliquent des aliments différents à l’auge mais des conséquences post-ingestives similaires car induites par 50% de G et 50% de L. A l’inverse, en comparant les traitements Go/Gr et Go/Lr d'une part et Lo/Lr et Lo/Gr d'autre part, on observe les effets des conséquences post-ingestives.

III. R

ESULTATS

L’introduction de luzerne à la place du foin de graminées dans le rumen a augmenté la quantité de foin ingérée de 597 ± 43 à 729 ± 58 g de MS/jour (P < 0.05). A l’inverse, l’introduction du foin de graminées dans le rumen à la place de la luzerne a diminué la quantité ingérée de luzerne de 951 ± 57 à 746 ± 56 g MS/jour (P < 0.05). La quantité ingérée était identique pour les traitements combinant les deux fourrages avec 729 ± 58 g de MS/jour lorsque le foin est ingéré à l’auge et 746 ± 56 g MS/jour lorsque c’était la luzerne (P > 0.05). Toutefois, durant les 20 premières minutes de l’offre alimentaire ainsi que durant la dernière heure, le foin de légumineuse était ingéré en plus grande quantité (Lo/Gr) que ne l'était le foin de graminées (Go/Lr).

Le foin de luzerne ayant une teneur en parois végétales plus faible que le foin de graminées (528 vs 671 g/kg MS) ainsi qu’une dégradabilité dans le rumen plus élevée (554 vs 493 g/kg MS), le temps de séjour a diminué entre Go/Gr et Go/Lr d’une part et a augmenté entre Lo/Gr et Lo/Lr d’autre part, ce qui peut expliquer les variations de l’ingestion volontaire. Le temps de séjour de la ration totale reçue par l’animal était identique entre les traitements Lo/Gr et Go/Lr, ce qui peut expliquer les ingestions similaires observées entre ces deux traitements. Aucune différence de digestibilité n’a été mesurée entre les quatre traitements.

Selon la nature du foin proposé à l’auge, l’augmentation de l’ingestion quotidienne moyenne n’implique pas les mêmes ajustements comportementaux : lorsque G était consommé oralement, les moutons ingéraient plus longtemps (149 min pour Go/Gr vs 192 min pour Go/Lr, P < 0.01) mais pas plus vite ; au contraire, lorsque L était consommé oralement, les moutons n’ingéraient pas plus longtemps mais plus vite (4.81 g MS/min pour Lo/Gr vs 6.13 g MS/min pour Lo/Lr, P < 0,05).

Lors des tests de choix, les animaux ont préféré le fourrage non consommé à l’auge précédemment quelles que soient les conséquences post-ingestives imposées par les traitements. De plus, à conséquences post-ingestives similaires (Go/Lr vs Lo/Gr), les moutons ont eu tendance à préférer d’autant plus le foin non consommé au préalable qu’il s’agissait du foin de luzerne.

IV. C

ONCLUSIONS

Nos résultats confirment le rôle prédominant des conséquences post-ingestives, en particulier celles liées à l’encombrement du rumen, sur l’ingestion journalière des moutons. A conséquences post-ingestives similaires, la nature du fourrage n’a pas influencé le niveau d’ingestion des animaux. Cependant, les caractéristiques sensorielles des fourrages influencent les activités alimentaires et les choix à court terme. Ainsi, les ovins préfèrent l’aliment non consommé précédemment, indépendamment de tout effet post-ingestif, ce qui suggère qu’ils recherchent un régime alimentaire diversifié plus pour le plaisir qu’à des fins fonctionnelles.

Feeding behaviour of sheep fed lucerne vs. grass hays