• Aucun résultat trouvé

Dominique Place

LES PLUS LONGS

Comme les véhicules diesel ont des consommations aux 100 km plus faibles, les ménages les privilégient nettement dans leur achat de voitures quand ils ont des trajets domicile- travail de plus de 13 km. Depuis les années 80, les différents constructeurs automobiles ont largement développé leur gamme de voitures diesel rendant ces modèles aussi performants que les modèles essence pour les utilisations des particuliers. Depuis 2002, le prix du litre de gazole est resté inférieur de 20 centimes à celui du litre d’essence sans plomb 95, ce qui compense largement le prix plus élevé de l’entretien. À ces arguments, il faut ajouter la plus longue durée de vie des moteurs diesel.

Presque 80 % des personnes qui doivent parcourir en voiture plus de 25 km pour leur trajet domicile-travail ou domicile-études (20 % des personnes avec des déplacements contraints), le font avec un véhicule diesel (tableau 5). Pour l’ensemble des personnes avec des déplacements contraints motorisés, cette part est de 71 %, ce qui est davantage que la part du diesel dans le parc automobile français (60 %).

Les habitants des espaces multipolarisés sont en toute logique ceux qui utilisent le plus les voitures diesel pour leur déplacements contraints, à 79 % (graphique 5). Comme il s’agit surtout de ceux qui réalisent les plus longs trajets, 85 % des distances parcourues pour la mobilité contrainte le sont avec un véhicule diesel. Même dans Paris et sa banlieue, où le taux de diésélisation est le moindre, 71 % des distances des déplacements contraints sont effectuées avec des voitures diesel.

L’effet de cet âge plus élevé des véhicules sur les consommations de carburant a pu être mesuré en modifiant les paramètres du modèle Copert 4. Au lieu de prendre l’âge réel des véhicules, on y a fait l’hypothèse qu’ils ont tous moins de 7 ans sans modifier leurs autres caractéristiques. La différence entre la nouvelle estimation de consommation de carburant et l’estimation précédente basée sur les âges effectifs représente le surcoût annuel entraîné par l’utilisation de véhicules anciens. Pour les ménages en situation de vulnérabilité énergétique, il s’élève en moyenne à 170 €, c’est-à-dire 8 % de leur facture énergétique de carburant pour la mobilité contrainte.

En raison de cet âge plus élevé des véhicules, on pourrait penser que la consommation aux 100 km en carburant des ménages vulnérables est plus importante que pour les autres

0 1 2 3 4 5 6 7 8 Essence Diesel l/100 km

Ménages vulnérables Ménages non vulnérables

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moins de 4 km de 7 km de 4 de 13 km de 7 à 25 km de 13 de 25 km plus l/100 km Essence Diesel

Graphique 3 : consommation de carburant aux 100 km, selon le carburant et la vulnérabilité énergétique

Champ : véhicules utilisés pour les trajets domicile-travail et domicile-études, en France métropolitaine.

Source : SOeS, enquête Phébus

0 1 2 3 4 5 6 7 8 Essence Diesel l/100 km

Ménages vulnérables Ménages non vulnérables

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moins de 4 km de 7 km de 4 de 13 km de 7 à 25 km de 13 de 25 km plus l/100 km Essence Diesel

Graphique 4 : consommation aux 100 km des véhicules selon le carburant et la distance des déplacements contraints

Champ : véhicules utilisés pour les trajets domicile-travail et domicile-études, en France métropolitaine.

Source : SOeS, enquête Phébus

ménages. Or c’est le contraire qui est observé (graphique 3). Cela peut paradoxalement s’expliquer par le fait que les ménages vulnérables, surtout ceux des zones peu denses, ont des trajets plus longs, qu’ils peuvent effectuer à des vitesses plus importantes. En effet, selon le modèle utilisé pour l’estimation des consommations de carburant, pour une classe de véhicules donnée, la consommation aux 100 km est minimale pour des vitesses de l’ordre de 50 km/h tandis qu’elle est très élevée pour des vitesses inférieures à 20 km/h.

Pour les plus courts trajets, la consommation unitaire approche les 9 l/100 km, que ce soit pour les véhicules essence ou diesel (graphique 4). Pour les deux types de motorisation, elle est globalement minimale pour les trajets de 13 à 25 km avec un net avantage pour les voitures diesel.

L’économie en carburant entraînée par l’achat d’un véhicule diesel est difficile à évaluer puisqu’il faudrait définir une classe de modèles essence équivalent au modèle diesel possédé. Un critère d’équivalence pourrait être défini par la puissance nette maximale, mais les données de l’enquête sont trop parcellaires sur ce point. En se basant sur la cylindrée, on peut toutefois estimer qu’un diesel permet de réduire sa facture de carburant d’environ 10 %. Pour les ménages des espaces multipolarisés, cette économie serait plus importante, de l’ordre de 14 %.

Distance des déplacements

contraints Part des véhicules diesel

Moins de 4 km 69 De 4 à 7 km 68 De 7 à 13 km 69 De 13 à 25 km 73 Plus de 25 km 78 Ensemble 71

Tableau 5 : part des véhicules diesel selon la distance des déplacements contraints

En %

Champ : véhicules utilisés pour les trajets domicile-travail et domicile-études, en France métropolitaine.

Source : SOeS, enquête Phébus

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Ensemble Unité urbaine de Paris Villes-centres des grands pôles sauf Paris Banlieues des grands pôles hors Île-de-France Couronnes des grands pôles Espace multipolarisé Petits et moyens pôles et leurs couronnes Hors influence des pôles urbains En %

Distances parcourues Véhicules

Graphique 5 : part des voitures diesel et des distances parcourues en voitures diesel pour les déplacements contraints

Note : en France métropolitaine, 71 % des voitures utilisées pour les déplacements contraints sont des véhicules diesel. 75 % des distances parcourues pour les déplacements contraints le sont avec des véhicules diesel.

Champ : véhicules utilisés pour les trajets domicile-travail et domicile-études, en France métropolitaine.

LES MÉNAGES VULNÉRABLES POUR LE CARBURANT