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Régulation du pH Maintien de l’intégrité

membranaire Allocation énergétique limitée aux processus de tolérance à l’ennoyage

(et croissance limitée, "repos ") Limitation du déficit énergétique

MORT

Economie des glucides Réduction de l’énergie nécessaire pour la maintenance Régulation du catabolisme

?

?

Limitation du déficit en oxygène Déficit en oxygène Inhibition de la respiration Crise énergétique Faible catabolisme des glucides

Catabolisme des glucides élevé (glycolyse et fermentation éthanolique)

Limitation du déficit énergétique

pas d’autres caractères adaptatifs

MORT

Acidification du cytosol Synthèse des ANPs

avec d’autres caractères adaptatifs

Cascade de signaux

SURVIE

… à court terme

?

fermeture stomatique Élongation des tiges

Aérenchymes Racines adventives Déficit en oxygène Inhibition de la respiration Crise énergétique Faible catabolisme des glucides

Catabolisme des glucides élevé (glycolyse et fermentation éthanolique)

Limitation du déficit énergétique

pas d’autres caractères adaptatifs

MORT

Acidification du cytosol Synthèse des ANPs

avec d’autres caractères adaptatifs

Cascade de signaux

SURVIE

… à court terme

?

fermeture stomatique Élongation des tiges

Aérenchymes Racines adventives déficit énergétique catabolisme des glucides maintenu élevé Consommation des sucres solubles disponibles

Maintien de l’apport en glucides (assimilation du C, mobilisation des réserves,

allocation vers les organes ennoyés) Pénurie en glucides

pour le catabolisme énergétique

Cascade de signaux

SURVIE

Élongation des tiges Aérenchymes Racines adventives

à plus long terme

Régulation du pH Maintien de l’intégrité

membranaire Allocation énergétique limitée aux processus de tolérance à l’ennoyage

(et croissance limitée, "repos ") Limitation du déficit énergétique

MORT

Economie des glucides Réduction de l’énergie nécessaire pour la maintenance Régulation du catabolisme

?

?

Limitation du déficit en oxygène déficit énergétique catabolisme des glucides maintenu élevé Consommation des sucres solubles disponibles

Maintien de l’apport en glucides (assimilation du C, mobilisation des réserves,

allocation vers les organes ennoyés) Pénurie en glucides

pour le catabolisme énergétique

Cascade de signaux

SURVIE

Élongation des tiges Aérenchymes Racines adventives

à plus long terme

Régulation du pH Maintien de l’intégrité

membranaire Allocation énergétique limitée aux processus de tolérance à l’ennoyage

(et croissance limitée, "repos ") Limitation du déficit énergétique

MORT

Economie des glucides Réduction de l’énergie nécessaire pour la maintenance Régulation du catabolisme

?

?

Limitation du déficit en oxygène

Figure SB-5. Réponses des plantes exposées à des phénomènes d’ennoyage de courte durée (quelques heures à quelques jours) et de longue durée (quelques jours à plusieurs semaines). Adaptée de Gibbs et Greenway (2003).

II. Synthèse bibliographique

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II.5 Gestion des réserves glucidiques

Les glucides sont les composés de stockage énergétique les plus importants des plantes et sont indispensables au catabolisme énergétique. Or, en condition d’ennoyage, l’inhibition de l’assimilation du carbone (§ II.4.3.3, p 28) affecte directement les réserves glucidiques et la disponibilité en hydrates de carbone. De plus, l’ennoyage réduit le transfert des produits issus de la photosynthèse depuis les sources foliaires vers les puits racinaire (Kozlowski 1997, Chen et al. 2005). Chez les espèces sensibles, pendant l’ennoyage il est courant d’observer une accumulation d’amidon dans les feuilles couplée à l’inhibition de la photosynthèse (Liao et Lin 1994, Gravatt et Kirby 1998). Chez les arbres ennoyés, l’alimentation des racines en hydrates de carbone, via le flux phloémique, conditionnerait en grande partie leur capacité à maintenir un niveau énergétique suffisant dans les racines (Gravatt et Kirby 1998, Kreuzwieser et al. 2004).

Les espèces qui possèdent de larges réserves glucidiques (notamment d’amidon) avant d’être exposées à des conditions d’ennoyage montrent souvent une tolérance accrue (Gravatt et Kirby 1998, Das et al. 2005). Cependant, la taille des réserves glucidiques n’est pas un critère suffisant de tolérance à l’ennoyage. L’amidon doit d’abord être hydrolysé en sucres simples pour être utilisé comme source énergétique. En conditions d’ennoyage, les rhizomes de Acorus calamus, une espèce tolérante, montrent une forte mobilisation des réserves amylacées, ce qui n’est pas le cas chez les tubercules de pomme de terre, espèce plus sensible (Arpagaus et Braendle 2000). Chez de nombreuses espèces, l’allocation des hydrates de carbone aux différents organes sous anoxie (i. e. les racines), est perçue comme l’étape limitante de la tolérance à l’ennoyage (Huang et Johnson 1995, Yamamoto et al. 1995, Angelov et al. 1996, Vartapetian et Jackson 1997, Gravatt et Kirby 1998, Pezeshki 2001, Islam et Macdonald 2004).

Chez les jeunes semis les cotylédons représentent des réserves importantes, si leur mobilisation reste effective. La dégradation de l’amidon dans les cotylédons est réalisée par des hydrolases qui sont synthétisées sous l’action de gibbérellines au moment de la germination (Guignard 2000). L’hydrolyse de l’amidon produit des dextrines (fragments d’amidon de faible poids moléculaire), puis du maltose rapidement scindé en deux molécules de glucose (qui sont des sucres réducteurs). Le glucose est ensuite converti en saccharose qui est exporté au niveau des tissus puits. Toute une collection d’enzyme est nécessaire pour dégrader l’amidon : α-amylases, β-amylases, α-glucosidases et debranching enzymes, mais seule l’α-amylase est considérée comme ayant un rôle majeure dans l’hydrolyse de l’amidon (Dunn 1974, Sun et Henson 1991). En conditions d’ennoyage, chez les plantules des espèces tolérantes l’utilisation de l’amidon des réserves cotylédonaires est stimulée, alors qu’elle est inhibée chez les espèces plus sensibles (Guglielminetti et al. 1995b, Perata et al. 1997, Mustroph et Albrecht 2003). Il est possible d’observer une forte corrélation entre l’activité de l’α-amylase, la disponibilité en sucre soluble et le taux de production d’éthanol (via la glycolyse suivie de la fermentation alcoolique), également corrélée avec les teneurs en ATP et la tolérance des espèces (Kato-Noguchi et al. 2008).

II.5 Gestion des réserves glucidiques

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Même si la conversion des voies respiratoires vers les voies fermentaires s’établit rapidement, en raison du faible rendement en équivalents ATP de ces processus, le métabolisme carboné et énergétique des arbres est fortement affecté par le manque d’oxygène (Kreuzwieser et al. 2004). A long terme, la survie en milieu hypoxique ne passe pas forcement par une forte activité des voies fermentaires. Il existe une forme de compétition dans l’utilisation des hydrates de carbones entre la croissance et la production d’énergie pour la maintenance, dont l’équilibre apparait primordiale (Setter et al. 1997). La régulation de l’énergie allouée dans la maintenance, par une faible activité se limitant aux processus essentiels à la survie, permettrait de réduire le taux du catabolisme et ainsi d’économiser les hydrates de carbone (Armstrong et al. 1994, Gibbs et Greenway 2003). Cette stratégie d’économie pour survivre à une longue période privée d’oxygène s’accompagne d’une réduction de la consommation d’ATP (§ II.4.4, p 30). L’accès aux réserves glucidiques et leur mobilisation restent cependant indispensables. De nombreuses espèces tolérantes à l’ennoyage montrent une stratégie d’économie, avec une croissance très réduite pendant la période de stress (Parolin 2001a, Greenway et Gibbs 2003, Schlüter et Crawford 2003, Yamanoshita et al. 2005). Dans le cas contraire, si le catabolisme est maintenu à un niveau élevé, la plante risque d’épuiser ses réserves glucidiques. Lorsque les réserves glucidiques ne sont pas accessibles, ou si elles s’épuisent, les voies glycolytiques et fermentaires ne sont plus alimentées, entraînant une crise énergétique qui conduit à la mort (Figure SB-5, Gibbs et

Greenway 2003, Greenway et Gibbs 2003).

II.6 Perturbations de la nutrition minérale

Les modifications induites par l’ennoyage sur les éléments minéraux via la microflore du sol (§ II.3, p 16) et la détérioration du système racinaire (§ II.4.3.1, p 21) peuvent être à l’origine de perturbations de la nutrition minérale des plantes. Chez de nombreuses espèces, l’ennoyage conduit à une réduction de l’absorption de la majorité des éléments minéraux, à l’exception du Fe et du Mn dont la disponibilité est augmentée (Gutierrez Boem et al. 1996, Kozlowski 1997, Xu et al. 1997, Pezeshki et al. 1999, Puiatti et Sodek 1999, Thomas et Sprenger 2008). L’arrêt de la croissance et la diminution de la respiration racinaire sous hypoxie peuvent être à l’origine d’une chute de l’absorption des éléments minéraux (Marschner 1995, Puiatti et Sodek 1999). Cependant, les perturbations de l’alimentation minérale liées à l’ennoyage semblent variables selon les espèces et les caractéristiques du sol. Chez les chênes, en conditions d’ennoyage peu de variations des concentrations en P, K+, Ca2+, Mg2+, Na+ et S ont été observées (Colin-Belgrand et al. 1991, Dreyer 1994, Gérard 2003). Dans le substrat de culture des expériences présentées par ces auteurs, la disponibilité de ces éléments minéraux est peu affectée par l’ennoyage. En revanche, les phénomènes de dénitrification conduisent à des carences en azote dans les sols ennoyés (§ II.3, p 17). Chez les arbres, l’ennoyage affecte souvent la nutrition azotée et le métabolisme azoté, proportionnellement à leur sensibilité (Kreuzwieser et al. 2002). Chez les semis de chêne

II. Synthèse bibliographique

39 ennoyés, une diminution de l’allocation azotée a pu être constatée notamment dans les feuilles (Colin-Belgrand et al. 1991, Kreuzwieser et al. 2002, Alaoui-Sossé et al. 2005).

Nutrition azotée

Après l’eau, l’azote constitue le principal facteur limitant de la croissance des plantes. Les plantes s’approvisionnent en azote en utilisant essentiellement deux formes minérales : l’ammonium NH4+ et le nitrate NO3- (Marschner 1995, Morot-Gaudry 1997). En forêt, près de 90% de l’azote réside sous différentes formes organiques, séquestrées dans la biomasse végétale ou animale, la litière ou le sol. L’azote minéral échangeable ou en solution dans le sol (NO3- et NH4+), qui est directement assimilable par les plantes et les microorganismes, ne représente qu’une faible proportion de l’azote total. Dans la majorité des sols, le NO3- est la forme d’azote minérale prédominante. C’est la principale source d’azote utilisée chez la plupart des végétaux supérieurs (Fernandes et Rossiello 1995). Cependant, chez les plantes adaptées à des sols pauvres en NO3-, les ions NH4+ sont davantage utilisés, comme par exemple chez de nombreuses espèces résineuses (Marschner 1995). Dans les sols, lorsque les conditions sont défavorables à la nitrification, le NH4+ est alors la forme minérale azotée prédominante. C’est une situation habituelle des sols acides pauvres et qui s’observe également dès que l’aération est déficiente. En conditions d’ennoyage, l’ammonium devient généralement la principale forme d’azote minérale disponible, alors que les nitrates disparaissent (§ II.3, p 17).

Nitrate

L’absorption du nitrate du sol par les racines est un processus actif. L’assimilation du nitrate et sa réduction en ammonium est réalisée par deux enzymes : la nitrate réductase (NR), cytosolique, et la nitrite réductase dans des plastes (Figure SB-6). La NR est régulée à différents niveaux : d’abord par l’expression génique, qui contribue au contrôle de la quantité de protéine NR synthétisée, et par son niveau de dégradation (Marschner 1995). Ensuite, l’activité NR est régulée par la modification réversible de la protéine, par phosphorylation ou déphosphorylation, correspondant respectivement à la forme inactive et active (Kaiser et al. 1999, Kaiser et Huber 2001). La synthèse de la NR est notamment induite par son substrat, les nitrates. En fait, les nitrates stimulent l’ensemble des enzymes impliquées dans l’assimilation de l’azote (Mattana et al. 1996, Mattana et al. 1997). En conditions d’anoxie, les voies d’assimilation du nitrate restent opérationnelles (Müller et al. 1994, Mattana et al. 1997). En condition d’aérobie, les enzymes NR racinaires sont fortement phosphorilées et donc peu actives, alors qu’en conditions d’anoxie l’activation de la NR par déphosphorylation a été rapportée chez plusieurs espèces : chez l’orge (Botrel et Kaiser 1997), le concombre (de la Haba et al. 2001), le tabac (Stoimenova et al. 2003). Les mécanismes d’activation des enzymes NR lors d’un déficit en oxygène restent cependant mal compris. Une baisse du pH peut largement contribuer à cette activation (Botrel et Kaiser 1997, de la Haba et al. 2001, Kaiser et al. 2002) mais d’autres facteurs serraient impliqués (Kaiser et Huber 2001).

II.6 Perturbations de la nutrition minérale

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Ammonium

L’absorption de l’ammonium est un phénomène passif lorsqu’il s’agit de la diffusion de la forme neutre, NH3, à travers la membrane plasmique, ou un mécanisme actif de transfert de la forme chargée, NH4+. Les mécanismes actifs font intervenir des pompes à protons ATP-ase dépendantes. Une forte absorption d’ammonium entraîne généralement une acidification du cytosol. De plus, l’ammonium est un composé relativement toxique qui n’est pas accumulé par la plante. Il est rapidement incorporé dans les composés organiques (Marschner 1995). L’assimilation de l’ammonium se fait par deux voies biochimiques : la glutamate déshydrogénase (GDH) et par le cycle glutamine synthétase (GS) - glutamate synthase (GOGAT, pour glutamine oxo-glutarate amino transférase). La GDH catalyse la formation réversible du glutamate à partir de l’ion ammonium et de l’α-cétoglutarate. Le cycle GS-GOGAT est considéré comme la voie majeure de l’assimilation de l’ammonium chez les végétaux supérieurs (Oaks 1994, Marschner 1995). La GS catalyse l’amination du glutamate pour former la glutamine. Ensuite, par l’intervention de la GOGAT, le NH2 du groupement amide de la glutamine est transféré sur l’α-cétoglutarate, issu du cycle tricarboxylique, pour former deux molécules de glutamate (Figure SB-7). La GS a une très forte affinité pour NH3. Quant à la GDH, elle a une faible affinité pour NH3 et devient importante lorsque les teneurs en ammonium deviennent élevées, notamment si le pH de la solution nutritive est faible (Marschner 1995). Cependant, en conditions d’ennoyage la GS-GOGAT apparaît prédominante dans l’assimilation de l’ammonium et la GDH serait plutôt liée à l’assimilation des nitrates via la NR (Fan et al. 1997). Chez le riz, l’activité des enzymes du cycle GS- GOGAT reste opérationnelle en conditions d’anoxie (Mattana et al. 1997). En condition

NO

2- Cyt b557

NAD(P)H + H

+

NAD(P)

+ 2H+ H 2O 2 e-

NO

3

-

cytosol

Nitrate réductase (NR)

NH

4+ Fedred Fedox

plaste

6 e- 2 H2O

Nitrite réductase

MoCo FADH2 sirohème 4(Fe-4S)

Fedred / ox: ferrédoxine réduite / oxydée

FAD : flavine adénine dinucléotide Cyt : cytochrome

MoCo : molybdène cofacteur

8 H+

NO

2- Cyt b557

NAD(P)H + H

+

NAD(P)

+ 2H+ H 2O 2 e-

NO

3

-

cytosol

Nitrate réductase (NR)

NH

4+ Fedred Fedox

plaste

6 e- 2 H2O

Nitrite réductase

MoCo FADH2 sirohème 4(Fe-4S)

Fedred / ox: ferrédoxine réduite / oxydée

FAD : flavine adénine dinucléotide Cyt : cytochrome

MoCo : molybdène cofacteur

8 H+

II. Synthèse bibliographique

41 d’ennoyage la composition des acides aminés est généralement modifiée, les teneurs en aspartate et en glutamate diminuent alors que celles en alanine et en GABA augmentent (Gibbs et Greenway 2003, Reggiani et Bertani 2003). Ces acides aminés joueraient un rôle dans le maintien du potentiel osmotique et leurs voies de synthèse contribuent à la régulation du pH (§ II.4.4 p 30). La synthèse de l’alanine à partir du pyruvate et du glutamate permet également de régénérer l’α-cétoglutarate, nécessaire à l’activité GS-GOGAT pour l’assimilation de l’ammonium (Figure SB-8).

glutamate