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3. Territoires et parcours documentaires : stratégies, coopérations et actions

3.1. Enjeux et conditions d’accès en BU, BM/BI et CDI

3.1.3. Les locaux : de fortes disparités d’accès aux bibliothèques selon les territoires

Les conditions de l’accès des lycéens et des étudiants aux BU et aux BM/BI constituent un volet indispensable à prendre en compte dans l’examen de leur parcours documentaire. Ce dernier dépend des ressources numériques qui sont mises à leur disposition mais aussi, largement, des lieux d’accueil qui s’offrent à eux. Les questions documentaires sont ainsi liées, pour une part, à la dimension de la ville et à la configuration du territoire où ils étudient mais aussi où ils vivent et où leur famille habite. La proximité du lycée par rapport à la BM/BI ou la BU joue un rôle important : l’enquête de l’ADBU sur l’accueil des lycéens en BU constatait que 89 % des bibliothèques répondantes qui n’accueillaient des lycéens qu’à titre individuel se trouvaient près d’un établissement d’enseignement secondaire74. Ainsi, des communes éloignées des grands centres urbains ou isolées, par exemple dans certaines zones rurales, ne disposent pas toujours de structures documentaires, ou celles-ci peuvent être de dimension et de moyens trop restreints, ce malgré l’important soutien des bibliothèques départementales. Or, si les étudiants ont accès aux BU lors de leur présence sur les campus et si les lycéens ont accès aux CDI, les conditions de travail qui sont les leurs et les

70 BM ou BI d’Auxerre, de Châlons-en-Champagne, d’Alençon, de Troyes, etc.

71 C’est le cas, par exemple, à l’université de Haute-Alsace et dans les bibliothèques de Mulhouse. 72 Carte Avantages jeunes (moins de 29 ans) de la région Bourgogne-Franche-Comté.

73 Bibliothèques de l’université de Lorraine (Nancy, Metz).

ressources documentaires disponibles durant les périodes de fermeture de ces structures – week-end, congés scolaires ou universitaires – doivent aussi être systématiquement prises en compte pour sécuriser non seulement le parcours documentaire, mais bien le parcours d’étude de ces élèves. Le développement de réseaux et synergies documentaires permettant d’enrichir l’offre accessible – dont l’offre numérique – devrait être particulièrement recherché dans ces territoires, en impliquant tant les CDI, les BM/BI que les BU. L’appui des bibliothèques départementales peut favoriser cette mise en réseau.

Un étudiant inscrit à l’université dispose en moyenne, dans sa BU, de 0,7 m² et une place est disponible pour douze étudiants. Ces chiffres restent éloignés des standards européens (un mètre carré par étudiant, une place pour dix étudiants) et les constructions de bibliothèques universitaires depuis trente ans ont peiné à suivre la croissance des effectifs. La tension, singulièrement dans les grandes villes universitaires, et davantage encore à Paris-centre, est particulièrement forte.

Un effort récent a été fait pour adapter les lieux documentaires aux évolutions des maquettes d’enseignement, notamment en premier cycle universitaire, de sorte que les bibliothèques universitaires construites ou rénovées dans les toutes dernières années proposent toutes des salles de travail en groupe en grand nombre (LILLIAD à Lille ou HEXAGONE à Marseille par exemple). Les BU ont récemment fait des progrès considérables en matière de réflexion sur les usages des espaces conçus comme modulaires. De même, les BM/BI et BU ont su s’adapter à la gestion de publics saisonniers comme les lycéens préparant le baccalauréat. Certaines bibliothèques modifient temporairement la destination de leurs espaces pour faire place à des publics ponctuels (étudiants de premier cycle universitaire en bibliothèques municipales par exemple) ; d’autres encore créent des zones différenciées en fonction de l’usage attendu (zones de « silence » à la bibliothèque universitaire Edgar-Morin sur le campus de l’université Sorbonne-Paris-Nord à Villetaneuse). Si les collections documentaires physiquement présentes ou les ressources numériques disponibles dans les BU peuvent sembler être en décalage avec les besoins documentaires des lycéens, en revanche, les conditions matérielles d’accueil sont favorables : espaces de travail, de sociabilité et de convivialité, horaires étendus (le soir, le samedi, plus rarement le dimanche), salles de travail en groupe, accès au wifi à haut débit, formation documentaire, accueil spécifique des lycéens à la fin de l’année scolaire et universitaire.

Loin des BU et des grandes bibliothèques, la BM/BI locale constitue aussi une ressource précieuse et peut offrir un cadre de travail favorable. Afin que cette offre soit correctement adaptée et dimensionnée, il est cependant nécessaire que les bibliothécaires chargés des acquisitions documentaires dans ces structures recueillent auprès des lycéens ou des étudiants des informations concernant leurs besoins ; mais c’est aussi auprès du professeur documentaliste du lycée le plus proche et de la BU de l’établissement d’enseignement supérieur fréquenté par les étudiants qu’il y a avantage à se renseigner. L’attache de la bibliothèque départementale est aussi à prendre afin de réfléchir à la meilleure méthode pour cette démarche.

Dans le cas des villes moyennes ou grandes, où les différents acteurs possibles d’un partenariat sont présents, la distance et les transports existants entre BM/BI et BU d’une part, BM/BI, BU et lycées d’autre part, ont une incidence forte sur les cheminements et les usages de ces différentes structures par les lycéens et étudiants, même si la distance peut parfois être palliée par l’attractivité de telle ou telle offre documentaire ou par un équipement particulièrement rayonnant. Cette dimension physique territoriale, à penser à l’échelle du tissu constitué par l’ensemble des lieux documentaires, doit donc faire partie des réflexions tant au niveau des politiques publiques d’aménagement que de celles des professionnels des bibliothèques et des CDI.

Dans tous les cas, la qualité des informations données au public lycéen (et néo-étudiant), pour l’aider à repérer les lieux documentaires et connaître leurs conditions d’accueil, se révèle décisive.

Les conditions d’accès, l’offre et la médiation documentaires, la cohérence et la complémentarité de l’ensemble de ces éléments entre CDI, BM/BI et BU et donc la qualité des liens et coopérations entre ces structures entraveront ou favoriseront le parcours documentaire du lycéen et de l’étudiant débutant.

Recommandation n °6 : Intégrer la dimension territoriale dans les politiques publiques concernant