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Livre Troisième - L'âme et la mort

Dans le document Lucrèce De la nature des choses (Page 107-139)

Toi qui, sur tant de nuit versant tant de lumière, Le premier, de la vie éclairas la carrière,

J’ose poser mes pas aux traces de tes pas, J’ose te suivre, honneur de la Grèce ! non pas En rival, mais en fils, en disciple fidèle.

Et qui pourrait au cygne égaler l’hirondelle,

Ou les bonds des chevreaux, vacillant sur leurs pieds Timides, à l’élan vigoureux des coursiers ?

Toi seul es l’inventeur, et tes livres sublimes

D’un père à ses enfants nous lèguent les maximes.

Au sein des fleurs l’abeille aspire son trésor : Ainsi je me nourris de toi, de ton miel d’or, Oui, plus digne que l’or d’une éternelle vie.

Dès que la vérité par ta bouche nous crie

Que l’immense univers n’est point l’œuvre des dieux, Les terreurs de l’esprit se dissipent, les cieux

S’ouvrent, et, par delà les murailles du monde, Dans le vide se meut la matière féconde.

À mes yeux apparaît la demeure des dieux,

20 Riante paix qu’inonde un éclat radieux, Que ne violent pas les vents et les orages, Où ne tombe jamais, d’un éther sans nuages, Le givre en flocons blancs par l’âpre hiver durci.

La Nature y répand tous ses biens. Nul souci N’effleure le repos de ces âmes sereines.

Nulle part je ne vois les rives souterraines Du fabuleux Cocyte, et sous notre univers.

Rien n’empêche mes yeux d’embrasser, au travers Du vide, sous mes pieds, le mouvement des choses, Quand je vois, par ta force, et jusqu’au fond des causes, S’éclairer la Nature en son immensité,

Je ne sais quel frisson de sainte volupté, Quelle divine horreur envahit tout mon être.

Et puisque mes leçons ont fait assez connaître Les types variés, l’éternel mouvement

Et l’essor spontané des germes, et comment Leur concours a du monde ordonné la structure, C’est l’heure maintenant d’expliquer la nature De l’esprit et de l’âme ; il est temps que mes vers

40 Rejettent au néant cette peur des enfers Qui si profondément trouble la vie humaine Que nul plaisir n’est pur, nulle volupté pleine, Tant l’ombre de la mort en assombrit le cours ! Certes, plus d’un mortel préfère, en ses discours, Aux tourments d’un long mal ou d’une vie infâme Les gouffres du Ténare : « Ils savent ce qu’est l’âme, Du sang, un peu de vent peut-être, et rien de plus ; Et nos enseignements sont pour eux superflus ! »

Prends garde, ces grands mots ne sont qu’une attitude ; L’amour du bruit les dicte et non la certitude.

Chassés de leur patrie, abreuvés de tourments, En fuite sous le poids de soupçons infamants, Loin des regards humains ces déclamateurs vivent.

En quelque affreux désert que leurs maux les poursuivent, Tu les vois implorer les mânes des aïeux,

Et de noires brebis gorger les sombres dieux ; Et plus dur est le sort, plus leur audace expire ; Plus la religion reprend sur eux d’empire.

Attends l’homme à l’épreuve et, pour le bien juger,

60 Observe ce qu’il est en face du danger.

Alors du fond des cœurs jaillit le vrai langage, Et le masque arraché laisse à nu le visage.

Ces rapaces désirs, ces aveugles ardeurs

Qui marchent sur le droit pour monter aux grandeurs, Ces complices du crime, ulcère de la vie,

Qui vers la proie en vain nuit et jour poursuivie Des malheureux mortels précipitent l’effort, Pour aliment premier ont la peur de la mort.

Exclus de toute vie assurée et prospère, Le mépris et la honte, avec l’âpre misère,

Semblent nous précéder, tristes avant-coureurs, À ce seuil du tombeau dont nos fausses terreurs Voudraient retarder l’heure et fuir au loin l’image ; Et nous accumulons carnage sur carnage,

Or sur or ; et, sanglants d’un butin criminel, Des monstres ont joui du bûcher fraternel ! La table de famille est transformée en piège, Et la haine intestine avec la crainte y siège.

C’est de ce même effroi que sèche l’envieux.

80 Écoute-le gémir : « Tel marche, sous ses yeux, Puissant et regardé, ceint de pourpre et de gloire ; Lui, végète dans l’ombre aux bas-fonds de l’histoire : Une statue, un nom, ou la mort ! » Insensés !

Par la peur du trépas combien de cœurs blessés Prennent en noir dégoût la vie et la lumière, Jusqu’à porter sur eux une main meurtrière !

Combien n’ont pas su voir dans cette aveugle peur La source de tous maux, l’écueil de la pudeur, Ce qui rompt les liens d’amitié, ce qui brise

Les nœuds même du sang dans nos heures de crise ! Oui, pour fuir l’Achéron, des citoyens, des fils Ont trahi leurs parents, ont livré leur pays.

La nuit l’enfant ne voit que présages funèbres ; Encor ne tremble-t-il qu’au milieu des ténèbres ;

Nous, nous tremblons le jour. L’effroi qui nous poursuit A-t-il donc plus de corps que ces terreurs de nuit ? Sur ces ombres le jour épuise en vain ses flammes.

La science peut seule éveiller dans nos âmes, À défaut du soleil l’astre de la raison.

100 D’abord, l’intelligence, ou, sous un autre nom, L’esprit, guide et conseil de la vie, est chez l’homme Un organe et rien autre, une part dans la somme Vivante, enfin ce qu’est l’œil, le pied ou le bras.

Selon les sages grecs, ce qui pense n’a pas De siège spécial, de place définie.

C’est notre activité vitale, une Harmonie Qui, sans demeure fixe, anime nos ressorts : Ainsi la santé n’est que l’état sain d’un corps, C’en est une habitude et non une partie.

Fausse comparaison, par les faits démentie ! En des points apparents le corps souffre parfois Sans que le mal pénètre en de secrets endroits ; Et réciproquement. Souvent l’âme est blessée, Et tout le reste échappe au mal de la pensée ; De même le pied souffre, et, le cas est pareil, Le front demeure exempt des douleurs de l’orteil.

Enfin, lorsque le corps, inerte et gisant, livre

Au doux sommeil un poids qui ne se sent plus vivre, Quelque chose est en nous qui, sous cette langueur,

120 Reste ouvert à la joie, aux vains soucis du cœur, Dont mille mouvements agitent l’insomnie.

Or ce qui vit, non plus, n’est pas une Harmonie, C’est un membre du corps. Et comment en douter, Lorsque tu vois la vie intacte résister

Aux mutilations, elle qu’un souffle tue,

Qui, pour quelque chaleur par les lèvres perdues, Peut déserter soudain les veines et les os ?

Nos éléments, pourvus de rôles inégaux,

Importent plus ou moins au salut de notre être.

C’est la chaleur et l’air, tu peux le reconnaître, Qui, gardiens de la vie, en retiennent l’essor ; Air vital, feu couvé dans notre sang, trésor

Qui s’envole et s’éteint quand la mort nous réclame.

Tu sais ce qu’est l’esprit, et tu sais ce qu’est l’âme : Des organes du corps. Laisse aux chanteurs ce nom Faute d’autre cueilli sur le mont Hélicon

Pour nommer une essence encor mal définie ;

D’où qu’elle vienne enfin, laisse aux Grecs l’Harmonie ; Qu’ils la gardent pour eux ! Toi, viens suivre avec moi

140 Le cours de ces leçons que je reprends pour toi.

J’enseigne l’unité de l’esprit et de l’âme

Je dis qu’un même fil forme leur double trame.

Mais le chef souverain, tête du mouvement,

C’est lui qu’on nomme esprit, pensée ou jugement.

Son siège est où l’angoisse et la terreur s’agitent, Où les frissons de joie autour du cœur palpitent ; La poitrine est son trône ; et de là, comme un dieu, D’un signe directeur il pousse et met en jeu

L’âme éparse en tout sens dans le reste de l’être.

Parfois, avant qu’un trouble en cette âme ait pu naître, L’esprit, seul conscient, frémit d’aise ou d’orgueil ; Ainsi le mal qui tient notre tête ou notre œil

N’attaque pas l’ensemble ; ainsi, quand la pensée S’exalte dans sa force ou bien languit blessée, L’âme, trop plein du cœur dispersé dans le corps, Souvent échappe au choc et demeure en dehors, Quand l’intensité croît, quand l’atteinte est profonde, Il faut que de partout l’âme entière y réponde :

La sueur pâle court sur le corps aux abois ;

160 La langue brusquement s’embarrasse ; la voix Tombe, l’oreille tinte et l’énergie expire.

Si donc l’esprit sur l’âme exerce un tel empire Qu’on a vu ses terreurs terrasser les plus forts, Si l’âme à son appel pousse et frappe le corps,

C’est que tous deux sont joints par une étroite chaîne.

Autre conclusion qui n’est pas moins certaine :

Tous deux sont corporels, puisqu’ils meuvent le corps.

Ils gouvernent tout l’homme, ils tendent ses ressorts, Le tirant du sommeil, lui faisant son visage,

Tous faits où du toucher tu reconnais l’ouvrage.

Sans toucher, point de choc ; sans corps, point de toucher ; À cet enchaînement tu ne peux t’arracher.

Confesse donc que l’âme et l’esprit sont matière ; Le corps d’ailleurs contient leur force tout entière ; Ce qu’ils font, c’est en lui, c’est par lui qu’ils le font.

Lorsqu’un trait furieux pourfend les os et rompt Les muscles sans atteindre aux sources de la vie, À l’amère langueur dont la chute est suivie,

À la prostration, succède un chaud désir,

180 Vague effort de l’esprit qui veut se ressaisir.

L’intelligence est donc d’essence corporelle, Puisque le mal du corps se répercute en elle.

Maintenant, de quels corps l’esprit se forme-t-il ? Je vais te l’enseigner. Infiniment subtil,

Des corps les plus menus il faut qu’il se compose.

Au premier examen ce premier point s’impose.

Quel plus rapide éclair que le travail mental ? L’élan de la pensée est un vol sans rival.

Si donc, en son essor, l’esprit laisse en arrière Tout ce dont l’œil perçoit la forme ou la matière, C’est que son corps fluide est formé d’éléments Ronds, menus et légers, tels que leurs mouvements Au choc le plus minime obéissent sur l’heure.

Pourquoi l’eau cède-t-elle au souffle qui l’effleure ? Elle est faite de corps ronds, menus et coulants.

Le miel est plus tenace et ses flots sont plus lents : Une cohésion paresseuse contracte

Le tissu moins glissant de sa nappe compacte.

Ses atomes, moins ronds, serrent mieux leurs faisceaux.

200 Rien qu’à frôler un tas de graines de pavots, Le zéphir jusqu’au sol en rase les poussières ; L’aquilon ne peut rien sur un monceau de pierres.

Donc la forme et le poids par de constants rapports Sont liés à l’allure, au mouvement des corps.

Plus ils sont fins, roulants, plus leur masse est agile.

Plus ils sont anguleux, moins leur bloc est mobile.

L’esprit à cette loi pleinement satisfait ; Actif par excellence il ne peut être fait

Que de corps fins, polis et de forme sphérique : Notion précieuse et qui partout s’applique, Et qui sur tous les cas projette sa clarté.

Regarde jusqu’où va cette ténuité

De trame et combien peu, lorsque l’esprit s’amasse, Ce fluide subtil doit occuper d’espace :

Quand le repos funèbre est en nous descendu, L’esprit et l’âme ont fui, mais rien ne s’est perdu De la forme et du poids, rien de ce qui fut l’homme ; De son dépôt la mort représente la somme ;

Seuls le souffle et la flamme intime sont partis.

220 C’est que l’âme, réseau d’atomes très-petits, Entre les nerfs, les os et les veines pénètre ; Elle a pu tout entière abandonner tout l’être Sans toucher au contour des membres ; le dehors Est sauf, et le poids même est resté dans le corps.

Ainsi, lorsque du vin s’est exhalé l’arome, Quand l’air a dispersé la douce odeur du baume, Quand s’est perdu le suc enfermé dans le fruit, Le volume à nos yeux n’en paraît point réduit ; Le poids n’a pas changé ; parce que les aromes Et les sucs sont formés d’impalpables atomes.

Si donc sans altérer les formes et les poids L’âme s’évanouit, c’est, encore une fois,

Que des germes subtils composent sa substance.

Non pas qu’elle soit une et simple en son essence ; Puisque par les mourants l’esprit est exhalé,

Il est souffle : et ce souffle est de chaleur mêlé ; La chaleur ne va pas sans air et toute flamme En contient ; aux défauts de cette frêle trame L’air glisse par milliers ses globules ténus.

240 Mais ces trois éléments constatés, reconnus, D’eux-mêmes peuvent-ils créer ce sens intime, Contre-coup ressenti par l’être qui l’anime, Où l’ignorance voit un don miraculeux ?

Ce pouvoir, j’en conviens, n’existe en aucun d’eux.

À ces éléments donc s’en joint un quatrième, Sans nom, presque sans corps, la ténuité même, Sans égal en souplesse, et dont le mouvement

De membre en membre éveille en nous le sentiment.

Germe de l’action, cette fluide essence

Met en jeu la chaleur, puis l’aveugle puissance

Du vent, puis l’air, enfin gagne et pénètre tout Et, par les nerfs émus et par le sang qui bout, Transmet au fond des os et jusque dans les moelles Le feu des voluptés ou des fièvres cruelles.

Le mal qui peut l’atteindre est le trait de la mort ; Tout s’écroule ; la vie attaquée en son fort

Cherche en vain où se prendre et perd pied ; toute l’âme S’enfuit par chaque pore en impalpable flamme.

Heureux quand le torrent ne passe point les bords !

260 La vie alors subsiste et rentre dans le corps.

Mais quelle loi combine et revêt de puissance L’accord des éléments de la quadruple essence ? Notre indigent latin, rebelle à mon désir,

T’en apprendra du moins ce que j’en puis saisir ; Encor me bornerais-je aux aperçus sommaires.

Les mouvements croisés de ces substances mères, Leurs pouvoirs indivis, n’admettent point d’écart Qui laisse de chacune évaluer la part.

Ressorts divers d’un être unique, elles ressemblent Aux agents que nos chairs en nos tissus rassemblent, Odeur, saveur, chaleur, que de secrets rapports

Amalgament si bien qu’ils ne font qu’un seul corps.

Ainsi l’air, la chaleur et l’aveugle puissance Du vent, pour ne former qu’une même substance S’unissent dans notre âme à l’obscur élément, Moteur subtil, d’où part leur propre mouvement Et d’où l’activité coule de veine en veine ; Force présente au fond de la machine humaine, Pivot sur qui tout porte et qui n’a rien sous lui,

280 Âme de l’âme enfin ! Et ce suprême appui, Base de la pensée et racine de l’âme, Court, invisible fil dérobant sous la trame Ses éléments subtils et clair-semés, pouvoir

Que l’on ne peut nommer puisqu’on ne peut le voir ! C’est bien là cependant l’esprit même, le maître Et le dominateur du corps, le fond de l’être.

Ne faut-il pas d’ailleurs qu’en ce mélange d’air,

De chaleur et de vent qui vit dans notre chair, L’un des germes domine et sous sa loi commune Fasse que tout se tienne et que l’âme soit une : Pour qu’aux fuites de l’air, de la flamme ou du vent Survive en quelque lieu le sentiment vivant ?

L’âme contient du feu, le feu que la colère

Allume au cœur, le feu dont l’œil sanglant s’éclaire ; L’âme contient du vent, frisson avant-coureur

Qu’en nos sens ébranlés fait glisser la terreur ; L’âme contient de l’air, onde impassible où nage L’équilibre serein qui luit au front du sage.

C’est le feu qui domine en ces esprits entiers,

300 Âpres, où le courroux s’enflamme volontiers ; C’est lui que les lions soufflent par les narines, Qui fait en rauquements éclater leurs poitrines Et déborder sans frein le flot de leur fureur.

Les cerfs tremblent au vent qui refroidit leur cœur ; Le vent règne en leur âme et frissonne en leur veine.

L’air calme assure aux bœufs leur majesté sereine Que trouble rarement de sa noire vapeur

La torche du courroux aveugle, et que la peur Ne paralyse point de ses flèches de glace ; Entre les deux excès la nature les place.

Et, dans ces animaux, c’est nous que je décris.

La sagesse a bien pu mûrir quelques esprits, Mais sans en extirper la tendance rectrice.

Elle n’en peut si bien déraciner le vice

Que l’un plus volontiers ne cède à la terreur, L’autre aux emportements de l’aveugle fureur, L’autre au mol abandon d’une âme trop peu fière.

Enfin de cent façons les jeux de la matière-Avec le naturel font varier les mœurs.

320 Comment trouver assez de noms pourtant d’humeurs, Qui pourrait éclaircir tant de causes obscures

Et de tant d’éléments distinguer les figures ? Constatons seulement que, si faibles soient-ils, Rien n’en peut effacer les vestiges subtils.

La raison les attaque et ne peut les détruire.

Quel obstacle, sans eux, pourrait nous interdire L’accès du calme pur dont jouissent les dieux ? Ces germes, dans le corps répandus en tous lieux, Assurent sa durée et soutiennent sa trame ;

Car des liens profonds soudent le corps à l’âme, Nœuds qu’on ne tranche pas sans dommage commun.

Qui peut d’un grain d’encens isoler son parfum, Sans supprimer l’objet dont l’arôme est l’essence ?

C’est ce que sont au corps l’âme et l’intelligence ; L’ensemble se dissout quand le faisceau se rompt.

Tant un accord étroit, primordial, confond Comme leurs éléments leur fortune jumelle ! Ni l’âme ni le corps sans aide mutuelle

Ne pourraient, séparés, atteindre au sentiment.

340 De leur concours actif sort ce rayonnement Vital, centre de l’être et flambeau du système.

Le corps n’est rien sans l’âme. Il n’a point en lui-même De quoi naître et grandir et survivre à la mort.

L’eau peut ne pas changer quand la vapeur en sort Et rendre sans périr ce que le feu lui donne,

Autre est la loi du corps. Quand l’âme l’abandonne, Il succombe, entraînant tous ses ressorts pourris.

C’est que, dès le principe, ensemble ils ont appris Ce concert d’actions dont la vie est la somme

Et qu’au sein maternel, dans le moule où naît l’homme, On ne briserait pas sans les tuer tous deux.

Ainsi, perte et salut, tout est commun entre eux ; Comment donc contester leur parenté native ? Refuser à la chair la vertu sensitive,

Dans l’âme éparse en nous voir l’unique ferment De l’intime travail qu’on nomme sentiment, C’est nier l’évidence acquise et manifeste.

Car le fait nous apprend, nous prouve, nous atteste La sensibilité du corps, et ce qu’elle est.

360 L’âme en quittant le corps laisse l’être incomplet,

Et le sens l’abandonne ; il perd en ce divorce Ce qui, sans être lui, du moins doublait sa force ; Sa part à lui, la mort la lui prend par surcroît.

D’aucuns disent : « C’est l’âme et non pas l’œil qui voit ; L’œil est la porte ouverte à l’âme spectatrice. »

D’aucuns disent : « C’est l’âme et non pas l’œil qui voit ; L’œil est la porte ouverte à l’âme spectatrice. »

Dans le document Lucrèce De la nature des choses (Page 107-139)

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