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A – Limites dans la relation :

Du fait d’une mémoire sensorielle, la personne touchée peut associer le toucher à une expérience négative (agressions contre le corps, violence, sensations désagréables).

Une appréhension au toucher peut être vécue par le psychomotricien ou la personne âgée, du fait d’une mauvaise expérience ressentie ou de douleurs par exemple. Lors du phénomène d’allodynie, le seuil douloureux se retrouve abaissé. Chaque stimulus, normalement indolore, peut alors déclencher une douleur chez le sujet.

L’appréhension au toucher se manifeste par une répulsion, un retrait, du dégoût ou de la gêne. C’est la principale contre-indication pour la pratique du toucher-massage. Cela se ressent dans la posture, dans la façon d’être et de faire, dans la relation, du patient. Le toucher-massage peut être pris comme une intrusion de la part du patient de par la proximité corporelle dont il est question. En effet, selon Edward T-Hall, le contact tactile s’inscrit dans une distance intime entre le patient et le soignant ([11], page 73). La proximité doit donc être abordée progressivement afin de trouver la bonne distance et de préserver une relation thérapeutique de qualité entre les deux partenaires de soin.

Le toucher est un acte réciproque. Maurice Merleau-Ponty précise que lorsqu’on touche, on a une « immersion de l’être touché dans l’être touchant et de l’être touchant dans l’être touché » ([44], page 308). Lorsque je touche, je suis touché. Il convient donc de rester vigilant aux transferts et contre- transferts entre le thérapeute et la personne touchée. Le transfert correspond aux sentiments que le patient projette sur le thérapeute. Le contre-transfert définit les affects du thérapeute envers le patient. Le soignant doit donc être à l’aise avec cette pratique et le fait d’être touché pour proposer ces séances. Le choix de la médiation nécessite donc une véritable réflexion de la part du soignant.

L’intentionnalité du geste est également importante. Cet acte peut être perçu comme un geste de tendresse, de protection, de réconfort, ou encore comme érotisé selon la manière dont il est présenté au patient. En tant que rencontre corporelle, le toucher n’échappe pas à la question de l’érotisation chez le patient. Le soignant ne doit pas vivre cette ambivalence comme un tabou mais plutôt être à l’aise avec cela pour l’appréhender et la contrer au mieux. Selon Joël Savatofski, le

65 soignant doit être clair, « la sexualité est reconnue, intégrée, acceptée dans la vie et non pas évacuée et niée » ([53b], page 127).

Dans cette pratique, le soignant doit rester vigilant à son positionnement, aux actes et gestes qu’il propose au patient. En cas de mauvaise position prise par le thérapeute pendant le massage, ce dernier est soumis à d’importantes tensions musculaires et douleurs, il est contracté et ses aptitudes à transmettre une détente au patient, par l’intermédiaire du dialogue tonico-émotionnel, sont mises à mal. Les bienfaits du toucher thérapeutique en sont diminués.

Il en est de même pour un mauvais positionnement du patient lors de son installation avant le commencement de la séance. En effet, il convient de demander au patient s’il se sent bien installé et d’y prêter une attention importante si celui-ci n’est pas capable de la verbaliser. En cas de mauvaise installation, le patient n’ose possiblement pas se réinstaller au cours de la séance et peut rester dans une position inconfortable qui attire son attention, le rend incapable de se détendre et de profiter de l’instant.

B – Limites du fait de la douleur :

Le toucher peut réveiller des expériences vécues antérieurement par le sujet. Par exemple, dans le cas d’opérations, le contact tactile sur les zones opérées ou les cicatrices peut raviver les sensations et émotions éprouvées lors de ce moment et être très difficile pour le patient.

Lors d’un contact tactile, la possibilité de réveiller des douleurs chez le sujet n’est pas négligeable à type d’allodynie (phénomène décrit précédemment) ou de décharges électriques. En effet, comme le précise Odile Gaucher-Hamoudi, le toucher est recommandé dans les douleurs nociceptives, stimulant les modulations de la douleur par le gate control ([24], page 38). Mais, dans le cas des douleurs neuropathiques, le massage peut alors créer des sensations douloureuses et inconfortables de type décharges électriques. Cette auteure précise que ces douleurs sont plutôt soulagées par des stimulations thermiques froides. Il convient donc de préciser que ces sensations inconfortables lors du toucher thérapeutique peuvent majorer la crainte du sujet, mais aussi, de l’angoisse et interférer dans la relation de soin.

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C – Précautions à prendre avec les personnes âgées :

Premièrement, la peau des personnes âgées étant plus fine, plus fragile, des précautions sont à prendre. De ce fait, l’utilisation d’une huile ou d’une crème de massage est donc mieux tolérée. La pression du toucher sera également à adapter à causes des veines souvent saillantes et des capillaires sanguins plus fragiles chez les personnes âgées.

Les personnes âgées étant plus susceptibles aux fragilités osseuses, rhumatismes, douleurs arthrosiques, mais également aux prothèses, il convient de s’assurer que ce toucher-massage n’occasionne pas de douleurs.

Plus précisément dans le cadre des démences, des angoisses de morcellement peuvent toucher le sujet âgé. Le fait de rompre le contact pendant le toucher thérapeutique devient alors angoissant, associé à la perte de la continuité corporelle et à l’explosion des limites du corps. Un toucher harmonieux et globalisant est alors primordial.

De plus, des troubles du comportement sont fréquents chez les patients déments, des précautions sont à prendre pour ne pas majorer ces troubles comme l’anxiété, l’agressivité. En effet, des gestes brusques ou des agrippements involontaires de la part du soignant pourraient générer des conduites hétéro-agressives du patient. La communication verbale peut donc accompagner les gestes si la compréhension langagière de la personne reste préservée.