• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4. Population de l’étude GIANT

4.5. Limites

Le devis cas-témoins de l’étude GIANT est sujet au biais provenant de plusieurs sources. D’abord, l’incidence de l’IC n’était pas différenciée lors de l’enrôlement, ce qui fait que beaucoup de patients étaient des cas prévalents. On peut donc s’attendre à ce qu’un biais de survie se soit introduit dans l’étude. De plus, étant donné que le temps entre le diagnostic d’IC et l’entrée dans l’étude est variable pour chaque patient, il faut considérer que la période durant laquelle les patients bénéficient d’un suivi et d’un traitement varie aussi. La progression de la maladie et l’étendue de la réponse pharmacologique dépendent de ce facteur et influencent les chances d’avoir eu une FEVG améliorée au début de l’étude, de même que la classification dans l’un ou l’autre des types d’IC selon la

164

FEVG, ou les indicateurs de sévérité de la maladie. Dans le même ordre d’idées, les patients avec une IC de longue date pouvaient être plus âgés et présenter un état pouvant se détériorer au fil du temps. L’année du premier diagnostic de l’IC a cependant été notée pour chaque patient dans la base de données GIANT et pourrait servir comme covariable lors des analyses futures.

Le devis cas-témoin ne permet pas d’apprécier de lien de causalité entre un phénotype et des caractéristiques autres que génétiques étant donné que la relation temporelle n’est pas observable. Par exemple, les associations observées entre l’HFrEF et les dimensions du ventricule gauche ne permettent pas de déterminer si l’hypertrophie ventriculaire est la cause de l’HFrEF ou simplement un reflet de la maladie. De ce fait, les associations présentées dans ce mémoire se limitent uniquement à la description des sous-groupes et la formulation d’hypothèses.

Par ailleurs, la nature rétrospective de la collecte de données a entrainé une quantité importante de données manquantes, en plus d’une certaine variabilité sur les mesures étant donné que les tests de laboratoires n’ont pas été centralisés. Concrètement, on observe que moins de la moitié des patients avaient des données reliées à un examen physique pendant la période d’éligibilité, et que seulement 270 patients sur les 829 avaient un résultat disponible pour le NT-proBNP. Certains patients bénéficiaient d’un suivi continu à la clinique d’IC de l’hôpital alors que d’autres n’ont utilisé les services que de façon ponctuelle. Ces-derniers sont donc plus susceptibles de présenter des données

165

manquantes. Aussi, il faut considérer la possibilité que les patients dans un état plus critique aient bénéficié d’un suivi plus étroit et donc avoir un dossier plus complet; cette différence pourrait introduire un biais systématique quant à l’évolution de la maladie. À l’inverse, les patients vus régulièrement par un spécialiste pourraient bénéficier d’un ajustement de thérapie plus adapté et donc avoir une évolution plus favorable. Pour vérifier cette hypothèse, il serait intéressant de chercher s’il existe des différences entre les patients avec beaucoup de données manquantes et ceux n’en ayant peu ou pas.

Un autre impact des données manquantes concerne la classification dans les sous- groupes d’IC. Bien que la présence d’au moins une mesure de la FEVG au dossier était l’un des critères d’inclusions de l’étude, la durée et la qualité du suivi médical précédant le début de l’étude n’est pas la même pour tous. Ainsi, il est concevable qu’un patient ayant peu ou pas d’antécédents de FEVG présents au dossier aie moins de chances d’être placé dans le groupe dont la FEVG s’est améliorée. Ceci amènerait donc une sous- estimation du nombre de patients dans ce groupe et une surestimation du nombre de patients avec HFpEFp.

Les données manquantes mentionnées précédemment auront peu d’impact pour les objectifs de GIANT. En effet, les covariables qui seront utilisées dans les analyses subséquentes sont l’âge, le sexe et les composantes génétiques principales (données dérivées de la structure génétique de la population). Les données issues des évaluations

166

cliniques, échocardiographiques et des analyses de laboratoire ne font pas partie des objectifs principaux de GIANT.

En lien avec la participation à la Biobanque, les individus approchés sont ceux ayant utilisé les services de l’Institut de cardiologie de Montréal ou y travaillant. Ce mode de recrutement implique donc que les sujets sans maladie cardiaque qui constitueront le groupe témoin sont surtout des employés de l’hôpital ou les accompagnateurs des patients. Ce mode de recrutement est avantageux par sa faisabilité et la forte probabilité que les sujets recrutés partagent la même région démographique et des habitudes de vie similaires. Par contre, comme mentionné plus haut, les patients atteints d’IC qui ont fréquenté l’Institut de cardiologie de Montréal constituent une population présélectionnée pour ses besoins particuliers et ne représentent pas la population insuffisante cardiaque générale. Il est possible que la grande proportion d’hommes avec des antécédents d’évènements ischémiques soit propre à l’hôpital et donc ceci expliquerait la surreprésentation de cette catégorie de patients dans nos registres.

De plus, certains cas suivis dans d’autres centres peuvent avoir été enrôlés dans le projet lors d’une visite antérieure à l’Institut de cardiologie de Montréal et être perdus au suivi par la suite. Il est donc raisonnable d’estimer que les patients habitant à l’extérieur de la région métropolitaine soient sous-représentés dans notre étude et aient un taux plus élevé de données manquantes.

Documents relatifs