• Aucun résultat trouvé

Plusieurs limites font obstacle à cette recherche. Nous présenterons d’abord celles relatives à l’échantillon, après quoi nous traiterons les limites liées aux données, et enfin aux pistes d’intervention.

Notre échantillon soulève deux défis, le premier étant sa petite taille. En effet, même si la majeure partie de l’étude se veut sociométrique, donc quantitative, cette recherche ne dispose que d’un nombre de participants très limité (N=26), ce qui amoindrit la représentativité des résultats et ne nous permet pas de procéder à des analyses bi et multivariées. Les avancées de cette recherche se limiteront donc à établir de nouvelles hypothèses, à vérifier à plus grande échelle via de nouvelles études.

L’échantillon est aussi limité par l’aspect longitudinal de l’étude. Ainsi, rares sont les acteurs qui ont participé aux 5 temps en raison des courtes sentences auxquelles ils font face. Les dynamiques structurelles du réseau ont donc subi beaucoup de modifications externes (allers et venues et des acteurs). Par ailleurs, le départ de la majorité des acteurs a fortement limité les tentatives d’intervention sur le réseau pendant la recherche : une

58

seule intervention a pu finalement être testée entre les temps 4 et 5, puisque les sujets d’intérêt finissaient leur sentence au fil de la recherche.

En ce qui concerne les données, deux limites principales sont à soulever. D’abord, comme nous l’avons soulevé dans la présentation de notre méthode, les estimations des liens sont à considérer comme des tendances, car elles rassemblent l’estimation de tous les types de liens. Elles ne doivent donc pas être associées au nombre de mauvaises perceptions d’un individu, même si les deux corrèlent parfois. On pourrait tomber dans le piège en pensant qu’un individu qui a tendance à estimer parfaitement ses liens (0% de sur ou de sous-estimation) ne commet pas d’erreur de perception, alors que dans la façon où nous avons codé la variable, une erreur de perception positive et une négative s’annulent. Il s’agit moins d’une précision méthodologique qui est primordiale pour ne pas faire d’erreurs interprétatives par la suite.

Le second enjeu de nos données ici concerne les périodes d’observation, qui ont été beaucoup moins nombreuses que prévu. Originellement, deux périodes d’observation à l’aide de la grille devaient être effectuées par semaine dans chaque unité. Mais, les imprévus fréquents et l’absence de certains jeunes nous a contraints à éliminer une grande partie de nos données. L’observation qui sera donc abordée dans les pages suivantes ne prétend pas être le reflet du mois complet associé au réseau dessiné.

Concernant les pistes d’intervention, deux limites encadrent nos résultats. D’abord, une

seule piste d’intervention a pu être testée pendant la recherche malgré la participation des intervenants, car les dynamiques entre les jeunes se modifiaient plus vite que les idées arrivaient dans les groupes de discussion. De plus, beaucoup de jeunes d’intérêt dont nous allons parler en détail sont partis au cours de la recherche, alors que des pistes d’intervention se dessinaient par rapport à leur profil.

Enfin, les pistes d’intervention qui seront énumérées doivent être prises en ayant conscience du milieu très réactif que constituent les unités de garde, car autant la structure du réseau que l’estimation des liens perçue par les jeunes changent rapidement ; rares sont les jeunes ou les réseaux figés. Il faut donc en tenir compte lors de la lecture de nos résultats.

59

CHAPITRE III

Les trois dynamiques d’estimation des liens chez les jeunes en milieu fermé

Ce chapitre présente les trois façons possibles de percevoir les liens que les jeunes reçoivent de la part de leur réseau social. Distinguer les jeunes en fonction de leurs perceptions des liens de soutien, de confiance et de conflit reçus nous permet de les associer à des problématiques différentes sur le terrain. Nous verrons donc en quoi chacun de ces groupes se distingue des deux autres, par les spécificités associées à leurs perceptions des liens reçus. Ce sont donc ces différences qui détermineront l’intérêt de prendre en compte à l’avenir les dynamiques d’estimation des liens comme un facteur à part entière de l’intervention, car cette donnée fera écho à des enjeux différents dans le groupe ainsi qu’à des façons de réagir variées. Tenir compte de l’estimation des liens de chacun permet aussi de comprendre les tensions en jeu quand des individus avec des estimations de liens différentes interagissent. Pour éclaircir tout ça, nous présenterons donc chacune des dynamiques d’estimation de liens, en commençant par les jeunes qui sous-estiment les liens qu’ils reçoivent. Ensuite, nous présenterons les jeunes qui jugent relativement correctement leurs liens, et nous terminerons avec les jeunes qui surestiment les liens qu’ils reçoivent de la part de leurs pairs. Pour chacune des dynamiques présentées, nous distinguerons des sous-groupes de jeunes en fonction de leurs caractéristiques personnelles et sociométriques, afin d’obtenir une vision plus réaliste des portraits dressés. Aussi, pour concrétiser nos résultats, nous présenterons dans chaque section le cas d’un jeune rencontré dans la recherche qui répond aux critères de son sous- groupe, et dont l’exemple reflète les enjeux particuliers associés à son groupe de même que les interventions qui seraient propres à leur dynamique de perception.

À chaque temps, les acteurs se sont prononcés sur les trois types de liens qu’ils percevaient recevoir de la part d’autrui. Nous avons remarqué à la suite de notre récolte de données que les acteurs pouvaient se distinguer en fonction des perceptions qu’ils avaient de leurs liens reçus.

Il ne s’agit pas ici de dresser une typologie des acteurs en fonction des perceptions qu’ils ont des liens qu’ils reçoivent, mais bien de distinguer des dynamiques différentes

60

associées à chacun de ces types de perception à un moment donné : soit la sous- estimation des liens reçus, la surestimation des liens reçus et l’estimation correcte des liens reçus. Nous verrons que selon l’estimation de liens qui les caractérisent, certains jeunes demandent aux intervenants plus de travail que d’autres, mais que ce ne sont pas forcément les groupes les plus problématiques sur le plancher qui s’annoncent être les plus biaisés dans leurs relations extérieures, et donc les plus difficiles à réintégrer en société.

Puisque nous avons observé les structures des réseaux en 5 temps, certains acteurs reviendront dans plusieurs catégories, selon leur contexte sociométrique au moment de chaque récolte de données. Pour chacune de ces trois catégories, nous présenterons les caractéristiques associées sociométriquement et les deux ou trois sous-dynamiques qui peuvent se démarquer. Nous appuierons à chaque fois notre argument d’études de cas. La pertinence de cette distinction pour le milieu de l’intervention sera développée dans le chapitre Conclusion.