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4. OUTIL DE DIAGNOSTIC DE FACTEURS D’INFLUENCE ET DES PRATIQUES DE

4.6. Limites de l’outil

L’outil développé comporte certaines limites en raison, notamment, du peu de temps qu’ont les dirigeants-répondants pour remplir le questionnaire, de l’objectif initial poursuivi par l’instrument et de la littérature consultée constituant la base de l’élaboration du questionnaire.

Par conséquent, les bénéfices provenant de la mise en œuvre de pratiques de RSE et les freins à l’engagement dans une démarche de DD ne sont pas identifiés dans le questionnaire. De même, les facteurs d’influence évalués ne sont pas exhaustifs, l’objectif général visé par cet essai est d’abord de mettre au point un outil de diagnostic permettant de recenser les meilleures pratiques réalisées au sein des PME exemplaires du Québec. Pour cette raison, l’aspect des facteurs d’influence devait être abordé, mais ne constituait pas l’essence même de ce travail. Ainsi, un choix a été fait parmi les facteurs d’influence les plus souvent mentionnés dans la recherche documentaire, tel qu’expliqué au chapitre 3, et le questionnaire développé se limite à l’identification des facteurs présentés dans ce chapitre sans porter sur l’ensemble des facteurs discutés dans la littérature. Par ailleurs, les ressources en temps et la petite taille de l’échantillon de PME participant au prétest de l’outil nécessitent la limitation du nombre de questions; un seul questionnaire pouvait être développé. L’élaboration de différents questionnaires pour couvrir tous les aspects des facteurs d’influence, des pratiques, des bénéfices recherchés et des freins rencontrés ne pouvait être envisagée dans ce contexte.

Dans le but de mieux s’intégrer à l’outil de benchmark en construction par le Laboratoire de développement durable et PME de l’UQTR, les pratiques recensées sont évaluées sur

une échelle d’attitude et non seulement par un choix de réponse limité à « oui » ou « non », afin d’estimer dans quelle mesure, selon la perception du dirigeant-répondant, les pratiques de gestion du DD énoncées sont appliquées dans l’entreprise. Le choix de mesurer par une échelle d’attitude en six points, incluant l’option : « ne s’applique pas », a été retenu pour pouvoir nuancer les réponses données, une pratique pouvant être intégrée dans l’organisation à différents niveaux, de « aucunement » à « totalement ». Or, ce choix de réponse ne permet pas d’identifier une fréquence de mise en œuvre des pratiques recensées, mais plutôt de dégager une perception de l’intégration des pratiques de gestion du DD présentées dans les opérations de l’organisation. Cette échelle a été choisie à la suite de l’élaboration des questions qui demandent dans quelle mesure chacune des pratiques énoncées est intégrée dans l’organisation.

Une limite de temps n’a pas permis de se familiariser davantage avec le concept des cinq niveaux de maturité de l’organisation dans l’intégration de pratiques de gestion du DD, évoqué dans le guide BNQ 21000 (voir section 4.1) et expliqué en détail par Cadieux et Dion (2012) dans leur ouvrage publié à la mi-juin 2012. Pour cette raison les différentes pratiques identifiées pour chaque enjeu illustrent plutôt les activités les plus souvent relevées dans la littérature consultée. Par ailleurs, il est possible que l’outil ne recense pas, pour certains enjeux, des pratiques associées à tous les niveaux de maturité ou que le nombre d’énoncés relatifs à chaque niveau de maturité ne soit pas réparti également. Deux éléments majeurs expliquent ce déséquilibre. D’un côté, la littérature sur les PME a parfois fait ressortir plus de pratiques de gestion concernant certains enjeux plutôt que d’autres. À titre d’exemple, les activités relatives à l’enjeu de la gestion des matières premières et résiduelles (dimension environnementale) ont fait l’objet de plusieurs études et sont représentées par 16 énoncés dans le questionnaire, tandis que les pratiques liées à la stratégie d’affaires (dimension transversale) ne sont représentées que par un énoncé. Ceci s’explique aussi par le fait que la littérature s’intéressant aux pratiques de RSE dans les PME a principalement traité de la dimension environnementale du DD, écartant bien souvent les enjeux sociaux, économiques et de gouvernance. De l’autre côté, il y a lieu de se questionner sur l’adaptabilité du guide BNQ 21000 au contexte des PME. En effet, l’approche par parties prenantes et le choix de certains enjeux mesurés par des pratiques formelles moins intégrées par les organisations de plus petite envergure ne s’avèrent pas toujours pertinents en contexte PME (Gouin, 2012; Plichon, 2012). Par conséquent, les enjeux de mission, vision et valeurs, stratégie d’affaires et éthique des affaires, pour ne

nommer que ceux-là, pour lesquels la mise en œuvre d’activités organisationnelles s’illustre davantage par des procédures ou des protocoles écrits et formels sont moins adaptés au contexte des PME pour lesquelles la plupart de ces activités sont faites de façon informelle ou sous-entendue.

Puis, les outils consultés, qui ont inspiré la construction du questionnaire, n’étaient pas tous destinés spécifiquement aux PME, établissant ici un autre biais possible, mais relativement faible. En effet, l’ensemble de la littérature consultée ainsi que cinq des dix outils identifiés au début de ce chapitre concernent typiquement les PME. De plus, la littérature utilisée étant issue de divers pays, certaines pratiques recensées pourraient ne pas être appliquées au contexte québécois. Or, bien que certaines études aient indiqué que les résultats des enquêtes doivent être interprétés en fonction de leur contexte national, Parker et al. (2009) soulignent plutôt qu’il existe de nombreuses similarités entre les PME des pays industrialisés étudiés, dont les pays européens, l’Australie, la Nouvelle- Zélande, le Canada et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-ci. Par ailleurs, la majorité de la littérature consultée étant anglophone, il se pourrait que certains concepts aient été altérés dans leur traduction. La présentation de la version préliminaire du questionnaire aux experts a permis de réduire ce risque.

Ensuite, le choix de développer le questionnaire en fonction des pratiques de gestion recensées dans la littérature s’intéressant spécifiquement au DD dans un contexte PME n’a pas permis de faire ressortir les indicateurs économiques classiques permettant de vérifier le lien entre les pratiques de RSE et les impacts sur ces indicateurs, tel que les profits, l’augmentation des ventes, l’influence sur le coût des marchandises, sur le bénéfice annuel, le retour sur l’investissement, etc. Ce choix a aussi écarté certaines mesures qui auraient pu être intégrées, mais qui n’ont été mentionnées ni dans la littérature, ni par les experts, comme l’obtention de la certification ICI on recycle de Recyc- Québec ou encore l’organisation d’événements écoresponsables.

Enfin, la décision de construire un outil compatible avec la démarche BNQ 21000 qui emprunte les 21 enjeux identifiés par le guide BNQ 210000 a écarté la recension de certaines mesures liées à la biodiversité ou à la réhabilitation de sites, par exemple, qui ne sont pas discutées dans ce guide, mais qui ont été soulevées par Plichon (2012).

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PRÉTEST DE L’OUTIL : ANALYSE, CONSTATS ET