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CHAPITRE 6 : DISCUSSION GENERALE

4. L IMITES

4.1. Limites des mesures olfactives

Trois limites peuvent être soulignées.

La première limite concerne l’ordre de présentation des odorants. L’objectif final de notre étude était de relier les réponses olfactives d’un nourrisson à ses réponses alimentaires. Nous nous sommes alors intéressés aux réponses individuelles des nourrissons envers différentes stimulations olfactives. Nous souhaitions que les nourrissons soient tous dans les mêmes conditions de tests olfactifs. Ainsi, nous avons fixé l’ordre de présentation des odorants afin d’optimiser la coopération du nourrisson lors des tests olfactifs (voir chapitre 2) en proposant une présentation successive des odorants organisée selon des triplets composés d’un contrôle, d’une odeur agréable et d’une odeur désagréable. Nous avions ainsi défini un ordre de présentation unique pour l’ensemble des nourrissons. Or, des pré-tests ont révélé un effet de lassitude au cours du test. Pour pallier cet effet, nous avons décliné 4 ordres de présentation. Sachant qu’une odeur peut être perçue différemment suite à la présentation de différents stimuli (Schaal, 1991), nous avons choisi de garder les triplets constants. Par exemple, l’odeur de poisson suivait toujours l’odeur de pêche/abricot. Cet ordre de présentation (contrôle, odeur agréable puis odeur désagréable) aurait pu induire un biais de réponse en créant un effet de contraste entre contrôle/odeur agréable et entre odeur agréable/désagréable, ainsi qu’un effet de report des odeurs agréables sur les odeurs

170 désagréables. Le contraste contrôle/odeur agréable aurait pu amplifier la saillance sensorielle des odeurs plaisantes. La perception des odeurs désagréables aurait pu être amplifiée par un effet de contraste odeur agréable/odeur désagréable ou, au contraire, atténuée par un effet de report des odeurs agréables sur les odeurs désagréables. Or, nos résultats ne mettent pas en avant d’attraction envers les odeurs agréables, on peut supposer que l’effet de contraste contrôle/odeur agréable est limité. En ce qui concerne les odeurs désagréables, il est difficile de savoir si un effet de contraste ou un effet de report aurait pu affecter nos résultats. Il est également possible que ces deux effets se soient compensés. Dans tous les cas, nos résultats nous ont révélé des réponses d’évitement envers certaines odeurs désagréables.

La présentation consécutive de stimuli a pu engendrer un effet de lassitude intra-triplet et magnifier les réponses d’évitement face aux odeurs désagréables étant donné qu’ils sont présentés en 3ème et dernière position au sein du triplet et comparé au contrôle qui est présenté en première position au sein du triplet. Toutefois, si tel était le cas, nous aurions dû observer un évitement systématique envers les odeurs désagréables. Or, les réponses d’évitement observées dans notre étude sont spécifiques à certaines odeurs désagréables.

Une seconde limite peut être soulevée. Afin que les participants soient tous dans le même état de faim, nous nous assurions qu’ils n’avaient pas consommé d’aliments 1h30 avant le test. Nous n’avons pas observé de réponses d’attraction envers les odeurs agréables. Néanmoins, on peut supposer que des réponses d’attraction face aux odeurs agréables auraient pu être observées en état de faim des participants.

Une troisième limite serait le mode de présentation des odeurs. En effet, les odeurs étaient présentées via la voie orthonasale. Or, l’odorat peut être perçu comme un « body gatekeeper » prévenant l’ingestion d’aliment potentiellement dangereux. Les liens étant observés uniquement entre les réponses aux odeurs désagréables et les aliments porteurs de ces odeurs peut s’expliquer par ce mode de présentation qui a une action préventive. Il aurait été intéressant de comparer les résultats obtenus avec des stimulations par voie orthonasale et ceux obtenus avec des stimulations par voie rétronasale. La stimulation de la voie rétronasale aurait pu être réalisée selon 2 méthodes :

- La première aurait consisté en la présentation de solutions aromatiques aux nourrissons. L’attraction envers les arômes aurait été mesurée via le volume de solutions ingérées, de la même façon que l’attraction envers les saveurs a été mesurée (Schwartz et al., 2009). Or, la réalisation d’une étude de ce type aurait été difficile

171 dans notre cas du fait de contraintes méthodologiques et éthiques. La première contrainte méthodologique aurait été liée au nombre de stimuli testés. Le nourrisson aurait été invité à boire autant de biberons qu’il y a de stimuli testés, sans mentionner les biberons contrôles. Ceci aurait résulté en une ingestion d’une quantité importante de solutions et n’était pas envisageable avec des nourrissons. La seconde contrainte méthodologique aurait été liée à la persistance des arômes. En effet, certains arômes ont la particularité d’être persistants en bouche, il aurait ainsi fallu proposer au nourrisson de nombreux rinçages ainsi que des pauses, ce qui aurait allongé le temps de la séance qui était déjà de 50 à 55 minutes. De plus, nous n’avons pas souhaité faire ingérer des solutions aromatiques à des nourrissons compte tenu du fait que dans la pratique actuelle les laits 1er et 2ème âge ne sont pas aromatisés. De plus, l’ingestion de solutions aromatiques aurait pu engendrer un refus de participation des parents.

- La seconde méthode de stimulation par voie rétronasale aurait pu se baser sur un dispositif utilisé par Lim & Padmanabhan (2013). Leur dispositif repose sur la présentation d’odorant dans un flacon recouvert d’un film plastique, dans lequel a préalablement été placée une paille. Celle-ci est fixée de sorte à être positionnée au- dessus de la surface du liquide. Ce dispositif permet aux participants de percevoir les odeurs de la phase vapeur sans « goûter » le stimulus. Néanmoins, ce mode de présentation nécessite une aspiration via la paille. Il n’était pas possible de demander à des nourrissons de ces âges d’aspirer via la paille.

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