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7. ANALYSE DES RÉSULTATS

7.7 L’expérience

7.7.4 Limites de l’expérience

Les échanges interculturels du Knowledge Forum ont été limités par les conditions dans lesquelles l’expérience a été menée. La première année, les problèmes techniques ont repoussé le début de l’expérience très tard en fin d’année scolaire, ce qui a beaucoup limité les échanges. Les résultats auraient probablement été plus concluants si l’expérience avait pu commencer en janvier comme prévu. La deuxième année, les échanges ont été limités par l’absence d’une quatrième classe avec qui jumeler la classe de Véronique et par la faible disponibilité de l’enseignante québécoise qui voyait ses élèves un seul jour par semaine. Si les deux enseignantes avaient été en permanence avec leur classe, il aurait pu y avoir beaucoup plus d’échanges sur le forum et quelques rencontres Via de plus. Une bonne organisation

est donc essentielle pour tirer le meilleur profit d’un échange interculturel. De plus, les élèves n’avaient pas le même âge, ce qui a pu influencer les échanges et les attitudes puisqu’ils n’étaient pas au même niveau dans leur apprentissage.

De plus, il y avait un écart entre le mode de fonctionnement sur le forum des deux classes la deuxième année. Au Québec, l’enseignante lisait presque toutes les notes avant l’envoi pour corriger les fautes et approuver le contenu, alors qu’en France, l’enseignante laissait ses élèves y aller seuls. Cette différence dans le fonctionnement peut avoir mené à un décalage entre la liberté d’expression des Français et des Québécois. Se sachant observés, les Québécois n’ont probablement pas voulu écrire des commentaires plus négatifs sur le forum, de peur que leur enseignante ne les gronde. En France, un élève a écrit quelques messages moins sympathiques, mais selon l’enseignante, une fois qu’il a réalisé qu’il était lu par des adultes, il a cessé ce type de messages. La surveillance constante sur le forum a probablement influencé le type de messages publiés et la politesse des propos. En ce sens, puisque le forum est une extension du milieu scolaire, la censure s’y établit naturellement et il n’est pas nécessaire que la vérification soit faite systématiquement avant l’envoi du message, ce qui ralentit le processus d’échange.

De plus, au début de l’expérience, il a fallu implanter les logiciels dans les écoles. Ces processus d’adoption sont longs, car les enseignants ont à apprendre à utiliser les outils avant de pouvoir en montrer le fonctionnement à leurs élèves. De plus, les autorisations sont parfois longues à obtenir, comme ce fut le cas en France. Évidemment, puisque les logiciels sont maintenant implantés et les professeurs formés, des recherches futures seraient plus simples à mettre sur pied, car les infrastructures seraient déjà existantes. Il faut que les pratiques se créent pour que les outils informatiques soient utilisés à leur plein potentiel. De plus, pour rendre l’expérience sur le Knowledge Forum plus scolaire, ce genre d’activité pourrait s’inscrire dans le cadre des autres projets de la classe. Il pourrait en découler des devoirs, des recherches, des présentations et des projets. D’ailleurs, une des classes a profité de l’expérience pour faire un travail d’équipe en classe sur le Québec. Il serait

donc pertinent de porter une réflexion sur la place des technologies en classe pour rendre son intégration plus fluide et davantage planifiée.

Une autre limite du projet a été l’accès aux ordinateurs qui fut plus difficile. La plupart des enseignants devaient réserver un local pour permettre aux enfants d’utiliser un ordinateur. Dans cette optique, une classe où chaque élève a son ordinateur portable pourrait être très intéressante et permettrait aux jeunes de davantage s’impliquer dans les activités sur Internet. De plus, les enseignantes étaient mieux formées la deuxième année, mais elles ne connaissaient cependant pas tous les outils. Certains outils comme l’ajout d’images ou de liens, les mots-clés, la recherche ou les problèmes n’ont pas été enseignés aux professeurs par manque de temps et pour éviter de les submerger sous les explications. Les possibilités du forum étaient donc limitées par ce que les enseignants connaissaient et par ce qu’ils avaient choisi d’apprendre à leurs élèves. Par exemple, la deuxième année, seule une classe connaissait les échafaudages. Ces outils ayant été créés pour aider à l’apprentissage, il serait pertinent de les utiliser. Toutefois, si l’expérience se prolongeait, les enseignants pourraient être mieux formés et utiliser plus d’outils avec leurs prochaines classes. De la même façon, les élèves acquièrent davantage d’expérience, ce qui explique en partie le succès grandissant du projet École éloignée en réseau (Laferrière et al., 2011).

Via a été un outil important pour l’expérience puisqu’il a permis une plus grande présence sociale. Le décalage horaire était toutefois une limite de taille à son utilisation. Étant donné les six heures de décalage entre la France et le Québec, les classes pouvaient se rencontrer seulement entre 8 h 15 et 10 h, heure du Québec. Passé 10 h, les Français avaient terminé l’école et n’étaient plus disponibles. Il en a été de même pour les séances Via de coordinations. Lorsqu’une activité se fait en collaboration entre deux enseignants, il est important qu’ils se parlent pour organiser les activités et rendre plus symétriques leurs interventions sur le forum. L’organisation peut se faire par courriel, mais c’est plus long, surtout si les enseignants prennent plusieurs jours pour répondre. La vidéoconférence est donc très

pratique pour coordonner ce genre de projet. Il était toutefois très difficile de trouver un moment pour faire ces rencontres à cause du décalage horaire et de la disponibilité des professeurs. Toutefois, lorsque plusieurs classes du même pays travaillent en collaboration, le problème du décalage horaire ne se pose plus, comme dans le projet École éloignée en réseau.

Finalement, les entrevues et les rencontres Via ont été très limitées par le fonctionnement de la classe. Les récréations et les cours ont plusieurs fois écourté les rencontres. De plus, les élèves devaient se déplacer pour être vus par la webcam. Les classes n’étant pas bien équipées, les enseignants utilisaient leur ordinateur portable muni d’une petite webcam pour effectuer les rencontres Via. La caméra ne montrait donc qu’une petite partie de la classe et les microphones n’étaient pas toujours très performants. De plus, Via posait parfois problème au niveau du son. Presque à chaque séance, il arrivait des moments où il était impossible d’entendre l’autre. De plus, pour éviter un retour de son, il fallait éteindre le microphone chaque fois après chacune des interventions pour permettre aux autres de parler. Ces manipulations étaient complexes et remettre le son devenait parfois difficile ou même impossible. Ces problèmes techniques ont ainsi nui grandement aux échanges sur Via, écourtant même une des deux séances de la deuxième année. Il est donc important de combiner expertise et soutien local pour aider les enseignantes à utiliser les outils.