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2. Le cadre thérapeutique et le rôle du psychomotricien

2.3. Les limites du cadre thérapeutique

Le cadre thérapeutique peut parfois être mis à mal, lors des séances. Plusieurs raisons, nous confrontant au principe de réalité, peuvent être à l’origine d’une telle problématique.

2.3.1. Perturbation du cadre thérapeutique

Nous pouvons tout d’abord évoquer le fait que certaines séances aient été annulées à cause de mon absence et de celle de ma maître de stage, lors des vacances et des congés.

Ensuite, certaines fois, nous avons dû supprimer les séances parce que la salle n’était pas disponible. Des réunions avaient lieu au sein de l’institution et se déroulaient dans cet espace.

De plus, il y a eu des mercredis où nous n’avons pas pu commencer le groupe à l’heure, certains résidents n’étant pas encore prêts. Dans ces cas-là, je me rendais compte que notre travail dépendait beaucoup de celui des équipes soignantes. Souvent débordées, il leur était difficile de faire en sorte que les résidents soient disponibles à l’heure souhaitée. Ainsi, quelques temps après le début de notre prise en charge, nous avons choisi de mettre des affiches dans les étages avec les noms des résidents concernés par le groupe et l’heure à laquelle ils étaient attendus. Cette initiative permettait ainsi aux équipes soignantes de pouvoir s’organiser et prévoir au mieux leur travail, en conséquence de l’atelier. Il ne faut pas oublier que nous devons travailler en lien permanent avec les autres professionnels. Il est important que nous nous adaptions tous les uns aux autres, afin d’établir une cohérence dans les soins proposés. Le cadre thérapeutique d’une prise en charge dépend également du cadre institutionnel. Nous pouvons d’ailleurs nous référer à POTEL C. lorsqu’elle expose les conditions de fonctionnement institutionnel. Elle explique qu’un « cadre thérapeutique s’intègre dans une institution qui a un projet global pour les patients, s’appuie sur le travail d’une équipe où chacun est censé avoir sa place et sur un certain nombre de règles qui lui permettent une cohérence de fonctionnement et de pensée »61.

Ainsi, la condition spatio-temporelle, dont nous avons parlé un peu plus haut, a été mise à mal.

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76 Ces perturbations peuvent avoir un impact sur les résidents et notamment sur leur capacité à intégrer l’atelier. Lorsque j’évoquais les différentes conditions du cadre thérapeutique, j’en ai conclu qu’elles permettaient de donner des repères précis aux résidentes, notamment pour intégrer l’existence du groupe d’expression corporelle chaque semaine. Or, avec les perturbations qu’il peut exister, ces repères sont altérés et l’intégration de l’atelier reste difficile dans la continuité. C’est ce que j’ai pu remarquer chez Mme R. et Mme N. Elles ont pu identifier le groupe d’expression corporelle certains mercredis mais, cette identification était impossible de façon continue. Certes, elles souffrent toutes deux de troubles mnésiques provoqués par la maladie d’Alzheimer. Cependant, sachant qu’une intégration reste possible à certains moments, je pense que ces troubles ne sont pas les seuls responsables de certains oublis. Cette difficulté peut s’expliquer aussi par les raisons que je viens de développer, entraînant la mise à mal du cadre thérapeutique et des repères qu’il fournit.

2.3.2. Les limites des encadrants

Nous avons vu combien la place du psychomotricien est importante dans le maintien du cadre. Cependant, il arrive qu’il ne soit pas toujours dans une disponibilité totale pour ses patients. De plus, il n’est pas disponible de la même façon, sur la totalité de la séance.

Certains mercredis, cette situation s’est parfois produite. Lors d’une séance en particulier, un évènement en a perturbé la dynamique. Ce jour-là, ma maître de stage a appris une mauvaise nouvelle. Elle a particulièrement été surprise et touchée par cette annonce. Pendant la séance, elle a alors rencontré des difficultés pour être totalement présente auprès des patients, ce qui m’a déstabilisé. Nous n’avons pas eu le temps d’aborder cette nouvelle avant la séance et ainsi de nous organiser. Par conséquent, je n’ai pas su comment réagir face à la difficulté de ma maître de stage, pour continuer à guider le groupe sans en entraver la dynamique. Nous sentions alors que les participants étaient perturbés, eux aussi. Ils étaient distraits et semblaient avoir plus de mal à intégrer les propositions et à s’engager. Ils montraient un besoin d’étayage plus important, ce que nous n’étions pas capables de leur donner à ce moment-là.

Durant cette séance, il semblerait que ma maître de stage et moi-même ayons eu du mal à assurer correctement le rôle de thérapeute, que nous avons développé précédemment. En effet, notre capacité d’écoute envers les résidents fut moindre. Il nous a été plus difficile d’être totalement réceptives à leurs demandes ou leurs difficultés. Notre présence à la fois corporelle et psychique fut de moins bonne qualité.

77 Enfin, l’attitude des résidents a montré que nous avons eu plus de mal à respecter nos fonctions de contenance et de pare-excitation. Ainsi, la garantie et le maintien du cadre thérapeutique ont été mis à mal.

Dans une telle situation nous voyons à quel point la communication entre les encadrants est essentielle.

Dans le cadre thérapeutique, chaque encadrant agit à sa propre manière et trouve sa place. Au cours de cette prise en charge, j’ai appris à faire évoluer ma position de stagiaire, afin d’encadrer le groupe au mieux. J’ai rencontré des limites personnelles mais également celles des résidents, auxquelles il a fallu s’adapter. Ce travail d’adaptation m’a permis de mieux comprendre la position du thérapeute et l’importance de la relation thérapeutique.