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Comment faire lieu ? Les techniques de synchorisation de

la mouvance du Libre

Le concept de synchorisation a été proposé par Beaude (2012,2013b) pour nommer le processus permanent par lequel on crée des espaces communs pour être et pour agir, ensemble. La synchorisation est en cela le processus par le-quel un espace passe du statut d’aire à celui de lieu. Elle résume l’ensemble des pratiques qui œuvrent à la maîtrise de la distance lorsque cette dernière est un obstacle à l’interaction sociale (Beaude2013b).

Maîtrise de la distance car la non-pertinence de la distance caractérisitique des lieux n’est

jamais son annulation mais le produit d’un ensemble de réglages qui la rendent invisible et font qu’elle ne constitue plus un problème, car « [s]i distance = 0, la seule cartographie du Monde se réduit à un point : • » (Grataloup1999, p. 16). Il s’agit donc de trouver la

bonne distance pour une interaction donnée. Prenons l’exemple d’un spectacle de rue, où les

passants se placent en cercle autour de l’artiste où de la troupe : ce spectacle ne peut être un lieu que si les spectateurs en sont assez distants pour que tous puissent le voir sans difficulté. Il existe donc des techniques de synchorisation, c’est-à-dire de techniques spatiales visant à suspendre la pertinence des distances. En un sens, les lieux territoriaux, qu’il s’agisse de lieux-organisations ou de lieux-événements, relèvent déjà de telles techniques car si « l’es-pace est maîtrisé par des techniques, l’esl’es-pace est [lui-même] un ensemble de techniques » (Lévy [2003]2013k, p. 985). Ainsi, la ville ou Internet peuvent être approchées comme des techniques spatiales (Beaude2008,2012). Cette ambivalence découle du fait que toute technique est une combinaison de plusieurs techniques, c’est-à-dire de « médiation[s] entre intention et action » (Lévy [2003]2013k, p. 983). Il y a même une impossibilité logique — ou, pour mieux dire, anthropologique — à vouloir penser des objets sociaux hors de la sphère technique ; en effet, pour Berque (2000b) reprenant Leroi-Gourhan (1964) l’anthropisation (« la transformation objective des choses par la technique » (Berque2000b, p. 96)) est indissociable de l’humanisation (« la transformation subjective des choses par

le symbole » (Berque2000b, p. 96)) et surtout de l’hominisation (« la transformation physique de l’animal en humain » (ibid., p. 96)).

Néanmoins, nous avons déjà étudié les lieux-organisations (chapitre 3) et les lieux-événements (chapitre 4) du Libre de telle sorte que les aborder à présent en tant que tech-niques spatiales n’apporterait pas d’élément supplémentaire de compréhension de la mou-vance du Libre comme objet géographique. Cependant, cela ne saurait nous dispenser de questionner les techniques de synchorisation qu’ils mobilisent, c’est-à-dire les techniques spatiales qu’ils utilisent pour produire de tels lieux. Or, les organisations et les lieux-événements de la mouvance du Libre sont produits par les mêmes acteurs, qui mobilisent donc des techniques très similaires voire identiques. Ces techniques sont d’autant plus impor-tantes qu’elles ne constituent pas seulement un répertoire partagé mais sont aussi chargées d’un poids culturel et politique justifiant le concept de « recursive public » (Kelty2008) forgé pour rendre compte du Libre : ses acteurs se réunissent pour promouvoir et défendre des techniques même de synchorisation qui leur permettent de se réunir.

Il n’est donc pas ici question de limiter les techniques de synchorisation à une étude des infrastructures utilisées par les lieux du Libre, bien que celles-ci aient leur place. Pour nous, de manière beaucoup plus large, ces techniques rassemblent ce que Sorre ([1948]1954) appelait les « techniques de la vie sociale ». Dans un premier temps, nous nous demanderons dans quelle mesure les acteurs du Libre adoptent et adaptent les techniques du gouvernance et de coordination de projets du Libre pour produire des lieux territoriaux. Ensuite, nous verrons que les techniques de synchorisation se traduisent à la fois par un habitat (la technique comme produit) et par un habiter (la technique comme production). L’habiter en commun et les interactions ne sauraient néanmoins être possibles sans « rites d’interaction » (Goffman [1967]2011). Enfin, la dimension à la fois fragmentaire et polyphonique (Doueihi2011b) de cet habitat comme de cet habiter en partie numériques permettra de poser à nouveaux frais la question du site des lieux de la mouvance du Libre.

5.1 gouve rnanc e, coordination : des tec hn iq ues p ou r produire un espac e partagé

Les techniques de gouvernance et de coordination relèvent pleinement de la synchorisa-tion, dans la mesure où elles visent la production d’un espace partagé en vue d’une action commune. En outre, « [l]’entrée par la coordination permet, en faisant varier l’exigence de coordination, d’embrasser une gamme très large de registres d’action. » (Thévenot 2006b, §5) Pour nous, dans cette section, coordination et gouvernance désignent les mêmes « construits d’action collective » (Crozier et Friedberg [1977]1992) mais relèvent de mises en perspective inverses des acteurs et des systèmes : nous les utiliserons de manière parfois indifférenciée.

Lors de nos entretiens comme de nos échanges plus informels avec des membres de divers lieux de la mouvance du Libre, en Aquitaine comme au Québec, nous avons été marqué par la récurrence de propos similaires concernant la gouvernance de ces lieux. Cette dernière s’inspirerait — voire simplement appliquerait — des principes de gouvernance des projets de logiciels libres ou d’autres communs de la connaissance comme Wikipédia ouosm, dont l’un des fondements principaux serait la do-ocratie. D’abord, nous tâcherons de définir cette notion puis nous évoquerons quelques exemples d’utilisation du terme do-ocratie par les acteurs. Puis, nous effectuerons une revue de la littérature sur les techniques de gouvernance et de coordination au sein des projets de logiciels libres. En nous appuyant sur elle, nous montrerons qu’il n’existe pas de modèle de gouvernance des logiciels libres malgré l’usage d’outils de coordination très similaires. Enfin, en nous appuyant sur nos observations et nos

5.1. Gouvernance, coordination : des techniques pour produire un espace partagé entretiens, nous montrerons que la même diversité et la même variabilité des techniques de gouvernance et de coordination se rencontrent dans les lieux territoriaux de la mouvance du Libre.

5.1.1 La do-ocratie, un modèle de gouvernance pour les lieux du Libre ?

Dans son enquête ethnographique sur les hackers et makers californiens, Lallement (2015) définit la do-ocratie comme une « morale de l’auto-organisation [qui] invite tout un chacun à prendre des initiatives et à décider par lui-même de la manière adéquate de réaliser les buts qu’il se fixe. » (ibid., p. 410) Il note également que, dans les fab labs qu’il étudie, cette do-ocratie se double de procédures délibératives fondées sur le consensus (ibid., p. 410). L’étymologie de ce terme est assez transparente, mais ses origines sont plus floues. Ainsi, alors même que le terme do-ocratie est très couramment utilisé dans la mouvance du Libre pour décrire le fonctionnement d’un projet, on ne le retrouve dans aucun document important avant le milieu des années 2000.

Ainsi, au cours de notre master 2, nous avons mené un entretien avec un militant du logi-ciel libre et notamment du logilogi-ciel libre dans l’éducation, membre de l’abulet deScideralle. Cet entretien s’est déroulé au cours d’un lieu-événement du Libre — la deuxième Journée des Cultures Libres (Pessac, 27 mars 2010) — co-organisé par l’enquêté, sur le site même de cette journée composée entre autres d’une install party et d’une projection de courts-métrages libres. Il y évoque la do-ocratie :

Il y a juste un problème de cohérence, c’est-à-dire que les ressources ou les logiciels libres hein, peu importe que ce soit un logiciel ou pas hein, Wikipédia ou autre, ça se fait avec des leaders qui ne sont leaders que tant qu’ils sont efficaces et qu’ils vont dans la ligne puisque si à un moment donné ils arrêtent d’être dans la ligne le projet va continuer sans eux. Et donc il faut bien que dans notre mode de fonctionnement ces procédures soient reflétées. Tu peux pas prôner l’efficacité du bazar du côté de la production des ressources et faire des cathédrales au niveau du fonctionnement1, c’est, sinon ya un truc qui va pas quoi. […]

Donc il y a une espèce de circulation horizontale de l’information qui aboutit à des prises de décision parfois un petit peu floues mais qui sont efficaces au niveau du terrain. Personne ici n’a signé qu’il allait venir aujourd’hui, et pourtant ils sont tous là, et s’ils avaient signé je pense que certains ne seraient pas venus. […] Personne n’a de crédibilité sur titre ou sur voilà. J’ai pas d’équivalent français, si t’en trouves un je suis preneur mais on est en do-ocracy. Celui qui fait, c’est celui qui commande, voilà. Et donc ça c’est si à un moment donné tu as une perte de dispo ou que tu en as un peu marre bon ben tu vas te retirer de la démarche et on va continuer à avancer tranquillement.

Dans ce passage largement tronqué (la première ellipse dure environ deux minutes), l’en-quêté justifie le mode de gouvernance adopté par l’abulen se référant à ce qu’il appelle « la production des ressources » libres. Nous retrouvons ici une idée proche de celle développée

sous-section 4.2.2page129, lorsque nous évoquions la notion de lieu exemplaire (Micoud 1991).

1. Il s’agit d’une référence à The Catherdral and the Bazaar, un essai de Raymond ([1999]2001) dont nous discutons plus bas.

Un autre enquêté, évoquant l’organisation du premierobc33 dont il est l’un des initia-teurs, reprend la même idée en ajoutant que, pour lui, cette do-ocratie est une « représenta-tion », ne reflète pas la réalité de la gouvernance des projets du Libre :

— Ce que je note c’est que euh un certain nombre de choses se coconstruisent par exemple autour de l’Open Bidouille Campen particulier euh là c’est assez je trouve assez flagrant, à savoir euh on n’est pas sur une structure qui organise un événement, on est sur euh quelque chose d’assez informel de gens qui se retrouvent pour coorganiser quelque chose mais en fonction de euh non pas d’un… personne n’est investi du droit de le coorganiser, c’est les gens qui se disent, euh, alors les individus et ou les structures, là on est plutôt sur des structures qui se disent moi je veux bien le coorganiser ok, le coorganiser ça veut dire qu’il faut le faire, c’est pas je veux bien que mon nom apparaisse sur, à coorganisation, c’est je fais des choses et donc je suis coorganisateur. […] ya des choses qui émergent là sur euh les gens coorganisent quelque chose en décidant de le faire et en essayant de le faire.

— Donc pour toi c’est ça c’est quelque chose qui vient du Libre en fait ? — Moi je l’associe en partie sur une représentation autour du Libre, sur ce côté

euh euh c’est quoi on dit la do-ocratie on parle non ? — Hum hum

— Euh c’est-à-dire c’est celui qui fait entre guillemets qui a raison hein, je le mets entre très gros guillemets mais ya une certaine reconnaissance du travail euh accompli, ça fait très valeurs traditionnelles mais dans le sens au lieu de dire ce qu’il faut faire, je le fais et puis à partir de là euh si c’est valable, valide, validé c’est intégré et c’est […] réutilisé par la suite mais… mais ça c’est ouais quelque chose que j’ai l’impression de euh je après c’est peut-être une part d’imagination euh, d’utopie autour de la manière dont ça se déroule dans le libre j’en suis aussi conscient.

— C’est pour ça que tu utilises le mot représentation en fait, c’est ça ?

— Oui, je pense que ya une part de représentation sur ça parce que je sais aussi que dans beaucoup de projets libres il y a une personne qui, qui est le pauvre euh pimpoille qui est derrière le développement et qui se retrouve un peu tout seul à le faire, mais il y en a d’autres où c’est un peu plus costaud que ça et où il y a une bonne partie de cette do-ocratie en œuvre sur la compétence, sur le développement ainsi de suite […] je trouve que c’est vachement intéressant, le modèle que ça met en œuvre quoi. Après la traduction dans le réel elle est parfois un peu plus, euh dans le réel physique, elle est un peu plus complexe mais je trouve qu’elle est intéressante aussi, mais je trouve que c’est un peu ce qui arrive dans la coo… les coorganisations comme ça.

L’enquêté, dans ce passage, emploie le terme de « traduction ». Il signifie ainsi que la do-ocratie, mise en œuvre dans par les lieux réticulaires de la mouvance, se diffuse dans les lieux territoriaux de la mouvance. Le terme de traduction recouvre ainsi une double idée de diffusion et de transformation. Néanmoins, avant de questionner la mise en œuvre de cette do-ocratie dans les lieux territoriaux du Libre, nous souhaiterions déconstruire l’idée qu’elle constitue le modèle effectif de production des logiciels libres.

5.1. Gouvernance, coordination : des techniques pour produire un espace partagé 5.1.2 La gouvernance et la coordination dans les projets de logiciels libres

Cette sous-section n’est pas une digression. Il s’agit d’un circuit long rendu nécessaire par l’absence d’article ou d’ouvrage de synthèse sur le sujet. Elle vise à montrer, à travers une revue de la littérature scientifique, que la do-ocratie constitue tout au plus un mode de gouvernance ou de coordination des projets du Libre, qui, lorsqu’il est présent, est toujours combiné avec d’autres.

Les pratiques de coordination et de collaboration en vue de la production de logiciels libres sont probablement celles qui ont suscité le plus d’interrogations et d’étonnement de la part des chercheurs, mais aussi d’espoir de la part d’intellectuels comme de nombreux militants. C’est d’ailleurs davantage leur échelle que leur principe qui a surpris, le logiciel libre étant avant tout « un renouveau du modèle industriel coopératif de l’informatique » (Jullien et Zimmermann2013, p. 135) devenu marginal dans les années 1970 quand le logiciel s’est mis à posséder par lui-même une valeur économique. La doxa à ce sujet pourrait être résumée comme suit : les logiciels libres sont produits par des communautés mondiales à but non-lucratif composées de très nombreux contributeurs bénévoles et où, nonobstant la présence éventuelle à sa tête d’un dictateur bienveillant à vie2, il n’existe pas de hiérarchie fondée sur des statuts mais uniquement sur les actions concrètes3: ils seraient des modèles de do-ocratie. Or, les études longitudinales comme la comparaison de diverses monographies de projets montrent que les situations sont extrêmement variées et que cette configuration, qui était peut-être la plus fréquente à la fin des années 1990, est aujourd’hui extrêmement minoritaire.

L’histoire de l’étude de la gouvernance et de la coordination des projets de logiciels libres est donc celle de la déconstruction de ce postulat. D’abord, la professionnalisation croissante des contributeurs aux projets de logiciels libres rend de plus en plus marginale la figure du hacker bénévole. En outre, les modes d’organisation des projets se révèlent multiples et très diversifiés. Ensuite, le modèle centre/périphérie apparaît chez beaucoup d’auteurs comme une métaphore spatiale à même de tous les subsumer. L’image, très vague, est surtout très intéressante pour ce qu’elle révèle de la visibilité et de la légitimité des divers types de contributions dans les projets de logiciels libres. Finalement, la théorie de la proximité — où 2. Les benevolent dictators for life, dans le jargon du logiciel libre, sont des personnes qui conservent un droit de regard et un pouvoir de décision suprême (dans le double sens que son autorité ne peut être contestée et qu’il n’in-tervient qu’en dernier recours) sur la direction d’un projet, dont ils sont souvent les fondateurs, indépendamment de leur activité effective dans ce dernier par la suite. Paradoxalement, l’émergence de cette expression – teintée d’un humour geek assez caractéristique – nous semble être aussi le fruit des multiples réflexions sur la signification du logiciel libre et sur sa filiation par rapport aux Lumières, dont l’une des traductions politiques majeures fut justement ce que les historiens allemands du XIXesiècle ont appelé par la suite le despotisme éclairé.

3. Le succès et la large diffusion de cette idée sont en grande partie dus à un double contre-sens de la part de très nombreux commentateurs sur l’essai dont elle est issue, The Cathedral And The Bazaar (Raymond [1999]2001). Le premier concerne l’adversaire visé. Il ne s’agit pas pour l’auteur d’opposer logiciels libres et propriétaires, comme on l’écrit ou sous-entend souvent, mais bien deux modes de gouvernance : la cathédrale (verticale et hiérarchique, où le logiciel est conçu comme une œuvre à finaliser avant livraison) au bazar (horizontal et sans hiérarchie a priori, où le logiciel est conçu comme un texte en écriture perpétuelle, dont les versions ne sont que des instantanés forcément imparfaits). C’est ainsi le logiciel libregnuEmacs – que certains de ses contributeurs appellent avec humour Église d’Emacs – qui sert d’exemple paradigmatique à la notion de cathédrale : ce texte doit donc être situé dans l’horizon des controverses ayant conduit au dédoublement du mouvement entre libre et ouvert. Le deuxième concerne le sens et la portée même du propos. En effet, Eric Raymond théorise le bazar à partir du fonctionnement des projets Linux et Fetchmail, son essai se présentant comme une liste de 19 conseils pour qu’un projet de logiciel (pas même nécessairement libre) connaisse comme eux le succès ; autrement dit sa visée est à la fois managériale et normative. Pourtant, de nombreux auteurs et acteurs y ont vu une description du fonctionnement effectif de l’ensemble des projets de logiciels libres, c’est-à-dire l’ont lu comme un ouvrage de sociologie des organisations. Si « le livre d’Eric Raymond […] a fait beaucoup de mal à la compréhension des logiciels libres » (Aigrain2010), c’est donc avant tout parce qu’il a lui-même été mal compris.

20090 2010 2011 2012 2013 2014 20 40 60 80 100 Contributions bénévoles Contributions rémunérées Pas d’information

Source : Kidman2010; Kroah-Hartman, Corbet et McPherson2009,2012,2013,2015

Fig. 5.1 : Part des contributions (commits) au noyau Linux effectuées par des bénévoles (en %)

le spatial n’est pas seulement métaphorique — offre l’approche la plus convaincante pour donner un sens à ce qui se joue au niveau de l’organisation des projets de logiciels libres. 5.1.2.1 La professionnalisation des contributeurs

Plusieurs études successives montrent que la part des contributeurs rémunérés n’a fait que croître depuis le début des études sur le logiciel libre (Fitzgerald2006; Von Krogh et al.2012). Cette augmentation, en partie corrélée à la croissance des projets en termes de lignes de codes (Lerner, Pathak et Tirole2006), témoigne à la fois de la légitimité acquise par le logiciel libre dans l’industrie en tant que régime d’innovation ouverte (Chesbrough 2003; West et Gallagher2006) et de l’efficacité des réseaux de coopérations dans la construction des trajectoires de professionnalisation des développeurs (Vicente2009). L’évolution de la proportion de bénévoles parmi les contributeurs du noyau Linux est à ce titre exemplaire (voirfigure 5.1page142). L’émergence, depuis quelques années, des logiciels métiers libres destinés aux entreprises comme aux administrations contribue aussi à expliquer cette tendance puisque ces logiciels très spécifiques sont très peu susceptibles d’attirer les contributeurs bénévoles (Élie2009, p. 59)4.

5.1.2.2 Les multiples formes de la coordination : le bazar de la gouvernance

Le succès d’un certain nombre de logiciels libres, notamment de ceux où la coordination se fait en « l’absence de tout encadrement des relations de travail par des règles appuyées sur des ressources exogènes, telles celles du droit commercial ou du travail » (Demazière, 4. Les logiciels des métiers de l’informatique, tels ceux servant au développement de logiciels (ex :