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4 Discussion

4.1.3 Liens avec le concept de conscience de soi

La conscience de soi est divisée en trois parties appelées conscience intellectuelle, émergente et anticipatoire. A travers certaines questions, je cherche à savoir si les professionnels interrogés tiennent compte dans la mise en place de l’activité de ces trois types de conscience.

En ce qui concerne la conscience intellectuelle c’est-à-dire la conscience de sa pathologie et de ses déficits, je me suis intéressée aux pratiques des ergothérapeutes en début de prise en charge, ou bien en amont de la mise en situation proposée. Un peu plus de la majorité des ergothérapeutes (54.5%) indiquent « questionner la connaissance du patient

sur sa lésion cérébrale et sur son trouble anosognosique » et « considérer que les connaissances du patient sur sa propre pathologie et sur son trouble anosognosique doivent être enrichies au cours de séances éducatives ». Ces deux réponses étaient celles attendues

et sont en adéquation directe avec la notion de conscience intellectuelle. On peut donc dire que 54.5% des ergothérapeutes de l’échantillon prennent en compte la conscience intellectuelle dans leur prise en charge (Q17).

La conscience émergente correspond à la conscience des répercussions du déficit dans les activités de la vie quotidienne. Pour cela, l’attitude du thérapeute est essentielle, il doit inciter le patient à identifier les actions dans lesquelles il a eu des difficultés. 81.2% de l’échantillon des ergothérapeutes disent adopter cette attitude (Q21). L’attitude du thérapeute joue également un rôle au niveau de la conscience anticipatoire. Celle-ci est le niveau de conscience le plus élevé qui consiste à anticiper ses difficultés, sa performance, et à mettre en place des stratégies compensatoires. 81.2% de l’échantillon disent inciter et aider le patient à repérer des stratégies compensatoires. On peut donc affirmer que 81.2% de l’échantillon, ciblent une partie de leur prise en charge sur le développement de la conscience émergente et anticipatoire (Q21).

Réponse à la question de recherche

Au sein de cette partie, je vais synthétiser l’ensemble de mes résultats de manière à répondre le plus précisément possible à ma question de recherche qui est : « Comment l’ergothérapeute organise-t-il les activités de mises en situation écologiques dans le but d’accompagner la prise de conscience des troubles de la personne traumatisée crânienne grave souffrant d’anosognosie ? ».

L’anosognosie est un symptôme qu’on retrouve très fréquemment chez les personnes atteintes de TC, et qui entraine de nombreuses conséquences. Les mises en situation écologiques sont des activités qui sont souvent proposées par les ergothérapeutes auprès des personnes traumatisées crâniennes anosognosiques. Nombreux sont les objectifs attribués à l’activité de mise en situation écologique en ergothérapie. Cependant, spontanément les ergothérapeutes affirment qu’un des objectifs principaux est celui de favoriser la prise de conscience des troubles. Les ergothérapeutes pensent que les mises en situation écologiques favorisent la confrontation du patient à la réalité et donc la prise de conscience des troubles. De plus, une majorité des ergothérapeutes affirment de par leur expérience, que la prise de conscience des troubles est fréquemment associée à une réaction émotionnelle. De ce fait, les ergothérapeutes soulignent l’importance de travailler en collaboration avec une psychologue afin d’assurer un suivi. La confrontation du patient à la réalité doit donc être anticipée et réfléchie par l’ergothérapeute.

Au travers des résultats obtenus, on retrouve des similitudes dans les pratiques des ergothérapeutes notamment dans l’organisation des mises en situation écologiques, ainsi que dans la perception du potentiel de l’environnement. Effectivement, la majorité des ergothérapeutes fondent leur intervention selon une approche écologique, en mettant en avant le potentiel de l’environnement et en tenant compte du contexte de la personne. Cependant, tous les ergothérapeutes interrogés ne prennent pas systématiquement en compte l’origine culturelle de la personne (croyances religieuses, coutumes, intimité…). De plus, très peu des ergothérapeutes affirment intégrer de manière systématique les familles aux mises en situation écologiques.

De façon générale, les ergothérapeutes organisent leur intervention en trois parties. Dans un premier temps, a lieu la préparation de la séance en collaboration avec le patient. Concernant le choix de la mise en situation, celui-ci est systématiquement discuté avec le

patient en fonction de l’intérêt. Cependant, initialement ce choix est souvent déterminé par le thérapeute, peu d’ergothérapeutes déclarent que le patient est libre de choisir la mise en situation. De plus, les objectifs sont également posés en collaboration avec le patient et en amont de l’activité. Toujours dans ce temps de préparation, certains ergothérapeutes perçoivent l’intérêt d’effectuer des séances éducatives en amont de la confrontation, afin que le patient ait des connaissances sur sa pathologie ainsi que sur les conséquences qui en résultent. Dans un deuxième temps, a lieu la mise en situation écologique où le patient est actif. Lors de cette étape, l’ergothérapeute utilise le feedback verbal, c’est-à-dire que par le biais de son attitude il vise à inciter le patient à s’autocorriger, et à mettre en place des stratégies compensatoires. De ce fait, très peu d’ergothérapeutes adoptent une attitude observatrice durant l’exécution de la tâche. Un nombre minoritaire d’ergothérapeutes utilisent la vidéo afin de filmer la performance du patient lors de l’activité. La dernière étape de la mise en situation concerne le débriefing. Les supports du débriefing sont également variables d’un ergothérapeute à l’autre, majoritairement les ergothérapeutes utilisent le feedback verbal à nouveau, d’autres vont s’appuyer de l’enregistrement vidéo s’il a eu lieu… Dans l’ensemble, les ergothérapeutes perçoivent le potentiel des mises en situation écologiques dans l’objectif de lever l’anosognosie. Cependant, bien qu’on retrouve des similitudes, on constate que la mise en œuvre concrète de l’activité de mise en situation écologique diffère au sein de l’échantillon d’ergothérapeute. Au vue des pratiques différentes, les ergothérapeutes ne semblent pas s’appuyer sur un protocole commun et validé.

Analyse réflexive

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