• Aucun résultat trouvé

5. DISCUSSION

5.2 Lien avec la problématique théorique

Le modèle de l’occupation humaine permet d’observer les dynamiques de l’engagement d’une personne dans l’occupation. Il implique la prise en compte des différentes composantes de l’individu qui définisse l’Etre. Comme évoqué précédemment, l’Etre est composé de la volition, de l’habituation et de la capacité de performance de la personne. Lors de la TCI, les trois ergothérapeutes considèrent ses éléments. En effet, pour favoriser la volition, les ergothérapeutes tiennent compte des centres d’intérêts de l’enfant en lui proposant des activités signifiantes comme le jeu pour susciter son engagement dans la thérapie. L’ergothérapeute prend également en compte

36 la capacité de performance de l’enfant notamment par l’utilisation de bilans afin d’observer ses capacités motrices et de déterminer par la suite des objectifs spécifiques de prise en charge.

Le but de la TCI est d’améliorer les habilités de l’enfant afin de favoriser une performance occupationnelle optimale grâce à une meilleure intégration du membre lésé. L’environnement humain et physique est essentiel et fait partie intégrante du processus d’engagement de l’enfant et influence sa participation. Les ergothérapeutes expriment davantage la dimension humaine dans leurs réponses. Elles évoquent toutes la prise en compte de l’environnement familial de l’enfant et de son importance durant la thérapie. En effet, le soutien apporté par la famille est essentiel pour encourager l’enfant et lui permettre de rester motivé. L’environnement intègre également l’ergothérapeute. Par la mise en place d’une relation de confiance et par la valorisation, l’ergothérapeute contribue à sa motivation qui influence sa performance et favorise sa participation.

5.2.2. Théorie de l’autodétermination

L’analyse des résultats des entretiens permet de mettre en avant plusieurs difficultés auxquelles sont confrontées les ergothérapeutes pour motiver l’enfant au cours de la TCI.

Tout d’abord, certains enfants ne comprennent pas l’intérêt de la thérapie et ne perçoivent pas les bénéfices que celle-ci peut leur apporter. La non compréhension de la TCI peut-être en partie due à un manque de progrès visible par l’enfant. D’après la théorie de l’intégration organismique, cette attitude reflète une absence de régulation et un comportement qui tend vers l’amotivation.

Cette théorie définit également la motivation avec régulation identifiée qui considère que la personne s’engage dans une activité parce qu’elle en identifie l’intérêt. Ce type de motivation peut se rattacher aux situations exprimées par l’ergothérapeute où les enfants, surtout les plus âgées, saisissent l’intérêt que peut leur apporter la thérapie.

D’autres enfants se trouvent dans une motivation avec régulation externe, correspondant au degré le plus faible d’autodétermination. Dans cette situation la

37 personne agit sous une influence extérieure afin de répondre à une demande ou pour obtenir une récompense. En effet, les ergothérapeutes expriment le fait que même si la TCI est proposée à l’enfant et à sa famille, elle demeure tout de même imposée à l’enfant. Dans ce cas, l’enfant réalise la TCI sous la contrainte de sa famille et des demandes de l’ergothérapeute. De plus, la mise en place d’un système de récompense comme stratégie pour motiver l’enfant favorise une motivation de ce type puisque l’enfant réalise l’activité pour obtenir une récompense. D’après la théorie des orientations de causalité, ce comportement motivationnel se rattache à une orientation contrôlée puisque l’enfant agit en fonction des pressions extérieures.

Afin de susciter la motivation de l’enfant, les ergothérapeutes s’accordent sur le fait que l’utilisation de l’activité ludique est primordiale. Le jeu est la principale activité signifiante pour l’enfant, il joue pour la simple raison qu’il éprouve du plaisir à réaliser l’activité. Dans ce contexte-ci, en proposant une activité ludique à l’enfant, l’ergothérapeute cherche à animer l’enfant d’une motivation intrinsèque.

Comme évoqué précédemment, la théorie des besoins fondamentaux développe l’idée que par l’activité, la satisfaction du besoin de compétence, d’autonomie et de proximité sociale contribue à l’amélioration du bien-être et d’une motivation autodéterminée. Dans la mise en place et la réalisation de la TCI, les ergothérapeutes participent à la satisfaction de ces besoins. En effet, les progrès réalisés par l’enfant et la valorisation de l’ergothérapeute lui donne envie de progresser, de surmonter des défis réalisables et ainsi satisfait son besoin de compétence. De plus, la possibilité dans certaines situations de laisser choisir l’enfant lui permet de se sentir acteur de ses actions et comble donc le besoin d’autonomie. Enfin, la mise en place de la TCI sous forme de groupe permet à l’enfant de satisfaire son besoin de proximité sociale en étant intégré et en interagissant avec les autres enfants.

5.2.3. Concept d’autonomie et d’indépendance

5.2.3.1. Autonomie

L’autonomie est un processus d’apprentissage qui s’acquiert tout au long de la vie de l’individu. D’après l’analyse des résultats, des éléments évoqués par les

38 ergothérapeutes sont en faveur du développement de l’autonomie de l’enfant. Les ergothérapeutes donnent à l’enfant la possibilité d’être dans la mesure du possible acteur de sa thérapie. Pouvoir laisser l’enfant prendre des décisions, choisir les activités, contribue au développement de sa responsabilité et de son autonomie.

Un des points clés abordés dans ce concept développe l’idée que l’autonomie individuelle d’une personne ne peut s’acquérir sans autonomie collective, qui se réfère au respect des lois et des règles appliqués à chaque personne. Les trois ergothérapeutes mentionnent l’intérêt du groupe pour motiver l’enfant. Le fait d’intégrer un enfant à un groupe de TCI peut contribuer à son autonomie. L’enfant devra alors se comporter de manière à prendre en compte les autres enfants, se conformer aux règles du groupe notamment en respectant les temps d’immobilisation du membre sain.

5.2.3.2. Indépendance

Dans une vision biomédicale, l’indépendance est basée sur les capacités d’un individu. L’analyse des résultats des ergothérapeutes montrent que leur prise en charge lors de la TCI est axée sur un entrainement de la motricité du membre lésé pour favoriser son utilisation dans la vie quotidienne et donc améliorer l’indépendance de l’enfant. Une des ergothérapeutes précise que les parents ont observé une amélioration de l’utilisation du membre dans la vie quotidienne. La TCI entraine indéniablement une diminution de l’indépendance de l’enfant au cours de la thérapie en raison de l’immobilisation du membre sain. Malgré cela, les ergothérapeutes évoquent des adaptations mise en place durant la thérapie afin de réduire cette perte d’indépendance lors d’activités précises. Ainsi, adapter le protocole en enlevant la contrainte sur le temps du repas permet à l’enfant de pouvoir continuer à manger seul. Une ergothérapeute mentionne également le fait d’adapter les jeux et les exercices aux capacités de l’enfant pour qu’il puisse faire seul l’activité.

L’indépendance s’observe aussi sous l’angle de l’interdépendance à l’autre où chacun est dépendant de l’autre. Dans le cas de la TCI, les ergothérapeutes indiquent que la relation de confiance est importante afin de motiver l’enfant. L’implication de l’ergothérapeute permet à l’enfant de se sentir soutenu et encouragé notamment par la valorisation dont il fait preuve. Les trois ergothérapeutes s’entendent sur le fait que la

39 présence de l’entourage familial est essentielle au cours de la thérapie. Inclure les parents à la TCI contribue à ce qu’ils se sentent plus impliquer dans la thérapie de leur enfant. Ces derniers pourront manifester plus de soutien et de motivation envers leur enfant et l’encourager à continuer dans le but d’une meilleure indépendance en fin de thérapie.

Documents relatifs