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3.4 Comparaison à des modèles connus

3.4.2 Lien entre modèle RBE et modèles Noisy-OR et Noisy-AND

Modélisation d’un RBE par Noisy-OR et Noisy-AND

La modélisation de la présence d’une espèce dans un réseau écologique est une probabilité modélisée par le couplage d’une porte Noisy-OR sur les proies et une porte Noisy-AND sur les prédateurs. Dans cet exemple, les probabilités pj sont les mêmes pour toute proie j et toute probabilité pk est la même pour tout prédateur k. Si les modèles Noisy-OR et Noisy-AND possèdent moins de paramètres qu’un modèle de réseau bayésien classique (les paramètres de ce modèle étant l’ensemble des probabilités pj), il est encore possible d’en diminuer le nombre en considérant un nombre restreint de probabilités associés aux parents de chaque variable selon la nature de leurs interactions.

Ainsi, un réseau bayésien étiqueté est équivalent à un modèle mélangeant des portes Noisy-OR et Noisy-AND. Considérons une porte Noisy-Noisy-OR pour modéliser une variable binaire Z+ à partir d’un ensemble de variables Y1, Y2, ..., Ym1 où p1, ..., pm1 sont les probabilités associées aux variables auxiliaires Z1, ..., Zm1 de cette porte et Z0 est une autre variable auxiliaire de probabilité P (X0= 1) = p0indépendante des variables Yj. Considérons aussi une porte Noisy-AND pour décrire une variable Z à partir de m2 variables Y10, ..., Ym02 où p01, ...,0m2 sont les probabilités associées aux variables auxiliaires Z10, ..., Zm0 2 de cette porte. Un modèle associant par une opération logique "ET" les variables Z+ et Z générées par ces deux portes pour chaque variable Xi est équivalent à un modèle de réseau bayésien dynamique étiqueté où chaque lien possède une étiquette unique différente. En effet, on retrouve des paramètres équivalents :

— εui= p0

— ρq1 = p1, ..., ρqmax = pm1 — τr1= 1 − p01, ..., τrmax= 1 − p0m2

Y1 Y2 Y3 Z0 Z1 Z2 Z3 Z1+ OR Z2+ OR Z+ Y10 Y20 Y30 Z10 Z20 Z30 Z1 Z2 Z AN D AN D AN D Xi

Figure 3.4 – Illustration d’un modèle de réseau bayésien dynamique étiqueté sous forme de portes Noisy-OR et Noisy-AND pour une variable Xi à 6 parents de 4 étiquettes différentes. Les nœuds colorés représentent les influences positives (en bleu) et négatives (en rouge) de i dont les étiquettes sont représentées par l’intensité des couleurs.

Cela correspond alors à un modèle de réseau bayésien étiqueté comportant m1 impulseurs et m2

inhibiteurs. Il est possible de modéliser tout modèle de réseau bayésien étiqueté avec un nombre quelconque d’impulseurs et d’inhibiteurs par un modèle comportant pour chaque variable Xi :

— Une variable Z+générée par un cas particulier de porte Noisy-OR où l’on connaît en avance des égalités entre les probabilités pj pour tout nœud j impulseur, c’est à dire ayant une influence positive sur i.

— Une variable Z générée par un cas particulier de porte Noisy-AND où l’on connaît en avance des égalités entre les probabilités pk pour tout nœud k inhibiteur, c’est à dire ayant une influence négative sur i.

— Une combinaison logique "ET" des variables Z+ et Z

Un exemple de modélisation de réseau bayésien étiqueté sous forme de porte Noisy-OR et Noisy-AND est représenté en figure 3.4.

Dans un tel modèle, pour un nœud i, chaque variable auxiliaire Zq, q ∈ {q1, ..., qmax} est générée par une porte Noisy-OR pour chaque variable Yj, j ∈πqi avec une même probabilité pj = ρq. De même, chaque variable auxiliaire Zr0, r ∈ {r1, ..., rmax} est générée par une porte Noisy-AND pour chaque variable Yj0, j ∈ πri avec une même probabilité pj = 1 − τr. Chaque variable Zr0 décrit alors l’échec de toutes les interactions d’inhibition d’étiquette r. La valeur de la variable auxiliaire Z0 est décrite par une probabilité ε inhérente à Xi. La valeur de la variable auxiliaire Z+ est déterminée par l’ensemble des variables Zq, q ∈ {q1, ..., qmax} avec Z+ = 1 si ∃q tel que Zq = 1, Z+= 0 sinon. La valeur de la variable auxiliaire Zest alors déterminée par l’ensemble des variables Zr0, r ∈ {r1, ..., rmax} avec Z = 1 si ∀r, Zr0 = 1. Z= 0 sinon. La variable Z+décrit donc la réussite d’au moins une interaction d’impulsion sur i et la variable Z la réussite de toutes les interactions

d’impulsion. La valeur de Xi est déterminée par une opération logique "ET" entre Z+ et Zavec Xi= 1 si ∀q, r, Z+ = 1 et Z= 1, Xi= 0 sinon. Ainsi, on a Xi = 1 si au moins une interaction d’impulsion ou la probabilité inhérente réussit et toutes les interactions d’inhibition échouent, ce qui correspond bien au modèle de réseau bayésien étiqueté.

Modélisation de Noisy-OR et Noisy-AND par RBE

Un modèle Noisy-OR ou Noisy-AND peut également être modélisé par réseau bayésien étiqueté1. Commençons par le cas Noisy-OR en considérant un modèle de réseau bayésien étiqueté où :

— Tous les arcs du graphe correspondent à des relations d’impulsion (il n’y a pas d’inhibiteurs). — Chaque arc du graphe a une étiquette différente.

— Chaque nœud appartient à une classe différente et a une probabilité inhérente différente. Ainsi, pour tout nœud i, la probabilité de présence de Xidépend de sa probabilité inhérente ε et des probabilités de réussite de chacun de ses parents ρj∀j ∈ πi, tous des impulseurs de force différente2. Cette probabilité est exprimée par l’équation 3.7.

P (Xi= 1|Πi) = ε + (1 − ε) ·  1 − Y j∈πi tqXj=1 (1 − ρj)   (3.7)

Or, dans un modèle Noisy-OR, l’état de la variable aléatoire associée à chaque nœud i est exprimée par une porte Noisy-OR. C’est à dire une combinaison logique "ou" de variables binaires Zj∀j ∈ πi

auxiliaires ainsi que d’une variable binaire auxiliaire Z0. Sa probabilité peut donc être exprimée en fonction de la probabilité de chaque variable Zj, qui s’exprime par une probabilité pj si une variable aléatoire associée Yj= 1, la variable auxiliaire Z0ayant une probabilité indépendante de toute autre variable. La probabilité de présence d’une variable Xi issue d’un modèle Noisy-OR est exprimée par l’équation 3.8.

P (Xi = 1|Πi) = 1 − (1 − P (Z0)) · Y

j∈πitqYj=1

(1 − pj) (3.8)

Ce modèle est strictement équivalent au modèle de réseau bayésien dynamique étiqueté dont les probabilités sont exprimées par l’équation 3.7 si pj= ρj et P (Z0) = ε, comme le montre l’équation 3.9. P (Xi= 1|Πi) = ε + (1 − ε) · 1 − Q j∈πi tqXj=1 (1 − ρj) ! = ε + 1 − Q j∈πi tqXj=1 (1 − ρj) − ε + ε · Q j∈πi tqXj=1 (1 − ρj) = 1 − Q j∈πi tqXj=1 (1 − ρj) + ε · Q j∈πitqXj=1 (1 − ρj) = 1 − Q j∈πi tqXj=1 (1 − ρj) · (1 − ε) (3.9)

De même, dans un modèle Noisy-AND, l’état d’une variable aléatoire Xi est exprimé par une porte Noisy-AND, c’est à dire une combinaison logique "et" de variables binaires Zj∀j ∈ πi et Z0

1. Ce n’est le cas que pour des modèles Noisy-OR et Noisy-AND "classiques" où chaque variable est binaire et où une variable auxiliaire Zj vaut 0 si la variable aléatoire Yj associée vaut 0. Il existe par exemple des modèles Noisy-OR et Noisy-AND multivalués qui ne sont pas modélisables par réseau bayésien étiqueté.

2. Chaque nœud i a des valeurs différentes pour ε et ρj. En toute rigueur, il faudrait indicer ces quantités par i en désignant εiet ρj→i, mais cela alourdirait la lecture.

auxiliaires générées de la même façon que dans le modèle Noisy-AND par des probabilités pj lorsque les variables aléatoires Yj associées valent 1. La probabilité de présence d’une variable Xi issue d’un modèle Noisy-AND est exprimée par l’équation 3.10.

P (Xi= 1|Πi) = P (Z0) · Y

j∈πitqYj=1

(pj) (3.10)

Un tel modèle est strictement équivalent à un modèle de réseau bayésien étiqueté ne contenant aucun impulseur et où chaque inhibiteur est étiqueté différemment. Pour tout nœud i, la probabilité de présence de Xi dépend de sa probabilité inhérente ε et des probabilités de réussite de chacun de ses parents τj∀j ∈ pii, tous des inhibiteurs d’étiquettes différentes. Cette probabilité, exprimée par l’équation 3.11 est équivalente à l’équation 3.10 avec pj= 1 − τj et P (Z0) = ε.

P (Xi= 1|Πi) = ε · Y

j∈πi tqXj=1

(1 − τj) (3.11)

Nous avons donc vu qu’un modèle Noisy-OR ou noisy-AND peut être modélisé directement dans le cadre des réseaux bayésiens étiquetés. Pour modéliser un réseau bayésien étiqueté par Noisy-OR et Noisy-AND, il faut forcer des égalités entre probabilités en fonction des étiquettes des arcs du graphe, ce qui n’est pas prévu par les modèles classique de réseaux bayésiens. Il existe cependant un cas particulier de réseau bayésien dans lequel les arcs du graphe portent une information qualitative.